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  • Le dernier bateau - Siegfried Lenz

    Un récit qui deviendra sans doute un classique de la littérature allemande

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    Un court et beau roman de Siegfried Lenz qui m’avait marqué par sa  Leçon d’allemand  ce qui m’a fait acheter ce livre là les yeux fermés.
    Arne a douze ans et il a déjà connu le pire, la perte de sa famille, un ami de son père l’accueille chez lui, il est le chef d’un chantier de démolition dans le port de Hambourg. Arne va désormais vivre avec Hans le fils aîné de dix sept ans, Lars le plus jeune et Wiebke la soeur de Hans.
    " Ce jour-là, Arne, ce jour d'hiver, nous t'avons vu pour la première fois, nous n'avions d'yeux que pour toi, debout dans la neige sale devant le hangar, résigné, perdu, comme si tu t'étais égaré dans notre univers"

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    "Loin sur l'Elbe, un de ces immenses cargos porte conteneurs a demandé le passage et son signal était si grave, si puissant qu'on aurait dit que toute la terre autour du fleuve tendait l'oreille"

    Une amitié se noue immédiatement avec Hans, il est en sécurité avec lui et la chambre qu’ils partagent est un territoire quasiment magique, Arne est " figé d'étonnement, en découvrant ma chambre ; elle était aménagée comme une cabine de bateau. Les étroites couchettes avec leur planche de sécurité relevée, les fauteuils capitonnés à trois pieds pour limiter l'encombrement, les tables de bois tropical et les deux cloches de laiton ballantes : tout provenait de navires dégréés, tout avait été mis à l'abri, réparé, astiqué et transporté chez nous sous la surveillance de mon père "

    Arne s’apprivoise, curieux de tout, il apprend le finnois et les noeuds marins, il a une petit bibliothèque bien à lui, il est doué pour les langues et réussit très bien à l’école. Mais si l’amitié avec Hans est facile, il a du mal à s’intégrer hors de la maison, Lars et Wiebke sont un brin hostiles. Arne est souvent auprès de Kalluk, le gardien du chantier de démolition, originaire d'Estonie, taciturne et secret. Mais c’est la bande d’adolescents du quartier qui l’attire, en faire partie devient son rêve, il va par tous les moyens tenter de se faire accepter.
    Ses efforts seront vains et vont entraîner un drame.

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    Le récit extrêmement prenant est construit sur un lent retour en arrière, les personnages sont peu à peu dévoilés, les mots de Lenz sont d’une grande sobriété et d’une totale simplicité. Un beau récit sur l’exclusion, l’amitié, la marginalité et la solitude.
    Le port de Hambourg, les brumes de l’Elbe, l’atmosphère du chantier et son attrait, tout est rendu proche par le talent de l’auteur.
    Siegfried Lenz dans ce roman comme dans  La leçon d’allemand  sait rendre les sentiments de l’adolescence et l’intimité de la vie familiale avec une immense sensibilité.
    Ce livre a obtenu le Prix Goethe, mais récompense ou pas je vais lui faire une place dans ma bibliothèque.

    Le livre : Le dernier bateau - Siegfried Lenz - Traduit de l'allemand par Odile Demange - Editions Pavillons poche Robert Laffont

    lenz.jpegL’auteur
    Auteur d’une centaine de romans, d’essais et de pièces de théâtre, traduit en trente langues, Siegfried Lenz est devenu un auteur classique. Né en 1926 à Lick, en Mazurie, région de Prusse-Orientale qui allait devenir polonaise à la fin de la guerre.
    Il vit aujourd’hui à Hambourg. Siegfried Lenz a une notoriété comparable à celle d'Heinrich Böll ou Günter Grass.

  • La leçon d'allemand - Siegfried Lenz

    La leçon d’allemand - Siegfried Lenz - Traduit de l’allemand par Bernard Kreiss - Editions Robert Laffont
    leçon d'allemand.gifIl y a un bénéfice avec les versions poche des romans, en plus de leurs prix réduits, elles sont là pour réparer des oublis et nous donner une seconde chance, j’ai saisi cette chance au vol et c’était un superbe cadeau.

