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Un Candide en Terre sainte - Régis Debray

Le livre du voyageur philosophe

 

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Disons le tout net : je n’aime pas le style de Régis Debray, trop de métaphores, trop de traits d’esprit parfois vraiment tirés par les cheveux et pas du meilleur goût. 

Mais

Son livre est passionnant, un pèlerin agnostique en Terre Sainte voilà qui ne manque pas de sel et qui participe à une approche sans langue de bois dans un pays où l’amour du prochain est oublié depuis longtemps.

Régis Debray porte un regard très éloigné du politiquement correct et du langage diplomatique sur cette région.

 

Entrons un peu plus dans ce pays qui couvre aussi bien Israël que Gaza, la Syrie et la Jordanie et un bout du Liban car nous dit Régis Debray « Jamais (...) une sainte histoire n'eut moins de géographie. »

Le cheminement tient une grande place dans ce récit où vous côtoyez églises, synagogues, mosquées, lieux saints des trois religions du Livre. Ce voyage nous fait nous interroger pour comprendre pourquoi ce territoire est devenu un champ de bataille, un cauchemar total « Un maximum de haine dans un minimum de territoire. » dit Debray très justement.

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© AFP

 

Lieux des croyances et des extrémismes, juifs orthodoxes de Mea Shearim ou Frères musulmans, palestiniens en quête d’un état, chrétiens en terre étrangère qui alimentent à eux seuls la manne touristique du pays.

Comment peut-on penser faire vivre ensemble ceux qui se barricadent derrière un mur, ceux qui se voient dépossédés de leur terre ?

J’ai aimé les rencontres faites par Régis Debray, Israéliens ou Palestiniens, quelques personnages hors du commun à qui on confierait bien les clés du royaume.

 

 

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                                     Les religions du Livre 

 

Comme ce prêtre qui dit que se préoccuper des palestiniens ce n’est pas être en opposition avec les israéliens, que la paix passe par une élévation du niveau d’éducation des enfants arabes, par le refus de se définir avec une seule identité dans ce pays multiple où un arabe ne peut rendre visite à ses amis le soir, ne peut obtenir un visa de sortie pour participer à un congrès !!

Un pays où les diplômés s’exilent aux Etats-Unis pour ne plus subir d’humiliations.

 

D’une façon tout à fait surprenante ce sont les Evangiles qui servent de guide de voyage à l’auteur et son éclairage est vraiment passionnant, il oblige à remettre en question des certitudes, à écouter ces personnes enclines au dialogue de part et d’autre. Un éclairage parfois subversif, parfois agaçant mais au combien utile.

Par delà les champs de mine, le mur, les photos de martyrs accrochées au grillage « Il faut guérir les Israéliens de la peur (…) et soulagé les Palestiniens qui ont peur de cette peur. »

Compréhensif devant les revendications palestiniennes il est aussi admiratif des juifs car dit-il, ils incarnent la mémoire du XXème siècle, il y a parmi eux un grand nombre de personnalités d’exception, leur presse est libre et leur justice indépendante mais regrette son obsession sécuritaire.

 

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                         Gaza aujourd'hui © AFP

 

Le livre date de 2008 mais il pourrait avoir été écrit hier. C’est un regard équilibré sur une région pleine de soubresauts et c’est déjà chose suffisamment rare pour mériter la lecture.

 

Vous pouvez lire aussi le livre de l'Israélien S Yizhar ou du Palestinien S Shehadeh 

 

Le Livre :  Un candide en Terre Sainte - Régis Debray - Editions Gallimard et folio 

Commentaires

  • Je suis toujours étonné de voir un livre de Régis Debray car, j'ai possédé de lui, à une époque ou les jeunes voulaient révolutionner le monde, ce "Révolution dans la révolution" (1967), perdu depuis, que j'avais payé cher et qui n'était que théories de guérilla. Comment aurais-je pu aimer cela, sinon pour passer intello branché aux yeux de mes potes d'athénée.

    Je n'ai jamais plus lu ce brillant intellectuel et ne suis pas tenté, une erreur sans doute, navré par avance de devenir à nouveau cet étudiant abscons qui mit un honneur à terminer, jusqu'à la dernière ligne, ces paragraphes et alinéas de la révolution en Amérique du Sud, dont je n'aurais rien à cirer par après, si même je les avais compris.

