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Rechercher : Marie Edith Laval

  • Reflets dans un oeil d'or - Carson McCullers

    Les dames du Sud sont magnifiques 

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    Carson McCullers

    « Il y a un fort, dans le Sud, où il y a quelques années un meurtre fut commis. Les acteurs de ce drame étaient deux officiers, un soldat, deux femmes, un Philippin et un cheval. »

    Les Premiers mots du roman, voilà si vous vous attendiez à un suspense c’est raté.
    L’auteure va nous faire suivre ces personnages, le cheval en moins, leurs attaches, leurs liens qui vont inexorablement s’entremêler.

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    Nous sommes dans le Sud, là où le racisme est non seulement banal mais aussi parfaitement admis.

    Le capitaine Penderton a une femme volage, Leonora, elle ne brille pas par son intelligence et elle a pris un amant.

    L’amant est le commandant Langdon; le supérieur du mari de la dame ! Mais le commandant a aussi une femme, Alison, qui elle souffre de la trahison de son mari et de la perte récente d’un enfant. Seul son serviteur Anacleto la comprend.

    Mais ce que peut penser le commandant d’un serviteur philippin …. qui s'en soucie ?

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    Quelle affiche !

    Penderton éprouve de la haine envers sa femme, parce qu’elle a la fâcheuse tendance à prendre pour amant des hommes dont il tombe amoureux, comme ce soldat Williams qui entre la nuit dans la chambre de Leonora pour l’observer. Tordu, vous avez dit tordu ?

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    1966 Elizabeth Taylor et Marlon Brando dans l’adaptation de John Huston

    « sa fascination à l'égard de la sensuelle femme du capitaine est bien là, tandis qu'elle-même l'ignore et ne le voit pas, à l'inverse de son mari »
    Mais la beauté de femme mûre laisse de marbre le mari.

    Le mari et l’amant on connait de longue date, sauf que Carson McCullers pousse l’étude de moeurs au plus loin.

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    Ce huit-clos dans une garnison et un roman à la fois beau, envoûtant mais cruel et glaçant au point qu’aucun personnage n’attire la sympathie, même les victimes. La tension monte, les obsessions de chacun sont examinées à la loupe et l’on devine une fin tragique. 

    Les protagonistes de ce roman sont tous incapables d’être heureux , leur sensualité doit être cachée, la morale leur interdit de l’exprimer.

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    Il fallait du courage à Carson McCullers pour en découdre avec les conventions et choisir de traiter le racisme, l’homosexualité et l’adultère et montrer que désirs et les pulsions sont plus forts que toute morale.

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    Le livre : Reflet dans un oeil d’or - Carson McCullers - Traduit par Pierre Nordon - Editions La Pochothèque 

  • Reines et favorites - Benedetta Craveri

    Reines et favorites - Benedetta Craveri - Traduit de l’italien par Eliane Deschamps-Pria - Editions Gallimard Folio
    reinesetfavorites.gifUn peu d’histoire cela vous tente ? Pietro Citati nous a offert de magnifiques portraits de femmes écrivains, Benedetta Craveri, elle, nous propose des portraits de reines et de favorites, celles qui parfois ont fait l’histoire.

    Une galerie de portraits, elles sont toutes là ( ou presque ) des reines de mauvaise réputation, des reines  qui ne régneront jamais dans le coeur du roi, des reines sacrifiées et d’autres qui exerceront le pouvoir.
    Portraits des favorites qui rêvent d’une couronne et parfois l’obtiendront, qui devront affronter le mari « royalement cocufié » qui se verront renvoyées sans autre forme de procès, qui cacheront leurs enfants et parfois y perdrons la tête au sens propre du terme !
    Je vous fais une petite liste mais vous les connaissez toutes : Anne d’Autriche, la Montespan et la Pompadour, Marie et Catherine de Médicis, Louise de La Vallière, Mme de Maintenon, sans oublier la Reine Margot et bien sûr Marie Antoinette.
    Pas facile pour ces femmes d’être mère, amante, de remplir leur devoir en donnant un héritier à la couronne, de mettre au monde des enfants bâtards, de vivre dans l’ombre d’une favorite ou chassée par la Reine à la première occasion.
    L’histoire est parfois sévère avec certaines, la Saint Barthélémy, l’affaire des poisons, les guerres avec l’Espagne, les reproches pleuvent mais comment ne pas être touché par celles qui perdent leurs enfants, sont humiliées publiquement, qui finissent au couvent ou sous la guillotine

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    Mme Du Barry              Mme de Montespan       Mme de Pompadour

    j’avais beaucoup aimé le livre de Benedetta Craveri  Madame du Deffand et son monde celui-ci n’a pas la même envergure mais j’ai eu du plaisir à remonter le fil du temps et à suivre les parcours de ces femmes prises dans le carcan de la raison d’ Etat et toujours maintenues dans une position inférieure. Sans doute ma fibre féministe qui parle !

