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Rechercher : il pleuvait des oiseaux

  • La couleur du lait - Nell Leyshon

     

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    La vie dans le Dorset

     

    Dickens fut le chantre de la pauvreté des villes mais à travers ses romans on voit peu le monde rural. Pourtant au XIXème siècle le peuple des campagne ne nageait pas dans l’opulence loin s’en faut. C’est ce monde que propose Nell Leyshon avec ce roman. 

     

    «  Ceci est mon livre et je l'écris de ma propre main

    nous sommes en l'an de grâce mille huit cent trente et un, j'ai quinze ans et je suis assise à ma fenêtre. je vois beaucoup de choses. je vois les oiseaux qui piaillent dans le ciel. je vois les arbres je vois les feuilles.

    et chaque feuille a ses veines.

    chaque tronc a ses fissures.

    je suis pas très grande et mes cheveux ont la couleur du lait. »

     

    Mary est très jeune,  elle ne tient pas un journal, non, pourtant elle nous fait le récit de sa courte vie parce qu’il y a urgence.

    Jusqu’à quinze ans elle a vécu à la ferme de ses parents dans le Dorset, un quotidien sombre, dur, violent. Elle n’est jamais allé à l’école, pas plus que ses soeurs, elle trime du matin au soir, travail ponctué par des coups, des humiliations, des moqueries sur sa boiterie, souffre-douleur du père, seul son grand-père est proche d’elle et d’une certaine façon elle le protège.

    Les coups pleuvent sur elle car elle n’a pas la langue dans sa poche, elle se rebelle et elle est d’une spontanéité qui souvent la met en danger.

     

     

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    Le Dorset

     

    Sa vie va changer lorsqu’elle est quasiment vendue au pasteur du village M Graham, qui cherche de l’aide pour s’occuper de son épouse malade. C’est au presbytère  qu’elle va avoir l’opportunité d’apprendre à lire et à écrire mais je ne vous dévoile rien sur sa façon d’apprendre à lire.

    Elle à rêver de lire pourtant elle a du mal à couper les ponts avec sa famille comme si elle avait compris qu’il y aurait pour elle un prix à payer pour avoir voulu se hisser un rien au dessus des femmes de la famille.

     

     

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                     Une si jolie campagne

     

    J’ai aimé le style du récit, l’auteur nous restitue une langue encore un peu pauvre, maladroite mais pleine de spontanéité. Le rythme donné au récit se fait urgent, les mots manifestement se bousculent sous la plume de Mary. 

    Nell Leyshon n’entretient aucun suspense mais parvient à tenir le lecteur en haleine grâce à une écriture qui sert parfaitement le roman avec parfois des métaphores bibliques

    C’est un roman très court, le sujet est presque banal mais Nell Leyshon en fait un très beau récit dans lequel la voix de Mary s’élève de façon intense et tendre.

     

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    Le livre : La couleur du lait - Nell Leyshon - Traduit par Karine Lalechère - Editions Phébus

     

  • Inventaire d'une maison de campagne - Piero Calamendrei

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    L’âge venant un homme parcourt tous les lieux de son enfance. Au travers des paysages de la campagne Toscane on découvre avec lui les prairies en fleurs, les sous-bois cachette de champignons, les chants d’oiseaux. 

    Partons donc pour les été bénis de l’enfance et de l’adolescence dans les collines de Toscane, Montepulciano, Montauto vont abriter ses premières expériences de ramasseur de champignons, sa découverte d’une campagne sous le soleil. 

    «  le jardin était le monde entier » les promenades sous les pins sont pour lui 

     

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     « la première rencontre consciente avec le monde végétal, le commencement de cette intimité amoureuse avec les arbres et les herbes qui me donne aujourd’hui encore, quand je me promène dans une pinède, l’impression de franchir après une longue absence le seuil de ma maison. »

    C’était le temps des cueillettes et Piero Calamandrei est un fameux ramasseur de champignons. Le grand-père est magistrat, il met de côté tout ce qu’il trouve, étiquettes, bouteilles, clés, paradis pour l’enfant.

    et donne des leçons  à l'enfant

     

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    « Le bureau de mon grand-père fut mon premier banc d’écolier. » Puis c’est la récolte du miel et le temps des moissons, le temps des concerts de cigales, le temps des fêtes et des processions.  

