Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Littérature française et francophone - Page 42

  • Dans l'ombre de la lumière - Claude-Pujade Renaud

    L'amour dans l'ombre

    carthage.jpg

           Les ruines de Carthage © JEAN-PAUL GARCIN / PHOTONONSTOP

    J’ai déjà par deux fois chroniqué des livres de Claude Pujade-Renaud. Pour les deux ce fut un grand plaisir de lecture et tout naturellement j’ai acheté celui à qui vient de sortir.

    Fidèle à ses romans précédents l’auteur nous transporte ailleurs et loin dans le temps.

     

    Carthage aux alentours de l’an 400 après JC. Le monde romain vit ses dernières années, le monde chrétien s’est rapidement étendu, le monde païen se métamorphose, les croyances ont évoluées, de nouvelles sectes ont vu le jour, les chrétiens s’opposent entre eux. Le peuple hésite entre ses habitudes, ses certitudes et les promesses de la nouvelle religion.

    C’est une femme qui va prendre la parole, Elissa, une femme instruite, intelligente, encore belle. Elle vit près de Mégara (faubourg de Carthage ….vous vous rappelez ?) où elle pétrit l’argile pour gagner sa vie. Une rumeur va la ramener loin dans le temps, un évêque doit arriver d’Hippo Regius, un homme « tout feu tout flamme » et qui parait-il prêche bien.

     

    saint-augustin-latran.jpg

                   Saint Augustin - Palais du Latran

    Elissa le connait bien cet Augustinus, elle fut sa concubine pendant plus de quinze ans, elle fut la mère de son enfant. Tous deux appartenaient à la secte des manichéens.

    Liés par un amour fou, combien elle l’a aimé et admiré cet Augustinus qui « pouvait réciter à la suite plusieurs chants de l’Enéide ou un traité de Cicéron »

    Il l’a répudié pour un riche mariage, puis il s’est converti à la religion chrétienne sous la pression de Monnica sa mère, une mère aimante et inflexible et manipulatrice.

     

    Fra_angelico_-_conversion_de_saint_augustin.jpg

                       La conversion de Saint Augustin - Fra Angelico

    C’est le portrait d’Elissa que nous dresse Claude-Pujade Renaud, une femme qui ne s’est jamais consolé de la perte d’Augustinus, qui a toujours suivi de loin son ambitieux compagnon, le début de sa célébrité, et aujourd’hui elle peut même le lire, chez Silvanus le scribe qui copie les discours, les sermons et lui permet d’entendre à nouveau la voix d’Augustinus à travers ses Confessions.

     

    jpg_Benozzo-Gozzoli.-St.8jpg.jpg

             Benozzo Gozzoli. Chapelle Saint-Augustin. San Gimigniano.

     

    Un livre tout de passion. On passe du réel à l’imaginaire sans effort aucun, le tableau de cette période est très réussi, ce moment où comme le disait Paul Veyne « notre monde est devenu chrétien ».

     

    L’auteur a su parfaitement joué de l’absence totale de traces de la concubine d’Augustinus et elle en fait un portrait sensuel et vibrant mélangeant l’Histoire et leur histoire d’une belle écriture.

     

    Annie a également aimé ce livre.

    9782330016807FS.gif

     

    Le livre : Dans l’ombre de la lumière - Claude Pujade-Renaud - Editions Actes Sud 

  • Liberté dans la montagne - Marc Graciano

    Le temps de l'imaginaire

     

    9782714310989FS.gif

     

    Comment parler d’un livre que l’on a énormément aimé au point d’avoir envie de le garder pour soi ? 

    la-belle-albarine.jpg

    « Depuis bien des jours le vieux cheminait avec la petite le long de la rivière. »

     

    Le livre débute comme un récit initiatique, vous ne saurez jamais où se passe le récit, ni le nom des deux personnages, ni d’où ils viennent, ni où ils vont.  

