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Rechercher : Marie Edith Laval

  • Le Pays oublié du temps - Xavier-Marie Bonnot

    Papou quoi ?

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    Très déçue par toute une série de polars je n’avais plus rien lu depuis des semaines. Et voilà un bon livre du genre que je vous recommande.
    Tout d’abord dire qu’il s’adresse à ceux et celles qui aime les bonnes histoires, bien ficelées, des personnages bien campés qu’on ne détesterait pas rencontrer à nouveau au détour d’un livre.
    Un récit qui va vous emporter de Marseille en Papouasie....où ça ?? oui en Papouasie Nouvelle-Guinée, je vous avoue que j’ai fait une petite recherche géographique car si je situais bien ça dans l’Océan Indien après ...c’était nettement plus flou.
    Tout commence en Nouvelle- Guinée en 1936, deux explorateurs,  Robert Ballancourt et Fernand Delorme remontent des rivières, sont accueillis dans des villages, ils sont à la recherche d’objets rares et surtout de têtes, de crânes, car ils sont ici au pays des coupeurs de têtes et accessoirement au pays des cannibales.

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    Un grand bond dans le temps pour nous retrouver à Marseille, au domicile de Fernand Delorme qui vient d’être assassiné. Michel de Palma, dit « Baron » flic très compétent et amateur d’opéra, est chargé de l’enquête.
    Très vite l’enquête va s’orienter vers le marché de l’art et ses circuits parallèles. Ce n’était que le premier meurtre, d’autres vont suivre.

    Voilà la trame, elle va vous faire voyager du Musée des Arts Premiers aux quartiers si pittoresques de Marseille, de Freud aux peuplades d’Océanie, de la goélette la Marie-Jeanne, à Port Moresby.

    C’est intelligent, stimulant, Lévi-Strauss dans un polar ce n’est pas courant et ça déclenche la curiosité. 
    Un seul conseil : embarquez sur la Marie-Jeanne vous ferez un voyage très sympathique. Moi j’ai déjà prix un ticket pour les autres polars de l’auteur.

    Si vous voulez faites un petit tour au Musée

    Le livre :  Le pays oublié du temps - Xavier-Marie Bonnot - Actes Sud 2011

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  • Carnets d'un jardin - Anne Marie Koenig

    Et la nature est là qui t'invite   Episode 2

     

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    Après les discours avec les oiseaux, les trilles et les modulations du rossignol j’ai décidé de descendre dans mon jardin, enfin quand je dis mon jardin... il s’agit plutôt de celui d’Anne-Marie Koenig.
    Ce livre est dans ma bibliothèque depuis 17 années et je ne laisse jamais passer une année sans l’ouvrir. Je l’ai ranger entre Sue Hubbell et  l’Herbier de Colette.

                                                     Le jardin d'une autre Anne Marie

    Un journal tout entier composé comme un bouquet multicolore de fleurs champêtres. Des textes courts sur le jardin qu’elle estime tout juste sorti de l’enfance alors qu’elle le pratique depuis pas mal d’années « une décennie d’orages, de révoltes et de réconciliations. »
    La voilà armée de sa binette qui fait le tour des ses plates-bandes de fraises, ses bordures d’oseille ou de thym. Elle est dans son jardin dès potron-minet quand « la nature ne se méfie pas encore » et jusqu’aux dernières heures de la nuit.
    Elle nous convie à une leçon de jardinage. Elle nous fait avec modestie cadeau de ses conversations avec des plantes qu’elle a choisis non seulement pour leur agrément mais parfois juste pour leur nom : désespoir des peintres et autre amour en cage.

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    Mon jardin idéal

    Un coup de projecteur sur les hôtes du jardin : taupes et autres campagnols « une bande d’hypocrites » qui font « les pâtissons rares et anémiques ».
    Un crapaud un peu culotté qui grignote sans vergogne les plants de fraisiers, les insectes ne sont pas absents tels ces hannetons volant en escadrille bien rangée, véritables fous volants.

    Mais son préféré c’est le hérisson, surtout celui qui entreprit un jour de faire le tour de la piscine gonflable suivi par le chat de la maison, le hérisson distança le chat et se retrouva bientôt derrière lui pour lui donner une peur bleue !

