Le Discours sur la tombe de l’idiot - Julie Mazzieri - Edtions José Corti
« En plein jour. Ils l’ont jeté dans un puits de l’autre côté du village. Ils l’ont pris par les jambes et l’ont fait basculer comme une poche de blé. En comptant un, deux, trois. Le maire et son adjoint. »
Ce sont les premières lignes de ce premier roman. Ils étaient deux, deux pour débarrasser le village de l’idiot. Celui qui pissait sur la porte de la mairie, qui bavait et crachait, qui se couchait sur son ombre et qui n’avait pas de nombril.
Chronique de village, chronique de la bêtise et de la haine ordinaire, de la peur de ce que l’on ne comprend pas.
Un meurtre a été commis mais la vie continue mais pour l’un des coupables la culpabilité arrive, tenace et envahissante.
Le village s’interroge, les bruits se répandent, la rumeur comme un cancer va envahir le village, l’idiot a disparu juste quand arrive dans la ferme des Fouquet un nouvel ouvrier agricole, justement... Et puis il y a ce corps que l’on trouve au fond d’un fossé, c’est l’ouvrier, c’est sûr...qui d’autre ? Ce bouc émissaire fait l’affaire du Maire.
Je vous laisse découvrir la suite de l’histoire, Julie Mazzieri sait dire la violence impulsive, la peur de l’étranger ou tout simplement de l’inconnu, elle s’abstient de tout jugement moral.
Un vrai régal en cinq parties, avec des phrases courtes, sans aucun pathos, sans émotion apparente.
Son écriture a le coupant de la faux, la dureté de la pierre Un récit concentré, très maîtrisé. J’ai pensé à Giono à plusieurs moments de ma lecture et bien sûr à Raskolnikov pour le remord et la culpabilité. Une jeune femme qui promet.
Une réussite.
Faite une place à ce livre dans votre bibliothèque.
L’auteur
Julie Mazzieri est née au Québec en 1975.
Docteur ès lettres, elle compte parmi ses publications, divers articles portant notamment sur l’écriture de la fin et la rhétorique de l’idiot dans les œuvres de Faulkner, Bernanos, Dostoïevski et Denis de Rougemont.
Elle a enseigné la traduction à l’Université McGill (Canada) et travaille actuellement à la traduction française d’un inédit de Jane Bowles. Elle vit aujourd’hui en Corse.
Commentaires
Chère Dominique,
Message de Eric Poindron, du cabinet de Curiosités.
Mille pardon pour ma réponse tardive. Non, le théâtre présenté n'était pas celui de Voltaire.
Je me suis permis de glisser un clin d'oeil à votre très beau blog dans le cabinet, et je vais vous ajouter à mes favoris.
Bien à vous et toujours au plaisir de vous lire
Eric Poindron
Voilà qui est bien alléchant.
Cela dit, Giono n'a pas vraiment une écriture blanche ... Je testerai.
Merci
@ Merci M Poindron pour cet ajout et cette visite
@ Leiloona, ce qui me fait penser à Giono c'est un regard particulier sur le monde rural que julie Mazzieri porte sur le monde Québecois mais qui pourrait être "de part chez nous "
Les pros de la critique ! vous me flattez, hélas. Je ne sais si c'est une passion ou un gagne pain...
Ma visite - mes visites désormais - chez était un plaisir...
Bien à vous et à bientôt, j'espère.
Eric poindron