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Littérature française et francophone - Page 39

  • Fallir être flingué - Céline Minard

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                      ça pourrait se passer là.........

     

    J’avoue j’ai toujours eu un faible pour les westerns, les bons évidement, mais moi que voulez-vous quand j’entends Dean Martin dans Rio bravo je fonds totalement et je peux rester coller à l’écran pour voir Redford Jeremiah avancer dans les neiges du grand ouest américain.

    Une faiblesse bien sûr mais qui ne m’a pas quitté, alors voyez un peu ma joie et mon excitation après les dix premières pages du roman de Céline Minard.

     

    Je fais acte de contrition, je râle fréquemment contre le peu d’imagination et de souffle des écrivains français, et bien là chapeau bas (de cow-boy) Madame Minard.

     

     

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    Bon je vous la fait courte car vous avez dû déjà lire cela dix fois.

    Nous voilà dans une grande plaine mais avec juste les montagnes à main droite, genre le Wyoming ou le Montana

    Des migrants avancent péniblement, chariots, hommes et bêtes, bien portants et mourants, à quelques pas de là des indiens, des hommes en fuite, des voleurs, des grigous et d’autres au grand coeur. 

     

    Pour faire bonne mesure il y a la quête de nourriture, la chasse, la recherche d’un abri pour la nuit, la traversée des rivières..........

    Si vous êtes comme moi ces mots là ont dû faire apparaitre des images oubliées, de piste suivi par les troupeaux, de campements sous la lune, de danger dans l’ombre.

     

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                                  Hunters' Supper Frederic Remington

     

    Allons un peu plus avant, une ville vient de se créer, sa quincaillerie, son saloon au piano mécanique, ses filles et la tenancière derrière le bar. Il y a le barbier qui fait la peau douce, et celui qui loue tout (ouais ça existait déjà). 

    Que ce passe t-il lorsque les uns rencontrent les autres, des duels au pistolet ? des verres de whisky échangés ? ou des plaies recousues ........

    Voilà je n’irai pas plus loin, si vous hésitez à lire ce livre, regardez Règlement de compte à OK Corral ou alors Eldorado et ouvrez le livre, vous y êtes ..........

     

     

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    vous le reconnaissez le saloon ?

     

    Ici il faut que je remercie Clémence qui m’a donné envie de lire ce livre lors du dernier club lecture de la Médiathèque.

     

    Si vous voulez avoir des détails plus précis c’est chez Lecturissime ou Sibylline et pour avoir un avis masculin allez voir Jérôme

     

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    Le livre : Faillir être flingué - Céline Minar - Editions Payot Rivages version numérique

  • Rappeler Roland

    Un univers de légende

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                                 Légende présente dans les enluminures

     

    Vous l’avez peut être entendue à l’école il y a longtemps et comme parfois les histoires que l’on nous raconte, celle-ci est restée dans votre mémoire……

    Si rappelez vous, l’arrière garde de l’armée de Charlemagne est détruite à Roncevaux, Roland combattant les méchants sarrasins et sonnant de l’olifant inutilement…… 

    D’accord vous connaissez la Chanson de Roland mais l’avez-vous lue ? moi non jamais aussi j’ai profité de cette nouvelle édition pour lire cette chanson de gestes en 4000 vers organisés en 491 laisses fondées sur la répétition. (et toc on dirait que je prépare le bac de français !)

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                               Dans les livres scolaires

     

     

    « Alors Roland sent que la mort l'étreint

     Que de la tête dans le coeur elle descend

    Dessous un pin est allé en courant

    Sur l'herbe verte se coucher sur le ventre

    Glisser sous lui l'épée et l'olifant

    Tourne sa tête vers la foule païenne

     Et il l'a fait parce qu'il veut vraiment

    Que Charles dise avec chacun des siens

     Le noble comte est mort en conquérant »

     

     Première chose à dire si le livre écrit vraisemblablement au XIIème siècle existe bien, les héros de cette chanson de gestes sont sans doute pure invention.

    Pourtant cette épopée est restée dans les mémoires avec son traitre de service, son héros qui se sacrifie, peut-être parce que ce fut un des premiers textes littéraires en français, foin du latin ! 

