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A sauts et à gambades - Page 251

  • Chasses fragiles - Patrick Reumaux

    chasses fragiles.jpgChasses fragiles - Patrick Reumaux - Editions Phébus
    Je vous convie à une balade champêtre en compagnie de Patrick Reumaux et de ses amis botanistes. Une randonnée qui s’étend des Ardennes au Var en passant par le plateau des Glières, le grand air vous donnera des couleurs.

    Autant vous prévenir, ils sont tous fous, dingues, cinglés, leur recherche de l’ophrys Champagneuxii ne connaît aucune limite, ils aiment « brigander sur les terrains de chasse propices au brigandage », ils acceptent la pluie, la caillasse, la chaleur mais n’oublient pas les pauses restauration. Pour assouvir leur passion ils peuvent affronter les douaniers suisses pour possession de glacière et denrées périssables, délit hautement répréhensible chez nos voisins helvètes.

    Attention de ne pas les confondre avec des écologistes qu’ils détestent, qui « ne rient jamais » qui « se déplacent dans la nature en chuchotant, comme les touristes turcs dans la cathédrale Saint Pierre(...) capables de vous tirer à vue s’ils vous voient ramasser une pâquerette. » mais qui sont capables, et c’est la vengeance douce de P Reumaux, de faire infuser des racines de Veratrum album ou de manger en salade de l’éthuse petite cigüe !
    On peut les suivre pendant trois de leurs chasses, à la poursuite de l’Inule Sicula « longue fleur maigre qui a la raideur d’un héron »  en quête de cortinaires et de russules pour remplir leurs besaces selon la saison.

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    Inule Sicula « longue fleur maigre qui a la raideur d’un héron »

     

    et les accompagner dans leur recherche obstinée de l’Ophrys miroir, ou de la magnifique

     

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    ophrys papilionacea

     

    Fous certes mais spécialistes patentés, la liste des oeuvres mycologiques de Patrick Reumaux, est là pour le prouver. Vous saurez tout sur « La synonymie plaie des sciences naturelles », le classement botanique figé à tout jamais par Linné « à l’esprit à peu près aussi souple que de béton armé » et vous assisterez à des rencontres pas toujours pacifiques avec d’autres amateurs de sociétés Linnéennes.
    J’ai aimé l’alliance entre poésie et humour corrosif, entre hymne à la nature et digressions acides. L’érudition est toujours camouflée, légère.

    Aujourd’hui quittez votre bibliothèque et partez butiner, flâner et remplir votre herbier.


    L’auteur

    cortinarius crassus.jpgRomancier, traducteur (Dickinson, Powys,)
    poète lauréat du prix Max Jacob en 1982
    Patrick Reumaux est aussi naturaliste et mycologue

  • La Naufragée des Amazones - Isabel Godin des Odonnais

    La naufragée des Amazones - Jean Godin des Odonais - Editions Nicolas Chaudun
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    L’héroïne de ce récit n’a rien d’une femme de lettres, rien non plus d’une exploratrice du genre de celles qui feront au siècle suivant le récit de leurs voyages et pourtant elle va vivre une aventure extraodinaire en plein jungle amazonienne à une époque où l’on ne pouvait compter ni sur les médias ni sur le GPS pour vous sortir de là.

    Isabel Godin des Odonais puisque c’est d’elle qu’il s’agit, n’a rien d’une aventurière, bourgeoise lettrée de la bonne société du Pérou, mariée par amour à un français, mère de trois enfants, c’est pour rejoindre son mari qu’elle va entreprendre un voyage long et périlleux.Jean Godin des Odonais a fait partie de l’expédition scientifique qui en 1735 devait mesurer l’angle du méridien de la terre. Dans l’expédition des savants célèbres dont Charles Marie de la Condamine qui va découvrir le caoutchouc lors de l’expédition.
    Mais l’amour commande, Jean épouse Isabelle, reste au Pérou et fait 3 enfants.
    En 1749 il doit rentrer en France régler des affaire de famille, mais pas question de retour, le Pérou est devenu inaccessible, la frontière lui est interdite. Réfugié à Cayenne commence pour cet homme une attente qui durera plusieurs années

