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A sauts et à gambades - Page 247

  • L'Ile de Sakhaline - Anton Tchekhov

    L’Ile de Sakhaline - Anton Tchekhov - Traduction du russe par Lily Denis - Editions Gallimard Folio
    sakhaline.gifDans un précédent billet nous avons suivi le voyage de Tchekhov vers Sakhaline et les lettres qu’il a adressé à sa famille et à ses amis.
    En se rendant à Sakhaline Tchekhov voulait, nous dit Roger Grenier dans la préface, "payer sa dette à la médecine"
    De son séjour il tirera un livre qu’il écrira avec difficulté et qui sera édité pour la première fois en 1895, il écrit alors " Je suis heureux que dans ma garde-robe littéraire se trouve une rude blouse de forçat "

     

     

    sakhaline.jpg

    Sakhaline

    Contre toute attente alors qu’il n’a aucun document d’introduction ou autorisation, Tchekhov réussi à se faire admettre par le gouverneur le Général Korff, celui-ci l’autorise à circuler librement et à interroger qui bon lui semble sauf les détenus politiques.
    Tchekhov va user et même abuser de cette autorisation, il rédige un questionnaire et en trois mois ce n’est pas moins de 10.000 fiches qu’il va renseigner, véritable recensement de la population de Sakhaline, il entre dans tous les villages, toutes les prisons, les maisons de fer.
    Il note tout ce qu’il voit, tout ce qu’on lui dit " Je vais seul d’isba en isba ; parfois un forçat m’accompagne, parfois aussi un garde-chiourme armé d’un révolver me suit comme mon ombre "

     

    L’île est divisée en territoires et secteurs, les hommes qui séjournent ici appartiennent à des catégories distinctes, mais tous sont reclus à vie sur cette île, même leur peine purgée les condamnés ne retrouveront pas leur ville ou village d’origine.
    Tout un personnel administratif vit sur l’île, le gouverneur nommé par le Tsar, un médecin, des commis aux écritures car il faut bien faire des rapports pour le pouvoir central, des artisans : boulanger, menuiser, cuisinier, mais aussi tout le corps de surveillants et autres gardes-chiourmes.
    Les condamnés qui sont ici ont fait le même voyage que Tchekhov, fers aux pieds, la Sibérie est une longue route vers le bagne, la route de Vladimirka " Nous les avons fait marcher dans le froid avec des fers aux pieds durant des dizaines de milliers de verstes "
    Son ami Isaac Levitan a peint un tableau pour illustrer la douleur de cette route connue de tous les russes.

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    Isaac Ilitch Lévitan La route de Vladimirka Moscou, Galerie Trétiakov.

    Dans les villages travaillent des prisonniers mais aussi des paysans dit  libres qui sont en fait des colons contraints de rester sur l’île, leur travail leur permet tout juste de survivre : l’abattage de bois, travail très dangereux, l’agriculture sur une terre peu fertile au climat peu favorable, le travail de la mine le plus dur et le plus dangereux.
    Les mineurs descendent dans la mine par une galerie très longue, ici pas d’ascenseur, l’homme tire un traîneau déjà lourd à vide ; quand il remonte la pente il le fait à quatre pattes tirant son traîneau chargé et les 300 mètres de galerie deviennent un parcours inhumain, le mineur le refait 13 fois par jour !
    Les femmes qui ont suivi leur mari, celles condamnées et libérées, n’ont souvent d’autre choix pour survivre que de se livrer à la prostitution, seule façon de nourrir leurs enfants car ceux-ci sont nombreux à Sakhaline malgré  une mortalité infantile importante. Tchekhov y voit une consolation pour ces hommes et femmes mais les enfants, hélas, aggravent les conditions de vie, plus de bouches à nourrir alors que les possibilités de travail et de ressources sont extrêmement limitées.
    La nourriture est simple, voire frustre, la viande ne fait que très rarement partie des menus, quelques années avant la visite de Tchekhov le scorbut a dévasté la population carcérale.
    Ses observations sur l’état de santé de cette population font mention de la tuberculose bien évidemment, de diphtérie, de la variole, et du typhus dont la mortalité est énorme, enfin bien sûr en raison de la prostitution la syphilis fait des ravages.