    Pendant que Charlemagne ne pense qu’à rentrer chez lui, ses fiers chevaliers vont combattre les méchants ….les méchants on ne sait pas très bien quoi, sarrasins, basques, autres ? 

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                Sur les vitraux à Chartres

     

    On est en 778 et Charlemagne quitte l’Espagne, son arrière garde tombe dans une embuscade tendue par le roi Marsile aidé du traite, il en faut bien un, Ganelon.

    Et voilà comment naissent les légendes, le manuscrit ne prendra d’ailleurs le nom de Chanson de Roland que très tardivement au XIXème siècle. Pendant longtemps on la présenta comme un fait quasi historique. Et puis je ne connaissais pas du tout la fin qui raconte la tristesse de Charlemagne et sa vengeance.

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                Roncevaux aujourd'hui

     

    Frédéric Boyer s’est attaché à traduire en français actuel cette épopée. Sa traduction est magnifique, la langue est splendide et le rythme insufflé rend bien la notion d’épopée. On est assez vite envoûté par ces héros.

    Même si le vocabulaire est riche, il est suffisamment à notre portée pour que nous puissions profiter du texte. Le choix de la forme décasyllabique donne un rythme un peu incantatoire qui non seulement n’est pas gênant mais s’apparente sans doute aux façons de raconter des troubadours et autres ménestrels des temps anciens.

    Quant aux deux essais qui encadrent le texte, le premier ne m’a pas intéressé du tout, par contre le second commente et éclaire l’oeuvre de façon utile. 

    Pour résumé Frédéric Boyer dit de la Chanson de Roland, «  C’est l’histoire d’une pâtée militaire qui nous est racontée comme une victoire » 

     

                           Célèbre Jusqu'en Sicile © Gaelle Pelachaud

     

    Si vous êtes sensible aux univers légendaire n’hésitez pas

     

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    Le livre : Rappeler Roland - Frédéric Boyer - Editions POL

  • L'inconnue de Birobidjan - Marek Halter

     Un état juif peu connu

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    affiche incitant à partir au Birobidjan

    Je ne suis pas franchement adepte des romans de Marek Halter mais mon parcours récent en Russie soviétique m’a donné envie de lire ce roman qui se déroule moitié dans la Russie des soviets et moitié aux USA au doux temps du McCarthisme.

     

    Le récit va donc alterner sur les deux périodes de façon totalement convenue mais de façon suffisamment bien faite pour qu’on ne lâche pas le récit.

    1950 Maria Apron fait face avec aplomb à trois élus républicains de la commission des activités anti-américaine dont le sport principal est la chasse aux communistes et espions russes. Très vite il s’avère que Maria Apron a menti, ce n’est pas son nom, elle s’appelle en fait Marina Andreïeva Gousseïev, russe d’origine et entrée aux Etats Unis avec un faux passeport. 

    Elle est accusée d’avoir provoqué la mort d’un espion américain Michael Apron. Elle risque la peine de mort.

     

     

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                    Commission des activités anti-américaine

     

    Il lui faut se défendre, elle est émouvante et dans le public un journaliste prend fait et cause pour elle, il est prêt à croire à son histoire, à l’aider, mais est-ce bien raisonnable, après tout elle est actrice de théâtre et donc à même de tromper son monde. Il va lui falloir beaucoup d’énergie pour l’emporter face à Nixon (eh oui) et un procureur et un juge sûrs de sa culpabilité.

    D’heure en heure et pendant quatre jours, Marina fait défiler son passé, la terrible soirée qui va la faire vivre dans la peur pour des années, elle a côtoyé d’un peu trop près le pouvoir et c’est une proximité dangereuse dans l’URSS de Staline. J’ai retrouvé ici chez Marek Halter un épisode qui met en danger son héroïne comme une histoire un peu similaire enclenchait la destruction de la famille dans le roman d’Axionov Une Saga moscovite. Il ne fait pas bon s’approcher du soleil.

