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A sauts et à gambades - Page 255

  • Vie du lettré - William Marx

    Vie du lettré - William Marx - Editions de Minuit
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    « Qu'est-ce qu'un lettré ? Quelqu'un dont l'existence physique et intellectuelle s'ordonne autour des textes et des livres : vivant parmi eux, vivant d'eux, employant sa propre vie à les faire vivre et, en particulier, à les lire. »


    Vous voici au coeur du sujet de cet essai passionnant et non dénué d’humour. En vingt quatre courts chapitres, accompagnés comme il se doit pour le livre d’un lettré, d’une bibliographie et de notes savantes, ce livre se lit d’une traite avec le sourire et crayon en main.

    William Marx vous invite à mieux connaître « Le Lettré » , de sa nourriture à son jardin, de sa sexualité à sa religion et de sa naissance à sa mort, en passant par les couronnes de laurier qu’il peut recevoir, par les querelles dont il peut parfois se délecter.
    Dans chaque chapitre un invité, de Kant à Quintilien, de Freud à Pétrarque ou Marie de Gournay.
    L’auteur alterne citations et anecdotes, ironie (auto-dérision ?) et admiration manifeste.
    « Le miroir ici proposé se veut plus fidèle. Tu y trouveras, lecteur, diverses figures de lettrés à travers les âges, les lieux et les cultures, et pourras même t'y reconnaître.»


    Nul besoin d’être universitaire pour lire et apprécier cet essai, privilège de l’érudition l’auteur parvient à vous rendre le temps d’une lecture plus cultivé et plus intelligent.

    C’est un essai brillant qui trouvera place dans votre bibliothèque.


    L'auteur

    w marx.jpgWilliam Marx, né à Villeneuve-lès-Avignon en 1966, a enseigné la littérature aux États-Unis, au Japon et dans plusieurs universités françaises, notamment à Vincennes - Saint-Denis (Paris-VIII) et à la Sorbonne (Paris-IV). Ancien élève de l'École normale supérieure, il est actuellement professeur de littérature française et comparée à l'université d'Orléans et membre de l'Institut universitaire de France. Sa réflexion porte essentiellement sur l'histoire des discours critiques et des théories esthétiques. (source Editions de Minuit) Photo © Hélène Bamberger

     

  • Kornwolf le démon de Blue Ball

    Kornwolf le démon de Blue Ball - Tristan Egolf - Traduit par Francesca Gee - Gallimard
    kornwolf.jpgSi vous avez lu et aimé « Le seigneur des porcheries » vous allez aimer ce démon là. Dernier livre et livre posthume de Tristan Egolf, écrivain au parcours hors du commun.

    L’histoire
    Owen Brynmor, journaliste renvoyé de plusieurs rédactions, a trouvé un job dans sa ville natale, ravit de jouer un bon tour à ses concitoyens honnis, il va monter en épingle un fait divers qui annonce le retour du « démon de Blue Ball » créature fantastique et monstrueuse.
    Mais qui pourrait croire un canular pareil ? Les habitants de Stepford, petite ville de Pennsylvanie où se côtoient et s’opposent protestants zélés et amish puritains le croient car le démon a ravagé le pays vingt ans plus tôt.
    La ville semble très vite en proie à la folie, des vols sont perpétrés, des granges brûlent, des animaux sont massacrés.
    Ephraim Bontrager marginal muet maltraité par son père un membre influent de la communauté amish est lui aussi pris de folie furieuse. Bientôt la réalité dépasse les rêves les plus fous du scribouillard de tabloïds.

    Egolf nous plonge avec virtuosité dans un récit proprement apocalyptique, fable moderne où s’entend le rire de Rabelais, mêlant le pastiche et l’enquête historique, il réussit le tour de force de tenir le lecteur avec son écriture hallucinée sans jamais le laisser respirer.
    On retrouve dans ce roman la truculence et la violence du « Seigneur des porcheries », Patrick Modiano qui a contribué à faire connaître T Egolf, parle de « paroxysme maîtrisé ». Son écriture est inventive, parfois très poétique et parfois totalement déjantée.

