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A sauts et à gambades - Page 258

  • Chéri et Gigi - Colette

    Chéri - Colette - Lu par  Françoise Fabian -  Editions Naïve
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    «  Pour la première fois de ma vie, je me sentais intimement sûre d’avoir écrit un roman dont je n’aurais pas à rougir ni à douter » écrit Colette à propos de Chéri.
    Ce roman sans doute le plus célèbre de Colette  je vous propose de l’entendre, lu par Françoise Fabian, dont la voix apporte au texte toute la sensualité, la hardiesse et la cruauté que l’auteure y a mis et met en relief la finesse de l’écriture de Colette.

    Petit rappel de l’histoire : Le roman se passe à la Belle Epoque Léa ancienne courtisane qui approche de la cinquantaine doit se séparer de Chéri qui a la moitié de son âge, leurs amours parfois tulmutueuses dures depuis cinq ans, mais aujourd’hui Chéri se marie, la séparation devient obligatoire, la rupture sera cruelle mais pour qui ? Roman subversif sous des dehors légers.

     

    Si vous voulez en savoir plus sur le roman lire la note de Sibylline et pourquoi ne pas aller voir le film de Stephen Frears avec la belle Michèle Pfeiffer

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    Gigi - Colette - Lu par Danièle Delorme - Editions Frémeaux et associés
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    C’est un roman cocasse que celui-ci, Gigi élevée par sa mère, sa grand-mère Mamita et sa tante Alicia, dans un strict souci des principes et des conventions.
    Elle a appris à reconnaître les pierres précieuses, à peler une pêche, à couper les ortolans d’un seul coup de couteau et à tenir toujours ses genoux serrés. En fait elle n’a été éduquée que dans le but d’en faire une femme entretenue mais possédant toutes les qualités d’une femme du monde.
    Mais Gigi va refuser ce rôle de cocotte que sa famille lui réserve et mettre à mal tous les plans soigneusement élaborés en refusant d’être la maîtresse du séduisant et riche Gaston Lachaille.
    Danièle Delorme incarna Gigi en 1948 dans un film de Jacqueline Audry avec Gaby Morlay.
    Ici sa voix fait merveille et restitue la vivacité des dialogues, la naïveté de Gigi, la verve de Colette, cet enregistrement date de 1956 mais n’a pas pris une ride, pas plus que l’oeuvre de Colette qui a écrit ce texte enlevé et vif à soixante dix ans !

    Un film TV a été réalisé en 2006 par Caroline Huppert avec Macha Méril, Françoise Fabian et Juliette Lamboley dans le rôle titre, ce téléfilm excellent et fidèle au roman n'est hélas pas disponible en DVD pour le moment.

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  • Cette vie - Karel Schoeman

    Cette vie - Karel Schoeman - Traduit par Pierre Marie Finkelstein - Editions Phébus
    cette vie.gifC’est le troisième roman que je lis de Karel Schoeman, j’ai beaucoup aimé En étrange pays et plus encore celui-ci.

    En Afrique du Sud à la fin du XIXème siècle, au fond du Roggeveld, seule dans sa chambre d’enfant, une femme va mourir et tente en un long monologue de comprendre toutes ces images qui affleurent à sa mémoire.
    « J'ai trop de souvenirs, dit-elle. Toute ma vie, j'ai eu trop d'occasions de regarder, d'écouter, de voir, d'entendre et de me souvenir. Je n'ai pas fait exprès d'emmagasiner toutes ces connaissance et je n'ai pas demandé à les retenir mais aujourd'hui que me voici arrivée au soir de ma vie, je considère toute cette sagesse et je me rends soudain compte qu'elle est loin d'être vaine».

    Bribes après bribes ses souvenirs remontent, elle tente de  retrouver les visages de tous, les frères aimés, la mère crainte, le père effacé, les domestiques et Sofie la bien aimée.
    Sa vie fut longue, enfant personne ne l’a vraiment aimé, elle était une ombre silencieuse, un oeil innocent, une oreille attentive.
    Sa mémoire n’est pas sûre, en longs allers et retours la narratrice fait remonter des lambeaux de souvenirs qui morceau après morceau vont recomposer sa vie : les leçons des précepteurs, l’arrivée de Sofie femme de son frère aîné, belle et rieuse, la naissance de Maans son neveu, le seul qui lui ait un peu appartenu.
    L’histoire de la famille s’écrit dans la nuit : les départs et les morts, les mariages et les naissances qui viennent s’inscrire dans la bible familiale, les non dits, les paroles de colère, les secrets, les actions honteuses.