    Les conditions de détentions sont inhumaines, barbares, le mot justice n’a plus aucun sens en ces lieux.
    Les punitions et sanctions  sont fréquentes et appliquées sans discernement avec parfois beaucoup de cruauté et de sadisme.
    Les verges et le fouet sont courants, les sentences prononcées le sont selon les « droits » de celui qui sanctionne, le Gouverneur à « droit » à faire appliquer 100 coups de fouet, le surveillant lui n’a « droit qu’à 50 coups ....
    A sa demande Tchekhov assiste à une punition   " J’ai vu applique la peine du fouet, ce qui m’a fait rêver pendant trois ou quatre nuits du bourreau et de l’atroce chevalet "
    Les récidivistes, ceux qui ont tenté de s’évader sont enfermés dans la maisons de fer : enchaînés des pieds et des mains à une  brouette suffisamment lourde pour empêcher les mouvements et suffisamment petite pour être la nuit glissée sous la paillasse. Un modèle de torture ! Les mouvements sont de  trop faible amplitude et la dégénérescence musculaire est définitive, ainsi la punition se poursuit bien après sa fin officielle.
    La répression féroce et  l’absence d’espoir de quitter l’île poussent les hommes à tenter de s’évader et malgré le peu de réussite et les coups de fouet qui suivront, les tentatives sont nombreuses.
    Il faut laisser la parole à Tchekhov " Sakhaline est le lieu des souffrances les plus insupportables que puisse endurer un homme, aussi bien libre que condamné, nous avons laissé croupir dans des prisons des millions d'hommes, et cela pour rien, de manière irraisonnée, barbare "

    Tchekov.gifA son retour Tchekhov fait envoyer des milliers de livres à Sakhaline, ce voyage et ce séjour l’ont marqué " Je ne saurais dire si ce voyage m’a aguerri ou s’il m’a rendu fou. Du diable si je le sais " Ce livre-enquête s’apparente au reportage d’Albert Londres sur le bagne de Cayenne, deux hommes qui ont par leurs écrits rendue vaine la question de l’implication de l’intellectuel dans la vie politique.

    Je laisse à Tchekhov les derniers mots, Sakhaline "Tout autour la mer, au milieu l'enfer." et je vous propose d'ajouter ce livre à votre bibliothèque

  • Sur la mauvaise pente - Graham Hurley

    Sur la mauvaise pente - Graham Hurley - Traduit de l’anglais par Philippe Loubat-Delranc - Editions du Masque
    surlamauvaisepente.gifUn nouveau polar de Hurley c’est le plaisir assuré, classique mais terriblement efficace, un suspens qui ne se dément pas.
    J’avais laissé l’inspecteur Faraday tout à ses oiseaux et à son fils sur les Quais de la blanche, je l’ai retrouvé ici aux prises avec un corps trouvé dans un tunnel et un disparu.
    Le mort du tunnel est retrouvé, ou du moins ce qu’il en reste après le passage du train, enchaîné sur les rails, nu, ses vêtements soigneusement pliés à côté de lui. L’autopsie se révèle difficile et les indices bien maigres.
    Paul Winter attaché à cette enquête  doit recouper les listes des personnes disparues, en cherchant à identifier le premier mort il va découvrir une nouvelle affaire.

    Train-tunnel-large.jpg

    Portsmouth est toujours présente avec son caïd Bazza Mackenzie, ses dealers, ses services sociaux et ses marginaux.
    Faraday revient de vacances mais celles ci n’ont pas été des vacances de rêve, quant à Paul Winter c’est un revenant , atteint d’une tumeur au cerveau il revient tout juste du royaume des morts. Sa hiérarchie s’interroge sur ses liens avec la pègre et voudrait savoir où il a trouvé l’argent pour financer son opération par un ponte américain.
    Voilà le tableau est dressé, les enquêtes vont s’enchevêtrer, bien noires toutes les deux. Je ne vous en dit pas plus je n’ai pas envie de finir enchaînée à des rails !!