    J’avais été conquise par « Le seigneur des porcheries » ce démon là m’a définitivement convaincue du talent fulgurant de Tristan Egolf
    Il n’aura écrit que trois romans avant de se donner la mort, météorite littéraire, ses romans sont appelés à devenir des livres cultes.

    Faites une place à ce livre dans votre bibliothèque

     

    Note ajoutée le 7/04 : un superbe papier dans le Matricule des Anges du mois d'avril encore plus positif que le mien !


    L’auteur
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    Découvert par la famille Modiano en 1994, l'auteur du «Seigneur des porcheries» publié en français avant d’être reconnu aux Etats-Unis,  s'est suicidé en 2005 à 33 ans. Il était aussi un activiste engagé dans les mouvements pacifistes, opposant à GW Bush.

  • Pour saluer Giono

    Un de Baumugnes - Jean Giono - Lu par Jacques Bonnafé - Editions Thélème

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    Jacques Bonnafé restitue le parler rugueux et simple des héros , les pages de Giono prennent une ampleur nouvelle, vous entendez l'amour d'Albin pour Angèle la fille aperçue un soir, son harmonica vous parle  dans la nuit, vous êtes à la Douloire et vous accompagnez Amédée dans sa recherche d'Angèle.

     

    Colline - Jean Giono - Lu par Jean Chevrier - Editions Fremeaux et associés

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    « En faisant Colline, j'ai voulu faire un roman, et je n'ai pas fait un roman: j'ai fait un poème ! »
    Une lecture superbe de Jean Chevrier qui fait vivre la Provence et ses personnages, la diction est parfaite et la voix magnifie le texte. La tension, la peur qui s’empare de Gondran, de Jaume sont superbement restituées par Jean Chevrier, l’air vibre, la Colline tremble et vous voyez filer le chat noir annonciateur de malheur.

     

    Regain - Jean Giono - Lu par Henri Tisot - Editions Auvidis

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    Inoubliables les personnages du roman, la belle lecture d’Henri Tisot porte l’humanité de Panturle, de Gaubert et d’Arsule. Il dit bien le lent déclin, le départ de Gaubert, la mort annoncée d'Aubignane. Il sait superbement nous communiquer le tressaillement de la vie qui reprend, le premier labour, le premier blé et l'enfant qui s'annonce.

     

    Cette écoute des trois romans de Giono m’a apporté beaucoup de plaisir et je souhaitais partager ce plaisir avec vous. Elle permet de redécouvrir des textes lus il y a longtemps, et puis comme on ne se refait pas, après l’écoute il est plus que tentant d’aller feuilleter à nouveau les bouquins.

     

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    Plutôt qu’un énième résumé des trois romans je vous renvoie au Dossier Giono chez Pascale Arguedas (Calou).
    Pour poursuivre : le centre Giono à Manosque

  • L'origine de la violence - Fabrice Humbert

    L’origine de la violence - Fabrice Humbert - Editions Le Passage

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    De passage à Paris je suis entrée dans une librairie, jusque là rien d’extraordinaire, souhaitant un renseignement j’attendais patiemment mon tour pour interroger un vendeur, celui-ci vantait de façon très convaincante les mérites d’un roman français j’ai tendu l’oreille...et j’ai très bien fait.

    Un jeune professeur de français,  accompagnant ses élèves en voyage scolaire, visite le camp de Buchenwald. Accroché sur un mur du musée une photo attire son attention. Sur la photo un détenu et cet homme est le sosie de son père, or il est impossible que l’homme de la photo soit son père, celui-ci est bien vivant, il n’a jamais été prisonnier, personne dans la famille n’a été déporté,  alors ?
    Ici commence une enquête qui plonge le narrateur dans l’horreur des camps, dans les archives de Buchenwald. Il cherche les documents, les témoins qui pourront l’éclairer.