    On est envoûté littéralement par le récit, peu à peu absorbé par le paysage. La vie se déroule au rythme des saisons : la transhumance annuelle lorsque vient l’hiver, la lumière changeante sur le veld, l’explosion de couleurs au printemps.

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    L’écriture d’une grande beauté de Karel Schoeman nous emporte dans un pays dur et ingrat, où le paysan survit plus qu’il ne vit, où les hommes et femmes sont corsetés dans des traditions et une religion austère.
    Magnifique roman d’un temps révolu, ode lyrique, subtil et  poétique à son pays. L’éditeur parle de chef-d’oeuvre de la littérature Sud-Africaine, c’est le mot juste.

    Faites une place à ce livre dans votre bibliothèque

    L’auteur
    karel_schoeman.jpgKarel Schoeman est né en 1939 dans l’Etat libre d’Orange.
    Solidaire du combat des Noirs de son pays, il a été décoré par N Mandela. Son oeuvre compte 17 romans dont 4 ont été traduits et publiés chez Phébus.
    Pour Cette vie il a reçu le Prix Hertzog la plus prestigieuse récompense littéraire d’Afrique du Sud

  • Une année dans la vie de Tolstoï - Jay Parini

    Une année dans la vie de Tolstoï - Jay Parini - Traduit par François René Daillie - Editions des Deux Terres

    une année dans la vie.gifCe roman déjà édité en 1990, se présente comme un roman biographique, Jay Parini centre le roman sur la dernière année de la vie de Léon Tolstoï.
    En 1910 en Russie le servage est aboli depuis 50 ans, mais la misère règne en particulier dans le monde paysan, Tolstoï , qui depuis plusieurs années prend fait et cause pour le peuple, souffre de ne pas appliquer dans sa vie familiale les préceptes qu’il défend dans ses écrits et auprès de ses «disciples ».
    Il vit et écrit à Isnaïa Poliana, presque tous ces enfants sont partis et la vie se partage entre le groupe de fidèles tolstoïens, sa fille Macha qui l’aide en s’occupant de son courrier, son médecin (Tolstoï a 82 ans)  et bien sûr Sofia Andreïevna son épouse et mère de ses 13 enfants.
    Jay Parini, fait parler à tour de rôle les protagonistes qui ont chacun un point de vue, des sentiments. Petit à petit on entre dans l’intimité de la famille, on suit les crises qui naissent entre les époux et entre Sofia Andreïevna et l’entourage de son mari.


    Ce tableau aux mille facettes s’enrichit au fur et à mesure et le portrait de l’écrivain se dessine. Comme souvent le portrait oscille entre un homme qui correspond avec Gandhi mais peut se montrer violent et irascible avec son épouse, un génie littéraire qui se laisse manipuler par son entourage, un adepte du dépouillement mais qui ne voit rien à redire au culte dont il est l’objet dans la presse Russe. La crise va croissant jusqu’aux derniers jours de l’écrivain

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    Le roman composé à partir des lettres et journaux des Tolstoï et de leur entourage est rigoureusement exact quant aux paroles, écrits ou événements. Les éléments historiques sont très habilement insérés dans le récit et l’on a une impression d’authenticité et jamais de pesanteur savante.

    Pour compléter ce roman on peut l’éclairer par le petit récit de Tatiana Tolstoï : Sur mon père. et sur la biographie consacrée aux derniers jours de Tolstoi par Alberto Cavallari : La fuite de Tolstoï dont vous trouverez une critique ici
    Un film a été réalisé Last station avec Helen Mirren et Christopher Plummer , le film n’est pas disponible en DVD pour le moment.

    L’auteur
    jay_parini_big.jpgProfesseur de littérature américain, Jay Parini, enseigne à l’université de Middlebury, dans le Vermont.
    Il a publié de nombreux essais critiques, biographies (Robert Frost, W Faulkner, J Steinbeck) pour la plupart consacrés à la littérature américaine.