    Le vieux et la petite vont cheminer ensemble tout au long du roman, le vieux protégeant la petite, l’éveillant à ce qui l’entoure, la portant quand elle est fatiguée, la réchauffant quand elle a froid, la nourrissant avec amour. 

    Ce que l’on devine c’est que le récit fait retour vers un monde médiéval, un monde ancien. L’homme et l’enfant vont affronter ensemble des épreuves. 

    Un moyen-âge imaginaire se déploie, le village et ses remparts, un tournoi avec des chevaliers en cotte de mailles et des dames portant hennin, le travail des artisans le long de la rivière. 

     

    Scene-Tournoi.jpg

    Ils vont croiser la route d’une série de personnages, bienveillants ou dangereux, comme les figures d’un ancien jeu de cartes, l’auteur les nomme : il y a le géant, l’abbé, le veneur. Les lieux traversés sont nommés avec le même laconisme : le marais, la ville….

    Le vieux se fait éducateur :

     

    « Il lui dit qu’ils possédaient le ciel et il lui dit qu’ils possédaient la forêt et il lui dit qu’ils possédaient les poissons dedans la rivière et aussi les animaux de la forêt. Il lui dit qu’ils possédaient les plantes et il lui redit qu’ils possédaient le ciel et aussi les oiseaux dedans le ciel »

     

    Le-daguet-repousse-BC4_6069_1400-1200-scale--95-924e8.jpg

    « De grands et nobles animaux enfantés par la nuit des forêts et le vieux lui parla de leur vie de bêtes traquées. Il lui parla de leur vie de proies fugitives et lui parla de leurs moeurs. Il lui parla des rudes combats entre mâles et  lui parla des femelles faonnant dans les chambres de feuillage. »

     

    Il lui nomme le monde, lui montre ses beautés et ses pièges

    « Chaque fois qu’il le pouvait, le vieux enseignait la petite sur les êtres et sur les choses qu’ils rencontraient. Le vieux nommait à la petite toutes les choses qu’elle découvrait et, quand il le connaissait, il lui en décrivait l’usage. »

     

    Chasse_chasse10.jpg

     

    Il l’avertie de la folie des hommes lorsqu’ils assistent à un exécution 

    gibet.jpg

    « le vieux dit à la petite qu’il n’existait pas de mot pour le décrire et il se tut en poursuivant sa marche puis, après un moment encore, le vieux reprit la parole et il dit à la petite fille que, de surcroît, il n’aurait servi à rien de l’inventer. »

     

    camp6.jpg

     

    Avec lui elle découvre le monde, sa violence, ses lois, sa beauté.

    Le chemin sera long et semé d’embûches, de belles rencontres, de dangers évités pour atteindre le but du voyage.

     

    Le récit se déploie et l’auteur utilise un mode d’écriture basé sur la répétition, ces répétitions transforment les phrases en litanies, donnent au récit un rythme lent et procure une sensation un peu hypnotique.

    C’est une écriture qui envoûte mais qui aussi se mérite, l’auteur vous fait parcourir des lieux escarpés et sa langue est elle-même une épreuve initiatique.

    Pour le lecteur aussi il s’agit d’apprentissage, les mots du travail, des outils, de la chasse, de la pêches, les mots des joutes et des tournois. Ils sont autant de pièges et de détours qu’il vous faudra passer. 

     

    J’ai noté au fur et à mesure tout un vocabulaire inconnu, inusité, rare, et j’ai béni mon Littré et mon Dictionnaire historique de la langue française. 

                       brousser   cabarer    eubage    

                    cosnil    camail  archiatre  faonner 

                         muid  brassin  abeausir 

                   toue   achevaler  ablais   dosse 

                         ébarouir    adamantin

              

    Pour apprécier ce livre il faut accepter de se laisser surprendre, ensuite on est envoûté et on pénètre dans les terres secrètes de Marc Graciano.

    Ce livre est beaucoup plus qu’une bonne surprise, c’est un récit splendide auquel il faut faire une place dans votre bibliothèque.