    Les plantations maintenant : doux méli-mélo de légumes. Certains sont magnifiques comme ses potirons « individualistes » toutes les bonnes herbes aromatiques qui embaument dès qu’on les presse un peu, d’autres sont plus récalcitrants comme son oseille qui n’est qu’ « une vielle fille stérile » ses tomates qui refusent de virer au rouge ou font maladie sur maladie !

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    Chez Autour du puits  un potager dont on pourrait faire un livre


    Les fleurs maintenant, un lilas bien malade et des buis, alors là j’attendais l’auteur au tournant, parce que des buis moi j’ai essayé et bien fiasco total ! Elle les traite de "lympathiques et introvertis" ...je me sens vengée.
    Lavande et lavandin dont ni le gel ni la sécheresse ne sont venus à bout, des coriaces !

     

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    Ou le potager d'Enitram


    Pourtant parfois le ciel n’est pas clément et « A la tempête succède un curieux silence, encore bourdonnant de colère et de fatique. » il faut se remettre au travail, réparer les dégâts « il va falloir scier, redresser, tuteurer, amarrer. » sans perdre courage.


    « Mon jardin me plaît pour les surprises que me font les plantes » mais certain jour un peu de découragement peut poindre et c’est décidé l’an prochain « à l’emplacement du potager, je sèmerai des fleurs sauvages » mais demain la trouvera encore à l’aube le nez dans la rosée.
    J’ai aimé cette lecture qui a des vertus apaisantes, dont le parfum s’exhale page après page et dont j’ai très envie de profiter longtemps encore.

    Le livre : Carnets de mon jardin - Anne Marie Koenig - Editions Grasset

  • Cézanne Des toits rouges sur la mer bleue - Marie-Hèlene Lafon

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    Bibémus : j’ai dit dans ma chronique précédente que cela m’évoquait Giono et la Provence.
    Marie Hélène Lafon nous invite dans la Provence de Cézanne, de Zola et de Giono.

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    Elle a manifestement un attachement particulier pour le peintre et cet attachement a accouché d’un petit livre, il n’est ni une bio, ni un essai sur la peinture, c’est plutôt le livre d’une amitié, une rencontre entre peinture et littérature.


    Le titre ? ce sont les mots de Cézanne « Des toits rouges sur la mer bleue ».

    L’auteure a quelques craintes, elle décide d’ouvrir un « chantier » rassembler la documentation, les lettres, les écrits.
    Elle va affronter un monument de la peinture, un véritable colosse.

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    Elle se sent écrasée par ses prédécesseurs, ceux qui ont écrit sur Cézanne et non des moindre : Ramuz, Rilke, Juliet, Handke bien entendu « C’est écrasant et j’ai une longue expérience de cette sensation d’écrasement culturel, qui ne m’empêche toutefois pas de faire ce que je crois avoir à faire »

    Délaissant son Cantal natal, MH Lafon va trainer ses guêtres à Auvers-sur-Oise, à Aix-en-Provence, à Marseille.

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    La maison du pendu à Auvers-sur-oise – Paul Cézanne

    Comment parler de cet homme qui a consacré son existence à la peinture, cet homme qui disait la nécessité d’« Aller au paysage » ce qui est une formule magnifique, l’auteure dit que c’est un peu comme « aller au combat ».
    Un combat toujours perdu, et une œuvre toujours recommencée.

     

    Sous la plume de MH Lafon, Cézanne reste le bonhomme bourru, un rien violent, parfois carrément hargneux.
    Elle aime le chercher à travers les lieux, les paysages :
    Le Jas de Bouffan ou l’atelier des Lauves dans lequel une fente fut pratiquée pour permettre de faire passer la toile des Baigneuses.
    Marseille ou Auvers-sur-Oise où il peignit sans trêve.

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    J’ai le souvenir d’une expo magnifique au Grand Palais à Paris en 2011
    J’étais restée plantée devant certaines toiles, bien entendu les plus petites ce qui dans une foule est un combat toujours perdu.


    J’aurais voulu avoir les mots de MH Lafon qui fait parler les tableaux

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    « Je suis plantée devant le Sous-bois, au Louvre, salle Mollien, et je suis dans le bois, sous les arbres, traversée de lumière pâle. L'air est tiède, c'est un matin d'été caressant et parfait. Le vent bleu court dans les branches basses, le remuement des feuilles est tissé de pépiements d'oiseaux furtifs. Tout fait présence, le silence est habité, on arrête de marcher pour que cesse le vacarme des pas et du sang sous la peau. On sort de soi pour faire corps avec la merveille. »

    Pour parler de l’homme, elle choisit de faire parler ses proches, Blanche sa mère en premier lieu, Paul est son préféré, elle s’inquiète de l’avenir pour cet enfant qui choisit un chemin rude et incertain « songe à l’avenir, on meurt avec du génie et l’on mange avec de l’argent » mais toujours encourageante et soutien de son fils.