  • Nord profond - Olav H Hauge

    Nord Profond - Olav H. Hauge - traduit par François Monnet - Editions Bleu autour
    nordprofond.gifEncore une acquisition au salon du livre, je n’avais jamais entendu le nom d’Olav Hauge et c’est une découverte totale. Poète Norvégien né en 1908 et mort en 1994.
    La préface et postface de François Graveline livre un poète en quête d’une vie, Hauge dit « Nous ne sommes rien, ce que nous cherchons est tout.  » Une vie difficile et parfois douloureuse Hauge ayant souffert de schizophrénie, sa quête va l’ouvrir à la littérature, à la poésie. Il vit en milieu rural mais parvient à lire beaucoup en volant du temps aux travaux de la ferme.
    Interné plusieurs fois, Hauge ne publiera qu’après la guerre, il a toute sa vie tenu un « journal de l’âme » qui a été publié en Norvège en 2000.
    Le recueil est accompagné des photos de François Monnet qui explique ainsi sa participation à ce recueil « J’ai éprouvé une urgence. Je n’ai pas connu Hauge mais je me suis senti proche de lui. Ses poèmes ramènent à l’essentiel dans un monde trop bruyant, trop bavard. »

     

    NE VIENS PAS AVEC TOUTE LA VÉRITÉ

    08-pierre-450.jpgNe viens pas avec toute la vérité,
    ne viens pas avec l’océan pour ma soif,
    ne viens pas avec le ciel quand
    je demande une lampe,
    viens avec une étincelle,
    de la rosée,
    un flocon,
    comme les oiseaux emportent
    des gouttelettes après le bain
    et le vent  un grain de sel.

     


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    CE MATIN À MON REVEIL
    Ce matin à mon réveil,
    les vitres étaient couvertes de givre,
    je me tenais au chaud dans les braises d’un bon rêve
    et le poêle répandait
    dans la pièce
    la chaleur
    d’une bûche mijotée  toute la nuit.

     

     

     

     

     

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    CHANT CHEMINE LEGER SUR MON COEUR
    Chant, chemine léger sur mon cœur,
    chemine léger
    comme la bruyère des marais
    sur la fagne détrempée,
    comme l’oiseau du matin
    sur la glace d’une nuit.
    Briserais-tu l’écorce de ma peine,
    tu te noierais,
    chant.

    DEMANDE AU VENT
    Demande au vent
    quand il est à bout de souffle.
    Il voyage loin
    et revient souvent
    avec les bonnes réponses.

     

     

     

    L'auteur

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    Né en 1908 à Ulvik et mort en 1994 dans la même commune. Il a vécu toute sa vie à Ulvik, un village situé au cœur du Hardanger où il exerçait la profession de jardinier et où il dirigeait un petit verger.
    Il a été fortement inspiré par la poésie chinoise. D'une forme classique à ses débuts la poésie d'Hauge s'est progressivement affranchie de tous les codes, il a été un important rénovateur de la poésie norvégienne. Son oeuvre a été traduite dans une trentaine de langues.

  • La mort, entre autres - Philip Kerr

    La mort entre autres - Philip Kerr - Traduit par JF Hel Guedj - Editions du Masque
    la mort entre autres.gifUn avertissement tout d’abord, si vous ouvrez ce livre prévoyez de disposer d’un peu de temps car vous ne le poserez pas !
    Ce polar vient de recevoir le PRIX DU POLAR EUROPEEN 2009 décerné par Le Point et le Festival Quai du Polar, un prix très mérité qui récompense un auteur qui a réussi le tour de force d’écrire un roman passionnant sur une époque et un sujet oh combien dérangeants.

    Munich 1949, Bernie Gunther détective privé, berlinois d’origine échoue à Munich après la mort de sa femme. Quand on est comme lui porteur de la marque des SS sous le bras, même si elle est en partie effacée, on ne peut pas faire la fine bouche lorsqu’un travail se présente, surtout quand il se présente sous la forme d’une attirante créature qui souhaite que vous lui confirmiez que son mari criminel de guerre est bien mort et qu’elle peut à nouveau convoler en justes noces.
    Bien sûr tout ne va pas être simple, dans un Munich où les chantiers et les grues poussent comme des champignons, où se terrent d’anciens nazis, où les occupants russes et américains ne s’embarrassent guère de justice et de légalité.
    L’enquête de Bernie va se révéler plus ardue que prévu, le conduire de Munich à Vienne avec un petit tour dans les alpes.
    Il va lui être très difficile  de faire le tri entre amis et ennemis, entre bourreau et victime, entre le bien et le mal.