     

    Le Livre : Liberté dans la montagne - Marc Graciano - Editions José Corti

     

    L’auteur : C’est le premier roman de Marc Graciano qui est infirmier en psychiatrie et vit près du plateau du retord dont les paysages ont sans doute inspiré plusieurs pages de ce roman

    800px-Plateau_de_Retord-1.jpg

     

     

  • Esquisse d'un pendu - Michel Jullien

    L'atelier du copiste

     

    copistes.jpg

    " Ses doigts doivent contraindre le calame à pression égale, lui imprimer la même force afin que l'écoulement sorti de la tuyère reste homogène"

     

    Partons à Paris vers 1375 pour faire connaissance de Raoulet.

    Raoulet d’Orléans est copiste, son atelier, composé de laïcs, travaille pour le roi Charles V, il fait partie de ces artisans relieurs, enlumineurs, libraires, qui travaillent par privilège royal

    Raoulet n’est pas un patron très sage, non c’est plutôt un joyeux luron au gosier en pente et aimant la bonne chair, un de ses passe-temps favori est de courir les tripots de la ville, bouges, ribaudes n’ont pas de secrets pour lui, parfois curieux il assiste au spectacle donné à Montfaucon.

     

    Montfaucon.jpg

    Le gibet de Montfaucon  " La machine domine les guinguettes : elle agit comme un théâtre de faubourg, un Grand Guignol avant l'heure"

     

    Le roi lui passe commande de deux livres peu ordinaires, finit les Bibles à répétition, le voilà charger de codex prestigieux un texte d’Aristote traduit pour la première fois en français, et Les Grandes Chroniques de France. 

    Deux livres très différents, un reflet de la pensée grecque, une oeuvre universelle et de l’autre, un livre de commande destiné à servir la gloire du roi et de ses prédécesseurs, moins noble, mais qui peut assurer la richesse du copiste.

    Le travail sera long surtout que par sécurité Raoulet fait faire une seconde copie à son atelier, une sécurité, une assurance sur l’avenir. 

    Un travail long, après le travail des copistes le livre passe en atelier d’enluminure, une faute, une tâche, une coquille et toute une page est à refaire, la commande peut prendre du retard.

     

    copiste remettant son oeuvre.jpg

      " Une assemblée extraordinaire n'attendant plus que lui"

     

     

    Le maître d’oeuvre est attentif à tout faux pas, c’est lui qui apposera sa marque, le « congé de l’écrivain » dans un « cul de lampe » à la dernière feuille. Pas question que cette signature soit entachée d’erreur ou pire d’irrégularité. Il en fait parfois des cauchemars surtout lorsqu’un soupçon de contrefaçon lui vient. Plagiaires et faussaires font leur apparition au mépris du risque encouru : une place sur le gibet de Montfaucon !!

    Raoulet mène l’enquête, ne pensez pas pour autant être dans un polar, non rien à voir, Michel Jullien préfère plutôt la parabole.

    culdelampe.jpg

                                              Cul de lampe

     

    Il met en scène un métier qui est sur le point de disparaître, tout près se profile la presse de Gutenberg qui va à jamais ruiner les ateliers de copistes

    Raoulet est un peu inquiet mais cache cela derrière une jovialité moqueuse, quoique dangereux ce papier cet « attrape-nigaud » ne saurait perdurer n’est-ce pas ?

     

    Le vocabulaire est d’une grande richesse et d’une grande précision, souvent on devine le sens des mots, d’autres exigent le recours au dictionnaire et de temps à autre les mots du moyen-âge viennent se frotter aux mots d’aujourd’hui avec un anachronisme réjouissant.

    Le roman interroge l’époque actuelle : le moyen-âge connut le passage du  livre réservé aux puissants à ce qui deviendra le livre pour tous. L’imprimerie a chassé les copistes, le numérique chassera-t-il le papier ?

    livrenumerique.jpg

                                               Demain ? 

     

     

    Petite mise en garde : le premier chapitre peut rebuter et même vous faire fermer le livre. La solution ? passez directement au second chapitre vous reviendrez ici en temps voulu.