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    Elle fait aussi parler le père, Louis-Auguste  si souvent blâmé mais pour qui me semble elle n’est pas aussi sévère que beaucoup car après tout il a plus ou moins toujours fournit des subsides à son fils et était profondément désemparé devant le refus de ce fils de choisir une vie toute tracée. Il finit malgré tout par accepter le choix de Paul et même son mariage avec Hortense l’éternelle invisible.

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    Vous rencontrerez le Docteur Gachet si important pour les impressionnistes, Pissarro son ami.
    Elle nous livre même le jardinier, assis sous le tilleul des Lauves, à côté d’un Cézanne vieillissant.

    Elle sait parler de lui, de ses toiles, de sa peinture, parfois même avec une sorte d’urgence qui donne un rythme haletant au récit qui m’a parfois décontenancé.
    J’ai aimé que son imagination l’emporte vers Giono et ses personnages.

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    Lisez cet exercice d’admiration, fruit de trente années de compagnonnage et qui tente de nous communiquer les rêves du peintre, sa vie intime, ses obsessions, sa passion pour sa Montagne « sainte et carabinée, en majesté et en puissance ».
    Pour conclure ainsi : « On ne saisit pas Cézanne, on ne l'épuise pas, il résiste, on l'effleure, il glisse, il disparaît dans le sous-bois. On l'espère. On l'attend. »

    Vous avez visité ses maisons il est tant de connaître le bonhomme.

    Le Livre : Cézanne. Des toits rouges sur la mer bleue – Marie-Hélène Lafon – Éditions Flammarion



     

     

  • S.P.Q.R. Histoire de l'ancienne Rome - Mary Beard

    Pourquoi l'histoire de Rome, de son Sénat et de son Peuple continue d'avoir du sens pour nous ?

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    Senatus PopulusQue Romanus : Le Sénat et le peuple romain

    J'aime l'histoire antique, la civilisation romaine m'intéresse depuis longtemps.

    Certains pensent que la civilisation romaine continue d'imprimer sa marque sur notre civilisation actuelle. Je suis de ceux-là, mais comment une petite ville insignifiante en est-elle venue à être une puissance qui aujourd'hui encore influence nos conceptions de la politique, de la justice, du pouvoir et de ses dérives, de la notion de citoyenneté ? 

    J'avais déjà lu à plusieurs reprises sur le sujet, en particulier le livre de Lucien Jerphagnon qui fut celui qui m'ouvrit les portes de cette histoire là. 

    Aujourd'hui il était temps de compléter ma vision, de remettre en cause mes à priori, bref d'élargir un peu mes connaissances.

    Pour cela le livre de Mary Beard est parfait.

    Elle fait le choix de ne pas embrasser toute l'histoire de Rome jusqu'à sa chute et son récit s'arrête avec l'empereur Caracalla en 212 av JC mais bien entendu elle commence avec le mythe, la légende de Romulus et Rémus et le temps de la royauté car il y eut des rois à Rome même si l'on a tendance à se focaliser sur les derniers empereurs.

     

    Mary Beard part donc des premiers temps de la royauté et des conflits qui y sont attachés. Les fameux Gracques puis le temps de Cicéron et de la conjuration de Catilina qui apporta la célébrité à Cicéron.
    A travers ces faits l'auteur rend compte de l'évolution de la ville, car avant d'être un empire, Rome fut une ville, de ses institutions chaotiques et incohérentes parfois.

    On trouve là les mythes de cette histoire : le viol de Lucrèce qui n'eut jamais lieu, l'enlèvement des Sabines tout autant sujet à caution. 

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    L'enlèvement des Sabines  N Poussin Metropolitan Muséum NY

    D'autres événements plus crédibles comme la chute des Tarquins et la fin de la tyrannie qui voit en même temps la naissance d'une notion qui devait connaitre un grand succès, la notion de libertas.

