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A sauts et à gambades - Page 262

  • Horace à la campagne - Xavier Patier

    Horace à la campagne - Xavier Patier - Editions les Belles Lettres

    horace campagne.gifHistoire et poésie au programme aujourd’hui Le siècle d’Auguste ....vous y êtes ? L ’assassinat de César par Brutus et ses acolytes ..et bien Horace ou en latin Quintus Horatius Flaccus était leur ami.
    Horace vous connaissez bien sûr  si je vous dis «  Carpe diem  »  ou encore « Pour vivre heureux vivons cachés » ou bien « Chassez le naturel il revient au galop  » et encore « La montagne accouche d’une souris » 
    Là vous y êtes ! c’est de lui que je veux parler aujourd’hui à travers un livre qui est une petite biographie et un exercice d’admiration.

    Notre héros est né à Venouse bourgade des Pouilles, il parlera peu de son enfance sauf brièvement dans le livre III des Odes :
    « J'étais encore enfant; jouant sur le Vultur, ce mont apulien, j'avais passé les limites de ma terre nourricière, l'Apulie, et de fatigue j'avais cédé au sommeil. Vinrent des oiseaux merveilleux, des colombes, qui me couvrirent de frais feuillage. On s'en étonna chez tous les habitants du nid d'Acherontie, des bois de Bantia, des plaines fertiles où est l'humble Forente : on admira que j'eusse pu dormir sans crainte et sans danger parmi les noires vipères et les ours ; que le saint laurier, que le myrte se fussent amoncelés sur moi, enfant hardi, et protégé des dieux. »

    Des commencements difficiles, son père est un esclave affranchi et l’esclavage à Rome (et partout d’ailleurs) est un enfer, le père sacrifie tout à l’éducation de son fils, et il ne lésine pas : études à Rome avec les meilleurs précepteurs, séjour à Athènes capitale intellectuelle de l’époque.

    Né pauvre Horace ne cachera jamais ses origines et aura toujours pour son père des mots de tendresse filiale.
    «  Dès mon enfance, mon père ne craignit pas de me transporter à Rome pour m’y faire donner l’instruction que ferait donner à ses enfants un chevalier, un sénateur. (..) Mon père lui-même gardien vigilant m’accompagnait partout chez les maîtres. (...) Il n’en mérite aujourd’hui que plus de louange et, de ma part, que plus de reconnaissance. Je ne saurais, si je ne perds le sens, rougir d’un tel père. »

    C’est à Athènes qu’Horace fait connaissance avec Brutus et ses amis et l’amitié va l’amener à la cause républicaine. Mais l’affaire tourne court, pour les fans d’histoire c’est la bataille de Philippes qui décide du sort de Brutus, et voilà notre Horace en grande difficulté :
    « Puis quand Philippes m'eut donné mon congé, que je me trouvai dépouillé de mon orgueilleux plumage, sans pénates, sans patrimoine, la misère m’enhardit, je me fis poète. » Brutus a perdu un fidèle, nous avons gagné un poète.

    Il croise le chemin de Virgile et devient son ami, Xavier Patier nous les présente bras dessus, bras dessous échangeant leurs vers.
    Devenu l’intime de Mécène homme riche et influent,  celui-ci lui procure les moyens d’écrire en lui offrant une villa et des terres : le domaine de Sabine. Mécène demeurera son protecteur toute sa vie. Une amitié qui a enrichi notre dictionnaire pour exprimer cette aide offerte à l’artiste.