    Un livre un peu exigeant mais qui procure un grand plaisir et qui pose une vraie question.

     

    L’avis d’ Yspaddaden 

     

    Le Livre : Esquisse d’un pendu - Michel Jullien - Editions Verdier 

  • Les Pierres Sauvages - Fernand Pouillon

    Le temps des bâtisseurs

     

    hxazp6e0.gif

     

    Au  XII ème siècle un moine mandaté par Bernard de Clairvaux se rend à Notre-Dame de Florielle pour organiser la mise en chantier d’une future abbaye.

    Il arrive par Avignon et les Alpilles et fait halte à Montmajour

     

     

    2001-avril-abbaye montmajour 4.jpg© ivre de livres

     

    « Le jour de la saint Jean de Damas nous nous sommes arrêtés à Montmajour »

     

    Sur le futur emplacement le défrichement de la forêt a déjà commencé. Le chantier est né. Il est le maître d’oeuvre et va dans les mois qui suivent organiser le travail.

    La préparation est ingrate, longue et nécessite l’embauche de tous les corps de métier nécessaires : carriers, forgerons, potiers, bûcherons.

    Il faut en premier lieu construire des bâtiments annexes où loger les moines, les convers et tous les ouvriers. Il faut essarter, labourer, semer, créer potager et verger, pressoir et moulin à huile, bergerie et étable, le nécessaire pour assurer la subsistance de tous. Un jardin des simples pour soigner.

    Un potier est en charge des tuiles qui couvriront les bâtiments. Des charpentiers préparent les longues poutres et solives qui serviront à la charpente.  

     

    Le travail est lent

    « Dans les meilleurs conditions, six années seront consacrées à à l’extraction et à la taille. » les matériaux choisis ne sont pas ceux auxquels les tailleurs de pierre sont habitués, il y a là des pierres fragiles, d’une couleur inhabituelle, des « pierres sauvages ».

    abbaye-thoronet6.jpg

                             Abbaye du Thoronet 

     

    Contre tous il choisit de monter les murs sans utiliser de mortier pour garder toute sa beauté à la pierre, mais cela exige un travail plus difficile, la taille doit être parfaite.

    abbaye-thoronet4.jpg

    Il est alternativement confiant et inquiet mais pour lui « la difficulté est l’un des plus sûrs  éléments de la beauté » il tente de ne jamais oublier les vertus nécessaires « Patience, Persévérance et Humilité ».

     

    Il ne peut oublier son rôle spirituel, faire vivre ensemble des hommes différents, les uns sont de simples ouvriers, les autres voient là une mission de foi.

    Il lui faut  respecter les prérogatives de chacun, ménager la susceptibilité des uns et des autres. Il est garant de la règle de Saint Benoît tout autant que de la bonne avancée des travaux et parfois le souci du chantier le pousse à accepter quelques entorses à la règle sacro-sainte.

    Les accidents, les intempéries, la dégradation de sa santé le font parfois douter de la réussite du projet, doutes et regrets l’assaillent, il aurait voulu avoir le temps pour « Etudier, observer, contrôler, revenir en de nombreux repentirs, afin d’atteindre une perfection certaine. »

    abbaye_thoronet.jpg

    Ce journal de la construction de l' abbaye du Thoronet est d’une austérité toute bénédictine, le récit est âpre, rude, à l’image du futur édifice. C’est dans le même temps  une chronique très vivante et une méditation sur la volonté qui portait ces hommes pour affirmer la puissance divine par une oeuvre belle, simple, qui rende présent l’invisible.

    Un très beau roman, un acte de foi dans l’architecture, l’art et la main de l’homme.

