Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : proust

  • Tumbas, tombes de poètes et de penseurs - Cees Nooteboom

    tumbas.gifTumbas ; Tombes de poètes et de penseurs - Cees Nooteboom - Traduit du néerlandais par Annie Kroon - Photographies de Simone Sassen - Editions Actes Sud
    Oui je suis d’accord, c’est une drôle d’idée pour une chronique, mais cette  « balade entre les tombes » pour amoureux de littérature et de poésie est magnifique et c’est là mon excuse.  
    Un texte d’introduction qui est un hommage, une dette que l’auteur paie à bon nombre de poètes et écrivains qui l’accompagnent depuis des années.
    Cees Nooteboom a 76 ans, il fait parti des nobélisables , certains collectionnent les autographes, les premières éditions, lui ce sont les photos des tombes de ses poètes et penseurs préférés.
    Il dit dans une très belle introduction  “ C’était en 1977, un jour de novembre, le jour des morts, froid et hivernal. Les vivants rendaient visite aux morts et je rendais visite aux miens.” Tout à commencer avec la tombe de Proust et s’est poursuivi avec des poètes du monde entier.
    Nous faisons une visite guidée des " Affinités électives " de Nooteboom, tantôt une citation, tantôt un souvenir personnel pour ceux qu’il a connu, parfois un poème, accompagnent les photos.

    Le Choix de l’ordre alphabétique n’a rien d’original mais offre parfois une proximité surprenante.

    Petit tour d’horizon :
    Les jumelles : Goethe et Schiller dans un même mausolée sinistre à Weimar,

    800px-9057_-_Roma_-_Cimitero_acattolico_-_Tombe_di_Keats_&_Severn_-_Foto_Giovanni_Dall'Orto,_31-March-2008.jpg

    Keats et son ami John Severn à Rome (Photo Giovanni Dall'Orto)

    La plus étonnante :  Thomas Bernardt qui partage les lieux avec des inconnus
    les plus évocatrices  : Baudelaire écrasé par le Général Aupick jusque dans la mort, Stevenson dominant la mer aux Samoa, Châteaubriand et sa croix fièrement dressée.
    Les plus émouvantes : La photo du jardin de Virginia Woolf (la tombe n’étant pas accessible) et le très beau texte qui l’accompagne, le monument hommage à Walter Benjamin à Port-Bou et la terrible citation qui y est gravée ” Il n’y a aucun témoignage de la culture qui ne soit également un témoignage de la barbarie ”

    saintebeuve.jpgEt élue la plus monstrueuse :  Sainte Beuve le mort grimaçant en haut de sa colonne au cimetière Montparnasse.

    Jouant son rôle de passeur Cees Nootebom nous fait monter dans la barque de Charron  pour approcher quelques " voleurs de feu " moins connus :  Elsschot, Lucebert, Roland Holst, Slauerhoff.
    Les photos valent par leur sujet et la variété des prises de vues, certaines tombes ont été difficiles à trouver, d’autres sont prises de très loin ou sous des angles un peu improbables.
    Vous aimerez cette promenade littéraire et géographique qui nous promène de Sète aux îles Samoa, de Weimar à Rome, de Paris au Japon ou à New-York

    L'auteur
    ceesnooteboom.jpgEcrivain voyageur, Cees Nooteboom s'est imposé depuis les années 1980 comme une des plumes néerlandaises les plus importantes sur la scène internationale. Suite à une enfance difficile marquée par la guerre, la mort de son père et les sévères pensionnats religieux, le Hollandais choisit de quitter son pays pour découvrir l'Europe, le Surinam ou encore le Japon. Ses nombreuses expéditions vont fournir la matière de ses romans, poésies et autres essais. Journaliste pour Volkskrant et le magazine Avenue, Nooteboom accède à la notoriété en tant qu'écrivain avec 'Rituels', paru en 1980.L'oeuvre inclassable de Cees Nooteboom évoque les thèmes de la mort et du souvenir, ainsi que les questions de l'identité et du destin, de la relativité du temps et de l'espace, de la frontière entre réalité et fiction. (Source Evene)

  • Abécédaire Balzacien - Christian Garcin

    balzac

    Vous êtes ou voudriez être lecteur et lectrice de Balzac. 
    Mais voilà Balzac ça intimide un peu, le nombre de volumes en pléiade en ferait fuir plus d’un. 

