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A sauts et à gambades - Page 260

  • Pour saluer Giono

    Un de Baumugnes - Jean Giono - Lu par Jacques Bonnafé - Editions Thélème

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    Jacques Bonnafé restitue le parler rugueux et simple des héros , les pages de Giono prennent une ampleur nouvelle, vous entendez l'amour d'Albin pour Angèle la fille aperçue un soir, son harmonica vous parle  dans la nuit, vous êtes à la Douloire et vous accompagnez Amédée dans sa recherche d'Angèle.

     

    Colline - Jean Giono - Lu par Jean Chevrier - Editions Fremeaux et associés

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    « En faisant Colline, j'ai voulu faire un roman, et je n'ai pas fait un roman: j'ai fait un poème ! »
    Une lecture superbe de Jean Chevrier qui fait vivre la Provence et ses personnages, la diction est parfaite et la voix magnifie le texte. La tension, la peur qui s’empare de Gondran, de Jaume sont superbement restituées par Jean Chevrier, l’air vibre, la Colline tremble et vous voyez filer le chat noir annonciateur de malheur.

     

    Regain - Jean Giono - Lu par Henri Tisot - Editions Auvidis

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    Inoubliables les personnages du roman, la belle lecture d’Henri Tisot porte l’humanité de Panturle, de Gaubert et d’Arsule. Il dit bien le lent déclin, le départ de Gaubert, la mort annoncée d'Aubignane. Il sait superbement nous communiquer le tressaillement de la vie qui reprend, le premier labour, le premier blé et l'enfant qui s'annonce.

     

    Cette écoute des trois romans de Giono m’a apporté beaucoup de plaisir et je souhaitais partager ce plaisir avec vous. Elle permet de redécouvrir des textes lus il y a longtemps, et puis comme on ne se refait pas, après l’écoute il est plus que tentant d’aller feuilleter à nouveau les bouquins.

     

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    Plutôt qu’un énième résumé des trois romans je vous renvoie au Dossier Giono chez Pascale Arguedas (Calou).
    Pour poursuivre : le centre Giono à Manosque

  • L'origine de la violence - Fabrice Humbert

    L’origine de la violence - Fabrice Humbert - Editions Le Passage

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    De passage à Paris je suis entrée dans une librairie, jusque là rien d’extraordinaire, souhaitant un renseignement j’attendais patiemment mon tour pour interroger un vendeur, celui-ci vantait de façon très convaincante les mérites d’un roman français j’ai tendu l’oreille...et j’ai très bien fait.

    Un jeune professeur de français,  accompagnant ses élèves en voyage scolaire, visite le camp de Buchenwald. Accroché sur un mur du musée une photo attire son attention. Sur la photo un détenu et cet homme est le sosie de son père, or il est impossible que l’homme de la photo soit son père, celui-ci est bien vivant, il n’a jamais été prisonnier, personne dans la famille n’a été déporté,  alors ?
    Ici commence une enquête qui plonge le narrateur dans l’horreur des camps, dans les archives de Buchenwald. Il cherche les documents, les témoins qui pourront l’éclairer.

    « Dans le calme de l’Ettersberg, le souvenir des cinquante-trois mille morts faisait se lever une armée d’ombres silencieuses. Je m’avançait dans le brouillard avec une légère angoisse. Aux aguets comme si j’étais en attente. »

    Il apprend l’identité de l’homme de la photo : David Wagner, mais  rien en apparence ne relie cet homme à sa famille. Il part sur ses traces et sur celles des autres personnages de la photo, tous nazis notoires.
    Enquêteur tenace, ses recherches vont le mener à Göttingen, à Berlin, mais surtout dans sa propre famille. C’est une quête des origines, une réflexion sur le sens du mot « filiation ».

    On retrouve dans ce roman le thème central de « Un juif pour l’exemple » la violence, le mal absolu.
    Le narrateur est obsédé par la violence, y compris la sienne
    « Depuis toujours, la peur et la violence m’ont hanté. J’ai vécu dans ces ténèbres. j’ai toujours craint qu’on m’entraîne, m’attache, m’écorche, comme un animal nuisible. »


    Fabrice Humbert fait entendre les voix de Primo Levi et Jorge Semprun, il fait preuve d'un talent impressionnant et  réussit le tour de force d’écrire un roman profondément humain, très bien documenté, historiquement et psychologiquement juste et qui se lit avec avec un sentiment d’urgence très fort.