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    Isabelle Godin des Odonais


    Ayant enfin été autorisé à rentrer au Pérou, le voilà à bord d’un navire portugais, mais là pris d’un doute affreux, persuadé qu’on en veut à sa vie  il quitte le bateau. Geste dont il portera des années durant la culpabilité parce qu’à partir de là son épouse est livrée à une aventure périlleuse dont Jean Godin plusieurs années après ne pourra que conter l’histoire poignante.

    Isabel escortée par deux beaux-frères, un neveu, une trentaine d’indiens décide de rejoindre son époux en descendant le fleuve amazone Les aléas du voyage l'entraineront dans la jungle, sans armes, sans nourriture, sans chaussures à la merci des prédateurs, des insectes et autres bestioles en tous genres.

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    Je vous laisse découvrir cette aventure hors du commun, peu d’êtres humains auraient été capable de vivre et de résister à pareille entreprise.
    Le récit écrit pas Jean Godin à l’intention de Charles Marie de la Condamine est sobre, parfois sec, il détaille toutes les précautions initiales prises pour le voyage et leurs échecs l’une après l’autre, récit où la culpabilité suinte à chaque page, récit admiratif pour le courage de son épouse.
    Récit très court en regard des péripéties du voyage, et où les sentiments affleurent très peu.

    Publié en 1775, ce récit n’avait plus été édité depuis le XVIII ème siècle. C’est une histoire hors du commun, où une jeune femme se hisse par son courage à la hauteur des plus grandes aventurières.

  • Imposture - Benjamin Markovits

    imposture.gifImposture -  Benjamin Markovits - Traduit de l'anglais par Catherine Richard - Editions Christian Bourgois
    J’ai suivi par la pensée Byron dans un voyage pédestre en Suisse, ce roman me proposant de le retrouver, je n’ai pas résisté.
    En prologue l’auteur raconte avoir reçu un manuscrit d’un de ses anciens collègues dont la personnalité l’a longtemps fasciné, cet enseignant spécialiste des romantiques anglais l’a fait son héritier. Le personnage était ambigu puisqu’il avait reconnu être l’auteur d’un faux. Que raconte ce manuscrit ?
    En 1819 parait dans une revue un texte  le vampire , l’éditeur laisse croire que ce texte anonyme est de Lord Byron. Succès garanti, le public se jette sur le texte qui sent le souffre, Lord Byron est en butte à l’opprobre publique en raison de son divorce houleux. Chacun sait que le parfum de scandale fait vendre...
    L’auteur réel du "vampire" est John Polidori un jeune médecin sans patients, sa soeur Frances, dont il est amoureux, a épousé un monsieur Rossetti qui sera le père du poète et peintre Dante Gabriel Rossetti. Trois ans plus tôt il a accepté contre l’avis de son père, d’être le médecin et le compagnon de voyage de Byron.
    Après la France et une randonnée dans les Alpes Suisses, Byron se fixe à Cologny au bord du Léman dans une magnifique villa qui restera célèbre : la villa Diodati. Là il retrouve le poète Shelley et son épouse Mary.

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    Le séjour a été un calvaire pour Polidori, il a des velléités d’écriture, il est copieusement moqué pour cela. Lord Byron en a fait son souffre-douleur et Shelley ne l’a pas épargné.
    Lors d’une après-midi pluvieuse ils décident tous les quatre d’écrire chacun une nouvelle fantastique, la postérité retiendra celle de Mary  Frankenstein et celle de Polidori Le vampire. Le séjour prend fin amèrement pour Polidori puisqu’il est remercié par Byron.
    Lorsque Polidori voit son oeuvre publiée anonymement il est amer et se sent trompé et il développe une telle rancoeur que lorsque Eliza, jeune femme romantique et à l’imagination fertile, le prend pour Lord Byron, il ne la détrompe pas. L’imposture lui semble normale, n’a-il pas lui aussi du talent ? et puis Byron n’essaie-t-il pas de s’approprier « le vampire » ?

