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Littérature française et francophone - Page 40

  • La Vallée seule - André Bucher

    Un temps de neige

     

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                      village sous la neige 

     

    Un sixième roman, mais pour moi une troisième lecture. 

    Je vous ai présenté il y a quelques mois André Bucher et je vous ai dit tout le bien que je pensais de son précédent roman Fée d’hiver. Avertie par les éditions du Mot et le reste de la parution prochaine d’un nouveau livre, je guettais.

     

    Dès les premières lignes je sais que je vais aimer ce livre, même s’il devance un peu l’appel en nous emportant dès maintenant dans un paysage de neige :

    « Dans toutes les régions montagneuses, la neige est auréolée d’un grand prestige. Elle décide du sort des récoltes, de la survie des arbres ainsi que de la santé des sources. Chaque année sur le point d’envahir le pays, elle consulte la rose des vents pour se souvenir du paysage qui s’endort sous elle et se réveillera à son départ »

     

     

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    Nous retrouvons la montagne et la vallée chers au coeur d’André Bucher.

    Une multitude de personnages qui habitent le village ou les pentes de la montagne, sont pris dans les mailles des saisons, certains vont mourir, d’autres connaitre des épreuves et enfin certains vont trouver la force de revivre. 

    Les personnages sont tous des êtres hors normes, le couple de marionnettistes, le garde chasse qui est venu là oublier un passé douloureux, Martha et Ludovic encore tout environnés de la grâce de l’enfance. lls sont tous un peu à part et ne peuvent qu’accepter le destin, que celui-ci soit tendre avec eux ou qu’il soit terrible.

     

     

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    Mais le vrai personnage du roman c’est le cerf, un cerf majestueux qui tout au long du récit se cache, se protège, évite les hommes et déjoue leurs pièges. 

    « ll avait assimilé comment se comporter avec ceux qui le chassaient. ll connaissait leurs habitudes, leur pas, leur odeur »

    Un récit qui prend parfois les accents d'une parabole dans une nature par qui tout se fait, grâce à elle ou contre elle. 

     

    Roman mélancolique, doux-amer mais porté par l’écriture d’André Bucher qui lui donne une force qui fait fi du froid, du malheur, et dont la langue râpeuse est dédiée au Dieu Pan.

     

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    Le livre : La Vallée seule - André Bucher - Editions Le Mot et le Reste 2013

  • Ecouter la Recherche

     

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    Grâce à Cathe j’écoute chaque jour « Un été avec Proust » qui présente Proust et sa Recherche sous toutes ses facettes.

     

    Depuis quelques années je me régale de la Recherche lue par les plus grandes voix du théâtre.

    André Dussollier, Lambert Wilson, Robin Renucci, Guillaume Gallienne, Denis Podalydès et Michaël Lonsdale :

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    C’est un parcours superbe qu’il faut faire à son rythme et par forcément dans l’ordre d’ailleurs. 

    Après on a ses préférés, pour moi c’est le Combray du Côté de chez Swann, la rencontre avec Elstir ou le Temps retrouvé. 

     

    Aujourd’hui la série des Editions Thélème est dans toutes les bonnes médiathèques et sinon réclamez là, cent ans ça se fête non ? 

     

    Ecoutez des passages ici 

  • Proust à Illiers Combray - Christophe Pradeau

     

    Quelle meilleure façon de fêter les cent ans de l'édition de la Recherche du temps perdu qu'avec des livres ? 

    J'ai sorti de ma bibliothèque quelques uns de ceux qui m'ont raconté le petit Marcel enfant, le Proust mondain, le promeneur de Combray, le jeune homme de Balbec.

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    Je vous recommande ces 4 livres qui font un joli tour d'horizon de la recherche, ses lieux, ses personnages. 

    Le dernier en date est signé Christophe Pradeau, un auteur que j'ai déjà croisé à l'occasion d'un roman de cet originaire du Périgord
    Ici c'est son amour pour Proust et de la Recherche qui lui a fait commettre ce petit livre : Proust à Illiers-Combray.

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    « Combray n’est pas seulement un nom de lieu, c’est le nom d’un âge de la vie, celui de l’enfance, des verts paradis, l’île ensoleillée de souvenirs »

     

    On pourrait croire que Marcel Proust a passé un temps fort long à Illiers puisque l’on a rebaptisé la petite ville Illiers-Combray afin de l’attacher définitivement à l’oeuvre et à l’écrivain.

    Pourtant ce ne sont guère que quelques été et courtes vacances que le petit Marcel passa ici. Mais la force de l’évocation dans son roman est telle que pour tout lecteur de la Recherche Illiers et Combray ne font qu’un.

     

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                            La maison des souvenirs

     

    J’ai appris avec intérêt (et à ma grande honte cela ne m’avait pas frappé à la lecture de la recherche) que Proust changea la localisation de Combray et transporta la ville en Champagne afin de la voir détruite au moment de la guerre !! Si cela doit prouver quelque chose c’est que « la vérité d’un roman est moins dans la lettre du texte que dans le souvenir qu’il laisse en nous ».

