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Rechercher : le dit du mistral

  • Mes bibliothèques - Varlam Chalamov

    Mes bibliothèques - Varlam Chalamov - Traduit du russe par Sophie Benech - Editions Interférences
    mes bibliothèques.gifCe tout petit volume dit en quelques cinquante pages l’amour des livres, la passion pour la lecture et la souffrance d’en être privé.
    Varlam Chalamov c’est l’homme des Récits de la Kolyma, l’homme qui a résisté à deux condamnations à la déportation et qui a passé 17 ans de sa vie au Goulag.
    Le livre s’ouvre sur un aveu « Je ne me rappelle pas avoir appris à lire et j’ai l’audace de croire que j’ai toujous su. »
    Le ton est donné, et l’auteur nous fait faire le tour des bibliothèques qu’il a fréquenté, les bibliothécaires qu’il a croisé « Maroussia Pétrovna, les joues rouges comme ce n’est pas possible (..) distribuait des livres aux reliures dorées couverts de givre ».
    C’est là qu’il va faire connaissance avec les héros d’Alexandre Dumas et que s’allumera chez lui le goût de la littérature.
    Il aura toujours du mal à lire et travailler dans les bibliothèques « Lire en présence d’autrui m’a toujours été désagréable, j’ai presque honte (..) n’est-ce pas troublant ? Comme si la lecture était un vice secret. »

    « J’ai toujours acheté des livres » dit-il mais tous furent détruits lors de son arrestation et il confie « Je regrette de n’avoir jamais possédé ma propre bibliothèque » on se sent un peu honteux d’avoir à côté de soi un pile de livres qui nous attendent et Chalamov nous invite à être attentif à la qualité de nos lectures « Nous lisons des milliers de pages imprimées qui ne méritent pas tout ce temps perdu » venant de lui cet mise en garde  est de grande valeur.

    varlam_chalamov.jpgEn déportation il a presque perdu le goût et la faculté de lire et les pages consacrées à cet épisode sont poignantes, heureusement grâce à une femme médecin il va revenir à la lecture « ma protectrice prescrivit de différer ma sortie et m’apporta un livre (..) je lus ce livre avec attention, et je retrouvai le plaisir de lire, d’être captivé par un livre, de pénétrer sans un regard en arrière dans le monde d’un auteur »

    C’est un livre magnifique qui, je n’ai pas honte de le dire, m’a fait monter les larmes aux yeux à plusieurs reprises. Il va trouver place à côté de Gardiens des livres du même éditeur. Vous pouvez aller lire le billet de Frédérique ou de Cuné sur ce livre

    Faites une place à ce livre dans votre bibliothèque car comme le dit Varlam Chalamov “les livres, c’est un monde qui ne nous trahit jamais”

  • L'Emblème du croisé - James Lee Burke

    L’Emblème du croisé - James Lee Burke - Traduit de l’anglais pas Patricia Christian - Editions Rivages
    l'emblème du croisé.gifQuelle chance, on a à peine quitté Dave Robicheaux dans « La brume électrique » de Tavernier, qu’on le retrouve ici.
    Toujours installé à New Ibéria, il a posé son  insigne de la police, sa fille Allafair est partie étudier dans l’Orégon, il va à la pêche et régulièrement au cimetière porter des fleurs à sa femme Bootsie.
    Heureusement le passé va le rattrapé, histoire de le faire sortir de sa douce torpeur. Un vieux camarade de classe veut absolument lui parler, il faut préciser que c’est urgent, le dit camarade est en train de mourir à l’hôpital !
    Ce que l’homme lui confie concerne une jeune femme, Ida Durbin, que Dave et son frère ont connu alors qu’ils n’avaient que vingt ans. Elle leur a sauvé la vie à tous les deux et lorsqu’elle veut échapper à son mac, Jimmy Robicheaux tombé fou amoureux, lui propose de s’enfuir avec lui. Sauf que le jour dit la belle n’est pas au rendez vous et que personne n’en entend plus jamais parler jusqu’aux confidences du mourant.

    Dave est prêt pour retrouver cette Ida, à reprendre du service dans la police, le bizarre de l’histoire c’est que dès la sortie de l’hôpital où son vieux pote est hospitalisé, il se retrouve dans les ennuis avec un grand E. Ses pires ennemis sont flics, on tente de le compromettre, un contrat est pris sur sa tête et tout ça pour une prostituée disparue il y a quarante ans ...
    Dans le même temps un tueur en série sévit à Bâton Rouge aussi il ne lui est pas difficile de récupérer sa plaque de policier, il va mener les deux enquêtes en parallèles mais dans la vie il arrive que même des parallèles finissent par se rencontrer.

