Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

A sauts et à gambades - Page 259

  • Charing cross road

    Charing cross road : la rue des libraires

    Je ne peux que me faire le relais d'un billet au goût nostalgique et en même temps un peu ..colérique d'Eric Poindron, son billet annonce la fermeture d'une librairie londonnienne très célèbre où se sont succédés tous les grands noms du roman noir et du thriller.
    Avec tristesse Eric Poindron fait le point sur les fermetures qui se sont succédées ces dernières années.

    Pour mettre un note un peu plus gaie, certes la librairie est fermée mais le livre est toujours un succès, je l'ai offert tellement souvent qu'à moi toute seule j'ai du faire monter le tirage ,cliquez sur le  84 charing cross road et vous lirez le billet d'Eric.

    markandcocharing cross .jpeg

     

    Mes librairies lyonnaises: c'est ici et pas ailleurs que j'achète mes livres

    Dans le 9ème arrondissement : Au bonheur des ogres

    Dans le 2ème arrondissement  la librairie Passages 11 rue de Brest

     

    Un peu plus réjouissant : Festival Quai du polar : c'est à Lyon ce Week end voici le programme et le site

    Venez nombreux vous retrouverez de nombreux libraires, des invités prestigieux et tous les meilleurs titres du moment

    illustration_home.jpg

     

  • 186 marches vers les nuages - Joseph Bialot

    186 marches vers les nuages - Joseph Bialot - Editions Métailié

    186.gifBerlin 1945, la ville est dévastée, les alliés se sont partagés la capitale du Reich, les ruines fument encore et la chasse au nazis est ouverte. Chacun tente de survivre.
    Bert Waldeck lui n’est pas le berlinois type, il a passé depuis 1934 plus d’années dans les geôles et les camps de concentration que n’importe qui. Il était juste un flic qui pensait appliquer la loi, mais « loi » est un mot qui n’était pas dans le vocabulaire nazi.
    Il accepte à la demande des américains de rechercher Hans Steiner, un copain d’école à lui mais aussi son tortionnaire. Rapidement il a des doutes sur les intentions des américains, Hans Steiner est un nazi soit mais ce n’est pas Himmler, alors pourquoi le rechercher avec autant de zèle ?
    En déportation il a développé un sixième sens et là il se sent utilisé, piégé et ça ne lui plaît pas, alors il va faire sa propre enquête qui va lui faire toucher du doigt que les intérêts des puissances alliées ne sont pas toujours compatibles avec la simple justice.

    Ce roman vaut plus pour l’atmosphère, l’écriture sobre et la sensibilité que pour l’intrigue elle-même.
    Les souvenirs de Bert Waldeck sont poignants, Joseph Bialot est venu à l’écriture sur le tard, et dans ce roman il utilise avec beaucoup de talent et d’humanité sa propre expérience de déporté. Il permet de ne pas oublier que dans les camps les plus anciens déportés étaient parfois des allemands.


    Outre les polars qu'il écrit, il a relaté dans « C’est en hiver que les jours rallongent » son expérience concentrationnaire.



    Devoir de mémoire

    Il y a quelques années j’ai visité (je n’aime pas ce mot ici mais je n’en trouve pas d’autre) Mathausen. C'était en août, j'étais en bonne santé, personne ne me menaçait, personne ne me frappait, il faisait très chaud, j’ai descendu et remonté ces 186 marches de la carrière de granite, c'est un souvenir fort.
    Il y a eu des morts dans cet escalier, il y en a eu beaucoup et encore davantage, des suites de l'avoir trop monté, du dernier effort qu'il leur a fallu faire après une journée de bagne et qui a fait que le lendemain ils n'ont pas pu repartir, ils n'ont pas pu continuer. De ceux-là, aucun témoin ne peut vous dire le nombre, mais ce dont nous pouvons vous assurer, ce que je peux vous dire, c'est que sur chaque marche, je dis bien chaque marche de cet escalier, il est tombé du sang... Jean Lafitte (interné à Mathausen)

  • Une inquiétante et diabolique étrangeté - Edouard Dor

    Une inquiétante étrangeté - Edouard Dor - Editions Sens & Tonka
    Le plaisir du diable - Jacques Gelat - Editions José Corti

    inquietante.gifAu mois de février je vous avais proposé un billet sur un livre d’Edouard Dor, aujourd’hui je récidive car sur un thème différent il nous livre encore une fois sa réflexion d’observateur attentif.
    À quoi tient qu'un tableau nous trouble plus qu'un autre ?
    Pour nous parler de « cette inquiétante étrangeté » Edouard Dor nous installe devant trois oeuvres de Véronèse traitant d’un même sujet, les amours de Mars et Vénus. Dans un des trois tableaux la présence d’un escalier qui va on ne sait où et surtout et ajouté à ce « décor ambigu » au beau milieu d’une scène voluptueuse, une tête de cheval en haut de l’escalier.
    « Véronèse cherche à nous surprendre, à nous déstabiliser »

    Je vous laisse juger par vous-même.