    Mary Beard met en avant certains événements car ils ont fait l'objet de témoignages écrits, de traces archéologiques qui fait que « nous pouvons enquêter en chaussant, pour y voir de près et dans le détail, des lunettes contemporaines ».
    Elle nous invite à prendre de la distance avec les faits qui faute de la moindre trace ne sont pas avérés.

    A ce petit jeu de démystification certains personnages célèbres tombent un peu de leur piédestal, d'autres au contraire se voient offrir une absolution.
    Cléopâtre et son aspic si romanesque, Marc-Aurèle si philosophe et si violent ! Hannibal et ses éléphants, la figure de Pompée.

     

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    Rome au temps de Pompée

    Les Empereurs ne sont pas oubliés mais Mary Beard insiste beaucoup sur le fait que cette longue période qui va d'Auguste à Caracalla est somme toute la moins intéressante, les institutions ne bougent pas beaucoup, les détenteurs du pouvoir se succèdent souvent grâce au meurtre.

    Voilà pour l'exercice de salubrité publique mais ce qui est le plus intéressant dans ce livre c'est le regard que Mary Beard porte sur des aspects de l'histoire romaine peu mis en avant habituellement. 

    La religion, le commerce, la place des femmes et des esclaves, les riches et les pauvres. L'évolution de la société, de la ville et de l'Empire
    N'ayez crainte César ou Marc Antoine ne sont pas oubliés pas plus que Néron ou Tibère. 

    Malgré la masse de documents sur Auguste, l'auteur est toujours intriguée par les changements survenus chez cet homme, du jeune homme chétif et sournois à l'ambitieux forcené qui imprima sa marque aux 14 empeurs suivants.

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    J'ai lu quelques critiques reprochant à Mary Beard d'avoir interrompu son livre avant la Chute de Rome, cela ne m'a pas gêné car elle le clôt sur l'édit de l'empereur Caracalla  offrant la citoyenneté romaine à tous les hommes libres de l'empire. Joli symbole non ? 

    Décidément les anglais ont un rare savoir faire pour ce genre de livre, j'ai aimé l'écriture, j'ai aimé le mélange d'admiration et de critiques.
    J'ai apprécié l'ampleur du travail  

    « Depuis la Renaissance au moins, beaucoup de nos hypothèses les plus fondamentales sur le pouvoir, la citoyenneté, la responsabilité, la violence politique, l'empire, le luxe et la beauté ont été formés et testés, en dialogue avec les Romains et Leur écriture »

    Un livre qui sans nul doute trouvera sa place dans les bibliothèques des amateurs à côté de celui d'Edward Gibbon

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    Le Livre : SPQR Histoire de l'ancienne Rome - Mary Beard - Traduit par Simon Duran - Editions Perrin

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    L'auteur

    Mary Beard est professeur à Cambridge, elle a consacré plusieurs ouvrages à son sujet de prédilection. Elle a reçu pour ce livre la Médaille de la Librairie Bodleienne d'Oxford et et l'ordre of the British Empire. 

    Une personnalité hors norme, une femme libre qui aime à afficher son âge et ses choix vestimentaires au grand dam des critiques universitaires parfois un rien coincés.

    Elle conseille la BBC en matière d'histoire antique et est chargé du sujet dans les pages du Times Litrary supplémentaires.

     

  • Fumée - Ivan Tourgueniev

    L'hiver arrivant je vais poursuivre mon chemin en Russie.

    Aujourd’hui le plus francophile des écrivains russes, l'ami de Daudet, de Zola et de Flaubert, l'amant de Pauline Viardot musicienne et soeur de la célèbre Malibran, grand voyageur, vivant en France mais n’écrivant que sur la Russie son unique et inépuisable sujet.


    Après  Premier amour où se mêlaient le tragique et la volupté dont j'ai parlé ici en version audio, voici un roman plus ambitieux.
    Tourguéniev a suivi sa maîtresse à Baden-Baden et c’est là qu’il situe son roman. C’est une ville où se retrouvent français, russes, anglais, une ville cosmopolite et gaie, légère comme une bulle de Champagne où parois certains perdent tout comme Dostoïevski.