    Ses recherches le conduisent toujours et invariablement vers la famille Chalons, riches propriétaires dont le fils Val est devenu journaliste et va doucement pourrir la vie de Robicheaux. Dave va dans cette enquête retrouver Jimmy son frère, Clete le complice de toujours et  va faire la connaissance de Molly, Molly qui l’attire bigrement mais qui est religieuse, bon elle n’a pas prononcé ses voeux mais tout de même ! Quand on dit que Robicheau à le génie de se fourrer dans la mouise...

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    Nous voilà embarqué dans le dernier James Lee Burke , brillant, ficelé à la perfection, une intrigue qui tient ses promesses jusqu’au dernier chapitre. Bon je suis un peu inconditionnelle donc partiale mais que voulez vous, je ne me lasse pas des virées dans les bayous et des ciels de Louisiane et de la capacité de James Lee Burke à mettre de la poésie dans la violence.

    L’auteur
    james_lee_burke,0.jpgJames Lee Burke est né à Houston (Texas) le 5 décembre 1936. Ii vit entre New Iberia (Louisiane) et Missoula (Montana).
    Diplômé de littérature américaine, il enseigne à l’université du Missouri.
    Après avoir habité longtemps en Louisiane, il réside actuellement à Missoula (Montana)
    Tous ses romans sont publiés chez Rivages

  • Sapiens - Yuval Noah Harari

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    Il y va carrément Yuval Noah Harari : une histoire de l’humanité, rien de moins ! Vous ne serez pas étonné qu’avec un sujet pareil le livre fasse 500 pages en grand format, mais j’ajoute immédiatement que la lecture, elle, est on ne peut plus facile.

     

    La question qui se pose immédiatement c’est comment traiter un sujet aussi vaste et rester d’une lecture aisée ? Le talent !

    Mettez dans un même sac l’histoire de l’homo sapiens, la naissance de l’agriculture, le moment de la naissance de l’écriture, le lien entre sexe et guerre, le pourquoi des sociétés majoritairement dominées par les hommes, la place de l’argent dans l’évolution des sociétés, le capitalisme et la génétique, et j’en oublie !

     

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    Quelques exemples ?

    « Si vous fourrez 10 000 chimpanzés dans le stade de Wembley ou les Chambres du Parlement, vous aurez le chaos. Mais si vous prenez 10 000 personnes qui ne se sont jamais rencontrées auparavant, elles peuvent coopérer et créer des choses étonnantes. » je sais pas vous mais moi ça me met en joie ...

     

    J’ai été absolument sidérée par l’idée que l’invention de l’agriculture fut un mauvais virage dans le développement de l’humanité, il nous dit que hélas hélas nos cerveaux n’étaient pas du tout adaptés à ça «  ils étaient adaptés à des tâches telles que grimper dans un arbre, cueillir des pommes, chasser un lapin ou chercher des champignons dans la forêt, Ils n’étaient pas adaptés à la pénibilité qu’implique le travail des champs, le fait de labourer, de récolter, d’apporter de l’eau, d’arracher les mauvaises herbes, ou d’autres choses de ce genre. »

     

    Il affirme parfois des choses qui font sursauter : « Pendant des millénaires, les trois principaux problèmes de l’humanité ont toujours été les mêmes : la famine, le manque de nourriture, les épidémies, les fléaux et les guerres, dit-il. Bien sûr, nous ne les avons pas complètement éliminés ces 60 dernières années, mais dans ces trois catégories nous sommes maintenant dans la meilleure position depuis des années. » 

     

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    Vous avez dit manipulations génétiques ?

     

    Comment dire j’ai été à la fois bluffée, parfois agacée mais toujours intéressée, je vous recommande le chapitre sur la religion, sur le capitalisme, et les derniers qui font froid dans le dos sur la génétique ou le développement de la biotechnologie ( si si rappelez vous un vieux feuilleton télé qui devient réalité) et qui annonceraient la fin de Homo sapiens rien de moins à moins que la recherche de l’éternité soit couronnée de succès.

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    Notez que l’auteur est à la fois un vulgarisateur magnifique et un provocateur éclatant. Qu’il manie avec habileté les grands concepts, souvent pour s’en moquer avec un humour ravageur, il vous promène dans l’espace et le temps avec brio. 

    Le plaisir de lecture est fortement augmenté par la traduction d’un maître du genre : Pierre-Emmanuel Dauzat.