     

     

    mars et venus.jpg


    Le deuxième exemple pris par Edouard Dor est le portrait fameux « Olympia » par E Manet . il se livre à une étude passionnante dudit portrait, en particulier de son éclairage frontal, sur la présence d’un chat aux yeux jaunes, sur la fascination et le malaise que nous pouvons éprouvé devant la toile.
    Son dernier exemple est une étude d’une oeuvre peu connue de Matisse : « Porte fenêtre à Collioure ».

     

    mane02.jpg


    J’ai aimé à l’égal du premier ce petit livre, simple et fouillé il invite à lire autrement une toile, à observer en nous laissant pénétrer par cette « inquiétante étrangeté » qui naît de nos fantasmes et qui peut aller jusqu’à l’épouvante absolue nous dit S Freud dans l' essai dont s'est inspiré Edouard Dor.


    plaisir du diable.gifIl arrive que nos lectures s’ordonnent d’une façon particulière et que sans le vouloir deux ouvrages viennent se rencontrent ou se répondent. Le roman de Jacques Gelat a pris place juste après ma lecture d’Edouard Dor.

    J’ai retrouvé le monde de la peinture dans ce roman insolite et précieux. Sonia l’héroïne travaille dans une galerie à Paris, le propriétaire de celle-ci lui confie la mise en vente d’un tableau hollandais d’Emmanuel de Witte représentant deux musiciennes.
    Sonia tombe aussitôt sous le charme et son intérêt va jusqu’à la  fascination, mais un soupçon l’assaille, elle ressent une  « inquiétante étrangeté » à l’observation de la toile, des détails incongrus, des anomalies la font douter de l’authenticité du tableau.
    « Alors, bien avant le dessin, les couleurs ou la composition, la toile lui envoya sa lumière.
    Sonia la sentit doucement irradier vers elle, un peu comme un soleil du soir après une journée de chaleur. Une lumière tiède, lente. Sans doute était-ce le sentiment des couleurs principales, les robes des femmes, orangé sombre pour la première, rouge bordeaux avec des reflets bruns pour la seconde. Puis le bois des guitares sur les genoux, vieil or avec des reflets ambrés. »


    Nous sommes littéralement emportés nous aussi, la description du tableau que vous ne tarderez pas à « voir » , l’obsession amoureuse de Sonia pour celui-ci, sa quête de la vérité, le monde de l’art, du faux et de l’illusion, tout est fascinant dans ce roman. Le style est impeccable et la construction diabolique. Une fin inoubliable.
    Il faut préciser que ce roman avait déjà été publié il y a vingt ans par les éditions Denoël sous le titre « le tableau », il est réédité aujourd’hui pour notre plus grand plaisir.


  • Une odyssée américaine - Jim Harrison

    Une Odyssée américaine - Jim Harrison - Traduit par Brice Matthieussent  - Flammarion

    Perdre en quelques jours sa ferme, sa femme après 38 ans de mariage, avouez qu’il y a de quoi déprimer, Cliff la soixantaine,plus atteint par la disparitioodyssée.gifn de sa chienne que par la trahison de sa femme, décide de partir dans un voyage improbable 

    « A l’aube, j’ai décidé d’emporter le puzzle des Etats-Unis et d’en lancer une pièce par la fenêtre de mon break chaque fois que je franchirais la frontière d’un nouvel Etat.»
    et pour faire bonne mesure il décide aussi de renommer les états et les oiseaux en leur restituant des noms indiens.

    Jim Harrison n’entend pas le mot déprime comme vous et moi, Cliff embarque avec lui une jeunette de 40 ans et la road movie démarre  alternant les prouesses sexuelles et les pauses gastronomiques. Mais Cliff se lasse assez vite du téléphone portable de Marybelle et la restitue à sa famille au Montana.
    L’odyssée se fait plus bucolique, Cliff se laisse imprégné par les paysages magnifiques de l’ouest américain. C’est Rabelais au pays des clochards célestes, gargantua atteint par la mélancolie.
    Diable d’homme ce JimCliff qui dit

    «Ma dépendance précoce aux bouquins de Thoreau et d'Emerson m'a rendu beaucoup trop sensible à la brutalité du monde contemporain».

    Un roman réjouissant, magnifique et mélancolique.
    Après « Retour en terre » j’avais cru sentir la mort en maraude, cette odyssée est là pour prouver le contraire, à 72 ans Jim Harrison, l’auteur américain préféré des français, tient le cap de belle manière.