    Enfermé dans un centre pour délinquants Siggi Jepsen doit faire un devoir d’allemand dont le sujet « les joies du devoir » lui semble familier. Il a des choses à dire, il essaye de faire appel à ses souvenirs  "Rassemblant alors toutes mes forces, je déblayai pour ainsi dire les ornières qui sillonnaient la plaine de ma mémoire et en retirai toutes les scories pour ne garder de ce bric-à-brac que l’essentiel ". Mais il s’est avère incapable d’écrire tellement les mots se pressent, tellement il est urgent pour lui de dire ce qu’il a vu, vécu, et en quoi tout cela touche de près le sujet du devoir.
    Ecrasé par ce trop plein, il rend un cahier vide. La punition ne tarde pas, il doit coûte que coûte faire ce devoir; l’enseignant n’a pas compris, "il refusa de croire qu'on pût avoir tant de mal à commencer, il ne put se faire à l'idée que l'ancre du souvenir n'eût trouvé prise nulle part, qu'elle n'eût fait que bringuebaler et traîner au fond des eaux profondes en soulevant tout au plus des nuages de vase mais sans faire jamais place au calme, au repos indispensables quand on veut lancer un filet sur le passé. "
    Enfermé jusqu’à ce que devoir s’en suive Siggi va enfin écrire et raconter son histoire "Je me transportai directement à Bleekenwarf ou Max Ludwig Nansen m’attendait avec son œil gris et son air malicieux pour m’aider à filtrer mes souvenirs "


    1943 dans une région de terre et d’eau à l’embouchure de l’Elbe. Deux personnages dominent le roman, Jens le père de Siggi, policier respectueux de l’ordre et Max Ludwig Nansen artiste peintre qui se voit traité de peintre dégénéré et notifier par les nazis l’interdiction de peindre.

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    Tableau d'Emil Nolde


    Max est l’ami de Jens à qui il a sauvé la vie autrefois, mais il est aussi attaché à Siggi, l’enfant passe de longues heures à le regarder peindre, lorsque Jens par « devoir » doit surveiller le peintre, signaler tout manquement à l’interdiction qui lui a été faite, c’est Siggi qu’il charge d’espionner. Il y a aussi Klaas le frère aîné qui est à l’hôpital, et Hilke la soeur amoureuse d’Addi accordéoniste épileptique.
    Des liens vont se nouer, d’autres être rompus à jamais, Siggi et tout le village seront témoins du sens du devoir du policier Jens Jepsen qui veut montrer à tous que l’obéissance aux ordres est supérieure à l’amitié et peut se transformer en obéissance aveugle.

    C’est un récit ample, où la nature est omniprésente, les digues et les moulins, les chemins creux et les canaux, les tempêtes,  les couleurs du ciel et le jeu des nuages sont des personnages du roman. Et bien sûre le vent " Mais peut-on parler de vent : ce souffle du nord-ouest se lançait rageusement à l’assaut des fermes, des haies, des rangées d’arbres ; ses charges tumultueuses, ses embuscades mettaient à rude épreuve la résistance de toute chose et façonnaient le paysage à leur image : un paysage noir et venteux, tordu, échevelé et plein de significations ambiguës "

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    Paysage du Schleswig Holstein

    L’auteur utilise les retours en arrière mais aussi des interruptions dans le récit comme pour nous donner le temps de reprendre haleine et de nous interroger sur ce qui se passe. Certains personnages sont abandonnés à leur sort sans que l’on sache immédiatement ce qu’ils deviennent et notre inquiétude nous fait avancer fébrilement dans la lecture.
    l’intrigue s’inspire de la biographie de Emil Nolde peintre mais l’auteur par cette ressemblance veut aussi rendre justice à tous les artistes persécutés et victimes d’oppression.
    Roman magnifique et profond, d’une force rare, l’auteur pénétré de la conviction que l'écrivain a un rôle moral à jouer et que la fiction romanesque peut constituer un biais pour comprendre l'histoire et le monde, a donné là un texte à la hauteur de son ambition.

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    L’auteur
    180px-Siegfried_Lenz_2004-03-25.jpeg.jpgL'écrivain Siegfried Lenz est né en 1926 en Mazurie, région de Prusse-Orientale qui allait devenir polonaise à la fin de la guerre. 
    Siegfried Lenz a une notoriété comparable à celle d'Heinrich Böll ou Günter Grass.
    Vient de paraître chez Robert Laffont  un roman :  Une minute de silence.