     

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    Le livre : Sapiens - Yuval Noah Harari - Traduit par Pierre-Emmanuel Dauzat - Editions Albin Michel 

  • Virgile notre vigie - Xavier Darcos

     

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    Pour votre oncle latiniste 

     

    Le Doux Virgile, l’expression est de Victor Hugo, Xavier Darcos le surnomme notre vigie car il voit en lui un poète qui peut encore aujourd’hui parler à tous les hommes.

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    « Virgile est étudiant quand César, en janvier 49, revenant de Gaule, franchit le Rubicon à la tête de ses légions » 
    Une période troublée par des guerres civiles d’une violence inouïe. Une période où « Les artistes et les intellectuels, excédés par tant d’exactions, ont commencé à redécouvrir les idées épicuriennes de retraite » 

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    Enluminures - César franchit le Rubicon

    Virgile issu sans doute d’une famille de propriétaires terriens de la région de Mantoue est d’abord un poète proche de la nature 

    Dans ses poèmes « Il célèbre le retour à la nature, la douceur de vivre dans un territoire apaisé, au plus près des saisons et des jours »

    « La vraie leçon des Géorgiques, c’est bien cette adhésion au monde, quand la vie est là simple et tranquille. »

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    Nicolas Poussin - Musée du Louvre - L'inspiration du poète

    Les Bucoliques « restent, parmi tous les textes latins, le recueil le plus abondamment lu, appris par coeur, commenté et cité. »

    Les temps sont troublés et comme Properce ou Tibulle il voit ses biens confisqués au profit des vétérans de l’armée. 
    Il voit la naissance de l’Empire d’Auguste qu’il va accepté et même le célébrer. 
    Il va pour Auguste écrire « le roman national romain » non par servilité mais par reconnaissance envers celui qui a rétablit la paix.

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    Didon et Enée

    L’Énéide dans lequel Virgile dit « Je chante les armes et leur héros » . Xavier Darcos conteste que ce soit un hymne guerrier « L’Énéide est plutôt un merveilleux récit poétique, une épopée pleine de rebondissements et une méditation sur la destinée humaine. »

    Imaginez un peu, l’oeuvre connue une nouvelle traduction tous les sept ans depuis sa parution en 17 av. JC, qui dit mieux ?

    Virgile a exercé une véritable fascination sur notre culture, dit Xavier Darcos, Dante évidement, mais aussi Pétrarque, Ronsard ou Victor Hugo s’en sont inspirés , peintres et musiciens aussi :  Nicolas Poussin, Berlioz ou Purcell

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    Montaigne, Montesquieu, Rousseau, et Jean Giono furent les grands lecteurs de Virgile.

    Excellent connaisseur du monde antique (je vous recommande son dictionnaire de la Rome antique) Xavier Darcos fait ici preuve bien sûr d’érudition mais surtout d’admiration et d’amour de la poésie

    Virgile est un poète pour tous les temps

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    ma petite bibliothèque Virgilienne

     

    Le livre : Virgile notre vigie - Xavier Darcos - Editions Fayard

     

  • Silas Marner - George Eliot

    J’ai entamé ma lecture de George Eliot avec deux de ses plus grands romans : Middlemarch et Daniel Deronda. 

    Une auteure que j’ai beaucoup appréciée et j’ai donc continué mon parcours avec Silas Marner, un roman de moindre importance mais qui remporta un joli succès.

    Certes c’est un roman plein de bons sentiments mais je suis de l’avis de Dominique Fernandez :
    « La phrase de Gide sur les bons sentiments qui font de la mauvaise littérature est devenue un lieu commun si despotique, qu’on ose à peine saluer en George Eliot une splendide romancière à l’écriture riche et intelligente. »    

    george eliot

    Silas Marner est un tisserand habile mais qui ne fraye pas avec les gens du village, il suscite d’ailleurs beaucoup de méfiance parmi les villageois.

    S’ils savaient que Silas a autrefois vécu une histoire d’amour qui s’est fort mal terminée seraient-ils plus compréhensifs ? Si par exemple ils apprenaient que Silas a été contraint de fuir son village après avoir été accusé injustement par son meilleur ami qui en passant lui a soufflé sa fiancée ! 

    george eliot

    Depuis il s’est installé à Raveloe, il travail comme artisan mais n’a ni femme, ni enfant. Il est devenu avare et tel Harpagon, il compte et recompte son trésor amassé patiemment au fil des années. 
    Il connait bien les herbes et les simples grâce à sa mère et tente de masquer les crises d’épilepsie dont il est victime.