    Hommes et femmes sont au travail, Don Prospero l’embaumeur, l’oncle Domenico «  le compagnon de jeux le plus sûr et le plus docile », et madame Assunta qui vend des fruits exotiques, un monde excitant pour un enfant de la ville.

     

    Banal ? non pas lorsque l’on sait que l’homme qui écrit est en même temps un anti-fasciste convaincu et un des pères de la Constitution italienne.

    Revenant sur les traces de son enfance il sait marier avec simplicité la douceur et la mélancolie qui s’attachent aux souvenirs avec l’oeil de l’homme mature.

    Les petits récits sont pleins de détails amusants, savants, et tellement vrai que « le bonheur premier d’un monde magique » s’ouvre à nouveau pour nous.

    C’est un livre bienfaisant que cet inventaire. 

    Ce livre Piero Calamandrei l’a écrit en premier lieu pour ses amis et je crois que c’est ainsi qu’il faut le lire.

     

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    Le livre : L’inventaire d’une maison de campagne - Piero Calamandrei - Traduction de Christophe Carraud - Editions de la Revue Conférence

  • Le Jardin de Virginia Woolf

    Vous êtes un amoureux des jardins ? Vous êtes une inconditionnelle de Virginia Woolf ? Dans un cas comme d'en l'autre ce livre est fait pour vous.

    Caroline Zoob fut en charge avec son mari de Monk’s House au nom du National Trust qui possède et gère le domaine. Elle nous offre là un livre qui met en joie.

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    En quelques pages de présentation on comprend que le jardin actuel de Monk’s House n’est pas tout à fait celui de Virginia et Leonard mais peu sans faut et l’esprit de ce jardin est bien le même.

    A travers les lettres et le journal de Virginia on sait beaucoup de choses de ce jardin, vous entendrez d’ailleurs sa voix au travers des commentaires de telle ou telle transformation, de telle ou telle plantation, de tel ou tel agrandissement.

     

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    © John Pilmmer


    Mais ce jardin est aussi et surtout celui de Leonard qui en fut le maitre d’oeuvre. 
    On peut voir en Caroline Zoob  une amie du couple Woolf tellement sa compréhension est fine et délicate.

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    «  Dans le jardin où les arbres serrés dominaient les massifs floraux, les pièces d’eau et les serres, les oiseaux chantaient sous le soleil éclatant, comme s’ils étaient seuls au monde. »

    Elle nous fait revivre l’achat de la maison, les premiers temps difficiles sans eau courante, sans électricité, sans sanitaires. Virginia et Leonard ont acheté la maison sur un coup de tête, surtout pour le jardin et son verger extraordinaire.

    Au gré des saisons le jardin se transforme, des allées sont tracées, des coins créés. Leonard surveille le potager, les Woolf vendent et offrent les fruits du verger, se font apiculteurs.

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    La cabane de travail de VW

    Les amis viennent en séjour et petit à petit la maison prend forme, les pièces changent de destination, Virginia repeint le salon en rouge et les toilettes rudimentaires en jaune !

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    « Nous avons eu également un hiver sérieux, ici, bien froid et neigeux... »

    Au fur et à mesure des rentrées d’argent liées à ses droits d’auteur, Virginia investit dans la maison et Leonard dans le jardin.
    Un nouveau bassin, un petit étang où l’on pourra patiner l’hiver, une gloriette, une pergola, une folie, une serre ....
    Les différentes parties du jardin reçoivent des apellations : la terrasse aux meules, le jardin aux poissons rouges, le jardin italien, l’allée des fleurs.

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    «  Une jolie petite pièce...juste ce dont j’ai toujours rêvé »

     Les cendres de Virginia furent répandues dans le jardin et Leonard ajouta une plaque gravée des derniers mots du roman Les Vagues.

    Caroline Zoob fut un temps agacée par l’idolâtrie dont jouissait Virginia, puis au fil du temps elle appris à aimer ces hommes et ces femmes qui font un long chemin juste pour venir s’asseoir sur un banc de ce jardin, pour entrer en communion avec leur écrivain préféré et qu’elle trouvait encore assis à la fermeture le soir attendant la maîtresse de maison.

     

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    C’est un livre que je vais ajouter à mon espace Virginia Woolf, il est magnifiquement illustré, intelligemment commenté et il accompagne parfaitement les pages du journal de Virginia Woolf. Un cadeau à faire ou à se faire. 