    Christian Garcin que je connaissais pour l’avoir suivi dans ses voyages ou ses choix en peinture est un amateur éclairé et pour vous aider à faire votre chemin dans la Comédie humaine il vous propose un Abécédaire. 

     

    De petits paragraphes, un mot en déclenche un autre, un choix de mots très personnels qui va de Absolu à Yeux. Beaucoup de citations et de passage issus des romans et nouvelles pour étayer un mot, un propos.

     

    Un brin d’érudition sans en faire trop, de l’irrespect parfois, mais surtout l’envie que l’on sent frémir dans les pages de vous menez à Balzac, de partager sa passion avec vous, de vous donner les clés de la malle aux trésors. 

    balzac

    Son approche est personnelle mais elle peut plaire à tout un chacun, le rendre curieux, lui faire ouvrir l’oeuvre elle-même.

    Je ne vais pas détailler tous les choix de Christian Garcin mais plutôt vous faire une petite liste de ce que j’ai appris en le lisant, histoire de vous appâter un rien.

     

    Saviez-vous ce qui disait Proust de Balzac ?
    « Le plus divertissant de tout ce serait de se mettre à lire Balzac (…) Quelques nouvelles vraiment divines peuvent se lire isolément, ce grand peintre de fresques ayant été un incomparable miniaturiste »

    balzac

    Saviez-vous pourquoi le jaune fait trembler chez Balzac ?
    « Rien de si étonnant cela dit, le jaune à cette époque était la couleur de toutes les affiches menaçant de saisies immobilières »

    balzac

    Lord Byron

    Saviez-vous que Balzac n’aimait pas vraiment Byron ? 
    « Le froid et compassé Lord Byron, dont le visage est aussi terne que le climat anglais » 
    Christian Garcin ajoute joueur  Lord Byron « n’est, il faut le dire pas vraiment Balzac’s cup of tea » 

    balzac

    Pierrette avant Cosette 

    Saviez-vous que la Cosette de Balzac s’appelle Pierrette ?
    «  Son modèle se trouve chez Balzac, vingt trois ans avant les Misérables, elle s’appelle Pierrette, ses Thénardiers sont les horribles, laids, et malfaisants frère et soeur Rogron »

    balzac

    La généalogie des personnages : un clic pour le voir en grand

    Saviez-vous que Balzac envisageait un dictionnaire de ses personnages de la Comédie humaine ?
    Parce qu’il faut bien dire que c’est parfois difficile de s’y retrouver, on retrouve les personnages dans plusieurs romans mais des romans qui furent édités dans un joyeux désordre.
    Au dire même de Balzac :
    « vous aurez le milieu d’une vie avant son commencement, le commencement après sa fin, l’histoire de la mort avant la naissance »

    Voilà je l’espère de quoi vous donner envie de retrouver Balzac avec l’aide de Christian Garcin de son enthousiasme, de sa parfaite connaissance.

    Dernier détail : votre livre ne sera pas coupé.  Les éditions Du Lérot en Charente impriment encore ce type de livre. 

    balzac

    coupe papier obligatoire 

    Comment faire ? Voici ce que propose Italo Calvino dans Si par une nuit d’hiver un voyageur.
    « Pénétrant entre les page en dessous, la lame remonte vivement, ouvre une fente verticale par une succession de secousses qui attaquent une à une les fibres et les fauchent … S’ouvrir un passage dans la barrière des pages au fil de l’épée, voilà qui va bien avec l’idée d’un secret caché dans les mots ».