    J’ai retrouvé Faraday avec plaisir, le week end est prévu pluvieux alors quoi de meilleur qu’un bon polar ?

    Si le polar vous intéresse allez voir ce nouveau site très bien fait : POLARMAG

  • Lettres de voyage - Anton Tchekhov

    Lettres de voyage - Anton Tchekhov - traduit du russe par Françoise Darnal-Lesné - Editions l’Harmattan
    lettres de voyage.gifLectrice de plusieurs biographies d’Anton Tchekhov, un épisode de sa vie intrigue et provoque l’admiration : c’est son voyage et son séjour sur l’île de Sakhaline
    Il partit de Moscou en avril 1890 il atteint Sakhaline en juillet. Il y séjourne trois mois avant d’entamer une voyage de retour qui le ramène à Moscou en décembre de la même année.
    Sakhaline est un bagne particulièrement inhumain et Tchekhov part pour enquêter " Après l'Australie, dans le passé, et Cayenne, Sakhaline est le seul endroit où l'on puisse étudier une colonie faite de criminels. Toute l'Europe s'y intéresse, et nous devrions l'ignorer ? " et aussi dit-il pour payer sa dette à la médecine.
    En partant il cours des risques, le régime tsariste n’a jamais vu d’un très bon oeil les récits sur les défauts et les manques de la Russie,    
    il part sans recommandation, sans lettres d’introduction et très incertain de l’accueil qu’il recevra des autorités sur place.
    Son ami et mentor Alexeï Souvorine s’est engagé à publier dans les colonnes de son journal, le récit de ce voyage, mais les lettres qu’Anton Tchekhov  adresse à ses amis et relations ne sont pas destinées à être publiées, elles respirent le naturel et la sincérité, l’inquiétude pour les siens, parfois l’indignation, mais aussi son amour inconditionnel pour sa patrie.

    Il va faire 12000 Km dans une contrée parcourue par les vagabonds, les mendiants et les déportés " la Sibérie est un pays froid, tout en longueur. J'avance, j'avance et n'en vois pas la fin " Il voyage dans des conditions dures et très éprouvantes lui qui est déjà atteint de tuberculose.
    Son itinéraire l’emporte en train, à cheval, il remonte la Volga sur un vapeur, il traverse le Baïkal sur un caboteur et remonte le fleuve Amour dont   " Les rivages sont si sauvages, vierges et somptueux qu’on voudrait y rester et y vivre jusqu’à la fin des temps."
    Les dangers sont multiples : " Il fait un froid de loup" l’itinéraire est semé d’embûches "J’ai guerroyé avec les crues, le froid, le bourbier, la fringale et l'envie de dormir" ou encore " Peu avant le soir, on me dit au relais qu'il n'est pas possible d'aller plus loin car tout est inondé, les ponts ont été emportés"
    Ses lettres à sa famille se font parfois légères et savoureuses comme la relation de ses expériences gastronomiques "miel et sauterelles" constituant parfois son menu.

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    La région de Tomsk à l'époque de Tchekhov


    Le tableau qu’il dresse de la Sibérie est sans concessions, le médecin et l’écrivain se confondent et il déplore l’état sanitaire des populations décimées par la diphtérie ou la variole. L’alcoolisme qui fait des ravages  " On trouve autant de vodka qu'on en veut dans les villages les plus reculés (...)  il est beaucoup plus facile de boire de la vodka que de faire un effort pour pêcher du poisson dans le Baïkal ou élever du bétail "
    A Irkoutsk plane encore le souvenir de Raditchev exilé par l’impératrice Catherine pour ses écrits jugés subversifs et ceux des décabristes coupables d’avoir rêvé à la démocratie et envoyés au bagne par Nicolas 1er.
    Mais l’éloignement du pouvoir administratif permet une certaine liberté " Ici on n'a pas peur de parler haut et fort. Il n'y a personne pour vous arrêter, ni d'endroit pour vous exiler, on peut faire du libéralisme à satiété."