     

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    Le livre : Le jardin de Virginia Woolf Histoire du jardin de Monk’s House - Caroline Zoob  - Photographies Caroline Arber - Editions Massin

  • Marguerite Yourcenar Portrait intime - Achmy Halley

    Elle aimait faire la cuisine, elle était végétarienne ce qui n’était pas du tout à la mode, elle était une passionnée de voyage, intrépide et indépendante, elle était gardienne de la nature et anticonformiste. 

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    Elle ? C’est Marguerite Yourcenar ou plutôt  Marguerite Cleenewerck de Crayencour, petite fille éduquée dans de riches demeures, ne mettant pas un pied à l’école mais se révélant une intellectuelle cultivée et libre.

    Vous pouvez bien entendu trouver une biographie très complète, vous pouvez lire son livre d’entretien avec Matthieu Galey mais vous pouvez aussi choisir de découvrir cette femme  à travers un livre splendide qui pourrait s’intituler « l’art de vivre de Marguerite Yourcenar »

    J’avoue que je ne suis pas totalement objective parlant de ce livre car j’aime l’oeuvre et je suis fascinée par le destin de cette femme. 
    Qui était Marguerite Yourcenar ? Nous la découvrons à travers des photos inédites, grâce à des documents d’archives américains, ses manuscrits, sa correspondance, tout cela étant conservé à l’université de Harvard. 

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    Il y a bien sûr son entrée à l’Académie Française le 22 Janvier 1981, cérémonie retransmise à la télévision !! j’ai l’impression que c’était hier, comme son entretien avec Bernard Pivot que l’on sent si fier et si intimidé par la prestance et le talent de cette femme. 

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    Villa au Mont Noir

    Achmy Halley, spécialiste de l’écrivaine, a dirigé pendant dix ans la Villa au Mont-Noir dans les Flandres et a séjourné sur l’île des Monts Déserts et a pu ainsi feuilleter les carnets, la bibliothèque et s’entretenir avec des voisins, des proches et nous faire ainsi entrer dans l’intimité de cette femme et nous dévoiler des facettes nettement moins connues.
    L’iconographie est superbe et très riche.

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    Petite plaisance 

    Marguerite Yourcenar aimait les plaisirs de la vie : faire la cuisine qu’elle voyait comme une alchimie, elle aimait faire son pain et enseignait l'art du pain à la française aux enfants du voisinage.

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    « il y a peu de différences entre le pain et les livres. On les pétrit pour leur donner forme et on les laisse grandir ».

    Elle aimait aussi le jardin qu’elle a créé avec Grâce Frick, elle vivait au jardin, s'activant au potager et se passionnant pour la botanique, elle se nommait volontiers « servante des oiseaux ».

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    « Chaque herbe du jardin c’est un morceau de moi »

    Le livre embrasse la vie de l’écrivaine, portrait intime plein d’anecdotes qui le rendent savoureux, et si vous est fan de recettes vous pourrez réaliser quelques une des préférées de la dame qui était passionnée des cuisines du monde autant que de voyages.

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    Un grand merci à Bonheur du jour qui m'a lancé sur la piste de ce livre.
    Laissez vous tenter par cette balade à Mont Désert, un beau livre qui chez moi a trouvé place à côté des Mémoires d’Hadrien et de l’Oeuvre au noir.

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    Le livre : Marguerite Yourcenar Portait intime - Achmy Halley - Editions Flammarion

  • L'Iris de Suze - Jean Giono

     Nicole Lombard est un passeur formidable pour découvrir les romans de Giono. J'avais encore quelques belles découvertes à faire. En voici une.

     

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    Est ce bien cela que l'Iris de Suze ?

    Une histoire simple, celle de Tringlot un nom curieux ! mais qui porte d’autres patronymes.

    Il revient de loin Tringlot, des larcins peut être des crimes, l’amour de l’or l’a conduit a faire sept ans de Biribi, de travaux forcés si vous préférez on est en 1904 et la justice ne rigole pas.

    Il parait assagi mais allez y voir...

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    Il se fait discret et Louiset le berger lui accorde sa confiance pour mener la transhumance avec lui, mais le soir Tringlot revoit le passé et surveille ses arrières car manifestement on le poursuit. Ils sont deux à lui donner la chasse, l’un promène une odeur de réglisse, l’autre fait entendre un bruit de clés. 

    Quand Louiset lui propose de faire la saison là-haut dans la montagne, Tringlot accepte et petit à petit un monde vaste s’ouvre à lui. 