     

    Le livre : Abécédaire Balzacien - Christian Garcin - Editions du Lérot

  • le vent de la lune

    le vent delalune.gif

    Nous sommes en juillet 1969 à Magina, petite cité andalouse où le progrès peine à faire son apparition. Dans une famille de maraîchers un jeune adolescent se passionne pour l’aventure spatiale.
    Il collectionne tout ce qui a trait aux fusées, aux cosmonautes, il sait tout sur chacun des membre de l’équipe d’Apollo XI, Armstrong et Aldrich sont ses héros, il suit leur voyage dans l’espace de jour en jour.

    Le narrateur est en pleine transformation physique, taraudé par les premiers émois sexuels, il est mal dans sa peau et trouve refuge dans le monde chimérique des livres, Il ne se sent pas à sa place dans sa famille où l’on met depuis peu des couverts individuels pour remplacer le plat collectif, contraint de participer aux travaux des champs qui le rebutent.

    Avec le héros nous parcourons les rues de Magina, nous l’accompagnons à la bibliothèque, nous assistons aux séances de cinéma en plein air qui ne sont pas sans rappeler Cinéma Paradiso
    Il peut enfin regardé la télévision car poussée par la tante Lola qui symbolise la richesse et la modernité, la famille a fait l’acquisition d’un poste qui trône dans une maison sans eau courante.

    Le héros, lecteur de Jules Verne et de Wells,un soir, à l’aide d’une pastèque, d’une pêche et d’une salière, il s’efforce de faire comprendre à sa famille incrédule ou, ce qui est pire, indifférente, la course des planètes et les enjeux de la mission spatiale
    Le travail de la terre le rebute mais les pages consacrées au labeur des maraîchers sont d’une sauvage poésie qui n’occulte pas la dureté du travail  hymne chaleureux aux gens de la terre.

    Le voyage d’Apollo est une brillante métaphore d’un avenir possible pour l’Espagne, Muñoz Molina nous invite à suivre l’évolution d’un pays gangrené par le franquisme à travers l’agonie d’un vieillard qui a spolié la famille du héros au moment de la guerre civile.
    L’adolescent en même temps que l’homme prend pieds sur la lune,  prend lui pieds dans le monde des adultes.

    Le vent de la lune est un roman de formation, roman de la mémoire, on pense inévitablement à Proust en particulier dans les dernières pages du roman, le Combray de Muñoz Molina se nomme Magina et l’auteur à travers ce roman rend un hommage vibrant à sa famille et surtout à son père. Le style est sobre et très beau.

    Faites une place à ce livre dans votre bibliothèque


    Extrait
    Dans la première lumière, dans l’air frais et parfumé du matin de juillet, mon père déjeune debout de lard et de pain, et regarde autour de lui la terre qui lui appartient, celle qu’il a soignée, labourée, débarrassée de la mauvaise herbe, ensemencée chaque fois au juste moment, amendée avec le meilleur fumier et bêchée en suivant une géométrie immémoriale de canaux, de levées, de sillons, la nivelant pour que l’eau de l’irrigation y progresse à la bonne vitesse, de manière qu’elle ne déborde pas, mais qu’elle ne s’immobilise pas non plus en stagnant. (...)
    A l’aide d’un roseau et de la pelote de ficelle d’un cordeau, dès qu’il l’a bêchée, mon père sait tracer sur cette terre si légère que le pied s’y enfonce, les lignes droites, les angles, les parallèles des sillons, comme l’aurait fait il y a cinq cents ans un paysan morisque, ou il y a quatre mille ans un arpenteur égyptien.


    L’auteur

    Munoz-Molina.jpgAprès des études d'histoire de l'art à l'université de Grenade et de journalisme à l'université de Madrid, Antonio Muñoz Molina travaille comme fonctionnaire à Grenade et écrit des articles qui seront réunis et publiés en 1984. Il publie en 1986 son premier récit, Beatus Ille, entamant une carrière brillante d'écrivain couronné par de nombreuses récompenses littéraires.