     

     

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    affiche de 1935 

     

     

    Marek Halter dresse le tableau de la vie des théâtres à Moscou juste avant la guerre, enfin une partie de l’histoire se déroule au fin fond de la Sibérie dans cette région autonome  crée de toute pièce par Staline pour y rassembler les juifs : le Birobidjan

     

    Le personnage principal est assez fascinant et c’est elle qui conduit le récit, j’ai aimé l’histoire même si elle peut un peu manquer de crédibilité. J’ai aimé que l’héroïne fasse l’apprentissage du Yiddish, une langue en train de disparaître et j’ai aimé voir Marina faire des efforts pour entrer dans cette langue.

     

    Bon d’accord le récit comporte quelques clichés et Marek Halter aurait fait de ce roman un très bon roman s’il avait traité un peu plus en profondeur ce nouvel état créé par Staline, le Birobidjan dans ce livre est un peu trop fade. Il reste que le roman se lit très agréablement. J'ai passé un bon moment de lecture.

     

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    Le livre : L’inconnue de Birobidjan - Marek Halter - Editions Robert Laffont  version numérique

  • La confrérie des chasseurs de livres - Raphaël Jerusalmy

    Un dénommé François 

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    Quand un premier roman est très réussi le lecteur est toujours à la fois impatient et prudent de voir sortir un nouveau texte.

    Pour Raphaël Jerusalmy qui avait mit dans le mille avec Sauver Mozart, le gant n’était pas facile à relever. 

     

    Il aime bien l’Histoire Raphaël Jerulsamy et il nous propose cette fois de nous retrouver en 1463, le 5 janvier pour être précis.  Ce jour là aurait du être fatal à François Villon, il risque la peine de mort mais en fait il s’en tire avec un bannissement car il a fait un marché avec le roi de France, marché qui va se révéler à la fois tentant, incroyable, trompeur, et dangereux au possible.

     

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    Saint Jean d'Acre

    Le voilà partit en Terre Sainte pour remplir sa part du marché. Il s’agit pour le roi de France de se soustraire autant que faire se peut à l’hégémonie du Vatican grâce à cette nouvelle invention que l’on nomme imprimerie, Villon pour se faire part en quête d’ouvrages, de livres, de manuscrits qui pourraient y aider.

    C’est loin la Terre Sainte et difficile d’accès, bandits, voleurs, mercenaires, tout une cour des miracles pour l’empêcher d’y parvenir. 

     

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       « Un berger émerge d’un oued hérissé de hauts joncs qu’aucune brise ne soulage, poussant son troupeau de chèvres vers les marécages qui bordent la mer morte. »

     

    Son voyage va se révéler surprenant, saviez-vous qu’il existait alors une confrérie secrète, mystérieuse, la Confrérie des chasseurs de livres, François Villon sous ses dehors de mauvais garçon est un lecteur passionné, un homme cultivé qui va devoir se frotter à cette confrérie qui a des liens avec toute l’Europe.

    Les embûches sont nombreuses, les espions sont partout, les ennemis prennent bien des costumes et il va lui falloir toute son intelligence et sa filouterie pour résister à cela. 

     

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    Vous l’avez compris on est dans le roman débridé, l’auteur ne craint aucun tour de passe passe, son imagination galope et cela pour notre plus grand plaisir. 

    Nomades, brigands, espionne, moines, noble érudit à la solde des Médicis, tout est bon pour que le récit bondisse, que les complots fleurissent. 

    Je n’ai pas éprouvé de fatigue et pourtant il y a loin Paris à Jérusalem, les péripéties sont multiples,  les chemins sont tortueux mais que voulez vous le désert est toujours attrayant et François Villon est un compagnon de route tout à fait irrésistible.

     

     

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                                                 Jérusalem © Barak Brudo

     

    Ne vous y trompez pas le roman est parfaitement documenté, aucun anachronisme, on est projeté sous les remparts de Saint Jean d’Acre, dans les ruelles de Jérusalem sans coup férir et si je reste un peu vague c’est pour ne pas vous gâcher le plaisir de la découverte. Grâce soit rendue au roman historique quand il ressemble à celui là. L’amour des livres, le respect des érudits chercheurs est à la base même du livre.