    Faites une place à ce livre dans votre bibliothèque

    Un autre avis dans le quotidien La Croix


    L’auteur

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    Fabrice Humbert a déjà deux romans à son actif : Autoportraits en noir et blanc (Plon) et Biographie d’un inconnu (Le Passage) Vous pouvez  le retrouver sur son site

  • Noirs hivers

    L’hiver de Franckie Machine - Don Winslow - Traduit par Franck Reichert - Editions du Masque

    frankie.gifJe vous présente Frankie Machianno, l’homme aux boulots multiples qui demandent une organisation digne du manager du mois, une ex-femme, une maîtresse, une fille prunelle de ses yeux, le voisin qu’on voudrait avoir, bref un gars bien.
    Surfeur moins fringant que par le passé mais qui chevauche la vague chaque matin à Ocean Beach....
    Un détail tout petit mais qui va mettre en péril le bel édifice patiemment construit, pendant quelques années le surnom de Frankie Machine lui a été donné par la Mafia, c’était y a longtemps quand il mettait la même méticulosité et la même organisation dans son boulot de tueur....
    Et là aujourd’hui c’est lui la cible, il a voulu rendre service et ses anciens amis veulent sa peau. Fini la vie tranquille, Frankie va devoir retrouver ses vieux réflexes, ses armes, ses planques, mettre à l’abri la fille, l’ex-femme et la maîtresse, mettre en sommeil ses petites entreprises.

    J’ai passé un bon hiver, le dosage de moments chauds est juste bon, Frankie est toujours en mouvement et pas seulement sur sa planche de surf ... Efficacité et action, un brin d’humour, un polar comme je les aime.

    L'avis de Bernard Poirette sur RTL
    podcast

    Actu du Noir et Moisson noir nous informent que De Niro a acheté les droits de ce polar, attendons....




    Hiver arctique - Arnaldur Indridason - Traduit par Eric Boury - Editions Métailié

    hiverarctique.gifL’Islande en hiver c’est comme on l’imagine : froid, gris, neigeux, hostile, chacun s’enferme bien à l’abri. Pas tout le monde car on retrouve le corps d’Elias 12 ans poignardé au pied de son immeuble, personne n’a rien vu mais le frère a disparu, la mère semble couvrir sa fuite, l’origine thaïlandaise de l’enfant a-t-elle une importance ? crime raciste ?
    Erlendur est de nouveau à pied d’oeuvre avec son équipe,  il mène en parallèle une enquête sur la disparition d’une femme à la vie sentimentale peu simple.
    Je ne suis pas très loquace car pour le première fois je me suis un peu ennuyée, la lenteur de mise en place de l’intrigue a eu raison de moi, à la moitié du livre on a pas avancé d’un iota, je suis allée au terme de l’histoire mais sauf effort d’Indridason pour dynamiser Erlendur, je crois que ce sera ma dernière balade islandaise

    Tout le monde n’est pas du même avis Télérama est même carrément enthousiaste

  • Dans les pas de Byron et Tostoï - Mikhaïl Chichkine

    Dans les pas de Byron et Tolstoï - Mikhaïl Chichkine - Traduit par Colette Kowalski - Editions Noir sur Blanc (Suisse)

    byron tolstoi.gifAu fil des années j’ai amassé une collection de récits de voyage, lus en un temps où le mot blog n’existait pas, je me propose de vous les présenter ici, au fil des jours. Ce sont tous de vieux amis, certains fatigués à force d’être lus mais capables d’un effort pour faire bonne figure en public.
    Le premier de la série est un livre encore fringant ne datant que de 2005, c’est un récit à deux voix et quelles voix : Byron et Tolstoï en un même recueil.
    A quarante années d’intervalle les deux écrivains vont faire la même randonnée dans les Alpes Suisses, suivre le même itinéraire, faire halte dans les mêmes auberges.
    De Montreux sur les bords du Léman à Meiringen dans l’Oberland Bernois, ils passeront d’un canton à un autre et du français à l’allemand.

    Nous voilà pour sept jours sur des chemins caillouteux, parfois vertigineux, sur les traces de ces deux géants. Ils tiennent tous les deux un journal de voyage, s’extasient sur les paysages idylliques traversés, marquent les étapes de commentaires sur les us et coutumes du pays, livrent leurs impressions de touriste : le charme des journaux de voyage.