    Le voilà à Quelte, un château habité par une baronne qui fraye avec Murataure le forgeron du village. Il passe des heures avec Casagrande, un drôle de bougre, un peu médecin, un peu diable qui occupe son temps à nettoyer des squelettes d’oiseaux. 

    Drôle d’endroit mais peu à peu Tringlot s’y sent chez lui surtout après sa rencontre avec l’Absente, c’est la femme du forgeron, une femme belle mais mutique.

     

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    C’est le romanesque porté à son sommet, le récit s’enfonce dans l’extraordinaire, le merveilleux mais aussi le diabolique. Giono n’explique rien, il nous laisse nous faire notre propre idée, chaque personnage est multiple et tour à tour nous effraye, nous emporte dans un tumulte d’impressions. Les plus noirs sont aussi parfois les plus touchants. La folie guette mais aussi l’amour, celui qui rend fou et pourtant mène aussi sur les chemins de la rédemption. 

    J’ai vraiment tout aimé dans ce roman, les personnages jamais totalement dévoilés, l’amour qui fait fi des conventions,  la chronique de la transhumance si pleine de poésie, le conte flamboyant qui se cache derrière le récit.

    La langue de Giono est inventive, riche et participe au bonheur de lecture.

    Quant à savoir ce qu’est l’Iris de Suze je vous laisse le découvrir en lisant ce roman.

     

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    Le livre : L’Iris de Suze - Chroniques romanesques - Jean Giono - Gallimard Quarto

     

  • L'art de voir les choses - John Burroughs

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    Voilà bien une lecture par ricochet, après avoir lu  La maison en chantier, j'avais été intriguée par les passages faisant référence à un écrivain américain « à la Thoreau », écrivain dont je n’avais jamais lu le nom.

    Lorsque ces choses là me titillent je suis mon idée jusqu’au bout, après avoir tapoter sur le clavier, fait le tour de ce que je pouvais trouver en bibliothèque, je me suis résolue à commander ce livre.

    Quel plaisir ! la couverture d’abord, superbe et empruntée à Audubon, c’est une petite anthologie de textes, choisis par le traducteur, précédée d’une présentation du traducteur très éclairante et suivie d’une petite biographie en fin de volume.

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    John Burroughs est décrit comme un «  écrivain très populaire, personnage bonhomme et pittoresque » dont les livres se sont vendus à des millions d’exemplaires et qui était célèbre à l’égal de H D Thoreau et de John Muir

    Amoureux de la nature et de l’observation de celle-ci, il possède un oeil à mi chemin entre « l’oeil du savant et l’oeil du poète »
    Il aime la vie simple « car c’est celle que j’ai vécu et je l’ai trouvé bonne » dit-il. 

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    C’est un naturaliste précis et riche dans ses observations des oiseaux, des plantes, mais qui se passionne aussi pour la pêche à la truite ou le chant de la colombe 

    Il nous invite à être un observateur attentif qui « déchiffre les signes subtils du temps, les étoiles lui prédisent le lendemain, les nuages du soir et du matin sont des présages »

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    Sa maison des Catskill

    C’est un redoutable marcheur comme Thoreau, il nous convie à « en rabattre un peu avec notre fierté de citadin des grandes villes » et à prendre notre bâton de marche. Il a parcouru les Adirondacks, les forêts du Maine avant de poser sa maison dans les Catskill.

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    Thomas Cole View on the Catskill  Musée de San Francisco

    « Partir à pied sur la grand-route c’est prendre enfin un bon départ dans la vie » alors n’hésitez pas à le suivre car « le piéton se réjouit toujours, allant revigoré, renouvelé, le coeur dans la main et la main disponible »

    A vous « les pommes sur le bord de la route, et les baies, et la source et l’abri accueillant » N’hésitez plus, mettez vos pas dans les pas de John Burroughs.

    Vous avez compris que j’ai beaucoup aimé ce livre, j’ai parfois pensé à Jean Henri Fabre en le lisant, il a trouvé sa place dans ma bibliothèque à côté de Walden et des Souvenirs entomologiques.

    John Burroughs est né en 1837, instituteur de campagne il abandonne l’enseignement en 1846  il rencontre Walt Whitman à qui il consacre son premier livre, en 1873 il fuit la ville, s’installe dans les Catskill. 

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    Le livre : L’art de voir les choses - John Burroughs - Traduit de l’anglais par Joël Cornuault - Editions Fédérop