    Horace publie ses premières oeuvres les « Satires » il a trente ans. Il devient célèbre, admiré, courtisé par Auguste qui voudrait en faire son secrétaire particulier, il garde sa liberté de ton, son indépendance et refusera l’offre d’Auguste. Retiré dans son domaine qu’il aime, il écrit.
    Son oeuvre se construit, après les Satires viennent les "Odes" et les "Epodes" puis les "Epîtres".

    horace.jpgDans toute son oeuvre Horace n’a cessé de chanter la campagne, le vin, l’amour de la vie et le fameux Carpe diem, les femmes. Il n’était pas beau , on le décrit petit gros et chauve, il eut pourtant un amour fou chanté dans son oeuvre : Lydie....qui le trahit... (Ode XXV).
    Horace reste un grand mélancolique comme tout épicurien qui se respecte en proie aux angoisses métaphysiques, la mort est très présente dans ses écrits.
    Il meurt à 57 ans et Auguste lui organisa des funérailles grandioses.

    Le style d’Horace, Xavier Patier le dit sobre, fonctionnel et magnifique : « Des mots courts plutôt que longs (..) et surtout un rythme. Non pas un halètement mais un écoulement, un choral de Bach. »


    Xavier Patier garde un souvenir ému de sa classe de latin et de son professeur, il en a conservé un goût pour les textes antiques et une prédilection pour Horace. Il sait nous la faire partager et nous rendre vivant ce poète mort depuis 2000 ans.
    L’essai est enlevé et même si je ne partage pas toujours les points de vue exprimés (en particulier le développement sur Horace et Jésus, très tiré par les cheveux) c’est une façon attrayante d’aborder le poète admiré de La Fontaine, de Nietsche et de beaucoup d’autres.

    J’avais lu un peu Horace il y a très longtemps et le livre de Xavier Patier m’a incité à y revenir et ce fut pour mon plus grand plaisir.......

  • In mémoriam - Stéphane Audeguy

     

    in memoriam.gif

    In Memoriam - Stéphane Audeguy - Editions Le Promeneur Gallimard

    Je ne sais pas d’où me vient le goût pour les petits livres, peut être l’âge venant la taille et le poids du livre prennent une importance excessive.
    Longtemps les sagas à multiples personnages m’ont enchantée, les gros pavés avaient ma faveur, et telle « La Femme en train de lire » de Rembrandt je me colletais avec des volumes épais et lourds.

     

    vielle femme qui lit rembrandt.jpg

     

    Les goûts en lecture changent comme le reste et chez moi ils vont vers le frêle, le léger, c’est un art difficile de retenir le lecteur avec peu de mots, certains s’y essaient et rendent coquille vide, d’autres au contraire enchantent, c’est le cas de Stéphane Audéguy.

    Petit volume donc dans la collection « Le Promeneur », l’auteur s’est adonné dans la joie j’espère à des recherches pointues et nombreuses (une centaine) pour savoir au détail près comment meurt les grands hommes et les autres.
    Des personnages célèbres et de parfaits inconnus  sont passés en revue. Savants, hommes politiques, écrivains, musiciens  tous y passent et non content de s’en prendre aux humains Stéphanie Audeguy s’occupe aussi de la gente canine.
    Parfois l’auteur triche un peu et nous n’assistons pas  à la mort mais à ses préparatifs ou à ses suites.

    Mort romantique qui tire des larmes ( Adrienne Lecouvreur) mort méritée mais difficile (Raspoutine) mort cannibale (Capitaine Cook)  mort bête ( Tennesse Williams) ou mort familiale ( Marvin Gaye).
    Deux exemples : Le cercueil de Flaubert  trop grand pour prendre place dans le trou réservé, ou bien le pied de nez du hasard faisant porter le cercueil de Wagner antisémite notoire par deux juifs.

    Vous l’aurez compris Stéphane Audeguy a fait un livre cocasse, drôle, parfois féroce ; de pierres tombales en cercueils de cérémonies en dernières paroles, d’épitaphes en dernier souffle, on se régale et on rit beaucoup.« C'est le livre le plus léger et le plus gai que j'ai lu depuis longtemps » dit Frédéric Ferney.