    Pérégrination pour écrivains, le voyage en Suisse est une quête de la pureté, de la nature, Rousseau est passé par là.
    Byron sensible à la beauté des lieux « j’ai dernièrement repeuplé mon esprit de nature »
    Mais au romantisme de l’un répond la franchise de l’autre : « Jamais dans ma vie une chose célèbre pour sa beauté ne m’a plu. La vue sur les froids lointains à partir du col de Jaman m’a laissé de marbre ; il ne m’est pas venu à l’idée de m’arrêter une minute pour en jouir » Voilà bien un touriste réfractaire !

     

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    A l'époque


    Notre guide Mikhaïl Chichkine fait le troisième larron, lui aussi emprunte le même sentier, tient un journal, et pratique l’art de la digression pour notre plus grand plaisir.Le récit commencé au bord du Léman avec deux personnages, s’élargit aux écrivains et artistes nombreux qui ont arpenté les sentiers hélvétiques.

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    Aujourd'hui

    Au gré des pages apparaissent les littéraires : Goethe, Schopenhauer, Rilke, Nabokov, les musiciens : Rachmaninov et Stravinski, les artistes: Balthus et Klee. Nous sommes en bonne compagnie toute l’Europe est là.
    Chichkine ajoute ses souvenirs de Russie lorsqu’il était étudiant, dans l’armée. Souvenir parfois très dur et émouvant comme cette visite à son frère condamné au goulag et auquel il rend visite en Sibérie.
    Le récit commencé comme duo devient trio.

    Si vous projetez une balade en Suisse mettez ce livre dans vos bagages.


    L’auteur

    chichkine.jpgNé en 1961 à Moscou, Mikhaïl Chichkine y a étudié l'anglais et l'allemand à la Haute Ecole Pédagogique.
    Il s'installe à Zurich en 1995. Après avoir travaillé comme enseignant, traducteur et interprète, Chichkine se consacre aujourd'hui à l'écriture. Son oeuvre est traduite en plusieurs langues, et il est le seul écrivain russe a voir reçu les trois plus prestigieux prix littéraires de son pays pour deux livres, La Prise d'Izmaïl  et Le Cheveu de Vénus édités chez Fayard.

  • Le printemps des poètes

     

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    Le Printemps des Poètes

    Qu’est donc lire un poème ? c’est voir danser ma voix
    pour entendre tes yeux chanter avant les mots
    en miettes d’autrefois, dans nos lettres muettes

    Claude Vigée - Mon heure sur la terre - Galaade Editions

     

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    je mets ma vie en jeu 
    je mets ma nuit en feu
    réclamant sans répit
    ce qui laisse sans voix
    un grand vent étoilé 
    qui secoue les vertèbres
    je le reconnais bien 
    c’est l’infini parlant
    Zéno Bianu - Extrait de Scantate
    Zao Wou ki

     

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    Et pour occupation ceci :
    Ouvrir bien grandes mes étroites mains
    Pour ramasser le paradis
    Emily Dickinson
    Fresque de Stabies-Musée archéologique de Naples

     

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    Ce là-bas
    Ce chant c’est l’aube
    Cet envol de ramiers
    Cet horizon comme un jardin
    Qui repose dans la lumière
    Et les aromates
    Anne Perrier - La voie nomade - Editions La Dogana

    Pierre Bonnard - La Côte d'Azur

     

     

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    Survivre au désir
    Porter la soif
    Plus loin que l’oasis
    François Cheng - Double chant - Edition Encre Marine
    Shitao - Conversation avec la montage -Musée de Shangai

  • L'attente du soir - Tatiana Arfel

    L’attente du soir - Tatiana Arfel - Editions José Corti

    l'attente.gifLes Editions Corti découvreurs de talents, nous propose Tatiana Arfel après Julie Mazzieri
    Un récit à trois voix, à trois personnages. Chaque personnage détient sa propre voix, évolue dans son monde et lit sa partition.
    Il y a Giacomo, directeur du cirque du même nom, clown blanc qui dresse des caniches et fait naître des symphonies parfumées.
    Né dans une roulotte, sa vie c’est le chapiteau et ses couleurs. « ..mon premier souvenir, celui du monde clos, se prolongeait à l’infini dans cette communauté d’hommes et de femmes qui, chaque jour, tendaient à redonner un peu de couleurs à notre monde si fade et si hurlant à la fois. »
    Giacomo est fataliste, il sait que Le Sort le rattrapera, Le Sort qui apporte le malheur «...le sort rejoindrait toujours nos caravanes pourtant mobiles et capricieuses pour se servir en chair fraîche et en larmes qu’il affectionne beaucoup. »

    Il y a Melle B.  Jamais le regard de sa mère ne l’a caressée, jamais les bras d’un père ne se sont fermés sur elle. Elle avance dans la vie invisible, transparente, absente « Mon corps (...) était sans nerf, mes yeux sans regard et mon coeur sans émoi. »
    La folie rôde « Je me couchai, en proie à des fusées d’idées qui rendaient la peau de mon crâne de plus en plus transparente »
    Elle récite des tables de multiplication lorsqu’elle est en proie à l’angoisse. Et puis elle a « un trou dans la poitrine » quelque chose lui manque qui lui a été enlevé.