     

    Le livre : La Confrérie des chasseurs de livres - Raphaël Jerusalmy - Editions Actes Sud

     

     

  • L'obèle - Martine Mairal

    Une fille d'Alliance

     

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    Je me suis promenée chez Montaigne au début de l'été et voici un billet pour clore ma balade un livre que Rosa m'a soufflé

     

    Marie de Gournay est née quelques années avant que Montaigne ne se retire de la vie publique et n’écrive les premières pages de ses Essais.

    Bien que fille, elle réussit à obtenir de ses parents de faire des études, elle apprend le latin, le grec et les sciences et elle lit autant que faire se peut.

    Dix sept ans est le tournant de sa vie, l’âge auquel elle découvre les écrits de Montaigne

     

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    Le temps de la Saint Barthélémy

    « A dix-sept ans, j'entrais en érudition comme on entre en religion; la religion d'un livre qui les contient tous : les Essais de Michel, Seigneur de Montaigne ».

    Ce livre la comble totalement, il « parlait à mon esprit avec une limpidité et une force jamais éprouvées» dit-elle

     

     

    Aujourd’hui les lecteurs qui veulent rencontrer leur auteur favori se rendent au salon du Livre, à l’époque rien de tel, surtout pour une fille qui est déjà en délicatesse avec sa famille ayant systématiquement refusé tous les partis qu’on veut lui faire épouser. 

    Lorsqu'elle apprend que Montaigne est à Paris pour des raisons politiques, elle lui écrit une missive pour solliciter une entrevue et espère que Montaigne saura l'entendre

     

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                                Le Paris des guerres de religion

     

    «  Si je provisoire échapper, fût-ce une fois dans ma vie,à la mauvaise réputation que me veut ma féminine complexion » lui écrit-elle.

     

    Et le miracle se produit, l'auteur lui rend visite en sa demeure.

    « Au premier regard, il pénétra l'extraordinaire de cette rencontre, sut tout de moi, me saisit d'emblée différente, me décida son égale en esprit sinon en âge ... ».  

    Elle craint d'être déçue « Je tremblais d'angoisse, non de ne point lui plaire, mais bien qu'il ne me plût point.»

    Mais bien vite il la reconnaît comme une âme sœur :  « Rares sont les vrais lecteurs labourant à moissonner toute l'étendue du champ de la pensée » et l'amitié littéraire est immédiate.

    Cette amitié se poursuivit jusqu’à la mort de Montaigne.

     

    Il la fait sa fille d'alliance, ce qui sera souvent contesté par certains des amis de Montaigne car  «  Rares sont les femmes que leur noblesse, leur richesse ou leurs alliances tiennent quittes d'obéir au sort commun qui les veut niaises à douze ans, belles à quinze, mère à dix-sept, résignées à vingt, vieilles à vingt-cinq et dévotes à trente si elles ont survécu. »

     

    Marie apprenait son futur rôle d'éditrice. Il lui expliqua l'obèle :

     

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    « Voyez ce signe, Marie. Trois traits  y suffisent. Une barre verticale ferrée de deux traits brefs à chaque extrémité. Tant me plaît cette petite broche que les copistes alexandrins dénommaient obélos. J'ai fait mien ce signet de leurs hésitations sur l'authenticité de tel ou tel vers d'Homère. Il saura vous parler quand je me serai tu. Suivez-le à la trace. Il indique le point de bifurcation où enchâsser mon ajout dans mon texte ».

     

    Montaigne utilisait ces signes en permanence, ses Esssais se voyaient enrichir en permanence d’allongeails qu'il signalait d'un obèle.

     

    Marie de Gournay a tenu salon et aurait pu être académicienne, seul l’acharnement de quelqu’uns l’en empêchèrent, elle put ainsi consacrer sa vie à l’édition des Essais «  Sans la vigile fidélité de Pierre de Brach, sans la volonté de Françoise de Montaigne de faire respecter les vœux de son époux, j'eusse été écartée de l'histoire des Essais, notre amitié niée, sa langue épurée, censurée et ses papiers détournés »

    Elle fut à l’origine des éditions de 1595 et 1598 pour lesquelles elle demeura dans le manoir de Montaigne et travailla librement dans sa librairie car elle détenait la confiance de la femme et de la fille de Montaigne.