    Reste que cet ouvrage, dont vous n'appréciez pas le style, me semble valoir le détour pour sa valeur documentaire.

  • @ christw : je souris jusqu'aux oreilles à la lecture de ce commentaire.
    je n'ai jamais aimé Régis Debray même très jeune dans ma période "Che Guevara" même si je reconnais à l'homme une belle intelligence
    Ici ce qui m'a intéressé c'est le parcours d'un homme manifestement de par ses engagements, du côté des palestiniens mais qui parvient à garder un regard pointu sur les réalités et donc n'occultant pas les difficultés côté israélien
    avec la restriction quant au style un peu lamentable de cet essai

  • Bonjour Dominique, oui "classe urbaine "ça sonne mieux en effet .... "classe béton" doit refléter mon ressenti après 20 ans de ville ;-)
    Je ne suis pas trop dans les lectures très sérieuses en ce moment, disons que j'ai envie de légèreté ... au moins Là, j'ai le choix ;-)
    Passe une très bonne journée !

  • @ Rose : la légereté n'est pas au rendez-vous avec ce thème hélas

  • Lu il y a quelques temps, un reportage intéressante. C'est un sujet qui me tient à cœur et pourtant je n'ai pas gardé un souvenir impérissable ni de l'écriture, ni des rencontres.
    De loin préféré le Dalrymple : dans l'ombre de Byzance.

  • @ Miriam : je te suis totalement sur le style mais par contre j'ai aimé les rencontres, les points de vue
    Le livre de Dalrymple "dans l'ombre de byzance" est remarquable mais ne porte pas sur le même sujet, beaucoup plus large et je dirais qu'il peut être une excellente lecture sur la région en général mais pas vraiment sur le conflit Israélo-Palestinien

  • Lu il y a quelques temps, un reportage intéressante. C'est un sujet qui me tient à cœur et pourtant je n'ai pas gardé un souvenir impérissable ni de l'écriture, ni des rencontres.
    De loin préféré le Dalrymple : dans l'ombre de Byzance.

  • @ sous les galets : un livre intéressant

  • Comme toi je déteste le style de cet auteur et en plus je n'apprécie pas du tout l'homme.En tout cas ce qu'il veut en montrer dans les média.
    je crois que je ne lirai pas ce livre à cause de cela et je sens que j'ai tort.
    Je vais rester sur la BD "chronique à Jérusalem" qui à sa façon en dit beaucoup aussi sur l'intolérance religieuse.
    Luocine

  • @ luocine : j'ai hésité avant d'acheter ce poche mais finalement malgré mes préventions je ne regrette pas du tout hormis le problème du style
    normalement j'ai prévu les chroniques de Jérusalem pour ce thème mais je n'arrive toujours pas à l'obtenir à la bibli alors on verra

  • Je n'aime pas beaucoup Régis Debray. Par contre ce livre tel que tu le présentes a l'air d'offrir un point de vue intéressant sur cette région où règne l'intolérance et la violence qu'elle entraîne

  • @ nadejda : à lire pour le sujet et le point de vue assez équilibré mais effectivement ni pour l'écrivain ni pour son écriture

  • Étonnante mais lumineuse idée celle de prendre les Évangiles pour axe de réflexion!
    Je suis toujours partante pour remettre les certitudes en question!
    Merci, belle journée Dominique!

  • @ colo : c'est tout l'intérêt de ce livre, un point de vue différent, de biais et cela est intéressant

  • et si dire d'une terre qu'elle est "sainte", c'était y planter des mines, y élever des bûchers ?

  • @ JEA : je ne suis jamais allée en Terre Sainte, je regrette encore un voyage organisé tout prêt mis à mal, très mal, par la guerre des six jours, que de regrets alors !!
    ce que je vois depuis m'effraie et me sidère, un mur , des bombes, de la haine ...