    L’auteur
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    Benedetta Craveri est professeur d’université en Italie, spécialiste de la civilisation française du XVIIè et XVIIIè siècles.
    Elle a publié Madame du Deffand et son monde en 1986, livre pour lequel elle a reçu de nombreux prix.

     

  • Bribes de M Stern

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    «  La joie au coeur, remplissons le creux de notre main d’un peu de myrtilles, et savourons les en pensant que le grand tétras et la grive musicienne les aiment eux aussi.

    Dans les clairières, mangeons également quelques fraises des bois parfumées ou quelques framboises mûres. La lune décroissante n’est pas favorable à la cueillette des champignons, mais si, parmi les myrtilles, il vous arrive d’apercevoir le jaune lumineux des chanterelles, ne vous précipitez pas pour les prendre ; savourez ce moment avec bonheur, comme un don de la nature : le souvenir même de cette cueillette donnera encore plus de goût et de parfum au risotto de votre dîner en famille. »

     

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    Le Livre : Les Saisons - Mario Rigoni Stern - Traduction Marie Hélène Angélini - Editions La Fosse aux ours

  • Bribes de mésanges

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    « Une année un couple de mésanges avait fait son nid dans une grosse amphore en terre sur la terrasse, tout près de la porte d’entrée.
    Le père et la mère à tour de rôle, se perchaient sur le mur, une chenille verte en moustache au bord du bec. »

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    « Les parents se relayaient sans interruption, se donnant le mot pour aller quérir cette provende de chenilles vertes apparement inépuisable. »

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    « Un jour sans crier gare, les mésangeaux se sont envolés, l’un après l’autre. Le chat en goba deux, coup sur coup, comme au tir au pigeon, sûr de son bon droit, avant que je réagisse et l’intercepte. »

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    « Les années suivantes l’amphore resta vide »

    Le livre : Carnets d’un jardin - Anne-Marie Koenig - Editions Grasset

  • Des cornichons au chocolat - Stéphanie

    Vite revoilà Marie et ses lectures avec un livre recommandé par sa mère (ben non ça l'a pas arrêté) et par sa grand-mère qui l'avait fait lire à ses filles ! un livre par delà les générations c'est sympa non ?

     

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    Le résumé du livre

    Ecrit sous la forme d'un journal intime le livre raconte l'histoire de Stephanie une jeune fille de 13 ans qui vit dans sa bulle et son avis decalé sur les adultes. Son gout prononcé pour les cornichons au chocolats et son chat Garfunkel , elle va vivre des choses surprenantes avec ses amis elle qui viens de Paris.

     

    Avis de Marie : 

    j'ai adoré ce bouquin je me suis pas mal identifiée à ce personnage, sa vision du monde, son avis sur les choses qui l'entourent, sa solitude et sa révolte.

    On a envie que ça continue indéfiniment. Cela a été un véritable plaisir de lire ce livre recommandé par ma mère je le conseille vraiment pour les jeunes de mon âge 

     

    Petite info supplémentaire 

    Toute une génération s’est identifiée à cette adolescente de treize ans :  son regard dérangeant sur les adultes, l’école, le travail, et son goût discutable pour les sandwiches aux cornichons et au chocolat… En réalité, le véritable auteur de ce livre est le romancier Philippe Labro qui a décidé, vingt-quatre ans plus tard, de revendiquer ce « roman caché »

     

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    Les versions lues au fil du temps

    Le livre : Des cornichons au chocolat - Stéphanie - Editions le Livre de poche

     

  • L'obèle - Martine Mairal

    Une fille d'Alliance

     

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    Je me suis promenée chez Montaigne au début de l'été et voici un billet pour clore ma balade un livre que Rosa m'a soufflé

     

    Marie de Gournay est née quelques années avant que Montaigne ne se retire de la vie publique et n’écrive les premières pages de ses Essais.

    Bien que fille, elle réussit à obtenir de ses parents de faire des études, elle apprend le latin, le grec et les sciences et elle lit autant que faire se peut.