     

     

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    Le titre peut éloigner des lecteurs et ce serait dommage, mais il faut bien dire que Martine Mairal s’en donne à coeur joie avec les mots disparus de la langue française, obèle est de ceux là, ces mots même que l’Académie de l’époque voulait voir supprimer du dictionnaire au grand dam de Marie de Gournay.

    Martine Mairal croit à l’amitié amoureuse entre ces deux êtres « Il me fut Michel, je lui fus Marie. Le reste ne regarde que nous. » fait-elle dire à Marie de Gournay.

     

    Quand on sait que pendant des années, l’Université Française a fait la fine bouche à propos de Montaigne, ne lui reconnaissant pas le titre de philosophe, on s’étonne moins que ce roman magnifique soit passé quasi inaperçu à sa sortie.

    En ces temps de rentrée littéraire il est bon de se rappeler qu’il ne suffit pas d’être de paraitre à l'automne pour être un bon roman. 

     

    Merci à Rosa 

     

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    Le livre : L’Obèle - Martine Mairal - Editions Flammarion 

     

  • Au revoir là-haut - Pierre Lemaitre

    Escroqueries à la mort

     

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    Novembre 1918 à quelques jours de la fin de la guerre.

    Trois personnages sont présents dont un parfait salaud.

    Pour être reconnu, pour gagner un galon, le lieutenant d’Aulnay-Pradelle aristo désargenté envoie son régiment à l’abattoir et plus encore.

    Edouard Péricourt le grand bourgeois et Albert Maillard le prolo vont en faire les frais.

    Edouard sauve Albert d’une mort certaine mais le paie par une blessure épouvantable qui lui emporte la moitié du visage.

     

     

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    Entre eux c’est à la vie à la mort. Après le champs de bataille, l’hôpital, les voilà de retour à la vie civile.

    L’aristo  va jouer des coudes afin de faire fortune et de restaurer son domaine. Il n’est pas à une bassesse près et les milliers de famille qui attendent qu’une sépulture soit donnée à leurs morts vont lui servir de marche pieds vers la gloire et la richesse.

     

     

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                     Douaumont © POL EMILE/SIPA 

     

    Quant à Edouard et Albert, eux sont les sacrifiés de l’Histoire. Ils vont devoir se débrouiller pour tenter de retrouver une place dans une société qui ne veut pas d’eux, qui préfère les morts aux vivants. Alors la voix la plus simple est l’arnaque  et utilisant les talents de dessinateur d’Edouard ils vont qui prendre une revanche en utilisant le très fort intérêt des familles pour les monuments aux morts qui fleurissent dans les villes et villages.

    On le voit rien de très moral ici, arnaque, forfaiture, mensonge, usurpation d’identité, j’en passe et des meilleurs…….

     

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                               © Jean-Étienne et Dominique Guerrini

     

    L’auteur de ce livre dit dans une interview sur France Culture sa volonté à la suite de lectures d’adolescence, d’écrire sur cette guerre et ses soldats mais se défend d’avoir écrit un roman historique.

    L’auteur jette un regard ironique sur les événements, comme une protection contre l’horreur. Il a mis au service de ce roman au sujet très sérieux, son sens du récit qui prend des allures de page turner. Les héros sont des marionnettes que l’Histoire fait danser. 

    Le tour de force de Pierre Lemaitre c’est de faire de cette histoire proprement féroce et indigne, un moment de lecture purement jubilatoire. On est à la fois ulcéré et ému, à la fois horrifié et plein de compassion pour Albert et Edouard. 

    Le titre lui est un hommage aux derniers mots d’un de ces fusillés  qui furent par la suite réhabilités. 

     

    Si j’étais juré du Goncourt assurément je voterai pour ce livre.

     

    Le bille dYs qui elle aussi a aimé le roman

     

     

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    Le livre : Au revoir là-haut - Pierre Lemaitre - Editions Albin Michel version numérique