     

     

  • L'ennui des deux Vénitiennes - Edouard Dor

    ennui des deux ven.gifL’ennui des deux vénitiennes - Edouard Dor - Sens & Tonka

    Je vous transporte aujourd’hui à Venise, plus exactement au Musée Correr. On est tranquille, pas de bousculade, pas de queue devant le musée, suivez moi dans ma visite et arrêtons nous devant un tableau de Carpaccio
    « Les deux vénitiennes » Mais là je vais vous abandonner aux mains d’Edouard Dor qui se révèle un guide comme on voudrait en rencontrer dans tous les musées.

    Son livre est une véritable enquête sur ce tableau, Edouard Dor examine, scrute, observe, analyse, détaille tous les éléments de ce tableau, avec lui vous chercherez à comprendre ce que font ces deux femmes, qui sont-elles ? pourquoi semble-t-il manquer une partie du tableau ? ces deux femmes s’ennuient-elles ? qui attendent-elles ? quel est le sens de ce tableau ? Toutes les suppositions sont admises et Edouard Dor ne manque pas d’imagination !

     

    CARPACCIO, Vittore64.jpg

    Les deux vénitiennes-Carpaccio

     

    Pour nous aider à comprendre il met en résonnance ce tableau avec une oeuvre du peintre impressionniste Caillebote «  Femme à sa fenêtre » et un tableau d’  Edward Hooper

     

    hooper.jpg

    Room in New York -  Edward Hooper

    Edouard Dor nous emporte sur les traces de ce tableau, il fait des recherches, il examine toutes les hypothèses comme pour résoudre une énigme et trouver la dernière pièce du puzzle.
    L’essai d’Edward Dor m’a captivée et le tableau m’a troublé, j’étais en bonne compagnie, il parait que Marcel Proust appréciait fort ce tableau et en parle dans « La Prisonnière »

    Ce court essai est très réussi, un livre comme je les aime, d’une fausse simplicité cachant un énorme travail, d’une savante légèreté et d’une érudition brillante.

  • Sur mon Père

    sur mon pere.gifSur mon père - Tatiana Tolstoi - Editions Allia

    Cette petite collection Allia recèle des trésors, voici un livre écrit en français par la fille aînée de Tolstoï en 1928 Inspiré par ses souvenirs d’enfance, ce récit intimiste, s’appuie sur les lettres familiales, les passages des journaux intimes du couple Tolstoï.

    Le mariage de Sophia et Léon Tolstoï fut heureux pendant environ vingt ans, treize enfants sont nés de cette union, Sophia a abandonné une vie brillante à Moscou par amour pour son époux, pour le soutenir et l’aider dans la conduite du domaine d’ Iasnaïa Poliana et dans ses travaux littéraires.
    Dès le début du mariage l’écrivain est absorbé totalement par l’écriture de « La Guerre et la Paix », sa femme s’occupe de mettre au propre les écrits de la journée.
    Leurs caractères sont opposés, l’une est pessimiste, facilement découragée, jalouse, l’autre est un optimiste forcené animé d’un puissant désir d’être bon et tenaillé par une quête spirituelle.
    L’une regrette la vie à Moscou, l’autre voudrait vivre au milieu des paysans ...

    Lorsque survient chez Léon Tolstoï un crise mystique, religieuse, crise existentielle et morale, elle rencontre l incompréhension de son épouse. épuisée par ses grossesses et par la mort d’un de ses enfants. Et le couple se déchire.

    Tatiana montre bien les problèmes de communication entre ces deux êtres et les enfants témoins de scènes violentes et douloureuses. Tolstoi est torturé et il veut appliquer ses croyances, vivre à la hauteur de ses idéaux, Il va se défaire de toute propriété, faire don de tous ses biens à ses héritiers en accord avec ses convictions, renoncer à ses droits d’auteur. La rupture est consommée.

    le portrait fait par Tatiana est loin de celui de quasi mégère dont on affubla Sophia Tolstoi, elle nous dit tous les sacrifices supportés par sa mère, et la vie difficile aux côtés d’un grand homme. En même temps elle est très proche de son père et tente de comprendre ses convictions
    « Un drame est un vrai drame quand il n’y a pas de coupable mais que la situation vous conduit à une impasse » dit-elle