     

    Tout est permis au romancier, y compris de détourné l’histoire à son profit, B Markovits ne s’en prive pas. L’intrigue est riche et somptueuse mais la construction est complexe, les retours en arrière sont nombreux et parfois Markovits s’amuse à nous perdre dans ses digressions. 
    Le thème de l’imposture se prête bien en effet aux ambiguïtés, au jeu de miroirs, la réalité est pliée à la convenance de l’auteur, vrai et faux s’entremêlent et la composition du récit est à facettes multiples. La lecture demande une attention soutenue, le plaisir est à la hauteur de l’effort.
    Ceci est le premier tome d’une future trilogie sur Byron dont Benjamin Markovits est spécialiste, je serai au rendez-vous.


    Pour prolonger votre lecture

    Lord_Byron_coloured_drawing.png

     

    La vie de Byron d’André Maurois - Grasset
    Byron portrait d’un homme libre de Leslie Marchand - Autrement

  • Voyage poétique en chine

    Poèmes chan - Traduits du chinois par Jacques Pimpaneau - Editions Philippe Picquier

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    Un petit étang - Yongjue Yuanxian ( 1578-1657) Photo Céanothe

    Par delà ma fenêtre, une moitié d’are en friche,
    J’y ai creusé la terre pou en faire un étang,
    Traversé par les nuages, il retient leur image,
    Quand la lune survient, il commence à briller,
    J’en arrose les fleurs que le printemps nous prête,
    J’y lave ma pierre à encre et un parfum se répand,
    Oui, ce n’est que de l’eau au milieu d’un étang
    Mais s’en d’égage un calme qui fait tout oublier

     

     

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    Monüni nonne (date inconnue)
    Van Gogh amandier
     
    Tout le jour j’ai cherché le printemps sans le voir,
    J’ai chaussé mes sandales et couru la région,
    Au retour j’ai souri en sentant un prunus,
    le printemps sur la branche s’y trouvait au complet

     

     

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    Baofen Weizhao (1084-1128)
    Le printemps à Giverny - Monet (Merci Servanne)

     

    La pluie a lavé les pétales roses des pêchers,
    Le vent a épousseté les branches vertes des saules,
    De la blancheur des nuages sort un rocher étrange,
    De l’émeraude des eaux, la droiture de vieux arbres.

     

     


    Pour poursuivre

    vous pouvez retrouver Jacques Pimpaneau et la poésie chinoise chez Tania
    La Chine et Yang Wan Li chez Aifelle
    Van Gogh à Berne chez Souvenires et impressions

     

     

  • La nuit de Geronimo - Dominique Sylvain

    La nuit de Geronimo - Dominique Sylvain - Editions Viviane Hamy
    nuit de geronimo.gifElle s’appelle Louise Morvan, conduit une Aston Martin expirante, a ancré son QG dans un bistrot sinistre, c’est un est joli brin de fille, elle est en outre une emmerdeuse de première, toutes les raisons de suivre Louise dans son enquête.
    Elle met le nez dans la sombre histoire du clan Domeniac à la demande de Philippine Domeniac, médecin légiste qui a reçu un email faisant référence à Thierry Domeniac, le père qu’elle a à peine connu, surnommé Geronimo par son entourage, scientifique génial et précoce qui s’est suicidé lorsqu’elle avait 5 ans.
    Elle demande l’aide de Louise pour enquêter car toute la famille Domeniac a reçu l’email, le patriarche Jean-Pascal psychiatre auprès des tribunaux, son épouse en perdition Caroline et l’ aide de vie de celle-ci Pierrick, l’oncle Hadrien brillant homme d’affaires et brasseur d’argent et patron d’un laboratoire de génie génétique, les deux fils d’Hadrien, Stanislas et Edouard respectivement patron de presse et avocat.
    Démêler les fils de ce noeud de vipères ne va pas être simple pour Louise d’autant que Philippine a aussi fait appel à la police officielle et au commissaire Clémenti, pas de bol pour Louise car Serge Clémenti est son ex ....
    L’envoi des emails se fait journalier, qui est le corbeau ? pourquoi ranimer le fantôme de Thierry Domeniac ce précurseur des recherches sur les OGM ?  Personne n’est enchanté de voir déterrer cette vieille histoire de suicide.
    Ajouter à ce problème la filature dont Louise Morvan est l’objet par un motard très très attirant mais très très suspect, vous voilà embarqué.

