Dans les pas de Byron et Tolstoï - Mikhaïl Chichkine - Traduit par Colette Kowalski - Editions Noir sur Blanc (Suisse)
Au fil des années j’ai amassé une collection de récits de voyage, lus en un temps où le mot blog n’existait pas, je me propose de vous les présenter ici, au fil des jours. Ce sont tous de vieux amis, certains fatigués à force d’être lus mais capables d’un effort pour faire bonne figure en public.
Le premier de la série est un livre encore fringant ne datant que de 2005, c’est un récit à deux voix et quelles voix : Byron et Tolstoï en un même recueil.
A quarante années d’intervalle les deux écrivains vont faire la même randonnée dans les Alpes Suisses, suivre le même itinéraire, faire halte dans les mêmes auberges.
De Montreux sur les bords du Léman à Meiringen dans l’Oberland Bernois, ils passeront d’un canton à un autre et du français à l’allemand.
Nous voilà pour sept jours sur des chemins caillouteux, parfois vertigineux, sur les traces de ces deux géants. Ils tiennent tous les deux un journal de voyage, s’extasient sur les paysages idylliques traversés, marquent les étapes de commentaires sur les us et coutumes du pays, livrent leurs impressions de touriste : le charme des journaux de voyage.
Pérégrination pour écrivains, le voyage en Suisse est une quête de la pureté, de la nature, Rousseau est passé par là.
Byron sensible à la beauté des lieux « j’ai dernièrement repeuplé mon esprit de nature »
Mais au romantisme de l’un répond la franchise de l’autre : « Jamais dans ma vie une chose célèbre pour sa beauté ne m’a plu. La vue sur les froids lointains à partir du col de Jaman m’a laissé de marbre ; il ne m’est pas venu à l’idée de m’arrêter une minute pour en jouir » Voilà bien un touriste réfractaire !
Notre guide Mikhaïl Chichkine fait le troisième larron, lui aussi emprunte le même sentier, tient un journal, et pratique l’art de la digression pour notre plus grand plaisir.Le récit commencé au bord du Léman avec deux personnages, s’élargit aux écrivains et artistes nombreux qui ont arpenté les sentiers hélvétiques.
Au gré des pages apparaissent les littéraires : Goethe, Schopenhauer, Rilke, Nabokov, les musiciens : Rachmaninov et Stravinski, les artistes: Balthus et Klee. Nous sommes en bonne compagnie toute l’Europe est là.
Chichkine ajoute ses souvenirs de Russie lorsqu’il était étudiant, dans l’armée. Souvenir parfois très dur et émouvant comme cette visite à son frère condamné au goulag et auquel il rend visite en Sibérie.
Le récit commencé comme duo devient trio.
Si vous projetez une balade en Suisse mettez ce livre dans vos bagages.
L’auteur
Né en 1961 à Moscou, Mikhaïl Chichkine y a étudié l'anglais et l'allemand à la Haute Ecole Pédagogique.
Il s'installe à Zurich en 1995. Après avoir travaillé comme enseignant, traducteur et interprète, Chichkine se consacre aujourd'hui à l'écriture. Son oeuvre est traduite en plusieurs langues, et il est le seul écrivain russe a voir reçu les trois plus prestigieux prix littéraires de son pays pour deux livres, La Prise d'Izmaïl et Le Cheveu de Vénus édités chez Fayard.
Commentaires
Je pense qu'on peut le mettre dans ses bagages, même sans projeter un voyage en Suisse ! j'aime beaucoup ce genre de littérature.
@ Alors nous partageons les mêmes goûts, je vais faire un tour sur ton blog que je ne connais pas
D'accord avec Aifelle ! Je ne connais pas Chichkine et j'essaierai de trouver ce livre.
@ bonne lecture Tania
tiens ! tentée suis, pas tant par la vision classiquement romantique de Byron en bon anglais faisant le grand tour et mettant ses pas dans ceux de ses ainés inventeurs du tourisme et des Alpes, que par le mélange des regards cococté par l'auteur (et ma petite fraternité sur ce point - d'autres aussi, pas tous - avec Trosky)
@ effectivement Brigitte ce mélange fait partie du charme de ce livre
Ce livre a l'air vraiment intéressant ! Comment se fait-il que Byron et Tolstoï aient suivi le même parcours dans les alpes suisses ? Une coïncidence, ou une volonté de suivre les traces du précédent ?
@ Non Julien je ne crois pas que le choix de Tolstoï soit de partir à la suite de Byron en tout cas l'auteur ne le mentionne pas du tout, c'est simplement que cette randonnée faisait partie des circuits pour touristes de l'époque, comme tous les jeunes anglais ou américains plus tard faisaient le grand tour d'Europe, la suisse est ces glaciers en faisait parite
Merci de ta visite