    Les dernières pages témoignent de l’étrangeté des derniers jours du célèbre écrivain avec pudeur et tendresse. Témoignage émouvant et sincère, écrit avec beaucoup de justesse et d’amour pour ses parents. Si elle prend la parole c’est pour défendre sa famille, pour rétablir la vérité sur les relations qu’ont entretenus ses parents, c’est une réhabilitation pour sa mère qu’elle souhaite et qu’elle obtient car ce petit livre éclaire d’une lumière nouvelle la vie d’une famille au côté d’un génie.

    Faites une place à ce petit livre dans votre bibliothèque

     

    Domaine des tolstoi.JPG


    Pour poursuivre votre lecture visiter le domaine des Tolstoï Iasnaïa Poliana en Ukraine et faites un tour sur le blog de Tania qui en parle très bien

  • Chapeau bas Mr Lehane

    pays a l'aube.gifUn pays à l’aube - Dennis Lehane - Editions Rivages

    C’est toujours un grand plaisir de voir un écrivain changer de catégorie, c’est ce qui arrive à Dennis Lehane, auteur de polars à succès toujours passionnants, il gagne avec ce livre ses galons d’écrivain. Il livre ici un roman ambitieux qui balaye une période sombre de l’Amérique.

    Dennis Lehane a placé son roman dans les années 1918 et 1919, à Boston, Massachusetts. La fin de la 1ère guerre mondiale s’accompagne de l’épidémie de grippe espagnole qui va particulièrement toucher les forces de police, le chômage et l'inflation prennent des allures de catastrophe, le retour à la vie civile des soldats rentrés d’Europe va aggraver la situation en accroissant le chômage.
    C’est l’époque où un peu partout les luttes syndicales se radicalisent, les mouvements anarchistes éclosent et la grande peur du bolchevisme s’empare de l’Amérique pour longtemps. Les manifestations et les tentatives de grève doivent être réprimées, pour cela il faut infiltrer les organisations syndicales, politiques, il faut créer la peur dans la population, il faut monter les unes contre les autres les communautés d’immigrés : les irlandais, les italiens. c’est une recette connue et d’une redoutable efficacité. Tout contestataire devient un terroriste en puissance et doit être pourchassé.

    Le décor est campé, maintenant les personnages :
    Danny Conghlin, jeune flic prometteur, courageux vient d’être blessé lors d’un attentat anarchiste et tout naturellement accepte d’infiltrer ces milieux ce qui lui permettrait de prendre du galon, son père est un des chefs les plus respectés du département de la police de Boston. Son frère Connor est adjoint du procureur et doit bientôt épouser Nora dont Danny est lui aussi amoureux.
    Petit à petit Danny va devenir sensible aux difficultés de ses collègues, les semaines de 70 heures et le salaire de misère. Contre sa famille il va s’engager dans le combat syndical et mettre son idéal et son sens du devoir à leur service.

    Luther Lawrence est le deuxième héros de cette épopée, jeune noir contraint après avoir commis un meurtre de quitter sa femme et sa ville, il trouve refuge à Boston et est engagé par les Conghlin comme domestique. Passionné de base-ball, victime de la brutalité, de l’injustice, du racisme, il parvient dans le chaos a gardé courage, humanité et droiture. Il va contre son gré se trouver mêlé à tous les événements. Très habilement

    Dennis Lehane va tisser sa toile, faisant s’entrecroiser les destinées, mêlant les héros de fiction aux personnages historiques, ainsi croise-t-on John Hoover futur patron du FBI, Coolidge gouverneur de l’état, mêlant destins individuels et histoire collective. Lehane est tout aussi efficace dans les scènes de rue que dans les moments intimistes, il nous donne un beau portrait de femme et l’on sent tout son attachement pour les personnes faibles et vulnérables.
    Certaines scènes sont bouleversantes sans jamais tomber dans le mélodrame. Ses héros sont vrais et terriblement humains jusque dans leurs faiblesses. Un seul bémol, les passages sur le base-ball et son joueur vedette Babe Ruth n’ajoutent rien au récit et parfois même rompent la tension de celui-ci.