    Son deuxième roman, Un hiver à Lisbonne, reçoit le Prix de la Critique et le Prix national du roman, et est un hommage aux romans noirs américains, à ses héros et au jazz. Le Royaume des voix reçoit le Prix Planeta et Pleine Lune le Prix Fémina étranger en 1998.

    Le livre : Le vent de la lune - Antonio Muñoz Molina – Traduit par Philippe Bataillon -Editions du Seuil

     

  • Je relis, tu relis il relit

    J’allais répondre à vos commentaires quand tout à coup je me suis dit qu’il y avait mieux à faire. J’ai décidé d’aider Laure Murat dans son enquête et voilà le résultat.

    Vous verrez je mets souvent mon grain de sel mais bon c’est mon blog après tout !!!

    IMG_0365.JPG

     

    A tout seigneur ....j’ai d’abord lorgné vers Keisha qui dit
    « j’ai toujours une relecture de proust en route, Montaigne devrait y passer, je veux lire Joyce 
    Je note que comme moi elle veut lire et non relire Joyce, ouf ça me rassure je ne suis pas la seule.

     

    mabibli.JPGAsphodèle croit comme moi aux livres indispensables  dans lesquels  
    « je replonge régulièrement sans me lasser. Parce que l'on sait avec ceux-là, qu'il y aura un second "éblouissement" peut-être même plus intense que le premier »
    nous avoue-t-elle vrai qui si parfois la déception est au bout de la relecture c’est loin d’être le cas le plus souvent.

    La Preuve Luocine qui dit avoir relu quatre ou cinq fois les Frères Karamazov ou Le Rouge et le noir, ah ah c’est aussi à mon programme mais je ne battrai pas son record.

    mabibli.JPGAifelle, elle, est lucide
    « Personne ne va se vanter de relire la série des Angélique »
    car vrai que la plupart du temps quand quelqu’un dit relire c’est une oeuvre importante, sérieuse, comme dirait Italo Calvino : un classique, sauf que j’ai l’impression que pour nous tous et toutes il y a des livres doudou, consolateurs, pansement, anti-douleur sans danger , voici ce que dit Rubigane
    « Relire pour moi est infiniment rassurant, comme un doudou, ou un fauteuil au coin du feu en hiver ; un retour au temps passé » Et je dénonce ici Athalie qui avoue « Et relire Angélique, ma foi, j'en rêve ... »

     

    Une question d’âge la relecture ? Aifelle dit
    « Il y a un certain nombre de livres que j'aimerais reprendre avec un âge nettement plus mûr »
    Je partage un peu cela car certaines de mes relectures sont le fait de mon âge, on n’a pas lu 4 fois la Recherche à 20 ans mais à 65 (inutile de le noter ça) là cela devient tout à fait possible.

    mabibli.JPGMiriam est pragmatique et nous dit que l’on peut
    « relire un livre dont on a oublié le titre, le reprendre en bibliothèque et se rendre compte qu'on l'a déjà lu! ou le lire à propos d'un Evénement, un voyage et le reprendre pour une autre occasion (même quand ce n'est pas du tout un chef d'oeuvre) »  
    J’approuve et à ce moment là je vais plutôt chercher en bibliothèque un peu comme un étudiant va se documenter.

