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  • Comment lisez-vous ?

    Avec cette question j’exclue le questionnement du genre : lisez vous ?
    Non ce que j’aimerai savoir c’est comment parvenez vous à un livre ? 
    Quel chemin suivez-vous ? Les conseils d’amis, les blogs, les critiques littéraires traditionnelles ?
    Est ce que comme pour moi les hasards sont autant de ricochets.

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    Je passe sur le coup de tête du livre qu’on achète pour sa couverture ou son titre prometteur, tout lecteur a fait ça et même parfois a été récompensé mais ….rarement finalement.
    Je suppose que certains font des listes, je suis de ce genre, le problème c’est que je les abandonne en route en général. 
    Je suis du genre à passer d’une envie à l’autre au gré d’autres lectures.

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    Je vais vous donner un exemple : 

    D’année en année je continue à suivre Thomas Römer le bibliste sur le site du Collège de France, cette année c’est l’histoire de l’écriture de la Bible alors j’ai lu un livre qui venait de paraitre sur le sujet.

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    En tapotant pour le repérer je suis tombée sur un livre de Hervé Clerc, Dieu par la face nord lui je connaissais son nom, c’est l’ami de retraite montagnarde d’Emmanuel Carrère qu’il évoque dans Le Royaume, le type qui se promène avec à la main La Bhagavad gita

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    Son  livre : m’a passionné, j’en ai donc lu un second de lui : l’enfer est une fête, réjouissant au possible. 
    Dans ses deux livres Hervé Clerc  fait référence à la fois à l’Islam et à l’hindouisme je suis allée fureter de ce côté là.

    Et me voila plongée dans Advaita Vedanta de Dennis Waite, un livre passionnant et ardu au possible, le genre dont vous ne parvenez à lire que 3 pages à la fois.

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    La version courte pour paresseux 

    La philosophie de l'hindouisme a fait tinter une clochette chez moi, et m’a rappeler un livre que j’ai tenté de lire l’été dernier et que j’ai du abandonné, lire de la philo sous morphine c’est pas top

    Aujourdhui je peux y revenir et me voila plongée dans le livre d’Henri Atlan sur la biologie et Spinoza où les interrogations viennent croiser celles de l'hindouisme....surprise ! 

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    Le biologiste et philosophe Henri Atlan

    Ouf je suppose que j’ai perdu pas mal de lecteurs là mais tant pis.
    C’est ainsi que je lis, que je me disperse parfois, que je lis avec curiosité et passion.
    Avec toutes ces lectures je n’étais pas pour autant prête à faire des billets pour le blog : livres trop spécialisés, trop difficiles à résumer  
    Donc je suis un peu en panne là. 

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    Bon alors vous …comment lisez-vous? 
    Par quoi vous laissez vous attirer, emporter, y compris ces lectures dont vous ne parlerez jamais parce que trop difficiles ou trop intimes, jamais terminées......

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    Allez crachez le morceau et dites moi tout.

     

     

  • Guerre et térébenthine - Stefan Hermans

    J’ai lu il y a peu un roman de Stefan Hertmans qui m’a beaucoup plu et bien sûr cela m’a donné envie de lire son livre précédent, ni essai, ni autobiographie, ni roman, c’est un peu des trois à la fois.

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    « Mon enfance a été envahie par ses récits sur la Première Guerre mondiale, toujours et encore la guerre; les vagues actes d’héroïsme dans les plaines boueuses sous une pluie de bombes, le claquement des fusils, les ombres criant dans l’obscurité » 

    Urbain Martien a survécu à la Grande guerre et à l’horreur des tranchées. Il lègue trois cahiers à son petit fils, Stefan Hertmans va écrire grâce à eux le livre de mémoire de sa famille, un roman sur la guerre, sur les liens familiaux. Tout cela et un peu plus encore.
    Ces récits sont nous dit l’auteur « mélange d’élégance désuète, de maladresse et d’authenticité »

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    Adaptation au théâtre

    Ce grand-père fut un  homme courageux qui retourne au front après ses blessures, un courage jamais reconnu par les autorités et qui trouvera un épanouissement dans l’art : musique et peinture
    Au-delà de la personnalité du grand-père c’est toute la famille qui est mise en scène, avec précision parfois, grâce à des anecdotes souvent très touchantes comme le cadeau de cette montre à douze ans. 

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    On remonte le temps pour découvrir la vie des quartiers pauvres de Gand, une région dans laquelle l’Eglise tient une place majeure imprimant son empreinte sur les familles et les consciences.
    Le travail de l’arrière grand-père magnifier superbement par le récit, le lien filial entre Urbain et Franciscus qui restaurant peintures et statues donnait  au Christ le visage de son fils.