    Le héros est un jeune homme : Litvinov, sa fiancée Tatiana et la tante de celle-ci vont le rejoindre à Baden Baden, il est heureux « Sa vie lui apparaissait désormais sans obstacle, sa destinée était tracée »   
    Il y a une ombre dans le passé de Litvinov, jeune étudiant il est tombé amoureux fou d'une beauté au caractère « inconstant, autoritaire et fantasque »
    Elle  lui a préféré un riche parti, il a tenté de l’oublier mais aujourd’hui elle est à Baden-Baden avec son mari « Elle est toujours aussi ravissante malgré ses trente ans » et Litvinov va retomber sous son charme et tenter d’enfouir l’image de la douce Tatiana sous les ors et le clinquant. Mais peut-on aimer follement deux fois ?

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    Baden Baden au temps de Tourguéniev


    En parallèle de cette intrigue romanesque, Tourgueniev nous invite dans la société du temps, il s’en donne à coeur joie dans la satire.
    La société où évolue Irène, celle là même où évolue Ivan Tourguéniev, est l’objet d’une critique acerbe.
    Il moque les bavardages autour d’une Russie magnifiée et idéalisée.

    A travers une galerie de portraits très sévères il dépeint l’écart entre une Russie attardée et l’Europe civilisée.
    Il affirme « j’ai foi en l’Europe ou pour parler plus exactement, j’ai foi en la civilisation
    »
    La misère des paysans, le système politique tyrannique sont l’objet de ses critiques et de ses craintes « Il viendra un temps où tous auront à rendre compte » Tourguéniev fait preuve de lucidité et les lecteurs russes recevront très mal ce roman.

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    La Russie de Tourguéniev Isaac Levitan- village en hiver

    J’ai beaucoup aimé ce roman, son pessimisme, son romanesque un peu désespéré et l’amour inconditionnel de Tourgueniev pour sa patrie malgré ses critiques  « Moi, pour travailler, il me faut l’hiver, une gelée comme nous en avons en Russie, un froid astringent, avec des arbres chargés de cristaux..» .

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    Le livre : Fumée - Ivan Tourgueniev - Traduit par Edith Scheerer - Editions Gallimard Pléiade T2

  • Sur les étagères de ma bibliothèque

    Beau comme l’antique 

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    L’antiquité pour moi c’est : 

    Jupiter faisant retentir le tonnerre, une mère qui mange ses enfants, un homme condamné à l’exil loin de Rome, un empereur regardant Rome brûler, un vieil homme tentant d’échapper à une coulée de lave, un jeune homme poussant devant lui des éléphants, un fils assassinant son père tu quoque fili mi, un empereur guerrier et philosophe, un mur large comme l’Angleterre, un guerrier rendant les armes à Alésia, l’épouse du héros défaisant la nuit le travail de la journée, un père venant réclamer le corps de son fils, un fil qui conduit à un monstre, un poète qui nous raconte tous les mythes et leurs métamorphoses, le père de l’histoire, un poète qui aime les abeilles, une ville engloutie sous les cendres …..et bien d’autres choses encore 

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    Je n’ai pas le prétention de tout passer en revue, ma bibliothèque a évolué au fil du temps, aujourd’hui il ne reste que l’essentiel, la substantifique moelle si l’on peut dire.

    Je n’ai pas la prétention de vous dire « c’est ce qu’il faut lire » mais plutôt voilà ce que moi j’aime, ce qui m’a enrichi, a répondu à ma curiosité, m’a fait parfois rêver ou bondir ou changer mon regard.

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    Certains livres sont classés en histoire et là je vous recommande Lucien Jerphagnon, un formidable passeur, avec lui vous saurez tout sur l’histoire romaine et ses empereurs qui ont fait sa gloire ou son malheur ou si vous préférez un livre plus récent choisissez Mary Beard 

    Je vous recommande Moses Finley et son formidable Monde d’Ulysse ou bien son essai On a perdu la guerre de Troie avec son érudition formidable, une admiration que partage mon amie de Bonheur du jour 

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    Dans ma bibliothèque commençons par les dictionnaires, certains sont indispensables à qui aime l’antiquité.

    Il y a ainsi le dictionnaire amoureux de la Grèce de Jacques Lacarrière, vous n’êtes pas étonnés de trouver ce nom ici car c’est un auteur que je lis et relis depuis de nombreuses années.

    Plus savant si l’on peut dire, il y a le Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine de Pierre Grimal, une somme qui nous fait connaitre ces personnages humains et divins, ces lieux mythiques, ces symboles de notre humanité, ces « marionnettes éternelles » 

    Mais vous pouvez faire plus simple avec le livre d’Edith Hamilton que l’on trouve en poche et aussi en version audio que je vous recommande lu par Thierry Janssen avec brio.