    Son voyage de retour dure deux mois. Il embarque sur un bateau qui doit le ramener à Odessa, les escales sont parfois supprimées en raison d’une épidémie de choléra, il peut néanmoins s’arrêter à Hong Kong où il fait un tour en pousse-pousse " Cela revient à dire que je me suis fait traîner par des hommes" et à Ceylan " Un endroit où sûrement se situait le paradis"
    Il a été heureux en voyage et il écrit à Souvorine  "J’ai vu tant de richesse et j’ai eu tant de plaisir que je n’aurais pas peur de mourir maintenant"

     

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    La ville de Tomsk a perpétué le souvenir du passage de Tchekhov


    Mais durant ces sept mois d’absence il a découvert l’enfer de Sakhaline et il ne sera plus jamais le même après cela.
    Je vous propose de le retrouver à Sakhaline dans un prochain billet.

    Vous pouvez aussi aller lire le billet de Tania sur la Correspondance de Tchékhov

  • Gustave Faubert Une manière spéciale de vivre

    Gustave Flaubert Une manière de vivre - Pierre-Marc de Biasi - Editions Grasset
    gustaveflaubert.gifPas vraiment un essai , pas totalement une biographie, un entre deux par un spécialiste de Flaubert.
    Dans son dernier roman Philip Roth s’insurge contre les biographes en mal de ragots, de potins et de scandale. Pour lui l’oeuvre seule parle pour l’auteur. Pierre-Marc de Biasi s’attache à contredire Roth et Flaubert lui même, il s’attache à nous montrer que si l’auteur n’est pas l’oeuvre, la vie de l’auteur est centrée sur son oeuvre et que les faits marquants de l’existence de l’écrivain ont permis et enrichis la création de celui-ci.
    C’est avec une connaissance exceptionnelle et un respect complet que cette biographie est menée.
    Pierre-Marc de Biasi explore tour à tour l’enfance, l’adolescence, les péripéties de la vie familiale, la vie à Croisset, les voyages.
    Il s’attarde sur les amitiés de Flaubert, celle avec Louis Bouilhet, Alfred Le Poittevin  dont la mort le marquera, l’amitié traversée d’orages avec Maxime Du Camp, sur ses amours éphémères, parfois secrètes ou sa longue relation avec Louise Collet.
    Il est curieux d’ailleurs que Flaubert qui souhaitait et revendiquait la disparition de la personnalité de l’auteur derrière les écrits,  nous ait laissé tous ses brouillons, ses écrits préparatoires et nous ait fait cadeau de milliers de pages de correspondance.

     

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    Ce qui reste de la maison de Flaubert à Croisset


    C’est Flaubert au travail que nous livre Pierre-Marc de Biasi, il décrit très bien l’entrée en littérature et la puissance de création de Flaubert, précédée toujours d’un long travail d’observation et de recherches.
    L’obsession d’effacement de l’auteur est réelle mais il nous montre combien la vie même a donner matière à création à Flaubert
    "parce qu’un écrivain ne peut finalement jamais parler d’autre chose que de sa vie". On sait que Flaubert lisait ses textes à haute voix, le fameux gueuloir, l’auteur nous dit que c’est le corps de Flaubert qui bat dans ses phrases, il a livré des accents, une intonation, une scansion dans ses textes comme "une partition offerte au lecteur".
    De Madame Bovary il dit que c’est  "un roman total dans lequel aucun registre de sensation ni aucun mode d’expression artistique n’est absent: sonorités, bruits, résonances, chant (...) une véritable bande-son"

    bovary.jpg

    Une analyse très intéressante est faite des méthodes de recherches de Flaubert et du réinvestissement de ses notes de voyage où il a tout noté " la nature, les ciels, la météorologie, les animaux" il utilise ses observations et "ses notations ressemblent à s’y méprendre à celles d’un peintre attentif à la richesse chromatique de l’environnement".

