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A sauts et à gambades - Page 254

  • La mort, entre autres - Philip Kerr

    La mort entre autres - Philip Kerr - Traduit par JF Hel Guedj - Editions du Masque
    la mort entre autres.gifUn avertissement tout d’abord, si vous ouvrez ce livre prévoyez de disposer d’un peu de temps car vous ne le poserez pas !
    Ce polar vient de recevoir le PRIX DU POLAR EUROPEEN 2009 décerné par Le Point et le Festival Quai du Polar, un prix très mérité qui récompense un auteur qui a réussi le tour de force d’écrire un roman passionnant sur une époque et un sujet oh combien dérangeants.

    Munich 1949, Bernie Gunther détective privé, berlinois d’origine échoue à Munich après la mort de sa femme. Quand on est comme lui porteur de la marque des SS sous le bras, même si elle est en partie effacée, on ne peut pas faire la fine bouche lorsqu’un travail se présente, surtout quand il se présente sous la forme d’une attirante créature qui souhaite que vous lui confirmiez que son mari criminel de guerre est bien mort et qu’elle peut à nouveau convoler en justes noces.
    Bien sûr tout ne va pas être simple, dans un Munich où les chantiers et les grues poussent comme des champignons, où se terrent d’anciens nazis, où les occupants russes et américains ne s’embarrassent guère de justice et de légalité.
    L’enquête de Bernie va se révéler plus ardue que prévu, le conduire de Munich à Vienne avec un petit tour dans les alpes.
    Il va lui être très difficile  de faire le tri entre amis et ennemis, entre bourreau et victime, entre le bien et le mal.

    De bout en bout passionnant, avec une intrigue parfois dérangeante, ce polar est une réussite.Philip Kerr est magistral dans la peinture de la ville en reconstruction, dans sa façon de s’interroger sur la responsabilité et la culpabilité allemande. Il sait parfaitement recréer l’atmosphère de l’époque, faire preuve d’humour là où on ne l’attendrait pas, mener l’intrigue à son terme sans que l’on ne décroche une seule minute. Une réussite.



    L’auteur
    Né en 1956 à Edimbourg,il est l’auteur d’une douzaine de romans et de nombreux scénarios dont « Trilogie Berlinoise ».

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    © A. Mouthan/Hollandse Hoogte

  • La librairie des écrivains - Mikhaïl Ossorguine

    Gardiens des livres - Mikhaïl Ossorguine - Traduit par Sophie Benech - Editions Interférences

    gardiens.gifParfois quelques minutes volées au temps vous rendent très heureux.
    Lors de la journée passée au salon du livre, en fin d’après midi quand tout le monde se presse pour faire des photos, pour apercevoir tel auteur à succès, j’ai flâné chez les petits éditeurs, ceux où il n’y a pas foule, pas de grand nom qui dédicace.
    Attirée par les couvertures magnifiques des éditions Interférences, j’ai feuilleté et emporté 3 petits livres, celui-ci est le premier lu et je souhaite vous faire partager mon plaisir et mon émotion.

    Tout d’abord il ne s’agit pas d’un livre à la mode, ni de ces livres distribués largement à tous les chroniqueurs de blogs et de Navarre pour qu’ils en fassent un compte rendu dithyrambique...non c’est un petit volume datant de 1994, qui dit en quelques pages comment dans la tourmente de la révolution russe, quelques écrivains ont tenu ouverte une librairie, se sont organiser pour venir en aide à des écrivains démunis, ont permis à des propriétaires de bibliothèques de vendre leurs livres et ainsi d’échapper pour un temps à la famine.