    C’est un roman puissant, ample, plein d’émotions, le lecteur est happé jusqu’aux scènes finales. Une belle évocation d’une Amérique en train d’écrire son histoire.

    L’auteur

    Dennis-Lehane.jpgDennis Lehane est né en 1966 à Dorchester (Massachusetts) et vit dans la région de Boston.
    Il exerce d'abord de petits jobs et de multiples métiers. Puis il se consacre à l'écriture et devient l'un des auteurs de polars les plus connus des États-Unis. Il a publié une cinquantaine d'ouvrages, notamment les best-sellers Un Dernier Verre avant la Guerre, Gone, Baby, Gone, Mystic River (dont Clint Eastwood fera un film), Shutter Island.
    Il a obtenu de nombreux prix.

     

    Pour poursuivre votre lecture
    histoirepopulaire.gifIl y a quelques années est paru un livre d’histoire excellent « Une histoire populaire des Etats-Unis » par Howard Zinn, je me souviens de ma surprise en découvrant ces années d’émeutes, de grèves, de bras de fer entre les ouvriers et le pouvoir en place dans son chapitre intitulé « De l’entraide par gros temps »

    Voici ce que dit l’éditeur « Cette histoire des États-Unis présente le point de vue de ceux dont les manuels d’histoire parlent habituellement peu. L’auteur confronte avec minutie la version officielle et héroïque (de Christophe Colomb à George Walker Bush) aux témoignages des acteurs les plus modestes. Les Indiens, les esclaves en fuite, les soldats déserteurs, les jeunes ouvrières du textile, les syndicalistes, les GI du Vietnam, les activistes des années 1980-1990, tous, jusqu’aux victimes contemporaines de la politique intérieure et étrangère américaine, viennent ainsi battre en brèche la conception unanimiste de l’histoire officielle. »

    Toujours passionnant ce livre a donné lieu à des empoignades sévères entre historiens, il manque parfois d’objectivité mais nous fait découvrir des pans de l’histoire américaine très peu connus des non spécialistes.

     

     

  • Fou de désert - Edward Abbey

    un fou ordinaire.jpgUn fou ordinaire - Edward Abbey - Editions Gallmeister

    Je suis une fana des récits de voyages et de ce que les américains appellent « Nature writing » dans les dix meilleurs livres lus ces dix dernières années il y a deux récits de voyages c’est dire que j’aime ça. J’ai fait la connaissance d’Edward Abbey avec Désert solitaire, j’avais découvert avec lui le désert Américain, sa faune, sa flore, ses couleurs et les dangers qui le menaçait.

    Un fou ordinaire est composé de dix récits déjà publiés dans diverses revues et rassemblés ici, dix ballades pour célébrer le grand Ouest de l’Utah à l’Alaska.

     

    Tucson Saguaro.jpgAlors pas d’hésitation, faite le plein de votre gourde, emportez trois rondelles de banane séchée, chaussez vous bien car le cactus cholla ne pardonne pas, bouclez votre sac et en avant. Attendez vous à suer, mourir de soif, à croiser des lapins antilopes, des coyotes, je ne parle pas ici serpent à sonnette et autres futilités, car pour suivre le précepte de ce fou ordinaire « ceux qui visitent le monde sauvage doivent le mériter »
    Rien à craindre nous avons un bon guide capable de repérer les points d’eau, de lire le paysage, de faire du feu n’importe, un fou des grands espaces et la ballade est magique.