     

    Si vous voulez en savoir plus sur l'abbaye du Thoronet 

     

    Fernand Pouillon un architecte contreversé 

     

    Le livre : Les pierres sauvages - Fernand Pouillon - Editions du seuil et Points Seuil

     

  • Le Mas Théotime - Henri Bosco

    Un auteur oublié au parfum de lavande

     

    Paul Cézanne.jpg

                        Paul Cézanne - Maison en Provence

     

     « Depuis dix ans j'habite le mas Théotime. Je le tiens d'un grand-oncle qui portait ce nom. Comme il est situé en pleine campagne, la chaleur l'enveloppe et, du moment que juillet monte, on n'y peut respirer avec plaisir qu'aux premières heures du jour ou bien la nuit. Encore faut-il qu'il passe un peu de brise. Alors on peut se tenir près de la source, sous le buis, car c'est là qu'on rencontre un air doux, qui sent l'eau vive et la feuille. » 

     

    C’est bon vous êtes dans l’ambiance ? 

    La Provence âpre, celle du travail laborieux, des paysans animés par l’amour de leur terre, des jalousies, des rancunes venues du fond du temps, des querelles de bornages. 

    C’est là que Pascal Dérivat vit, seul au milieu de ses terres cultivées par la famille Alibert, des simples, des taiseux « modelés aux exigences de la terre. »

    Lui il herborise, il a « le goût des plantes et des herbes » d’ailleurs il s’est réservé le grenier « le coeur de la maison  » là il écrit, dessine, fait sécher arnica ou pariétaire et de là il regarde « filer les saisons ». 

    Il a été accepté par les gens du pays mais pas par Clodius, son cousin et voisin, un teigneux, un violent, un mauvais pour qui tous les prétextes sont bons pour déclencher une querelle. 

     

     

    provencegeorges de Pogedaiell.jpg

                     La Provence de Georges de Pogedaieff

     

    C’est l’arrivée de Geneviève qui va mette fin à cette vie calme, Geneviève la cousine de Pascal, son amour d’enfance, celle qui a fait le choix d’une vie de tumulte et qui va faire flamber les hommes et jeter une étincelle sur ce pays où « l'air flambait en colonnes de feu et, du côté de l'aire, entre les meules, montait une odeur de blé et de fournaise »

    Lorsque l’on retrouve Clodius assassiné c’est la fin de la tranquillité pour Pascal Dérivat.

     

    Ne vous méprenez pas, il ne s’agit pas d’un polar, Henri Bosco est le peintre d’une Provence oubliée où les hommes font un travail harassant, luttant contre la nature 

    « En août, dans nos pays, un peu avant le soir, une puissante chaleur embrase les champs. Il n'y a rien de mieux à faire que de rester chez soi, au fond de la pénombre, en attendant l'heure du dîner. Ces métairies, que tourmentent les vents d'hiver et que l'été accable, ont été bâties en refuges et, sous leurs murailles massives, on s'abrite tant bien que mal de la fureur des saisons. »

     

     

    Van Gogh, Oliveraie.jpg

                       Oliveraie - Van Gogh 

     

    Son écriture est belle, ses mots sont magnifiques, j’aime sa façon de parler des gens de la terre qui ont eu « du blé et de l’huile, des fils, des filles et des maisons » sa prose mi-ombre mi-soleil à un petit parfum d’autrefois qui me le rend cher. 

    J’ai trouvé d’occasion un livre regroupant 5 des romans d’Henri Bosco ce qui tombait bien car mes livres de poche tombaient un peu en poussière, j’aurai donc l’occasion de vous reparler de lui 

     

    Le Livre : Le Mas Théotime - Henri Bosco - Gallimard Folio 

     

    bosco.jpgL’auteur : Henri Bosco est né en 1888 à Avignon. Il enseigne en Algérie, en Afrique, en Italie. Il a obtenu le Prix Renaudot en 1945 pour « Le mas Théotime »  

    Il a reçu le Grand Prix national des lettres en 1953

    Il est aussi écrivain pour la jeunesse : L'enfant et la rivière ou le Renard dans l'île.