    « Dans le calme de l’Ettersberg, le souvenir des cinquante-trois mille morts faisait se lever une armée d’ombres silencieuses. Je m’avançait dans le brouillard avec une légère angoisse. Aux aguets comme si j’étais en attente. »

    Il apprend l’identité de l’homme de la photo : David Wagner, mais  rien en apparence ne relie cet homme à sa famille. Il part sur ses traces et sur celles des autres personnages de la photo, tous nazis notoires.
    Enquêteur tenace, ses recherches vont le mener à Göttingen, à Berlin, mais surtout dans sa propre famille. C’est une quête des origines, une réflexion sur le sens du mot « filiation ».

    On retrouve dans ce roman le thème central de « Un juif pour l’exemple » la violence, le mal absolu.
    Le narrateur est obsédé par la violence, y compris la sienne
    « Depuis toujours, la peur et la violence m’ont hanté. J’ai vécu dans ces ténèbres. j’ai toujours craint qu’on m’entraîne, m’attache, m’écorche, comme un animal nuisible. »


    Fabrice Humbert fait entendre les voix de Primo Levi et Jorge Semprun, il fait preuve d'un talent impressionnant et  réussit le tour de force d’écrire un roman profondément humain, très bien documenté, historiquement et psychologiquement juste et qui se lit avec avec un sentiment d’urgence très fort.

    Faites une place à ce livre dans votre bibliothèque

    Un autre avis dans le quotidien La Croix


    L’auteur

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    Fabrice Humbert a déjà deux romans à son actif : Autoportraits en noir et blanc (Plon) et Biographie d’un inconnu (Le Passage) Vous pouvez  le retrouver sur son site

  • Noirs hivers

    L’hiver de Franckie Machine - Don Winslow - Traduit par Franck Reichert - Editions du Masque

    frankie.gifJe vous présente Frankie Machianno, l’homme aux boulots multiples qui demandent une organisation digne du manager du mois, une ex-femme, une maîtresse, une fille prunelle de ses yeux, le voisin qu’on voudrait avoir, bref un gars bien.
    Surfeur moins fringant que par le passé mais qui chevauche la vague chaque matin à Ocean Beach....
    Un détail tout petit mais qui va mettre en péril le bel édifice patiemment construit, pendant quelques années le surnom de Frankie Machine lui a été donné par la Mafia, c’était y a longtemps quand il mettait la même méticulosité et la même organisation dans son boulot de tueur....
    Et là aujourd’hui c’est lui la cible, il a voulu rendre service et ses anciens amis veulent sa peau. Fini la vie tranquille, Frankie va devoir retrouver ses vieux réflexes, ses armes, ses planques, mettre à l’abri la fille, l’ex-femme et la maîtresse, mettre en sommeil ses petites entreprises.

    J’ai passé un bon hiver, le dosage de moments chauds est juste bon, Frankie est toujours en mouvement et pas seulement sur sa planche de surf ... Efficacité et action, un brin d’humour, un polar comme je les aime.

    L'avis de Bernard Poirette sur RTL
    podcast

    Actu du Noir et Moisson noir nous informent que De Niro a acheté les droits de ce polar, attendons....




    Hiver arctique - Arnaldur Indridason - Traduit par Eric Boury - Editions Métailié

    hiverarctique.gifL’Islande en hiver c’est comme on l’imagine : froid, gris, neigeux, hostile, chacun s’enferme bien à l’abri. Pas tout le monde car on retrouve le corps d’Elias 12 ans poignardé au pied de son immeuble, personne n’a rien vu mais le frère a disparu, la mère semble couvrir sa fuite, l’origine thaïlandaise de l’enfant a-t-elle une importance ? crime raciste ?
    Erlendur est de nouveau à pied d’oeuvre avec son équipe,  il mène en parallèle une enquête sur la disparition d’une femme à la vie sentimentale peu simple.
    Je ne suis pas très loquace car pour le première fois je me suis un peu ennuyée, la lenteur de mise en place de l’intrigue a eu raison de moi, à la moitié du livre on a pas avancé d’un iota, je suis allée au terme de l’histoire mais sauf effort d’Indridason pour dynamiser Erlendur, je crois que ce sera ma dernière balade islandaise