    Autrefois très croyant, la souffrance et l’injustice l’ont atteint «  La lumière de sa foi s’était éteinte complètement » 

    george eliot

    Un jour son magot lui est enlevé, c’est le second coup dur de la vie de Silas Marner mais la consolation va prendre les traits d’une enfant abandonnée, à la chevelure couleur or, une enfant qui va lui montrer le chemin de la résilience. Eppie va devenir le centre de sa vie.

    george eliot

    George Eliot parvient à faire un roman bien rythmé, d’un récit assez convenu elle fait une jolie parabole en donnant épaisseur et humanité à ses personnages.
    Elle nous dit qu’il ne faut pas baisser les bras, que la résilience est possible et que le bonheur peut finir par apparaitre.

    Vous voulez quelques avis autorisés ?

    « La beauté de ses premiers livres, Scènes de la vie du clergé, Adam Bède, le Moulin sur la Floss,  est immense.» a dit Virginia Woolf

    « Le texte que je tiens pour son chef-d’oeuvre »  dit Dominique Fernandez, même si j’ai un classement un peu différent des oeuvres de George Eliot, peu importe, ce roman est un excellent roman que j’ai pris un très grand plaisir à découvrir.

    Les Livres : 

    Silas Marner - George Eliot - Traduction Joseph Vilar - Editions Omnibus L’art de raconter - Dominique Fernandez - Editions Le Mercure de France

     

  • La Barque de l'aube - Françoise Ascal

    Vers douze ans grâce à mon premier argent de poche, j’ai fait deux découvertes.  
    Je me suis acheté mon premier disque de musique classique : La Pastorale de Beethoven  et j’ai admiré pour la première fois un tableau de Corot  Souvenir de Mortefontaine  qui illustrait la pochette du disque. 

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    Un souvenir qui a perduré jusqu’à aujourd’hui alors que le disque est perdu.
    Quand j’ai trouvé en librairie le petit livre de Françoise Ascal j’ai fait avec elle la même promenade sous le ciel de Corot que celle que j’avais faite à douze ans.

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    Camille  Corot le batelier de Mortefontaine

    Dans ce petit livre Françoise Ascal nous promène dans les pas de deux Camille.
    En tout premier il y a Camille Corot dont elle est sensible à la peinture.

    Un peintre qui aime revenir dans des lieux bénis, les bosquets, les sous-bois. Il aime par dessus tout les arbres, les feuilles.
    Il est attiré par les rivières, les eaux calmes, les reflets dans l’eau, c’est son enfance de paysan qui parle là.

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    Camille Corto l'Etang de Ville d'Avray

    Corot est un homme de carnets, il note beaucoup, il se répète comme sa représentation plusieurs fois répétée dans son oeuvre d’une femme lisant.

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    « Ainsi, regardant ta Liseuse au bord de l’eau, on ne voit au premier coup d’œil qu’un paysage vaporeux, gaze ou tulle. Herbes, frondaisons, ciels dans de sourdes tonalités dont on ne sait si elles vont se dissoudre avec la lumière matinale, ou s’intensifier pour rejoindre l’obscur. Rivière étale, sans ride. Pas de vent dans les branches. Quelques pâles reflets esquissés sur une eau sans vertige. »

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    Il dit « Pour bien entrer dans mes paysages, il faut au moins avoir la patience de laisser le brouillard se lever ; on n’y pénètre que peu à peu et, quand on y est, l’on doit s’y plaire. » 

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    Homère et les bergers dans un paysage - C Corot  Saint Lô Musée des Beaux Arts

    « Rien n’est inutile, rien n’est à retrancher » dit Baudelaire de la peinture de Corot.

    Mais Françoise Ascal insert dans son texte un autre Camille, un jeune homme mort à la guerre « foudroyé à dix-neuf ans, deux trous rouges au côté droit » 

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    Ce jeune homme lié à sa famille semble arpenter les chemins du peintre.

    « Vous auriez pu arpenter les mêmes terres, longer les mêmes rivières, graver vos initiales sur les mêmes écorces de frêne.» nous dit-elle.

    Manifestement Françoise Ascal nourrit un penchant particulier pour le peintre et elle sait à merveille mêler les deux destins, l’émotion et la beauté sont là 

    Ce livre est une douce réflexion sur le temps qui passe, la mémoire, et la beauté de la peinture, un livre qui est un bel hommage et un objet poétique riche de lumière, de rêverie, une jolie méditation où comme le peintre en ses tableaux elle «  y suggère la vie ».

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    Le livre : La Barque de l’aube - Françoise Ascal - Editions Arléa