    Mickaïl Ossorguine raconte comment un petit groupe va faire vivre cette « Librairie des écrivains »

     

     

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    Mikhaïl Ossorguine (à gauche) en exil à Paris

    Il le raconte avec une simplicité pudique, à ceux qui s’étonneraient de la tolérance des autorités, Ossorguine répond

    « pourquoi nous tolérait-on ? Sans doute parce qu’au début, nous étions passés inaperçus, ensuite, on ne comprit pas très bien quelle sorte d’institution nous étions, ou peut-être estima-t-on malséant de s’en prendre à des écrivains travaillant sur les bases d’une coopérative sans employer de salariés. Une fois que la librairie eut acquis sa popularité, on la toléra par inertie, tout simplement. »

    L’inflation les obligeait à changer le prix de livre chaque jour aussi l’inscrivaient-ils au crayon et convertissaient-ils les prix devenus fous en denrée alimentaire, le livre valait une livre de farine, un litre d’huile.
    L’argent étant uniquement consacré à acheter des livres, l’aménagement de la librairie recourait au système D.


    « Un menuisier fabriqua d’après nos plans des bibliothèques pour lesquelles nous extorquâmes des planches à une coopérative. Sur les rayonnages s’alignèrent des livres transportés à dos d’homme, certains venant de maisons d’édition survivant encore, d’autres de chez nous – de nos réserves, dont nous étions contraints de nous séparer – d’autres enfin de chez des amis. En guise de caisse, une boîte en carton, en guise de vitrine, une planche inclinée devant une fenêtre qui se couvrait de givre le soir et se réchauffait vaguement au matin. »
    Mais qu’on ne s’y trompe pas c’était une vraie librairie :  « Les classiques, russes et étrangers, occupaient à eux seuls une pièce entière. »

    marina.jpgOssorguine agrémente son histoire d’anecdotes parfois cocasses ou émouvantes et dresse en annexe la liste des livres publiés par la libraire en effet lorsque papier et la possibilité d’imprimer ont disparus, les écrivains vont vendre leurs livres sous forme de manuscrits, formidables défis et volonté hors du commun.

    vous trouverez en fin de volume des reproductions d’illustrations et des fac-similés en particulier des poèmes de Marina Tsvétaïeva ainsi publiés.

     

    Faites une place à ce livre, hommage magnifique aux écrivains, aux libraires et à tous les amoureux des livres, de la poésie et de la littérature.

    Une pièce de théâtre à vue le jour inspirée par le livre

     

  • Charing cross road

    Charing cross road : la rue des libraires

    Je ne peux que me faire le relais d'un billet au goût nostalgique et en même temps un peu ..colérique d'Eric Poindron, son billet annonce la fermeture d'une librairie londonnienne très célèbre où se sont succédés tous les grands noms du roman noir et du thriller.
    Avec tristesse Eric Poindron fait le point sur les fermetures qui se sont succédées ces dernières années.

    Pour mettre un note un peu plus gaie, certes la librairie est fermée mais le livre est toujours un succès, je l'ai offert tellement souvent qu'à moi toute seule j'ai du faire monter le tirage ,cliquez sur le  84 charing cross road et vous lirez le billet d'Eric.

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    Mes librairies lyonnaises: c'est ici et pas ailleurs que j'achète mes livres

    Dans le 9ème arrondissement : Au bonheur des ogres

    Dans le 2ème arrondissement  la librairie Passages 11 rue de Brest

     

    Un peu plus réjouissant : Festival Quai du polar : c'est à Lyon ce Week end voici le programme et le site

    Venez nombreux vous retrouverez de nombreux libraires, des invités prestigieux et tous les meilleurs titres du moment

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  • 186 marches vers les nuages - Joseph Bialot