    Le travail très jeune dans une fonderie qui a tout d’un petit enfer. C’est la misère de Germinal ou chez Dickens

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    François Bonhommé, Fonderie - le Creusot Montceau.

    J’ai ainsi découvert, grâce à ce livre, cette région des Flandres, rencontrée au hasard des lectures, qui ici a pris un relief particulier. 

    Pendant la Première guerre les ordres aux troupes étaient donnés en français uniquement, ce qui conduisait à des quiproquos parfois dramatiques pour les combattants de langue flamande et surtout à une humiliation perpétuelle qui finira par engendrer la révolte.

    Les combats désespérés de cette armée belge en déroute devant la force de frappe allemande sont évoqués avec sensibilité, pudeur, et un brin de colère.

     

    hetmans

    L’auteur recherche des traces avec un souci constant d’objectivité, il revisite les lieux.
    Ainsi il nous décrit l’inondation de la plaine de l’ Yser, inondation volontaire pour arrêter les troupes allemandes, une scène effrayante qui prend vie grâce aux écrits d’Urbain.

    « Cependant, le spectacle qui s’offrit à nos yeux le lendemain matin dans la pénombre nous fit froid dans le dos : des chiens, des lapins, des chats, des belettes, des putois et des rats traversaient le fleuve en masse comme une armée irréelle en traçant, de leurs museaux sensibles à fleur d’eau, d’innombrables triangles sur la surface lisse et noire ; les écluses à Nieuport avaient été ouvertes, et jusqu’à Stuivekenskefke, Pervijze, Tervate et Schoorbakke, le pays se couvrait d’eau peu à peu. Nous prîmes lentement conscience que la marche de l’ennemi serait peut-être ainsi interrompue. Le cœur battant, nous regardions. Il fut strictement interdit de tirer sur les animaux, pour ne pas trahir notre position. Nous les vîmes par conséquent, ces messagers au nez fin d’un monde maudit, prendre la fuite face à cet incompréhensible Armageddon, arriver à terre, secouer l’eau de leur fourrure, courir sans se soucier de rien le long de nos tranchées, fuyant à l’aveuglette comme des Lemmings. Personne ne chercha à s’emparer des animaux, personne ne voulait en tuer pour les manger, même si nous avions faim. Tels des anges du Jour du Jugement dernier déguisés, ces créatures fantomatiques trempées disparurent de notre champ de vision, traversant en bondissant la plaine boueuse noire et brillante dans la lumière grise du matin. »

    Ce passage à lui seul dit à la fois le désespoir des combattants, leur attente, leur crainte devant ce spectacle halluciné et tout cela sans le moindre effet de manche, sans aucun pathos.

    J’ai tout aimé de ce livre, les rappels historiques, l’évocation de la guerre, l’évocation des métiers, des amours, des liens filiaux.

    Je vais faire une place à ce livre dans ma bibliothèque.

     Voir l’avis d’Anne 

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    Le livre : Guerre et térébenthine - Stefan Hertmans - traduit par Isabelle Rosselin - Editions Gallimard Folio

  • Bribes de jaune

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    « C’est une grande buveuse que cette jeannette comme on l’appelle dans mon pays. 
    Elle aspire l’eau du pré spongieux, elle vide le fossé, les ronds d’eau de la forêt, elle draine les bords du ruisseau qu’ont empli les pluies d’hiver.
    Et l’avant printemps ne parle plus que d’elle, jeannette, jeannette, jeannette… »

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    « Mais il lui arrive de changer de sexe, alors on l’appelle Narcisse»

     

    Le livre : Pour un herbier - Colette - Editions Fayard

  • Un petit salut à Notre Dame de Paris

    Je ne verrai pas la fin de la reconstruction et cela m'attriste alors je laisse la place à celui qui l'a honoré de si belle façon

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    « Il y a aujourd’hui trois cent quarante-huit ans six mois et dix-neuf jours que les Parisiens s’éveillèrent au bruit de toutes les cloches sonnant à grande volée dans la triple enceinte de la Cité, de l’Université et de la Ville. »

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    Témoin des grands événements 

    « C’était l’instant du crépuscule. Le ciel était blanc, l’eau de la rivière était blanche. Entre ces deux blancheurs, la rive gauche de la Seine, sur laquelle il avait les yeux fixés, projetait sa masse sombre, et, de plus en plus amincie par la perspective, s’enfonçait dans les brumes de l’horizon comme une flèche noire »

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    « Cependant il se hasarda à regarder l’église. La façade était sombre. Le ciel derrière étincelait d’étoiles. Le croissant de la lune, qui venait de s’envoler de l’horizon, était arrêté en ce moment au sommet de la tour de droite, et semblait s’être perché, comme un oiseau lumineux, au bord de la balustrade découpée en trèfles noirs. »

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    Le livre : Notre Dame de Paris - Victor Hugo

  • Venise à double tour - Jean Paul Kauffmann

    Lire Jean Paul Kauffmann c’est être assuré de faire un voyage pas comme les autres. De livre en livre il s’impose comme une voix singulière et oh combien passionnante.