    « C’est pour cela qu'on se constitue une bibliothèque, qu'on achète et qu'on garde des livres »
    Nous dit Tania, « c’est le premier critère retenu pour écarter un titre (celui-là, je ne le relirai pas). »
    Oui mille fois oui mais parfois on a l’âme un peu trop généreuse, j’ai élagué ma bibliothèque sur ce critère là. Il vient un temps où l’on a envie de s’alléger un rien et pas seulement faute de place mais plutôt pour faire place nette.

    mabibli.JPGAh j’ai trouvé une âme soeur (euh il n’y a pas qu’elle) en Pastelle 
    « Moi je relis des "pécadilles", quand ça ne va pas trop fort et que je veux être sûre de passer un bon moment qui m'évadera et/ou me fera sourire »
    On n’est pas tout à fait hors norme lorsque l’on aime relire un bon vieux Cronin ( si ça m’arrive une fois par an ) ou Les Quatre filles du bon docteur et même enchainer avec le DVD, attention hein le vrai celui avec E Taylor !! Faut pas plaisanter avec ces choses là.

    Je me sens en pays de connaissance chez Bonheur du jour qui trie en se demandant « les relirai-je ? Si oui, dans les cartons du déménagement. Si non, dans les cartons pour le vide-grenier, la médiathèque, Emmaüs,... Bon, il m'en reste pas mal... » Je confirme même après ça il en reste pas mal. 

    mabibli.JPGAprès il y a les extra-terrestres qui ne relisent pas ou presque pas, hé je suis certaine que ce sont des jeunesses !! 
    Sandrine qui dit
    « je ne relis pas ou très rarement. J'ai tellement envie de découvrir un nombre incalculable de livres que relire me prendrait trop de temps sur ces découvertes. »
    Elle est quand même prudente « peut-être plus tard... » quand je vous dis que c’est une jeunette...pour les vieux de la vieille le plus tard c’est maintenant hélas.

    Il y a les contemplatifs comme Kathel
    « dans ma bibliothèque j'aime à contempler ceux que je pourrai relire... un jour ! » les sélectifs comme Athalie qui relit Mauriac

    Laure Murat parle des relectures étudiantes, des relectures de travail, intéressantes mais obligées alors que
    « le bonheur de relire pour le plaisir » ça c’est le must nous dit Pascale

     

    mabibli.JPGQue relisez-vous ?  

    Proust pour Keisha, mais aussi Giono pour Pascale, Dostoïevski pour Luocine,  là je me sens en pays de connaissance mais on peut faire tout autre chose en matière de relecture, comme notre ami Christian qui dit
    « je rachète les vieilles BD de mon enfance, les Buck Danny, Gil Jourdan, et autres Lucky Luke. Pour le premier, je revois cinquante ans après des cases que je n'ai pas oubliées ! Des détails anecdotiques de l"histoire sont restés dans mon esprit. Une façon de replonger dans mes dix douze ans quand je relisais inlassablement les mêmes histoires en mangeant la crème glacée du jour à un franc. cinquante... »

    Il y a les torturés comme Plume d'anges qui relit plutôt les livres qui l’ont déçu « En revanche quand j'essaie de relire des ouvrages qui ne m'ont pas spécialement intéressée, je peux faire de merveilleuses découvertes... » là je trouve que c’est carrément du masochisme. Je ne suis pas aussi courageuse.

    mabibli.JPGNadejda range sa bibliothèque et pour elle c’est l’occasion de relire avec bonheur des livres un peu oubliés et qui remontent à la surface et finissent par occuper tout l’espace  
    « Ma dernière relecture est le beau livre de François Augiéras "Domme ou l'essai d'occupation". Je relis aussi souvent des livres de Sylvie Germain ou Christian Bobin et j'y découvre à chaque fois du nouveau, de même avec Tolstoï etc... »

     

    mabibli.JPGIl y a les drastiques comme Luocine qui s’est allégée au gré de ses déménagements
    «  Je prends le critère relecture pour garder un livre ma bibliothèque celle-ci fond à vue d’œil. Et j'en suis bien triste , car pour moi un livre n’existe que s'il est ancré dans ma mémoire et pas s'il est bien rangé sur ma bibliothèque. » 
    J’ai pour ma part déménagé environ une quinzaine de fois et j’ai cru chaque fois m’alléger en donnant des livres  mais ce n’est jamais suffisant pour endiguer les nouveaux venus. 