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    Il y a pour les non latinistes comme moi le Dictionnaire des sentences latines et grecques de Renzo Tosi, le genre de livre que l’on ouvre et dans lequel on tombe comme dans un puit sans fond 

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    Enfin il y a le dictionnaire amoureux de la Rome antique, ne vous arrêtez pas au fait que son auteur fut ministre, il faut bien pardonner les fautes non ?  C’est un petit réservoir d’histoire, d’anecdotes, de personnages, je l’ouvre toujours avec plaisir 

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    Bon maintenant attaquons le coeur du sujet 

    Il y a environ trente ans ( ah oui je suis désolée mais …) j’ai lu des grands classiques grecs grâce à Jacqueline de Romilly, j'ai lu sa biographie d'Hector ou d'Alcibiade, aujourd’hui certains la regarde comme une figure un peu ringarde mais les gens qui lui doivent des lectures hors sentiers battus sont nombreux et j’en fait partie.

    Grâce à elle j’ai lu, parfois en sautant des passages la Guerre du Péloponnèse, il faut dire que j’avais un souvenir splendide de mon année de sixième grâce à un formidable prof d’histoire qui m'a transmis sa passion de l'antiquité.

    J’ai maintenant dans ma bibliothèque grâce aux éditions numériques Arvensa tout Eschyle, Euripide et Epicure.

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    J’ai lu plus tard bien entendu Xénophon et sa célèbre Anabas, rappelez vous : Thalassa Thalassa, le livre est encore dans ma bibliothèque dans un format un peu curieux mais qu’importe.  

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    Retraite des Dix Mille - Adrien Guignet - Musée du Louvre 

    Ensuite c’est ouvert à moi le Monde d’Ulysse, j’avais 15 ans et j’avais choisi au lycée une option Textes anciens, pour moi qui malheureusement n’avais pu étudier ni le grec ni le latin, ce fut le bonheur, c’est ainsi que j’ai découvert Achille et Patrocle, Nausicaa, Calypso et Pénélope et bien sûr Ulysse

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    Beaucoup plus tard est venu la version de l’Odyssée traduite par Philippe Jaccottet qui est pour  moi indépassable et depuis je navigue de livre en livre en audio, d’essais sur le sujet comme ceux de Pietro Citati ou Alberto Manguel 

     

    Même si vous n'avez jamais lu Hérodote, vous avez peut être vu Le Patient anglais et donc vous savez qu’Hérodote fut un grand conteur, son livre porte plusieurs titres, celui que je préfère c’est Enquête, car même si l’auteur se laisse aller à quelques traits de son imagination, la plupart du temps il a à coeur de nous dire, ce qu’il a vu, ce qu’il a entendu, ce qu’il a compris, et pour ça tout historien aujourd’hui lui est redevable. 

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    J’ai en complément le livre de J Lacarrière : En cheminant avec Hérodote, une façon d’être accompagné sur le chemin.

    Pour terminer cette chronique un livre à mi-chemin entre la mythologie et la philosophie, que j'aime beaucoup, que je feuillette souvent c'est le livre du Luc Ferry, une mine pour comprendre les mythes, leur influence, ce qui perdure d'eux aujourd'hui encore et pourquoi. 

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    Une chronique déjà bien longue et je crois que je vais arrêter là mon bavardage et vous donner rendez-vous à Rome d’ici quelques jours 

    Les Livres 

    Jacques Lacarrière - En cheminant avec Hérodote - Editions Hachette pluriel 

    Luc Ferry - Mythologie et Philosophie le sens des grands mythes  grecs - Editions Plon

    Herodote - Enquête en trois tomes - Editions Paléo 

    Alberto Mangueo - L'iliade et l'Odyssée - Editions Bayard

    Pietro citati - La pensée chatoyante - Editions gallimard

    Xenophon - lAnabase - Edition ancienne mais à trouver chez Flammarion ou Classiques Garnier 

    Renzo Tosi - Dictionnaire des sentences latines et grecques - Editions Jérôme Millon

    Xavier Darcos - Dictionnaire de la Rome antique - Editions Plon

    Jacques Lacarrière - Dictionnaire amoureux de la Grèce - Editions Plon

    Pierre Grimal - Dictionnaire de la mythologie grecque et latine - Editions PUF