    Flaubert.gifJe connaissais le Flaubert travailleur infatigable mais Pierre-Marc de Biasi dit de lui qu’il  "appartient à la grande famille des écrivains érudits qui comme Montaigne aiment à expérimenter les connaissances et se frotter à toutes les traditions. Il ne lit pas, il dévore tout pour lui "tout est intéressant"
    Un érudit ami des plus grands de son époque : Tourgueniev, George Sand pour laquelle il a écrit  "un coeur simple" et dont la générosité et l’amour quasi filial permettra la naissance d’un autre écrivain en la personne de Maupassant.
    Une analyse passionnante de la "manière spéciale de vivre" de Gustave Flaubert

    Un commentaire positif aussi chez BOL

     

    L’auteur
    Pierre-Marc de Biasi est chercheur au CNRS et producteur à France Culture, il est l'auteur de dizaine d'ouvrages sur Flaubert dont il a assuré l'édition critique des carnets de travail et du Voyage en Egypte (source l'éditeur)

  • Dis moi ce que tu lis

    Leiloona est venue me faire une proposition du genre " dis moi ce que tu lis " voilà les réponses, à vous d'en tirer les conclusions que vous voulez

    A quel livre dois-tu ton premier souvenir de lecture  ?
    richardpierre2.jpgBizarrement j’ai deux souvenirs et je suis incapable de dire lequel est premier, tous les deux à 7 ans

    Le premier c’est  Sans famille et j’ai longtemps pensé à Rémi lorsqu’il y avait des crêpes au menu et le second c’est l’Expédition au Pôle d’Amundsen et Scott , une lecture faite en plein mois d’août en Provence où je sentais jusque dans mes pieds le froid de la banquise. 

    Quel est le chef-d'œuvre "officiel" qui te gonfle ?
    Ulysse
    de Joyce, pour être exacte ce n’est pas qu’il me gonfle c’est que je suis énervée de n’être jamais allée au bout

    ce livre me décourage, je l’abandonne, puis je lis un article ou quelques lignes de quelqu’un que j’apprécie et qui l’encense alors...j’y retourne mais je m’arrête à nouveau !

    Quel classique absolu n'as-tu jamais lu ?
    Ulysse
    de Joyce ! mais il y en a d’autres bien sûr, les Affinités électives de Goethe par exemple et plusieurs titres des Rougon Macquart de Zola, quelques Balzac aussi

    Quel est le livre, unanimement jugé mauvais, que tu as "honte" d'aimer ?
    la dame aux oeillets.jpgJe prends un joker, unanimement jugé mauvais pour qui ?  Et non je n’ai pas honte

    J’aime la bonne littérature mais j’aime aussi des romans populaires, faciles et qui me mettent à certains moment le coeur en joie, rien à voir avec la qualité d’écriture et tout à voir avec mon humeur
    Quelques exemples  La Montagne est jeune d’Han Suyin  ou encore le romantisme ringard de La Dame aux oeillets de Cronin ou Exodus de Léon Uris

    Quel est le livre que tu as le sentiment d'être la seule à aimer ?
    Celui que je viens de terminer et dont je n’ai encore parlé à personne, parfois j’attends longtemps avant de parler d’un livre qui m’a profondément touché car c’est un peu de soi que l’on partage

    Quel livre aimerais-tu faire découvrir au monde entier ?
    Montaigne-Dumonstier.jpgLes Essais de Montaigne, pour moi le plus grand livre en langue française surtout depuis qu’il est accessible en français modernisé, le livre qui peut être a eu le plus d’influence sur moi et auquel je retourne très régulièrement

    Quel livre ferais-tu lire à ton pire ennemi pour le torturer ?
    Allez soyons vraiment méchant : tout Amélie Nothomb


    Quel livre pourrais-tu lire et relire ?
    Il y en a beaucoup, j’intercale pas mal de relecture au milieu des nouveaux livres.