    Je ne me sens pas trop honteuse quand j’ai découvert que Giono plaçait Combray en Normandie….

     

     

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                      Le père peu présent dans le roman

     

    Christophe Pradeau arpente les rues d’Illiers et c’est l’occasion pour lui de nous rappeler que cette ville est sous le signe des Proust mais surtout sous celui d’Adrien Proust, le père, le médecin, l’ennemi juré du choléra et de la peste. Il est certain que pour cette ville endormie en début du XXème siècle c’était un souvenir moins sulfureux que celui de Marcel Proust trainant derrière lui des relents de scandale.

    A sa suite on pénètre dans la maison de Tante Léonie, tante qui n’a jamais existé, on fait un « tour de jardin »derrière la grand-mère du narrateur « par tous les temps, même quand la pluie faisait rage et que Françoise avait précipitamment rentré les précieux fauteuils d’osier »

     

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                                         Le pré Catelan 

     

    C’est un pèlerinage littéraire que l’on fait, il y a peu de lieu qui font autant corps avec un auteur au point de se confondre avec lui et faire qu’un lieu imaginaire s’incarne aussi fortement dans le réel. Je ne vois par comparaison que le Château d’If où les visiteurs tiennent à voir le trou creuser par Edmond Dantès dans sa cellule.

     

     

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               Les nymphéas de la Vivonne

     

    Si vous êtes un amoureux de Proust alors ajoutez ce livre à votre bibliothèque et prenez le temps d’aller flâner au Pré Catelan et tremper vos mains dans la Vivonne.

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    Le livre : Proust à Illiers-Combray - Christophe Pradeau - Editions Belin

  • Retour à Yvetot - Annie Ernaux

     

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    J’ai découvert Annie Ernaux lors de la parution de La femme gelée,  le roman se déroule à Annecy ville où je vivais alors, enthousiaste j’ai ensuite suivi le tracé naturel de ses parutions. 

    J’ai pratiquement lu tous ses livres et je les ai tous aimés. J’aime son écriture, son questionnement sur l’enfance, sur l'amour, sa passion des livres, sa langue verte parfois, j’ai compris sa rupture avec son milieu d’origine et la honte et les scrupules qui s’en suivirent. 

    Son roman le plus abouti  Les Années est un livre superbe que j’ai lu et relu. 

     

    Tout naturellement le billet de Margotte m’a immédiatement fait de l’oeil et j’ai commandé aussitôt  Retour à Yvetot qui sans être un récit, nous en apprend beaucoup sur l’auteur.

    Est-ce que j’ai aimé ? oui j’ai aimé le ton simple et la pudeur qui s’en dégagent. J’ai aimé ce retour publique toujours repoussé jusque là sur les lieux de l’enfance. 

    Il ne s’agit donc pas d’un roman mais du texte de la conférence qu’Annie Ernaux donna à Yvetot, sa ville natale son «  lieu de (ma ) mémoire la plus essentielle, celle de mes années d’enfance et de formation » avoue-t-elle.

     

    Ce retour aux sources est à la fois intéressant et émouvant. La petite fille revient sur La place  de son enfance et nous faisons connaissance avec son passé à travers une série de photos.

    Toujours un peu hantée par la honte de sa condition de fille de cabaretier, toujours souffrant des humiliations ressenties on retrouve ici l’auteur sans fard aucun, et j’ai aimé la simplicité de ce retour. Si vous n’avez jamais lu ses romans ce livre perdra peut être un peu de son intérêt mais il pourrait aussi vous inviter à ouvrir les romans d’Annie Ernaux.

     

     

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    Je lis peu la littérature française mais Annie Ernaux à une place à part dans ma bibliothèque et ce petit livre va se faufiler sur l’étagère.

     

    Le livre : retour à Yvetot - Annie Ernaux - Editions Mauconduit

  • Le Vampire de Ropraz - Jacques Chessex

     

    Croyez-vous aux vampires ? 

     

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                              Jacques Chessex y croyait peut être 

     

     

    C’est à la suite de mon billet sur le roman de Ramuz que j’ai parlé du livre de Jacques Chessex. Même si le récit est assez différent, les feux romans ont des points communs.  

    Ce livre je l’ai en fait écouté et je vous assure que ce type de roman passe très très bien pour une lecture audio

     

    Nous sommes en terre vaudoise, à Ropraz, le village où J Chessex a fait construire sa maison et nous raconte un fait divers bien réel.

     

     

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                          le cimetière de Ropraz

     

    En 1903 la tombe d’une jeune fille décédée à 20 ans est retrouvée profanée. C’était Rosa Gilliéron la fille du député local. Le cadavre a été mutilé sexuellement et le coeur a disparu.

    Imaginez l’effet de cette découverte sur un monde rural en proie aux superstitions les plus folles, une terre où la violence dans les familles est entretenue par l’alcool, un village où la cruauté l’emporte parfois sur le sordide.

