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Poésie - Page 16

  • Bribes de Pascal Riou

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    Hirondelles rassemblées dans le ciel d’équinoxe

    dire que l’on aime à vous saluer

    est paraître benêt dans l’âge où nous sommes ;

    et vous, nuages qui poussez du sud

    pour attiédir septembre et porter sur nos terres 

    le sable du désert et le sel de la mer, 

    pour combien de temps encore

    aimera-t-on, sur la terre et sous le ciel, 

    suivre, au pas des yeux,

    vos courses et vos déroutes ?

     

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    Je regarde le brouillard qui va,

    poussé par l’est

    sur les ressauts et les combes,

    chênes et pins disparaissent, renaissent,

    surgissent à demi sous l’eau légère.

     

                            ************************

     

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    Certains soirs de juin, si tombe la fraîcheur, 

    je voudrais ne laisser de ma venue

    que du seringa le seul parfum

     

    Toute forme est vacuité, dit une sagesse, 

    et la vacuité une forme ; puis une autre : 

    l’esprit souffle où il veut, ne voyez-vous

    l’herbe et les fleurs des champs ? 

     

    Salut à vous pétales si légers,

    parfaits sous la frêle couronne.

     

     

    Le livre : Sur la terre - Pascal Riou - Editions de la revue Conférence

  • Bribes de violet des roses

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    Ceux qui ont reçu un don

    l’exercent sans vanité.

    Ils disent le temps, élisent les simples,

    délivrent la mère, tarissent le lait, 

    perdent la source ou le serpent,

    gardent l’équilibre du monde,

    tenant tour à tour ombre et lumière

    loin derrière l’églantier.

     

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    Il arrive qu’un jour,

    à la croisée des chemins,

    ils rencontrent un ange.

     

    Ils se saluent sans rien dire,

    en voisins.

     

     

     

    Le livre : Par le violet des roses - André Rochedy - Editions du Cheyne

  • Trois huttes - Christian Doumet

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    © Jonathan Andrew

    Si vous avez un penchant pour la poésie japonaise, pour la vie d’ermite et pour la peinture alors ce livre est fait pour vous.

    Partons retrouver : Bashô, Patinir et Thoreau.

    Christian Doumet nous propose trois lieux et trois huttes où se retirer, où méditer, il nous présente trois « constructeurs de solitude », pour se faire il utilise même un verbe que je n’avais jamais rencontré : le verbe hutter.

    Hutter c’est habiter un lieu «  à distance des choses afin de mieux en éprouver le goût. » c’est « éprouver la vie, le silence relatif, la solitude »

     

    Pour Thoreau je pense que vous n’êtes pas surpris de le trouver là, c’est vraiment le symbole du retirement du monde, car nous dit Christian Doumet, Walden « peut être lu comme le plus vaste des poèmes en prose ». Sa lecture procure un plaisir singulier même à ceux qui sont généralement hostiles à la nature. 

    Thoreau nous dit-il fait partie de « la grande famille des solitudes de la littérature », la hutte est son laboratoire mais elle n’est pas « la demeure d’un oisif ».

    En une soixantaine de page Christian Doumet nous aide à penser Walden avec Thoreau.

     

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    La hutte de Thoreau

    « l’isolement, le retranchement du monde qui dotaient l’endroit d’une étrangeté surnaturelle »

     

    Patinir cela était nettement moins évident pour moi, je connaissais ses tableaux car je suis amateur de peinture flamande mais je ne les avais pas en tête, vive le web qui m’a permis de lire un oeil sur le livre et l’autre sur la reproduction du tableau Saint Jérôme dans le désert.

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    Clic pour avoir le tableau en grand

     

    Je dois dire que j’ai été bluffé par la richesse du propos sur cette oeuvre.

    On dit que Patinir inventa l’art du paysage mais il fait entrer aussi la philosophie dans le tableau car il manifeste une intelligence du monde dont le spectateur se sent inondé.

    Pour Christian Doumet, Patinir peint des huttes qui nous offrent « l’idée d’un parfait ermitage », il enrichit encore le propos en nous invitant à voir mieux des tableaux de Dürer, de Metsys. Il nous contraint, mais la contrainte est douce, à comparer deux cabanes, à les chercher car se sont dit Doumet des « huttes passagères » et le but du peintre est peut être de « montrer ceci : la ferveur d’une contemplation ? ».

