Escroqueries à la mort
Novembre 1918 à quelques jours de la fin de la guerre.
Trois personnages sont présents dont un parfait salaud.
Pour être reconnu, pour gagner un galon, le lieutenant d’Aulnay-Pradelle aristo désargenté envoie son régiment à l’abattoir et plus encore.
Edouard Péricourt le grand bourgeois et Albert Maillard le prolo vont en faire les frais.
Edouard sauve Albert d’une mort certaine mais le paie par une blessure épouvantable qui lui emporte la moitié du visage.
Entre eux c’est à la vie à la mort. Après le champs de bataille, l’hôpital, les voilà de retour à la vie civile.
L’aristo va jouer des coudes afin de faire fortune et de restaurer son domaine. Il n’est pas à une bassesse près et les milliers de famille qui attendent qu’une sépulture soit donnée à leurs morts vont lui servir de marche pieds vers la gloire et la richesse.
Douaumont © POL EMILE/SIPA
Quant à Edouard et Albert, eux sont les sacrifiés de l’Histoire. Ils vont devoir se débrouiller pour tenter de retrouver une place dans une société qui ne veut pas d’eux, qui préfère les morts aux vivants. Alors la voix la plus simple est l’arnaque et utilisant les talents de dessinateur d’Edouard ils vont qui prendre une revanche en utilisant le très fort intérêt des familles pour les monuments aux morts qui fleurissent dans les villes et villages.
On le voit rien de très moral ici, arnaque, forfaiture, mensonge, usurpation d’identité, j’en passe et des meilleurs…….
© Jean-Étienne et Dominique Guerrini
L’auteur de ce livre dit dans une interview sur France Culture sa volonté à la suite de lectures d’adolescence, d’écrire sur cette guerre et ses soldats mais se défend d’avoir écrit un roman historique.
L’auteur jette un regard ironique sur les événements, comme une protection contre l’horreur. Il a mis au service de ce roman au sujet très sérieux, son sens du récit qui prend des allures de page turner. Les héros sont des marionnettes que l’Histoire fait danser.
Le tour de force de Pierre Lemaitre c’est de faire de cette histoire proprement féroce et indigne, un moment de lecture purement jubilatoire. On est à la fois ulcéré et ému, à la fois horrifié et plein de compassion pour Albert et Edouard.
Le titre lui est un hommage aux derniers mots d’un de ces fusillés qui furent par la suite réhabilités.
Si j’étais juré du Goncourt assurément je voterai pour ce livre.
Le bille d’Ys qui elle aussi a aimé le roman
Le livre : Au revoir là-haut - Pierre Lemaitre - Editions Albin Michel version numérique