Printemps éternel - Yvan Bounine - Traduit par Claire Hauchard - Edition bilingue - Editions du Rocher
Yvan Bounine exilé en France en 1920, écrit ce petit récit en 1923. c’est une nouvelle un peu longue emplie de nostalgie, d’amour pour la Russie de son enfance, la Russie qui n’existe plus au moment où Bounine écrit.
Le domaine de sa famille à Voronej était sans doute assez proche de la description qu’il fait dans ce livre.
Le narrateur quitte Moscou car la ville s’enlaidit « que de maisons démolies, de chaussées défoncées », il prend le train pour aller voir un ami à la campagne, contraint de passer une nuit à la belle étoile
« au loin dans le ciel, le croissant voilé de la lune. commençait à descendre derrière les contours noirs de la forêt. Il finit par disparaître, et à l’endroit qu’il venait de quitter tressaillit la fulgurance d’un éclair chaleur. ».
Le domaine de son ami est magnifique et le narrateur retrouve le plaisir de vivre au plus près de la nature
« les forêts de conifères dominent, sombres et sonores.(..) les aiguilles chauffées à blanc durant le jour mêlent leurs essences balsamiques aux moiteurs épicées qui montent des bas-fonds marécageux et de la rivière encaissée dont les méandres secrets se recouvrent le soir de vapeur froide. »
Le domaine a échappé au pillage et le narrateur le parcours à son gré, la demeure tient du palais italien « je regardais les plafonds rutilants de dorures et de blason » il admire les objets, les tableaux et les livres dans une bibliothèque où « scintillent les tranches vieil or de livres innombrables ». Une visite à l’église vient renforcer la nostalgie « j’avais l’impression d’être orphelin d’un monde perdu »
J’ai aimé ce petit texte empreint de poésie, d’une grande mélancolie mais aussi de colère, le narrateur qui là n’est autre que Bounine dit « je suis évidemment un miraculé, un condamné jeté comme des milliers d’autres dans la fosse puante de l’Histoire ».
Ce récit n’a pas la force de La vie d’Arseniev mais la prose, admirée par Nabokov, est de la même qualité.
L'auteur
Yvan Bounine né en Russie en 1870, exilé en France dès 1920 il obtient Le prix Nobel de littérature en 1933,
il est mort en France en 1953
Commentaires
Voilà un auteur russe jamais lu, merci de me le faire découvrir. J'avais manqué le billet précédent. Quant à Levitan... Toujours heureuse de retrouver ses paysages lumineux.
@ Tania : Bounine est vraiment à découvrir, j'ai encore des nouvelles à lire de lui c'est la facette que je ne connais pas encore
Vous avez un ecrivain tcheque, exilé en France Milan Kundera.
Aimez vous ses oeuvres?
@ Vera, bonjour, oui j'apprécie Milan Kundera mais je préfère ses essais à ses romans , ce que j'aime chez Bounine c'est une poésie puissante emplie de sensualité
merci de votre passage
Hum, rien que pour la description de cette Russie, ce livre me plaît.
Vera moi aussi j'ai beaucoup lu et beaucoup aimé Kundera.
Le livre qui m'a le plus marquée est la "La Plaisanterie".
J'ai, en effet, beaucoup aimé "La vie d'Arseniev". Je ne connais pas ce livre que tu décris. C'est attirant.
@ Mirandoline, c'est un tout petit récit plus d'ailleurs une nouvelle qu'un roman , mais en ce moment la mode éditoriale est à ce type de livre ! , ce qui ne m'a pas empêché d'aimé le ton très poétique et mélancolique
Le tableau de Levitan, comme une invitation verte à découvrir cette nouvelle.
Merci, Dominique.