    Et il y a le Môme. Enfant abandonné à lui-même, il découvre le monde par le brillant du soleil et le froid de la boue du terrain vague où il vit. Il découvre les goûts par  « le jus blanc » de l’herbe dévorée, le piquant et l’âcre des aliments trouvés dans les poubelles, les odeurs des flaques d’eau et de la terre gelée.
    La seule chaleur reçue est celle d’un chien qui devient son lien avec le monde, mais ce lien va se rompre et il connait la douleur
    « Il y a de l’étranger dans son coeur. Ça fait mal, mais pas de froid ou de faim. Ça brûle et ça pique mais on ne peut pas l’arrêter en mangeant ou en dormant. Ça vient du dedans, il n’y a rien a faire ».
    Mais le monde va venir au môme par les couleurs,  va s’éclairer et s’élargir par les couleurs, le bleu des sacs poubelle, le rouge d’un vieux tapis, « le jaune et l’espoir ». Les couleurs remplacent les mots et deviennent langage.

    Trois univers que tissent Tatiana Arfel, la parole est donnée à ceux qui ne peuvent parler en mots ou dont les paroles ne sont jamais entendues. De son travail en psychiatrie elle a rapportée la connaissance de l’autre et de sa souffrance, des possibilités infinies de l’être humain, de l’importance des mots mais aussi d’autres langages.
    La première partie du roman s’intitule « Un plus un plus un », puis dans une seconde partie se révèle la possiblité de compter pour quelqu’un
    «  deux plus un » de n’être plus seul ou de l’être moins.
    Le récit est ponctué par les étapes du cirque, par le temps qui passe pour les trois personnages qui marchent les uns vers les autres pour être enfin « quelqu’un pour quelqu’un.»

    C’est un roman foisonnant d’une imagination très riche, pleine d’odeurs et de couleurs.
    J’ai été prise par ce texte d’une grande force et d’une très grande humanité.

    Un premier roman pour lequel je vous invite à faire une place dans votre bibliothèque



    L’auteur
    « Je suis née en 1979 à Paris. J’ai toujours écrit, depuis petite, des histoires, des poèmes, des contes. Le passage dans les classes littéraires d’un lycée parisien élitiste m’a fait perdre tout goût d’écrire. Je me suis orientée vers des études de psychologie clinique et psychopathologie (DESS). Pendant mes stages en hôpital psychiatrique j’ai imaginé mettre en place des ateliers d’écriture pour valoriser la créativité tout en permettant la décharge par l’écrit du trop-plein de souffrance. Je me suis inscrite d’abord à des ateliers d’écriture, puis des formations à l’animation, et me suis remise à écrire. J’ai alors écrit des contes, nouvelles, poèmes, puis mon premier roman, en 2006. Ensuite j’ai repris mes études et passé un DEA de littérature.
    Depuis mes vingt ans j’ai exercé toutes sortes de travaux alimentaires : employée en restauration rapide, serveuse, agent hospitalier, secrétaire, distributrice de prospectus, chargée d’assistance-rapatriement, secrétaire... Mon travail alimentaire compte peu, il me sert à subsister et doit surtout me laisser du temps pour écrire.

    Aujourd’hui, j’effectue de temps en temps des missions de psychologue en entreprise. J’anime des ateliers d’écriture, notamment dans une association de femmes atteintes de cancer. Je travaille sur un projet d’ateliers d’écriture sur la souffrance au travail, que j’ai longuement côtoyée lors de mes petits boulots (violence de la productivité, absence de reconnaissance, bureaux en open space, harcèlement moral, troubles physiques et psychiques). Je veille par-dessus tout à garder du temps et de l’énergie pour écrire. J’ai deux romans en projet, l’un justement portant sur la souffrance au travail et l’autre racontant l’autobiographie d’un homme souffrant d’une absence totale de présence au monde. »
    Source : l’éditeur