    Jim Harrison est l'invité de François Busnel dans la Grande libraire  jeudi 26 mars sur France 5


    Un article très positif d’un journal suisse

     

    harrison hachette photo presse.jpg

    Jim Harrison  - Photo Hachette Presse ©

  • Vie du lettré - William Marx

    Vie du lettré - William Marx - Editions de Minuit
    vie du lettré.jpg

    « Qu'est-ce qu'un lettré ? Quelqu'un dont l'existence physique et intellectuelle s'ordonne autour des textes et des livres : vivant parmi eux, vivant d'eux, employant sa propre vie à les faire vivre et, en particulier, à les lire. »


    Vous voici au coeur du sujet de cet essai passionnant et non dénué d’humour. En vingt quatre courts chapitres, accompagnés comme il se doit pour le livre d’un lettré, d’une bibliographie et de notes savantes, ce livre se lit d’une traite avec le sourire et crayon en main.

    William Marx vous invite à mieux connaître « Le Lettré » , de sa nourriture à son jardin, de sa sexualité à sa religion et de sa naissance à sa mort, en passant par les couronnes de laurier qu’il peut recevoir, par les querelles dont il peut parfois se délecter.
    Dans chaque chapitre un invité, de Kant à Quintilien, de Freud à Pétrarque ou Marie de Gournay.
    L’auteur alterne citations et anecdotes, ironie (auto-dérision ?) et admiration manifeste.
    « Le miroir ici proposé se veut plus fidèle. Tu y trouveras, lecteur, diverses figures de lettrés à travers les âges, les lieux et les cultures, et pourras même t'y reconnaître.»


    Nul besoin d’être universitaire pour lire et apprécier cet essai, privilège de l’érudition l’auteur parvient à vous rendre le temps d’une lecture plus cultivé et plus intelligent.

    C’est un essai brillant qui trouvera place dans votre bibliothèque.


    L'auteur

    w marx.jpgWilliam Marx, né à Villeneuve-lès-Avignon en 1966, a enseigné la littérature aux États-Unis, au Japon et dans plusieurs universités françaises, notamment à Vincennes - Saint-Denis (Paris-VIII) et à la Sorbonne (Paris-IV). Ancien élève de l'École normale supérieure, il est actuellement professeur de littérature française et comparée à l'université d'Orléans et membre de l'Institut universitaire de France. Sa réflexion porte essentiellement sur l'histoire des discours critiques et des théories esthétiques. (source Editions de Minuit) Photo © Hélène Bamberger

     

  • Kornwolf le démon de Blue Ball

    Kornwolf le démon de Blue Ball - Tristan Egolf - Traduit par Francesca Gee - Gallimard
    kornwolf.jpgSi vous avez lu et aimé « Le seigneur des porcheries » vous allez aimer ce démon là. Dernier livre et livre posthume de Tristan Egolf, écrivain au parcours hors du commun.

    L’histoire
    Owen Brynmor, journaliste renvoyé de plusieurs rédactions, a trouvé un job dans sa ville natale, ravit de jouer un bon tour à ses concitoyens honnis, il va monter en épingle un fait divers qui annonce le retour du « démon de Blue Ball » créature fantastique et monstrueuse.
    Mais qui pourrait croire un canular pareil ? Les habitants de Stepford, petite ville de Pennsylvanie où se côtoient et s’opposent protestants zélés et amish puritains le croient car le démon a ravagé le pays vingt ans plus tôt.
    La ville semble très vite en proie à la folie, des vols sont perpétrés, des granges brûlent, des animaux sont massacrés.
    Ephraim Bontrager marginal muet maltraité par son père un membre influent de la communauté amish est lui aussi pris de folie furieuse. Bientôt la réalité dépasse les rêves les plus fous du scribouillard de tabloïds.

    Egolf nous plonge avec virtuosité dans un récit proprement apocalyptique, fable moderne où s’entend le rire de Rabelais, mêlant le pastiche et l’enquête historique, il réussit le tour de force de tenir le lecteur avec son écriture hallucinée sans jamais le laisser respirer.
    On retrouve dans ce roman la truculence et la violence du « Seigneur des porcheries », Patrick Modiano qui a contribué à faire connaître T Egolf, parle de « paroxysme maîtrisé ». Son écriture est inventive, parfois très poétique et parfois totalement déjantée.

    J’avais été conquise par « Le seigneur des porcheries » ce démon là m’a définitivement convaincue du talent fulgurant de Tristan Egolf
    Il n’aura écrit que trois romans avant de se donner la mort, météorite littéraire, ses romans sont appelés à devenir des livres cultes.

    Faites une place à ce livre dans votre bibliothèque

     

    Note ajoutée le 7/04 : un superbe papier dans le Matricule des Anges du mois d'avril encore plus positif que le mien !


    L’auteur
    egolf.jpg

    Découvert par la famille Modiano en 1994, l'auteur du «Seigneur des porcheries» publié en français avant d’être reconnu aux Etats-Unis,  s'est suicidé en 2005 à 33 ans. Il était aussi un activiste engagé dans les mouvements pacifistes, opposant à GW Bush.