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    Venise avec Monet

    C’est à Venise que je vous propose de partir avec lui, un voyage apparement bien convenu mais détrompez-vous le voyageur a plus d’un tour dans son sac.
    JP Kauffmann a fait le choix de passer plusieurs mois à Venise pour l’explorer à sa façon, il s’est en effet fixer un objectif particulier : visiter les églises fermées de Venise, et question églises fermées il y a de quoi faire.

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    Venise avec Marc Aldine

    Si vous aimez l’Italie et que vous l’avez un peu parcourue vous avez du  vous heurter à des horaires impossibles, des causes de fermeture improbables. 
    N
    otre voyageur refuse de se laisser arrêter par des contingences mal élucidées.
    Pour quelles raisons est-ce impossible d’accéder à ces lieux qui du coup se parent de mystère ?

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    Venise avec Eugène Boudin

    Déjà dans ses livres précédents il s’était révélé curieux, tenace, prêt à braver des interdits qu’on lui brandit devant le nez. Plus c’est difficile, plus il s’obstine. 
    Pas question que je vous révèle comment il va s’y prendre, quelle sera le résultat de sa quête. Parce que comme d’habitude avec lui, l’intérêt du livre est ailleurs.

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    Turner et la Dogana

    C’est une balade dans Venise magnifique, son appartement de la Giudecca jouit d’une vue splendide dont nous profitons. 

    Il nous livre aussi ses lectures et rencontres préparatoires, je vous parie que comme moi vous l’envierez d’avoir passer à Venise plusieurs jours en compagnie de Corto Maltese, le vrai !! 

    Votre curiosité va être toute affolée par des extraits issus d’un livre de Jean Paul Sartre, Sartre et Venise ? Oui mais pas que lui, on croise aussi Lacan qui devient compréhensible avec l’aide de JP Kauffmann.

    kauffman

    Corot et la Salute

    J’ai aimé le suivre dans une Venise inconnue, glisser l’oeil où il ne faut pas et ainsi un jour voir surgir un jardin grandiose que tout le monde s’accordait à dire qu’il avait disparu. 
    Déceptions et joyeuses surprises alternent. 
    Les couleurs, les tableaux, l’architecture sont au rendez-vous à la façon d’une enquête quasi policière. On découvre des peintres dont on ignorait les noms

    Des rencontres drôles, sinistres, surprenantes, je vous recommande le Grand Vicaire du Patriarcat de Venise, une vraie anguille et pardonnez-moi l’expression : un faux jeton de première.

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    Turner et San Giorgio Maggiore

    Si vous aimez la ville mais que le commissaire Brunetti vous sort un peu par les yeux, choisissez ce livre 

    L’auteur est un véritable amoureux de la ville, loin des annonces tristounettes de sa disparition, Jean Paul Kauffmann veut croire encore à la beauté et au mystère de Venise.

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    Le livre : Venise à double tour - Jean Paul Kauffmann - Editions des Equateurs

  • Bribes vénitiennes

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    « J’ai pris Venise autrement que mes devanciers ; j’ai cherché des choses que les voyageurs qui se copient tous les uns les autres ne cherchent point. Personne, par exemple, ne parle du cimetière de Venise ; personne n’a remarqué les tombes des juifs au Lido, personne n’est rentré dans les habitudes des gondoliers, etc. Vous verrez tout cela. » (1)

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    « Le cimetière, le camposanto, est un jardin, un parc arboré ; on y flâne, sans douleur ni chagrin, les pieds dans le gravier, les yeux aux aguets, parmi les allées, les bosquets, les parterres fleuris, les herbes claires et les terrasses. Les couleurs de la mort y sont vertes, pâles comme la pierre blanche d’Istrie ou le marbre, lumineuses comme un vitrail éclaté, rehaussé par les lueurs du crépuscule, les variations du jour, rouge ocré pour les murailles de brique qui depuis les années 1870 ceignent le cimetière, à fleur d’eau. On y est bien, dans le silence. » (2)

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    Les livres : 
    Chateaubriand - Lettre à Madame Récamier (1)

    Thierry Clermont - San Michele (2)