  • J'ai feuilleté en librairie son dernier ouvrage où il rend hommage aux écrivains qui l'ont marqué (Modernes catacombes). Je pensais que ça pourrait me plaire mais après avoir parcouru quelques pages j'ai senti que ça n'allait pas coller avec ce que j'avais envie de lire.

  • @ jerome : c'est le seul livre de Debray que j'ai lu de bout en bout car je n'aime pas vraiment cet écrivain, c'est le sujet qui m'intéresse et son point de vue
    ce que tu dis ne m'étonne pas car si il n'a pas fait plus d'effort d'écriture que dans celui là c'est mal augurer pour parler de littérature !!!

  • C'est toujours courageux d'écrire sur ce sujet. Il y a bien-sûr des gens merveilleux d'un côté comme de l'autre, des gens qui ont de l'humanité, des gens qui ont envie de guérir cette plaie qui ne cesse de saigner, MAIS... asservir les palestiniens comme les dirigeants peuvent le faire, me choque terriblement, il y a, à mes yeux, bien peu de spiritualité dans tout cela... Je le note pour ma mère qui est férue d'histoire. Belle journée Dominique. brigitte

  • @ Plumes d'Anges : je pense que quelqu'un qui aime l'histoire se trouvera à l'aise avec ce texte, je suis comme toi sidérée par la violence faite aux palestiniens et surtout l'impossibilité pour eux de vivre et travailler normalement dans les territoires et ...en même temps je me dis si je suis une mère israélienne dont l'enfant est tuer par une bombe ...........
    Ce pays ne pourra vivre qu'en étant un pays binational me semble t-il mais c'est certainement une utopie

  • Il paraît difficile de voir Debray en Candide, mais ce que tu écris sur ce livre me fait dire "peut-être". Terres d'identités meurtrières, où ne manquent sans doute pas les hommes de bonne volonté.

  • @ Tania : c'est ce que j'ai aimé, les rencontres avec des hommes de bonne volonté qui pourraient un jour faire changer les choses

  • Rien à la bibli. Peut être me contenterai-je de la BD de Guy Delisle, déjà bien faite.

  • @ Keisha : ce n'est pas un livre indispensable, tu peux aussi piocher dans mes billets le livre de Yizhar S qui m'a beaucoup plu et qui en dit tout autant d'une certaine manière
    la BD est dans mes projets mais impossible de mettre la main dessus

  • Je n'accroche pas du tout avec cet auteur
    Peut-être pourras-tu m'aider depuis que je viens de lire ton billet je cherche quand et à quel sujet j'ai bien pu l'entendre sur une radio,mais il y a très peu de temps
    Et comme d’habitude il m'a un peu énervée!!
    Bonne journée

  • @ Aloïs : Jérôme parle d'un livre récent "modernes catacombes" il y a des chances pour que ce soit pour la sortie de ce livre que tu l'aies entendu
    je suis comme toi pas fan du tout de l'auteur mais son propos ici est intéressant même s'il est très mal écrit

  • Même s'il est resté souvent dans les bars des pays en pleine révolution, Régis Debray y est allé, lui, alors que d'autres intellectuels de salon ont glosé sans jamais y avoir mis un pied. Dans cette optique, je l'aime bien, même s'il m'agace. Mais les autres m'agacent plus. Idem pour la Terre "sainte"; il y est allé, donc c'est forcément plus intéressant.

  • @ Damien : tout à fait en connivence avec toi, agaçant mais un périple bien réel, par de glose à partir d'idées toutes faites mais bien d'expériences vécues de rencontres "en chair et en os"

  • Je reconnais aussi à l'homme beaucoup d'intelligence bien que je ne partage pas, de loin, tous ses combats et sa vision des choses. Mais il a évolué depuis sa jeunesse révolutionnaire, il a ouvert les yeux sur le monde et j'ai entendu dire beaucoup de bien de ce livre. Je vais me le procurer en folio. Merci pour ce très intéressant article. Ils le sont tous d'ailleurs.

  • @ Armelle B : votre commentaire croise complètement celui de plusieurs lecteurs de Debray, respect pour l'intelligence même si on ne partage pas ses idées
    J'aime assez lire un peu à contrario de mes opinions, le meilleur moyen de ne pas se figer sur des idées définitives

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