    mabibli.JPGJe sais qu’il y a des lecteurs qui n’ajoute un nouveau livre qu’à la condition d’en enlever un, encore un truc qui peut faire rester des nuits entières à se torturer.
    Il y a les accidentées de la relecture comme Athalie 
    « Exception pour Mauriac depuis quelque temps, et je me suis aperçue qu'en réalité, je ne l'avais jamais vraiment lu. Trop jeune pour le comprendre vraiment, je pense. Du coup, je me pris Thérèse en pleine tête ! »

     

    Mille excuses pour ceux et celles qui mettront des commentaires plus tard, je m’arrête là et je vais de ce pas créer une nouvelle catégorie à ce blog comme Keisha en a aussi l’intention : Relectures

     

  • La bibliothèque Universelle et Magie du livre - Hermann Hesse

    IMG_0453.JPG

    Après ma lecture de l’Ornière j’ai eu envie de rouvrir les deux livres de Hermann Hesse qui m’accompagnent depuis bien des années maintenant. Lorsque j’ai allégé ma bibliothèque ils ont fait partie des livres mis immédiatement de côté comme indispensables et heureuse chose ces deux livres sont toujours disponibles chez l’éditeur.

     

    La Bibliothèque Universelle

    51SKYV12PVL._SX210_.jpg

    Ce livre est un recueil de textes de longueur très variable, de quelques lignes à plusieurs pages. C’est un tour d’horizon des lectures d’Hermann Hesse et dieu sait que l’écrivain était un lecteur extrêmement éclectique.

    Il fut certainement parmi les premiers à s’intéresser aux littératures asiatiques et Confucius est en bonne place à côté de Bouddha mais aussi des textes sacrés ou de l’épopée de Gilgamesh.

    On découvre un auteur féru de contes et légendes mais bien sûr les pages les plus nombreuses sont pour la littérature allemandes et j’ai découvert là lors de ma première lecture bien des auteurs vers lesquels je suis revenue plus tard : Keller, Stifter, Schiller qu’à cette époque je ne connaissais que de nom. 

    Goethe trône en majesté au milieu de ce livre et de longues pages lui sont consacrées. 

    Hermann_Hesse.jpg

    Mais c’est toute l’Europe qu’Hermann Hesse fait défiler par ordre chronologique, de Plutarque à Gide en passant par Casanova, Voltaire ou Defoe.

    Bien sûr il a ses préférences et ses à priori mais j’aime qu’un auteur prenne parti, qu’il ose dire qu’une oeuvre révérée ne l’enchante pas du tout et au contraire que tel livre n’a pas la place qu’il mérite selon lui.

    C’est grâce à ce livre que j’ai lu Nathan le sage, Henri le vert de Gottfried Keller. Il se réjouit des traductions de Stendhal dont « une partie de l’oeuvre restera immortelle »  Il aime Dumas « quel plaisir de lire ce que raconte cet homme incroyable plein de santé, de joie de vivre et de confiance en soi (...) ce gaillard n’est pas seulement un tableur et un joyeux farceur, mais aussi un remarquable écrivain. »

    De Victor Hugo il retient l’Homme qui rit que je me propose de lire bientôt.

    De Balzac il dit que ce qu’il trouve remarquable c’est que « l’on peut le lire de plusieurs manières différentes. On peut en effet, ce qui est impossible chez la plupart des grands auteurs, le lire à chacun des stades de la vie, que l’on soit un jeune homme ou chargé d’années. »

    Je trouve magnifique qu’il se soit passionné pour la littérature jusqu’à la fin de sa vie et que sa Bibliothèque universelle se soit enrichie des écrivains qui n’avaient pas encore atteint la notoriété : Kafka dont il fut l'un des découvreurs, Gide, Wells, Proust ou Thomas Woolf ou JD Salinger.