     

     

     
  • Etrangers sur l'Aubrac - Nicole Lombard

    Lorsque la maison est une tente

     

    tente.jpg

               Un nid pas vraiment chaleureux 

     

    Si vous me suivez fidèlement vous savez que j’ai aimé le livre de Claudie Hunzinger : Survivance, elle y faisait référence à un livre qu’elle aimait beaucoup et à l’expérience d’une soeur de galère : Nicole Lombard.

    C’est mon côté fouineur qui m’a poussé à chercher et trouver le livre de Nicole Lombard et vous savez quoi ? j’ai aimé ce livre et du coup hop je vous en fait cadeau.

     

    nasbinal.jpg

                   l'Aubrac en été ça va 

     

    1997 un couple suite à une faillite ( oui encore un) est forcé de quitter sa maison du gard, obligés de partir « loin des garrigues » en emportant quelques meubles, quelques livres (les autres sont répartis chez les amis) , le vieux cheval Baron, chats, chiens et direction l’Aubrac où ils sont propirétaire d'un terrain : le Pré Célestine

     

    Michel et Nicole n’ont même pas une maison délabrée pour les accueillir, non c’est sous la tente qu’ils trouvent refuge, une grande tente notez, une tente de l’armée, mais pour passer l’hiver sur l’ Aubrac c’est un peu minimaliste comme solution.

    Après le déménagement voici le temps de l’installation au Pré dCélestin  à Nasbinal. 

    Ils sont des sans logis, des SDF comme les pèlerins qui passent par ce plateau en direction de Compostelle et du coup s’attirent la méfiance des gens du cru. Pas facile de s’insérer quelque part.

    Si l’été est une extraordinaire explosion de la nature, les pluies et le froid mettent les nerfs à rude épreuve.

    La vie est parfois très dure, quand EDF menace de ne plus les approvisionner, quand un employé du cadastre leur cherche un peu des poux dans la tête pour une question de bornage.

    Heureusement de temps en temps le ciel se dégage et ils font connaissance avec des habitants chaleureux ou organisent quelques retrouvailles avec la famille.

     

    actu_2006-02-26_aubrac.jpg

                      Mais l'hiver............

     

    Ils sont fous ? oui je crois un peu et d’ailleurs amis et famille ne se privent pas de leur dire, parce que non contents de s’installer dans le précaire ils vont en plus mener à bien un projet d’édition pour l’un, d’écriture pour l’autre.

    Vivre malgré tout, envers et contre tout, s’abreuver aux livres, s’organiser des concerts à domicile sous la tente grâce à la fée électricité, Nicole relit Molière, Jünger, écoute le Requiem de Verdi à la radio. Elle souhaite se sentir apaisée et contourner les obstacles

    « Etre à la fois sédentaire et nomade, étranger et pays, ne pas avoir à choisir - ni surtout qu’on choisisse à ma place - Il faudrait pouvoir y arriver, mais que de passes difficiles, en soi et autour de soi, à franchir. »

     

    Aucun misérabilisme, pas de trémolos dans la voix, Nicole est beaucoup trop amoureuse de la vie pour baisser les bras, elle préfère admirer la première fleur d’un « pavot bleu de l’Himalaya » et le soir retourner « le contempler aux dernières lueurs du jour »

     

    Un livre qui comme d’autre est un chemin vers les livres avec sa multitude de références littéraires qui vous fera enrichir votre carnet de lectures  De Giono à Julien Gracq, de la Bible à Annie Dillard, d’Henri Bosco à Thoreau, bref je me suis sentie en pays de connaissances.

     

    nicole.jpg

    Nicole Lombard © Sophie Bassouls/Corbis

                     

    Récit incroyable et livre sincère, leçon de vie authentique, un livre qui donne envie de se battre, de s’alléger du superflu, de se réjouir de la vie telle qu’elle est. J’ai suivi le chemin de Claudie Hunzinger à Nicole Lombard et je vous propose d’en faire autant en faisant une place à ce livre dans votre bibliothèque.

     

    Le livre : Etrangers sur l’Aubrac - Nicole Lombard - Editions du Bon Albert