    Tout le monde n’est pas du même avis Télérama est même carrément enthousiaste

  • Dans les pas de Byron et Tostoï - Mikhaïl Chichkine

    Dans les pas de Byron et Tolstoï - Mikhaïl Chichkine - Traduit par Colette Kowalski - Editions Noir sur Blanc (Suisse)

    byron tolstoi.gifAu fil des années j’ai amassé une collection de récits de voyage, lus en un temps où le mot blog n’existait pas, je me propose de vous les présenter ici, au fil des jours. Ce sont tous de vieux amis, certains fatigués à force d’être lus mais capables d’un effort pour faire bonne figure en public.
    Le premier de la série est un livre encore fringant ne datant que de 2005, c’est un récit à deux voix et quelles voix : Byron et Tolstoï en un même recueil.
    A quarante années d’intervalle les deux écrivains vont faire la même randonnée dans les Alpes Suisses, suivre le même itinéraire, faire halte dans les mêmes auberges.
    De Montreux sur les bords du Léman à Meiringen dans l’Oberland Bernois, ils passeront d’un canton à un autre et du français à l’allemand.

    Nous voilà pour sept jours sur des chemins caillouteux, parfois vertigineux, sur les traces de ces deux géants. Ils tiennent tous les deux un journal de voyage, s’extasient sur les paysages idylliques traversés, marquent les étapes de commentaires sur les us et coutumes du pays, livrent leurs impressions de touriste : le charme des journaux de voyage.

    Pérégrination pour écrivains, le voyage en Suisse est une quête de la pureté, de la nature, Rousseau est passé par là.
    Byron sensible à la beauté des lieux « j’ai dernièrement repeuplé mon esprit de nature »
    Mais au romantisme de l’un répond la franchise de l’autre : « Jamais dans ma vie une chose célèbre pour sa beauté ne m’a plu. La vue sur les froids lointains à partir du col de Jaman m’a laissé de marbre ; il ne m’est pas venu à l’idée de m’arrêter une minute pour en jouir » Voilà bien un touriste réfractaire !

     

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    A l'époque


    Notre guide Mikhaïl Chichkine fait le troisième larron, lui aussi emprunte le même sentier, tient un journal, et pratique l’art de la digression pour notre plus grand plaisir.Le récit commencé au bord du Léman avec deux personnages, s’élargit aux écrivains et artistes nombreux qui ont arpenté les sentiers hélvétiques.

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    Aujourd'hui

    Au gré des pages apparaissent les littéraires : Goethe, Schopenhauer, Rilke, Nabokov, les musiciens : Rachmaninov et Stravinski, les artistes: Balthus et Klee. Nous sommes en bonne compagnie toute l’Europe est là.
    Chichkine ajoute ses souvenirs de Russie lorsqu’il était étudiant, dans l’armée. Souvenir parfois très dur et émouvant comme cette visite à son frère condamné au goulag et auquel il rend visite en Sibérie.
    Le récit commencé comme duo devient trio.

    Si vous projetez une balade en Suisse mettez ce livre dans vos bagages.


    L’auteur

    chichkine.jpgNé en 1961 à Moscou, Mikhaïl Chichkine y a étudié l'anglais et l'allemand à la Haute Ecole Pédagogique.
    Il s'installe à Zurich en 1995. Après avoir travaillé comme enseignant, traducteur et interprète, Chichkine se consacre aujourd'hui à l'écriture. Son oeuvre est traduite en plusieurs langues, et il est le seul écrivain russe a voir reçu les trois plus prestigieux prix littéraires de son pays pour deux livres, La Prise d'Izmaïl  et Le Cheveu de Vénus édités chez Fayard.