    Bien entendu il consacre de longues pages à Dostoievski qu’il aimait énormément mais qui nous dit-il « garde toujours son halo de mystère lorsque nous l’abordons dans nos moments de désarroi ou de recueillement. »

    Un tour du monde littéraire que l’on a plaisir à entamer et à refaire au gré des saisons, des années, des envies.

     

     

    Magie du livre 

     

    418CJFT7N5L._SX210_.jpg

    C’est à la fois le lecteur et l’écrivain qui prend la plume ici, quelques articles un peu convenus : discours, préface à une édition , mais surtout l’expression de la passion d’Hermann Hesse pour la poésie, la littérature et l’écriture bien sûr.

    Les différents articles sont tous intéressants, certains égratignent, d’autres expriment une certaine colère, la sincérité de l’auteur est toujours là jusque dans ses partis pris et ses exagérations.

    On a des études du style littéraire, sur l’art du récit, Hesse par en guerre contre les classifications «  A quoi me sert de savoir si un tel ou un tel est un symboliste, un naturaliste ? »

     

    640px-Hermann_Hesse_2.jpg

    La place de la littérature et de la poésie allemandes est grande et beaucoup de noms inconnus apparaissent, certains sont oubliés mais d’autres à découvrir et c’est tout le sel de ces chapitres là.

     Ce qui ressort de façon absolue c’est l’exigence de qualité, à bas les lectures faiblardes et trop faciles, il est pour laisser tomber un texte qui ne se révèle pas de qualité ! pas de quartier à bas la qualité médiocre. 

    Pour lui lire c’est lire plusieurs fois « la lecture unique, obligatoire ou seulement curieuse, n’apporte jamais de véritable plaisir. » 

    l’auteur a eu une éducation très puritaine et très rigide et cela se sent dans ses jugements littéraires qui sont parfois un rien figés mais le plus souvent ses articles sont enthousiasmant, c’est un aristocrate de la lecture.

    Il investigue tout : la façon d’acheter, de classer, de conserver les livres, c’est un lecteur toujours à l’affut d’un trésor inconnu. Un article est consacrer aux traductions, aux lectures de vacances et à la lecture au lit.

    Le chapitre central c’est celui de sa bibliothèque idéale qui reprend ses livres favoris, c’est là que son éclectisme éclate vraiment, quel extraordinaire lecteur et quelle fraicheur dans les propos de ce vieux monsieur. Ses articles sont parfois un peu polémiques mais que serait la passion sans un peu de mauvaise foi. 

    Hermann Hesse romancier, critique et passeur, je vous propose dans un prochain billet de retrouver le promeneur.

     

    Les Livres

    La bibliothèque universelle - Hermann Hesse - Traduit par Jacques Duvernet - Editions José Corti 1995

    Magie du livre - Hermann Hesse - Traduit par François Mathieu et Britta Rupp - Editions José Corti 1994

     

  • Le Goulag sur mon étagère

    Après le livre de Tomasz Kizny qui manifestement vous a touché j’ai choisi de vous faire faire le tour de mes étagères sur le Goulag et le Stalinisme, cette part de l’histoire longtemps occultée, du moins du temps de ma jeunesse.

    goulag

    J’ai eu la chance d’avoir un père socialiste dans l’âme mais très très très méfiant quant à toute forme de tyrannie, d’oppression, et qui a souhaité comme l’on dit « aller y voir »

    Se balader en Allemagne de l’est, Pologne, Hongrie, Tchécoslovaquie en un temps où c’était difficile d’y aller et d’y circuler laisse un fort souvenir. Et forcément l’on en revient convaincu !!!

    goulag

    Bon ce n’était pas Gide évidement mais sa réflexion, sa volonté de savoir et de vérifier m’a conduit à lire beaucoup sur le sujet et à me faire ma propre opinion dès mes quinze ans.

    C’est pourquoi ma bibliothèque est largement remplie et j’espère qu’elle vous inspirera des lectures salutaires car si le stalinisme est mort la tyrannie et l’oppression elles sont toujours d’actualité.

    goulag

    Les plus évidents ? 