    Un polar sympathique, bien ficelé, des personnages bien campés. Dominique Sylvain que je lis pour la première fois m’a séduite, l’intrigue est bien menée, suffisamment complexe pour que le suspens soit bien présent, c’est un bon polar habile et cette petite Louise Morvan a tout pour plaire.

     

    Dominique Sylvain est moins connue que Fred Vargas et c’est bien dommage, je vous propose de réparer cette injustice.

    Sur le blog Moisson noir l'avis de  Yann

  • Jeune femme au luth - Katharine Weber

    Jeune femme au luth - Katharine Weber - Traduit par Moea Durieux - Les Editions du sonneur
    jeune femme .gifDans un cottage d’Irlande une femme, la quarantaine, vit seule et tient son journal. Patricia Dolan travaille à New York à la Frick Collection, elle est passionnée d’art depuis l’adolescence, on devine dans les pages du journal la perte d’un homme et peut être d’un enfant. On sent une femme fragile, vulnérable et désenchantée.
    Petit à petit elle livre des bribes d’information, d’origine irlandaise son père vit à Boston et bien sûr est un policier à la retraite. Elle a une passion pour la peinture hollandaise et pour Vermeer. Elle vient de faire la connaissance d’un de ses cousins éloigné et est en train d’en tomber amoureuse.
    Que fait-elle dans ce cottage isolé, vivant dans un confort très précaire, faisant de longues promenades, se liant peu avec les habitants,  mais passant de longues heures à contempler un tableau. Pas n’importe quel tableau, un Vermeer, la Jeune femme au luth Le tableau est enfermé dans une pièce sans fenêtre, à l’abri des regards.

    Je vous laisse le plaisir de découvrir pourquoi cette femme est en possession d’un Vermeer, le plaisir de découvrir les paysages d’Irlande que Katharine Weber décrit très joliment.
    Le suspens psychologique est très prenant et l’intrigue extrêmement intelligente est brodée aux petits points, les faits sont délivrés au compte-gouttes, l’écriture est limpide et d’une réelle finesse.
    Les passages consacrés à la peinture sont d’une grande sensualité. Il y a une émotion très justement rendue et on se laisse emporter par un récit diablement efficace.

    Extraits

    « Il y a dans tout l’art hollandais un amour pour le réel, une affection pour le vrai. L’intérieur d’une église et sa paix. Une main et son geste. Un paysage et sa profondeur. Un nuage et son mouvement. Des gens qui sont des gens. Des chiens qui sont des chiens. Des fromages qui sont des fromages. Et le ciel, le ciel qui donne à toute chose son échelle et son contexte. Mais cet art garde toujours quelque chose d’intime, l’intimité sans prétention de ce qui a été ressenti.
    Il existe pour moi un lien étroit entre la passion irlandaise et la réserve hollandaise, que je ressens ici dans ce cottage, au bord de la mer, seule avec elle, dans l’éclat lumineux de sa sérénité. »



    L’auteur
    katharineweber.jpgNée en 1955, Katharine Weber a commencé par écrire des nouvelles,  Objets dans le miroir, son premier roman, a été édité en français chez Belfond.
    Son deuxième roman, The Music Lesson titre original de la jeune fille au luth, a été traduit dans douze langues et a reçu de nombreuses distinctions. Katharine Weber est par ailleurs journaliste littéraire.