    Saint Jérôme est pour le peintre à la fois un modèle et une leçon. Et nous, nous jouons les voyeurs car c’est grâce à l’enveloppe crevée de la hutte que ce secret nous est livré. 

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    «  C’est ainsi que Patinir peint Jérôme. Ainsi que l’homme des Flandres casanières imagine la sainteté »

     

     

    Avec Bashô le point de vue est différent car nous avons là un ermite poète mais surtout un grand marcheur qui a du concilier « l’appel des horizons immenses et le goût du repli ». 

    Bashô c’est l’éternel vagabond, le marcheur des confins et des brumes du nord, la hutte ne lui sert que de havre provisoire, au Japon il fait halte dans des ermitages d’où le nom d’un recueil de ses poèmes.

     

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    « La pente douce du jardin d’azalées, la petite source tout près, la croupe du Mont Hiei, la lumière du couchant ....)

     

    Le poète amateur de concision avec les mots, a aussi le goût des habitats provisoires, des demeures de fortune qui lui laisse tout loisir de marcher et d’écrire ce qui nous dit Christian Doumet « relèvent de la même pulsion vitale. »

    Pour Bashô il suffit de « construire une hutte pour atteindre la fin du voyage ; de tracer une seule phrase pour faire le tour du langage. »

     

    Cet essai est superbe et j’ai pris un immense plaisir à la lecture de ce triptyque poétique et philosophique

     

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    Joachim Patinir, Triptyque de la Pénitence de Saint Jérôme

     Metropolitan Museum

    Si vous êtes amateur d’ « Éloignement, isolement, retranchements. » ajoutez ce livre à votre bibliothèque

     

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    Le livre : Trois Huttes - Christian Doumet - Editions Fata Morgana

  • L'Eglantine aux poings

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    pour répondre à l'invitation de Claudialucia et Aifelle je vous propose Anna Akhmatova qui pratiqua l'insurrection poétique et un brin de Luc Bérimont puisque c'est son anniversaire

     

    A présent j'ai compris. Inutiles, les mots,

    Les branches sous la neige, si légères...

    L'oiseleur à déployé ses filets
    Sur les rives du fleuves

     

     

                        &&&&&&&&&&&&

     

     

        Tessons

     

    Comme une bête morte;

    Vous me hisserez sur un crochet sanglant,

    Pour que riant, incrédules,

    Les étrangers fassent cercle

    Puis écrivent dans leurs dignes gazettes

    Que s’est éteint mon grand talent, 

    Que d’un poète entre tous les poètes

     

    La treizième heure vient de sonner.

                         Anna Akhmatova

     

     

     

     

    La nuit d’aube

    Une rose a percé la pierre de la neige

    Une rose a percé la pierre de l’hiver

    Galopez dans le ciel, chevaux blancs des cortèges

    Une rose a percé la pierre de la neige

    Une rose a tremblé sur la paille, à l’auberge

    L’ange au gantelet noir roule sous les sapins

    Une rose a tremblé, plus frileuse qu’un cierge

    La neige lacérait le ciel ultramontain.

    Édifice du temps un enfant vous renverse

    Une rose, une lampe une larme au matin.

    Il suffit d’un baiser qui réchauffe la neige

    Et notre rose à nous brûle déjà ta main.

                    Luc Bérimont

     
     

     

    Les livres :

    D'autres astres, plus loin, épars - Poètes européens choisis par Philippe Jaccottet - Editions La Dogana

    C'était hier et c'est demain - Luc Bérimont - Editions Seghers

     

  • Les Petites heures - Joël Vernet

    Après la poésie des électrons voici ma façon de fêter ici le Printemps des poètes.

     

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    J’ai choisi de la poésie en prose avec des textes de Joël Vernet qui centre son recueil sur son pays et sa maison natale.

    C’est un peu le retour aux sources du voyageur, longtemps Joël Vernet a parcouru la planète avec une prédilection pour les pays chauds. 

    Le retour vers la terre de son enfance est un long et lent vagabondage plein de bonheur et de nostalgie pour une campagne qu’il aime, pour des lieux qui lui sont chers tous emplis de solitude, de froid mais aussi habités par une lumière vive.

    Une maison natale aujourd’hui peuplée de fantômes où sont encore enfouis la tristesse de l’écrivain éprouvée à la mort de son père et les rêves qui ont empli ses journées de gardien de troupeau.