    Alexandre Soljenitsyne même si sur la fin de sa vie il dérivait un peu.

    Je vous conseille Le courage d’écrire et bien évidement la somme que représente l’Archipel du Goulag, difficile à lire ne nous le cachons pas mais tellement indispensable

    J’y ajoute Ses 7 vie en un siècle sa biographie passionnante.

     

    Varlam Chalamov c’est par lui que j’ai commencé ma lecture, à l’époque seul un petit livre de poche rassemblait quelques uns de ses récits de la Kolyma. Plus tard l’éditions complète chez Verdier a ét un choc important, j’aime aussi son témoignage sur ses lectures, de celles qui l’ont aidé lors de ses années Goulag : Mes bibliothèques 

    goulag

    Pour ces deux auteurs j’ai lu  La Route de la Kolyma  de Nicolas Werth  car ils empruntèrent cette route , celle qui montre ce que furent les souffrances de ces hommes et femmes arrêtés, enfermés, punis pour des fautes imaginaires puis relégués au fin fond de la Sibérie

    Lorsque l’individu qui devrait être laminé par un système cela donne Voyage au pays des Ze-Ka -de Julius Margolin  ou Proust contre la déchéance - Joseph Czapski.

    Ces livres qui montrent la lutte pour la survie mais bien au-delà pour l’honneur et la dignité et ainsi prouver que l’on peut se dresser face au système.

    goulag

    Le parcours si particulier d’un homme de science  Le météorologue d’Olivier Rolin, une histoire qui pourrait être magnifique si elle n’était pas si dure.

    Le destin d’une femme hors de l’URSS mais terriblement atteinte par le système : Sandra Kalniete En escarpins dans les neiges de Sibérie

     

    Mais il y a aussi le destin d’individus exceptionnels comme Ossip Mandelstam, sa biographie est précieuse pour moi mêlant histoire, politique mais surtout Poésie  Mon temps, mon fauve -de Ralph Dutli 

    Par delà les destins individuels il y a l’analyse d’un système : Goulag une histoire - Anne Applebaum -
    Une somme, un profond travail d’historienne, sans doute le livre le plus complet sur le sujet.

     

    Et il y a les témoignages comme ceux recueillis par Svetlana Alexievitch qui même s’ils ne sont pas directement des témoignages autour du Goulag, permettent d’élucider ce qui a conduit un peuple tout entier à obéir, à pratiquer la délation, à participer à l’entreprise du Stalinisme

    goulag

    Creusement du Canal de la mer Blanche ou Belomorkanal

    La folie meurtrière d’un régime qui fait travailler les prisonniers jusqu’à la mort  pour construire un canal qui ne servira pratiquement jamais.  Les eaux glacées du Belomorkanal - Anne Brunswic -

     

    On peut pour élucider ce que fut le régime et son dévoiement en lisant des romans 

    Parmi les plus importants il y a bien sûr Vie et destin de Vassili, Grossman, ce livre qui faisait si peur que le NKVD finit par décider d'arrêter ...le livre.
    IL qui n’apparait pas ici car je l’ai lu bien avant de tenir ce blog mais il a évidement sa place dans ma bibliothèque 

     

    Ce qui m’a poussé à lire un autre roman de Vassili Grossman nettement moins connu alors qu’il dit tout des camps, des dénonciations, de la culpabilité, du retour à la vie dite normale : Tout passe - Vassili Grossman

    goulag

    J’ai lu  Une Saga Moscovite - Vassili Axionov qui trace d’une façon parfaite ce que furent les destinées de ces russes malaxés par l’appareil stalinien .
    J’ai lu plus récemment   Les Patriotes - Sana Krasikov dont j’ai aimé la construction 

    goulag

    C’est une bibliothèque incomplète forcément mais dont je suis fière, j’espère qu’elle vous inspirera des lectures à venir