    Il nous emmène au pays des canyons, à Monument Valley, dans les Navajo Mountains, vous descendrez avec lui le Grand Canyon du Colorado. Abbey sait aussi bien donner une leçon de botanique sur les saguaros et les cactus cholla nounours, que vous parler du moment merveilleux où le désert se couvre de fleur, qu’en bon géologue décrire la formation des dunes. Son style poétique et lyrique en fait un chantre superbe de l’Ouest mythique, un Ouest de liberté et de beauté.

    Vous entendrez sa colère devant les grands barrages contre lesquels il s’est battu et ce lac Powell superbe sur les photos mais sur les berges duquel faune et flore ne peuvent se développer normalement en raison de la grande variation du niveau de l’eau.

    Un détour par le Mexique et le désert de Sonora en compagnie d’un ami biologiste, et vous finirez à la recherche du grizzly en Alaska mangé par les moustiques mais buvant l’eau limpide des rivières et vous suivrez les troupeaux de caribous.

    J’aime les livres d’Edward Abbey et j’éprouve de la sympathie pour cet éternel contestataire, ses colères, ses frasques et ses provocations.
    Abbey est mort en 1989 et conformément à son souhait il est enterré quelque part dans le désert visité seulement par les coyotes et sans doute un cactus pousse t-il sur sa tombe.

    Extraits
    « Au-delà du mur de la ville irréelle, au-delà des enceintes de sécurité coiffées de fil de fer barbelé et de tessons de bouteille, au-delà des périphériques d’asphalte à huit voies, au-delà des berges bétonnées de nos rivières temporairement barrées et mutilées, au-delà de la peste des mensonges qui empoisonnent l’atmosphère, il est un autre monde qui vous attend. C’est l’antique et authentique monde des déserts, des montagnes, des forêts, des îles, des rivages et des plaines. Allez-y. Vivez-y. Marchez doucement et sans bruit jusqu’en son cœur. Alors… Puissent vos sentes être légères, solitaires, minérales, étroites, sinueuses et seulement un peu en pente contraire. Puisse le vent apporter de la pluie pour remplir les marmites de grès lisse qui se trouvent à quatorze miles derrière la crête bleue que vous apercevez au loin. Puisse le chien de Dieu chanter sa sérénade à votre feu de camp, puisse le serpent à sonnette et la chouette effraie vous distraire dans votre rêverie, puis le Grand Soleil éblouir vos yeux le jour et la Grande Ourse vous bercer la nuit. » « Je me souviens du vent sec et brûlant. De l’odeur de la sauge et du genévrier, du sable et de la lave noire et dure cuisant sous le soleil. Je me souviens de la vue d’un hogan navajo au pied d’un à-pic, de la poussière rouge, d’un cheval solitaire broutant dans le lointain au creux d’un lit à sec, d’une éolienne et d’un réservoir d’eau au croisement de pistes de bétail irradiant vers l’horizon dans une douzaine de directions différentes, et du vert suave des saule, des tamaris et des peupliers de Virginie au fond d’un canyon minéral. »

    L’auteur

    Edward Abbey est né en 1927 à Indianan Pennsylvanie. Après son service militaire à Naples, de 1945 à 1947, il fréquente l'université A 21 ans, il traverse les Etats-Unis d'est en ouest en auto-stop et découvre l'Ouest. Il tombe définitivement amoureux du désert et le restera pendant 40 ans. Il a travaillé comme guetteur d'incendie ou ranger dans les parcs nationaux, en particulier au Arches National Monument dans l'Utah qui lui servira d'inspiration pour Desert solitaire.

     


    Fondateur du mouvement Earth First Personnage emblématique et contestataire, est le plus célèbre des écrivains de l'Ouest américain. Il a été un éternel contestataire, ses colères,t ses frasques et ses provocations il les a raconté dans les deux récits du Gang de la clé à molette le succès du livre, paru en 1975, a fait de lui une icône de la contre-culture et le pionnier d'une prise de conscience écologique aux États-Unis. ( Source l’éditeur)