    Forcément un classique : Les Misérables, Du côté de chez Swann,  Anna Karénine par exemple

    Quel livre faut-il lire pour y découvrir un aspect essentiel de ta personnalité ?  
    Montaigne
    sans aucun doute


    Quel livre t'a fait verser tes plus grosses larmes ?
    Le Journal d’Anne Franck, lu vers 12 ans je me souviens d’avoir pleuré longtemps et plus près dans le temps Si c’est un homme de Primo Levi

    Quel livre t'a procuré ta plus forte émotion érotique ?
    autant-en-emporte-le-vent-1939-01-g.jpgAutant en emporte le vent
    , lu très tôt vers 12 ans je me souviens d’avoir lu et relu la scène TORRIDE où Rhett Butler emporte Scarlett dans ses bras , à 12 ans il en faut assez peu pour fantasmer

    Quel livre emporterais-tu sur une île déserte ? 
    On va dire que Montaigne a disparu dans le naufrage, alors qu’est ce qui reste ? Proust inévitablement, toute la Recherche en éditions Quarto c’est lourd mais pratique

    Une deuxième idée qui m’a été suggérée par un proche : Guerre et Paix en russe + un dictionnaire franco-russe , de quoi occuper quelques semaines

    De quel livre attends-tu la parution avec la plus grande impatience ?
    Celui que je vais découvrir et que je garderai pour moi quelque temps

    Quel est selon toi le film adapté d'un livre le plus réussi ? 
    Autant en emporte le vent
    meilleur que le roman et  Impossible de relire le livre sans penser à Clark Gable et Vivian Leigh

     

     

  • Noir Toscan - Anna Luisa Pignatelli

    Noir Toscan - Anna Luisa Pignatelli - Traduit de l’Italien par Alain Adaken - Editions La Différence
    noir toscan.gifQuelle roman magnifique, fier et portant haut la noble vie paysanne.
    Le cadre : la Toscane rurale,  pas celle des chemins touristiques, non,  celle des terres arides, celles des paysans ombrageux.
    Anna Luisa Pignatelli situe son roman dans les environs de Sienne, une région vidée de ses agriculteurs, les derniers villageois accrochés à leur terre n’aiment pas les étrangers et étranger on le reste ...indéfiniment

    Noir, c’est le nom du héros, du moins celui que tout le village lui donne  " Très vite ils s’étaient mis à l’appeler Noir, peut-être à cause de son caractère ombrageux, peut-être parce que, n’étant pas né sur cette terre, son passé leur échappait" Arrivé du sud depuis quelques dizaines d’années il s’est installé à Accona et a fait quelque chose qui ne se pardonne pas : il est devenu propriétaire de sa terre, oh elle n’est pas extraordinaire sa terre mais " la qualité du sol n’importait pas. Il aurait été capable, il le sentait, de tirer des épis de la terre la plus dure. "

     

    Toscane laurence martini.jpg

    Campagne Toscane © Laurence Martine

    Le village le montre du doigt et lui n’aime ni  les chasseurs ni les ramasseurs de champignons, il préfère les bêtes, il vit seul aidé d’un garçon de ferme, Nello, depuis que son fils déserté l’exploitation.
    Alors quand une louve vient rôder près de sa ferme, passé le premier réflexe " Noir eu honte d’avoir songer à tirer " il va faire appel à sa mémoire. Il se revoit enfant là bas dans le sud, son grand-père lui apprenant à lire les traces et il trouve l’animal  " Il était jeune, la queue luxuriante, la croupe rayée d’un trait sombre.(....) sa fourrure illuminée par la lune, lançait un éclair argentée."
    Les paysans sont propriétaires de moutons et protéger une louve n’est du goût de personne, même le curé claironne que " le loup est un animal rebelle à l’homme comme Lucifer fut rebelle à Dieu ! "
    La chasse va s’engager.......

    Un livre superbe, à l’écriture lyrique, poétique et pleine de nostalgie pour se monde qui se meurt. J’ai pensé en le lisant au magnifique  Jamais vu soleil ni lune de Ferdinando Camon
    Je me réjouis que deux autres romans d’Anna Luisa Pignatelli m’attendent car je suis entrée avec bonheur dans ce monde dure et âpre et j’ai déjà envie d’y retourner.

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    L’auteur
    Anna Luisa Pignatelli a vécu au Guatémala et réside aujourd’hui à Lisbonne, elle a publié deux autres romans aux Editions de la Différence.