    De bout en bout passionnant, avec une intrigue parfois dérangeante, ce polar est une réussite.Philip Kerr est magistral dans la peinture de la ville en reconstruction, dans sa façon de s’interroger sur la responsabilité et la culpabilité allemande. Il sait parfaitement recréer l’atmosphère de l’époque, faire preuve d’humour là où on ne l’attendrait pas, mener l’intrigue à son terme sans que l’on ne décroche une seule minute. Une réussite.



    L’auteur
    Né en 1956 à Edimbourg,il est l’auteur d’une douzaine de romans et de nombreux scénarios dont « Trilogie Berlinoise ».

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    © A. Mouthan/Hollandse Hoogte

  • La librairie des écrivains - Mikhaïl Ossorguine

    Gardiens des livres - Mikhaïl Ossorguine - Traduit par Sophie Benech - Editions Interférences

    gardiens.gifParfois quelques minutes volées au temps vous rendent très heureux.
    Lors de la journée passée au salon du livre, en fin d’après midi quand tout le monde se presse pour faire des photos, pour apercevoir tel auteur à succès, j’ai flâné chez les petits éditeurs, ceux où il n’y a pas foule, pas de grand nom qui dédicace.
    Attirée par les couvertures magnifiques des éditions Interférences, j’ai feuilleté et emporté 3 petits livres, celui-ci est le premier lu et je souhaite vous faire partager mon plaisir et mon émotion.

    Tout d’abord il ne s’agit pas d’un livre à la mode, ni de ces livres distribués largement à tous les chroniqueurs de blogs et de Navarre pour qu’ils en fassent un compte rendu dithyrambique...non c’est un petit volume datant de 1994, qui dit en quelques pages comment dans la tourmente de la révolution russe, quelques écrivains ont tenu ouverte une librairie, se sont organiser pour venir en aide à des écrivains démunis, ont permis à des propriétaires de bibliothèques de vendre leurs livres et ainsi d’échapper pour un temps à la famine.

    Mickaïl Ossorguine raconte comment un petit groupe va faire vivre cette « Librairie des écrivains »

     

     

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    Mikhaïl Ossorguine (à gauche) en exil à Paris

    Il le raconte avec une simplicité pudique, à ceux qui s’étonneraient de la tolérance des autorités, Ossorguine répond

    « pourquoi nous tolérait-on ? Sans doute parce qu’au début, nous étions passés inaperçus, ensuite, on ne comprit pas très bien quelle sorte d’institution nous étions, ou peut-être estima-t-on malséant de s’en prendre à des écrivains travaillant sur les bases d’une coopérative sans employer de salariés. Une fois que la librairie eut acquis sa popularité, on la toléra par inertie, tout simplement. »

    L’inflation les obligeait à changer le prix de livre chaque jour aussi l’inscrivaient-ils au crayon et convertissaient-ils les prix devenus fous en denrée alimentaire, le livre valait une livre de farine, un litre d’huile.
    L’argent étant uniquement consacré à acheter des livres, l’aménagement de la librairie recourait au système D.


    « Un menuisier fabriqua d’après nos plans des bibliothèques pour lesquelles nous extorquâmes des planches à une coopérative. Sur les rayonnages s’alignèrent des livres transportés à dos d’homme, certains venant de maisons d’édition survivant encore, d’autres de chez nous – de nos réserves, dont nous étions contraints de nous séparer – d’autres enfin de chez des amis. En guise de caisse, une boîte en carton, en guise de vitrine, une planche inclinée devant une fenêtre qui se couvrait de givre le soir et se réchauffait vaguement au matin. »
    Mais qu’on ne s’y trompe pas c’était une vraie librairie :  « Les classiques, russes et étrangers, occupaient à eux seuls une pièce entière. »

    marina.jpgOssorguine agrémente son histoire d’anecdotes parfois cocasses ou émouvantes et dresse en annexe la liste des livres publiés par la libraire en effet lorsque papier et la possibilité d’imprimer ont disparus, les écrivains vont vendre leurs livres sous forme de manuscrits, formidables défis et volonté hors du commun.

    vous trouverez en fin de volume des reproductions d’illustrations et des fac-similés en particulier des poèmes de Marina Tsvétaïeva ainsi publiés.

     

    Faites une place à ce livre, hommage magnifique aux écrivains, aux libraires et à tous les amoureux des livres, de la poésie et de la littérature.

    Une pièce de théâtre à vue le jour inspirée par le livre