Jean Soler je le connaissais pour ses livres sur le monothéisme, livres très polémiques au goût des croyants mais qui pour moi allaient dans le même sens que la trilogie de Jérôme Prieur et Gérard Mordillat.
Aujourd’hui ma lecture de l’auteur a une toute autre tonalité.
Admirateur de la civilisation grecque, Jean Soler par ce livre dit tout son amour à la fois de la Méditerranée, de sa culture, de ses héros et même de ses Dieux qui ne sont violents que dans les mythes.
Jean Soler a enseigné le grec et cela se sent car sa connaissance d’Homère est fine, joyeuse, talentueuse.
carte de l'Odyssée (un clic pour voir mieux)
Si vous n’avez jamais lu l’Odyssée ou l’Iliade il sait vous convaincre et si comme moi vous aimez Homère il vous plonge dans vos souvenirs de lecture avec passion.
Son livre est composé de chapitres qui mettent en avant la pensée grecque, il le fait à travers les épisodes les plus frappants de l’Iliade et de l’Odyssée. Homère est poète et les Dieux ne sont jamais loin mais ce sont des Dieux à l’image de l’homme : ils sont teigneux, jaloux, violents, menteurs et hélas ils aiment la guerre mais ils ne sont pas une menace pour l’homme « Le monde réel des hommes prime sur le monde imaginaire des dieux » dit Homère.
Zeus et Athéna
Pour Jean Soler l’Iliade s’apparente aux peintures de Goya : les désastres de la guerre. Son récit n’est pas à la gloire de celle-ci, ce qui prime pour Homère c’est la vie.
la guerre vue par Goya
On peut trouver Jean Soler de parti pris mais c’est celui de l’admiration.
Ce que j’ai préféré ce sont les pages sur l’Odyssée, il faut dire que c’est la rencontre d’Ulysse et de Nausicaa qui m’a fait faire connaissance avec ce texte et je ne l’ai jamais oublié.
J’ai aimé retrouvé le goût pour la beauté du poète, la mise en avant de l’intelligence d’Ulysse
« Pour être intelligent, il faut le vouloir. Ce qui implique des efforts. Et aussi des risques. »
Jean Soler voit là les valeurs qui aujourd’hui marquent encore notre société même s’il idéalise un peu trop les choses, il dit
« le goût de vivre se double dans les oeuvres homériques de la passion de comprendre. »
Il préfère la société grecque à la culture biblique, moi je suis partisante de garder les deux.
Cette balade à ses côtés est réjouissante, chaleureuse, sa familiarité avec le texte d’Homère est contagieuse et je me suis régalée.
Le livre : Le sourire d’Homère - Jean Soler - Editions de Fallois