     

    On regarde avec lui vivre ce coin de terre et l’on est sous le charme, celui de l’enfance, celui de cette Margeride déserte et silencieuse et vivant encore au rythme des saisons. 

     

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    « Le froid, c'est la lumière de l'enfance, son phare, son étoile, ses mystères. »

     

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    « Le cerisier, très fier, ne bronche pas. De ma vie c’est le premier arbre que j’ai planté et il pousse à tout va dans un jardin que je pourrais enfouir au fin fond de ma poche et emporter avec moi à travers la planète. »

     

    « Les fleurs poussent sous la terre avant de nous montrer leurs têtes ébouriffées. Des naissances s’annoncent et les crêtes des montagnes s’inclinent. »

     

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    « Le soir, sur la table de la cuisine, nous apprenions la grammaire tous en choeur et écoutions en même temps l’éclat des châtaignes dans la poêle et la voix de Mère reprenant un poème du vieil Hugo dont l’école trop brève ne lui avait laissé qu’un vague souvenir »

     

     

    Le livre : Les Petites heures - Joël Vernet - Editions Lettres Vives 

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    Quelqu'un qui en parle mieux que moi : la pierre et le sel

     

    L’auteur

    Né en 1954, a parcouru le monde : le Sahara, l’Afrique largement, le pays Dogon mais aussi l’Inde et Cuba
    Il a vécu en Syrie et ses livres se font l’écho de ses voyages.

  • L'appel du Causse - William S Merwin et Michael Taylor


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    Un livre attachant, riche, double, un livre qui parle de la terre de France avec un petit accent américain.

    Le nom de William S Merwin ne vous est sans doute pas connu, c’est pourtant un poète américain reconnu. 

    En 1950 il parcourt la France et a un coup de foudre total pour une région : le Quercy. Et nous allons, grâce à William Merwin, arpenter ces terres arides, admirer les jeux de lumière, faire connaissance avec les habitants bourrus qui semblent au poète n’avoir pas vraiment changé depuis l’épique des troubadours

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    Le poète part en quête d’un havre, d’un lieu de vie et il le trouve à Lacam. Il va au fil du temps transformer une ruine en une maison qui s’intègre parfaitement dans le paysage, premier habitant du hameau à n’être pas né là !!

    Dans les années qui suivent il va y faire de nombreux séjours,le lieu, la nature, les paysages vont lui inspirer des poèmes et des textes en prose que l’on découvre dans ce livre.

     

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    Le Hameau de Lacam  © Autour du puits 

    « Mes jours solitaires dans cet endroit silencieux représentent un point culminant dans ma vie, un trésor éternel, une source à laquelle je reviens sans cesse.»  

     

    A la manière de Stevenson il a arpenté les chemins, les collines, les prés de la région et son amour est resté intact. Son ami Michael Taylor, qui l’a rencontré à la faveur d’une interview, est amoureux lui aussi de ce Causse magnifique et donne une très belle introduction aux textes de Merwin. 

    C’est un plaisir de lire la prose de Merwin, il a étudié le vieux français pour pouvoir lire Villon et c’est un passionné de la langue d’Oc des troubadours.

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    © Autour du puits

    « Ce sont ce monde ancien, cette culture et ce paysage qui ont saisi mon imagination. Un lieu d’une ancienneté incommensurable avec un profond silence sous-jacent. »

     

    Les amoureux de la région l’on peut être déjà rencontré.

    Ecoutez son ami Michael Taylor qui en parle très bien.

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    La Maison de William Merwin © Autour du puits 

    « tout y est pour qui aime vivre les saisons, arpenter les sentiers, contempler les paysages immaculés, cueillir les champignons ou cultiver son jardin. Bien sûr, c’est un peu nostalgique: Merwin vit la disparition de la vieille paysannerie et les débuts d’une autre époque, peut-être moins poétique. Mais nous savons que l’auteur revient chaque année passer quelques mois dans sa vieille maison. Qui sait si vous ne l’apercevrez pas un jour, au détour d’une promenade, derrière les murs en pierres sèches » 

     

    Un grand merci à Aloïs qui m'a permis d'illustrer ce billet de photos superbes prises sur les lieux mêmes

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    Le livre : L’appel du Causse - William S Merwin et Michael Taylor - Editions Fanlac

     

    Les auteurs

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    Michael Taylor  et William S Merwin