    Dix sept ans est le tournant de sa vie, l’âge auquel elle découvre les écrits de Montaigne

     

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    Le temps de la Saint Barthélémy

    « A dix-sept ans, j'entrais en érudition comme on entre en religion; la religion d'un livre qui les contient tous : les Essais de Michel, Seigneur de Montaigne ».

    Ce livre la comble totalement, il « parlait à mon esprit avec une limpidité et une force jamais éprouvées» dit-elle

     

     

    Aujourd’hui les lecteurs qui veulent rencontrer leur auteur favori se rendent au salon du Livre, à l’époque rien de tel, surtout pour une fille qui est déjà en délicatesse avec sa famille ayant systématiquement refusé tous les partis qu’on veut lui faire épouser. 

    Lorsqu'elle apprend que Montaigne est à Paris pour des raisons politiques, elle lui écrit une missive pour solliciter une entrevue et espère que Montaigne saura l'entendre

     

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                                Le Paris des guerres de religion

     

    «  Si je provisoire échapper, fût-ce une fois dans ma vie,à la mauvaise réputation que me veut ma féminine complexion » lui écrit-elle.

     

    Et le miracle se produit, l'auteur lui rend visite en sa demeure.

    « Au premier regard, il pénétra l'extraordinaire de cette rencontre, sut tout de moi, me saisit d'emblée différente, me décida son égale en esprit sinon en âge ... ».  

    Elle craint d'être déçue « Je tremblais d'angoisse, non de ne point lui plaire, mais bien qu'il ne me plût point.»

    Mais bien vite il la reconnaît comme une âme sœur :  « Rares sont les vrais lecteurs labourant à moissonner toute l'étendue du champ de la pensée » et l'amitié littéraire est immédiate.

    Cette amitié se poursuivit jusqu’à la mort de Montaigne.

     

    Il la fait sa fille d'alliance, ce qui sera souvent contesté par certains des amis de Montaigne car  «  Rares sont les femmes que leur noblesse, leur richesse ou leurs alliances tiennent quittes d'obéir au sort commun qui les veut niaises à douze ans, belles à quinze, mère à dix-sept, résignées à vingt, vieilles à vingt-cinq et dévotes à trente si elles ont survécu. »

     

    Marie apprenait son futur rôle d'éditrice. Il lui expliqua l'obèle :

     

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    « Voyez ce signe, Marie. Trois traits  y suffisent. Une barre verticale ferrée de deux traits brefs à chaque extrémité. Tant me plaît cette petite broche que les copistes alexandrins dénommaient obélos. J'ai fait mien ce signet de leurs hésitations sur l'authenticité de tel ou tel vers d'Homère. Il saura vous parler quand je me serai tu. Suivez-le à la trace. Il indique le point de bifurcation où enchâsser mon ajout dans mon texte ».

     

    Montaigne utilisait ces signes en permanence, ses Esssais se voyaient enrichir en permanence d’allongeails qu'il signalait d'un obèle.

     

    Marie de Gournay a tenu salon et aurait pu être académicienne, seul l’acharnement de quelqu’uns l’en empêchèrent, elle put ainsi consacrer sa vie à l’édition des Essais «  Sans la vigile fidélité de Pierre de Brach, sans la volonté de Françoise de Montaigne de faire respecter les vœux de son époux, j'eusse été écartée de l'histoire des Essais, notre amitié niée, sa langue épurée, censurée et ses papiers détournés »

    Elle fut à l’origine des éditions de 1595 et 1598 pour lesquelles elle demeura dans le manoir de Montaigne et travailla librement dans sa librairie car elle détenait la confiance de la femme et de la fille de Montaigne.

     

     

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    Le titre peut éloigner des lecteurs et ce serait dommage, mais il faut bien dire que Martine Mairal s’en donne à coeur joie avec les mots disparus de la langue française, obèle est de ceux là, ces mots même que l’Académie de l’époque voulait voir supprimer du dictionnaire au grand dam de Marie de Gournay.

    Martine Mairal croit à l’amitié amoureuse entre ces deux êtres « Il me fut Michel, je lui fus Marie. Le reste ne regarde que nous. » fait-elle dire à Marie de Gournay.

     

    Quand on sait que pendant des années, l’Université Française a fait la fine bouche à propos de Montaigne, ne lui reconnaissant pas le titre de philosophe, on s’étonne moins que ce roman magnifique soit passé quasi inaperçu à sa sortie.

    En ces temps de rentrée littéraire il est bon de se rappeler qu’il ne suffit pas d’être de paraitre à l'automne pour être un bon roman. 

     

    Merci à Rosa 

     

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    Le livre : L’Obèle - Martine Mairal - Editions Flammarion