    186 marches vers les nuages - Joseph Bialot - Editions Métailié

    186.gifBerlin 1945, la ville est dévastée, les alliés se sont partagés la capitale du Reich, les ruines fument encore et la chasse au nazis est ouverte. Chacun tente de survivre.
    Bert Waldeck lui n’est pas le berlinois type, il a passé depuis 1934 plus d’années dans les geôles et les camps de concentration que n’importe qui. Il était juste un flic qui pensait appliquer la loi, mais « loi » est un mot qui n’était pas dans le vocabulaire nazi.
    Il accepte à la demande des américains de rechercher Hans Steiner, un copain d’école à lui mais aussi son tortionnaire. Rapidement il a des doutes sur les intentions des américains, Hans Steiner est un nazi soit mais ce n’est pas Himmler, alors pourquoi le rechercher avec autant de zèle ?
    En déportation il a développé un sixième sens et là il se sent utilisé, piégé et ça ne lui plaît pas, alors il va faire sa propre enquête qui va lui faire toucher du doigt que les intérêts des puissances alliées ne sont pas toujours compatibles avec la simple justice.

    Ce roman vaut plus pour l’atmosphère, l’écriture sobre et la sensibilité que pour l’intrigue elle-même.
    Les souvenirs de Bert Waldeck sont poignants, Joseph Bialot est venu à l’écriture sur le tard, et dans ce roman il utilise avec beaucoup de talent et d’humanité sa propre expérience de déporté. Il permet de ne pas oublier que dans les camps les plus anciens déportés étaient parfois des allemands.


    Outre les polars qu'il écrit, il a relaté dans « C’est en hiver que les jours rallongent » son expérience concentrationnaire.



    Devoir de mémoire

    Il y a quelques années j’ai visité (je n’aime pas ce mot ici mais je n’en trouve pas d’autre) Mathausen. C'était en août, j'étais en bonne santé, personne ne me menaçait, personne ne me frappait, il faisait très chaud, j’ai descendu et remonté ces 186 marches de la carrière de granite, c'est un souvenir fort.
    Il y a eu des morts dans cet escalier, il y en a eu beaucoup et encore davantage, des suites de l'avoir trop monté, du dernier effort qu'il leur a fallu faire après une journée de bagne et qui a fait que le lendemain ils n'ont pas pu repartir, ils n'ont pas pu continuer. De ceux-là, aucun témoin ne peut vous dire le nombre, mais ce dont nous pouvons vous assurer, ce que je peux vous dire, c'est que sur chaque marche, je dis bien chaque marche de cet escalier, il est tombé du sang... Jean Lafitte (interné à Mathausen)

  • Une inquiétante et diabolique étrangeté - Edouard Dor

    Une inquiétante étrangeté - Edouard Dor - Editions Sens & Tonka
    Le plaisir du diable - Jacques Gelat - Editions José Corti

    inquietante.gifAu mois de février je vous avais proposé un billet sur un livre d’Edouard Dor, aujourd’hui je récidive car sur un thème différent il nous livre encore une fois sa réflexion d’observateur attentif.
    À quoi tient qu'un tableau nous trouble plus qu'un autre ?
    Pour nous parler de « cette inquiétante étrangeté » Edouard Dor nous installe devant trois oeuvres de Véronèse traitant d’un même sujet, les amours de Mars et Vénus. Dans un des trois tableaux la présence d’un escalier qui va on ne sait où et surtout et ajouté à ce « décor ambigu » au beau milieu d’une scène voluptueuse, une tête de cheval en haut de l’escalier.
    « Véronèse cherche à nous surprendre, à nous déstabiliser »

    Je vous laisse juger par vous-même.

     

     

    mars et venus.jpg


    Le deuxième exemple pris par Edouard Dor est le portrait fameux « Olympia » par E Manet . il se livre à une étude passionnante dudit portrait, en particulier de son éclairage frontal, sur la présence d’un chat aux yeux jaunes, sur la fascination et le malaise que nous pouvons éprouvé devant la toile.
    Son dernier exemple est une étude d’une oeuvre peu connue de Matisse : « Porte fenêtre à Collioure ».

