Le Passage de Beder une ile à marée haute
" J’écoute le clapotement de la mer et le cri d’une corneille de rivage dans les cèdres qui commencent tout juste à bruire sous le souffle de l’après-midi. Les voix de ma fille et de mon fils me parviennent de loin, le grincement d’une rame, les à-coups d’un bateau – toute la douce musique d’une île à marée haute ou à marée basse. Quelle est la place des êtres humains dans l’harmonie du tout, et qu’est-ce que cela nous dit sur la façon dont nous devrions agir dans le monde ?"
" La brume s’était levée et je découvris que j’étais entourée de minuscules îles, avec sur chacune d’elles un arbre seulement. Leurs rivages étaient recouverts d’algues marines, jaunes sous le soleil soudain, et toutes avaient, après un monticule de roches grises et nues, un unique sapin-ciguë ployant sous les touffes de mousse et de lichen déchiqueté. Les îles flottaient sur leurs propres reflets – ils n’étaient pas parfaits, mais découpés en lignes horizontales, et se déplaçant très légèrement. Je lançai une corde par-dessus une branche et m’amarrai – je ne voulais pas dériver trop loin –, et les reflets devinrent alors des taches de couleur qui dansaient."
"Admettons que vous êtes d’accord. Admettons que vous reconnaissez que les humains ont une obligation de bienveillance envers la terre. Qu’est-ce que cela signifie exactement, ici et maintenant ? Qu’allez-vous faire ? Ce que je veux dire, c’est que ce n’est pas facile à savoir. Vous ne pouvez pas partir du principe que vous savez quoi faire. Tout change autour de vous, et vous n’y pouvez rien, mais ce que vous faites est souvent ce qu’il ne faut pas faire. Et ce que vous faites dans un endroit précis a des répercussions inattendues à une centaine de kilomètres de là, ou en aura dans une centaine d’années."
Le Livre : Sur quoi repose le monde – Kathleen Dean Moore – Editions Gallmeister