     

     

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    Le journal de Lausanne parle immédiatement du « Vampire de Ropraz » la panique s’empare des villages du canton, très vite cela tourne à l’hystérie collective.

    Peur, méfiance, haine, délation, toute la panoplie est là, tout est près pour que l’on trouve un bouc émissaire d’autant qu’il y a deux nouvelles victimes. 

    Comme d’habitude dans ce cas là, c’est le plus incapable de se défendre qui est montré du doigt. Un garçon de ferme pas très malin, aux pratiques sexuelles discutables, le profil parfait du coupable.

    La sanction tombe : réclusion à perpétuité en hôpital psychiatrique.  

     

    Cette histoire sombre est captivante, le texte très dépouillé, très prenant. La folie collective est remarquablement évoquée, la justice qui se met en branle est parfaitement rendue, la façon qu’à Chessex de nous livrer les secrets les plus noirs fait de ce livre un excellent moment de lecture. Il est un adeptes des contes et légendes et nous avec lui.

    La lecture de Lionel Epaillard est parfaite. 

     

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    Le livre audio :  Le Vampire de Ropraz - Jacques Chessex - Lu par Lionel Epaillard  - CDL éditions

    Vous pouvez le lire au Livre de poche

     

  • Comment vivre ? Une vie de Montaigne

    Pourquoi ne pas tenter l'aventure ?

     

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    Vous êtes déjà un lecteur assidu des Essais ? ce livre va vous enchanter par la richesse des points de vue développés.

    Vous êtes un nouveau lecteur de Montaigne ? c’est une entrée en matière splendide, familière, éclairante. 

    J’ai acheté ce livre parce que je suis toujours à l’affut de livres sur Montaigne et aussi parce que l’auteure dans sa prestation à la Grande Librairie m’a paru simple et joyeuse.

     

    Ma bibliothèque Montainienne est déjà bien fournie et pourtant ce livre m’a vraiment enchanté. 

    Ce que j’ai aimé ? 

    Tout d’abord le ton : gai, jovial, enlevé et savoureux. Il y a un joli clin d’oeil à Montaigne et ses Essais , à l’homme qui aimait tant la conversation, car c’est à une conversation entre amis que nous convie Sarah Bakewell.

     

     

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    L’auteur a fait le choix de chapitres qui questionnent le texte des Essais.

    Y a t-il une bonne façon de vivre ?  Sarah Bakewell balaie ainsi tous les thèmes chers à Montaigne et pour chacun propose une tentative de réponse, une solution, un truc, un conseil qu’elle va chercher chez le philosophe qui lui, préfère parfois nous livrer son point de vue par petits bouts, bien caché au milieu d’anecdotes, de digressions ou de citations latines.

     

    Comment vivre ? 

    - Lire beaucoup, oublier l’essentiel de ce qu’on a lu (ohhhhh)

    - Utiliser de petites ruses

    - Tout remettre en question

    - S’arracher au sommeil de l’habitude

    - Faire du bon boulot sans trop ( je l’aime beaucoup ce chapitre là) 

    Et beaucoup d’autres comme : Garder son humanité, un thème qui revient souvent sous la plume de Montaigne lui si résolu contre la torture, les procès en sorcellerie, l’intolérance, les conflits armés. 

     

     

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    Une façon de revisiter les essais tout à fait réussie, pas une fausse note, pas un moment d’ennui. L’auteure nous invite avec espièglerie à retrouver Montaigne dans ses successeurs qui furent parfois des frères ennemis : Pascal ou Rousseau qui le pillèrent tout en le critiquant, s’en inspirèrent tout en le moquant. 

    Pas possible de sortir du livre avant d’avoir croiser Shakespeare ou John Florio, Nietzsche, Virginia Wolf ou Stefan Zweig, admirateurs inconditionnels.

     

     

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    un article de la société des amis sur le livre de Sarah Bakewell

    Ce livre doit se lire avec à côté de soi une version des Essais comme celle d’Arléa qui permet une approche simple de la langue et une traduction immédiate des citations sans avoir recours à des notes.

    Ce livre sera votre allié, votre aide, votre lampe de secours quand Montaigne se fera un peu obscur, quand vous errerez un peu dans  son maquis, quand vous perdrez le fil de sa conversation.

    Le père de Montaigne souhaitait que son fils apprenne avec « douceur et liberté sans rigueur et contrainte »  c’est exactement ce que Sarah Bakewell nous propose. La traduction est parfaite !!

     

    On sent dans ce livre toute la richesse des Essais, ce livre « à hauteur d’homme » et toute la passion de Mme Bakewell qui dit à la manière de Montaigne « Quand j’aime, j’aime »  

     

     

                    Une interview de l'auteure

     

     

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    Le livre :   Comment vivre? Une vie de Montaigne en une question et vingt tentatives de réponse  - Sarah Bakewell - Traduit par Pierre-Emmanuel Dauzat - Editions Albin Michel