     

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    J’ai aimé à l’égal du premier ce petit livre, simple et fouillé il invite à lire autrement une toile, à observer en nous laissant pénétrer par cette « inquiétante étrangeté » qui naît de nos fantasmes et qui peut aller jusqu’à l’épouvante absolue nous dit S Freud dans l' essai dont s'est inspiré Edouard Dor.


    plaisir du diable.gifIl arrive que nos lectures s’ordonnent d’une façon particulière et que sans le vouloir deux ouvrages viennent se rencontrent ou se répondent. Le roman de Jacques Gelat a pris place juste après ma lecture d’Edouard Dor.

    J’ai retrouvé le monde de la peinture dans ce roman insolite et précieux. Sonia l’héroïne travaille dans une galerie à Paris, le propriétaire de celle-ci lui confie la mise en vente d’un tableau hollandais d’Emmanuel de Witte représentant deux musiciennes.
    Sonia tombe aussitôt sous le charme et son intérêt va jusqu’à la  fascination, mais un soupçon l’assaille, elle ressent une  « inquiétante étrangeté » à l’observation de la toile, des détails incongrus, des anomalies la font douter de l’authenticité du tableau.
    « Alors, bien avant le dessin, les couleurs ou la composition, la toile lui envoya sa lumière.
    Sonia la sentit doucement irradier vers elle, un peu comme un soleil du soir après une journée de chaleur. Une lumière tiède, lente. Sans doute était-ce le sentiment des couleurs principales, les robes des femmes, orangé sombre pour la première, rouge bordeaux avec des reflets bruns pour la seconde. Puis le bois des guitares sur les genoux, vieil or avec des reflets ambrés. »


    Nous sommes littéralement emportés nous aussi, la description du tableau que vous ne tarderez pas à « voir » , l’obsession amoureuse de Sonia pour celui-ci, sa quête de la vérité, le monde de l’art, du faux et de l’illusion, tout est fascinant dans ce roman. Le style est impeccable et la construction diabolique. Une fin inoubliable.
    Il faut préciser que ce roman avait déjà été publié il y a vingt ans par les éditions Denoël sous le titre « le tableau », il est réédité aujourd’hui pour notre plus grand plaisir.


  • Une odyssée américaine - Jim Harrison

    Une Odyssée américaine - Jim Harrison - Traduit par Brice Matthieussent  - Flammarion

    Perdre en quelques jours sa ferme, sa femme après 38 ans de mariage, avouez qu’il y a de quoi déprimer, Cliff la soixantaine,plus atteint par la disparitioodyssée.gifn de sa chienne que par la trahison de sa femme, décide de partir dans un voyage improbable 

    « A l’aube, j’ai décidé d’emporter le puzzle des Etats-Unis et d’en lancer une pièce par la fenêtre de mon break chaque fois que je franchirais la frontière d’un nouvel Etat.»
    et pour faire bonne mesure il décide aussi de renommer les états et les oiseaux en leur restituant des noms indiens.

    Jim Harrison n’entend pas le mot déprime comme vous et moi, Cliff embarque avec lui une jeunette de 40 ans et la road movie démarre  alternant les prouesses sexuelles et les pauses gastronomiques. Mais Cliff se lasse assez vite du téléphone portable de Marybelle et la restitue à sa famille au Montana.
    L’odyssée se fait plus bucolique, Cliff se laisse imprégné par les paysages magnifiques de l’ouest américain. C’est Rabelais au pays des clochards célestes, gargantua atteint par la mélancolie.
    Diable d’homme ce JimCliff qui dit

    «Ma dépendance précoce aux bouquins de Thoreau et d'Emerson m'a rendu beaucoup trop sensible à la brutalité du monde contemporain».

    Un roman réjouissant, magnifique et mélancolique.
    Après « Retour en terre » j’avais cru sentir la mort en maraude, cette odyssée est là pour prouver le contraire, à 72 ans Jim Harrison, l’auteur américain préféré des français, tient le cap de belle manière.

    Jim Harrison est l'invité de François Busnel dans la Grande libraire  jeudi 26 mars sur France 5


    Un article très positif d’un journal suisse

     

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    Jim Harrison  - Photo Hachette Presse ©