Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

A sauts et à gambades - Page 59

  • Le pinceau égyptien

    fayoum.jpg

    Fayoum-portrait--5-.jpg

    « Ils nous fixent de leurs prunelles sombres, lourdes et orientales ; ils nous dévisagent dans un face à face paisible, à peine troublé par l’ombre imperceptible qui voile l’une de leurs joues ; ils ont des allures de cortège silencieux qui imposent le respect. »

    OVH-Peinture-Fayoum.jpg

    portraits-du-fayoum-10-milwaukee-691x1275.jpg

    « Un point commun cependant entre tous ces visages : la force hypnotique de leur regard, comme suspendu dans un éternel présent, Veilleuse de vie éternelle, selon le joli mot d’André Malraux. »

    fayoum2-81841.jpg

    fayoum 2.jpg

    « Et c’est précisément cet entre-deux entre présence et absence, immédiateté et éloignement, modernité et archaïsme qui nous fascine, nous spectateurs interloqués par ces lambeaux de mémoire arrachés à la tombe »

     

    Le livre : Fayoum - Bérénice Geoffroy - Schneiter - Editions Assouline

  • Le Monde selon Victor Hugo - Michel Winock

     

    Il vient d'être à l'honneur avec Notre Dame de Paris

    Leopoldine-Hugo-Villequier-Vallee-de-la-seine.jpg

    Passé l'engouement passager pour le roman et si vous voulez en savoir un peu plus sur Hugo sans passer par une ENORME biographie je vous invite à faire confiance à ce livre.
    Composé de chapitres assez courts centrés chacun sur un aspect de l’écrivain : sa vie familiale et sa vie amoureuse (et là il y a à dire), l’homme d’Hernani, sa place en politique et son évolution en la matière, l’homme en colère qui s'exile à Guernesey, le catholique qui veut des obsèques civiles bref un homme de contradictions.

    hauteville.jpg

                                                    Hauteville House St Peter Port

    J’ai lu il y a longtemps deux biographies de Hugo, ce n’est donc pas pour connaitre sa vie que j’ai lu Michel Winock mais pour avoir la patte de l’historien.
    J’ai aimé qu’en un livre court il réussisse à nous dresser le portrait d’un géant et de son oeuvre, de nous permettre de sentir sa personnalité.


    J’ai été particulièrement intéressé par le portrait de l’homme politique car on ne se souvient pas assez que V Hugo passe par tous les stades : royaliste, admirateur de Napoléon, opposant virulent à Napoléon le Petit, républicain farouche, de véritables revirements, méchamment on dira qu’il a tourné casaque ! Oui mais avec quelle énergie et quel souffle !!
    Le poète un peu facile, celui de « je veux de la poudre et des balles » mais aussi le poète magnifique de Booz endormi

    800px-Bazille-Ruth_et_Booz.JPG

    Booz par Frédéric Bazille

    et Ruth se demandait,
    Immobile, ouvrant l'oeil à moitié sous ses voiles,
    Quel dieu, quel moissonneur de l'éternel été,
    Avait, en s'en allant, négligemment jeté
    Cette faucille d'or dans le champ des étoiles.


    Qui est-il cet homme qui écrit à son collègue Lamartine
    «  Je condamne l’esclavage, je traite la maladie, j’éclaire la nuit, je hais la haine. Voilà ce que je suis ».
    Un paria et un exilé, l’homme qui lance « vous ne voulez pas du progrès, vous aurez les révolutions ! »
    L’homme qui écrit aux grands de ce monde ( à la reine Victoria ) pour les convaincre de NE PAS appliquer la peine de mort.

    dernier jour.jpg

    Le dernier jour d'un condamné 
    Ed. J. Hetzel - A. Quantin - 1881


    Toujours il lutta pour montrer que la peine de mort était pour lui un meurtre judiciaire, il a essayer de peser sur l'opinion en ce sens rappelant dans ses écrits l'horreur des exécutions et l'inefficacité de cette sentence.

    L’homme qui dit  « Je donne cinquante mille francs aux pauvres. Je désire être porté au cimetière dans leur corbillard. Je refuse l’oraison de toutes les églises ; je demande une prière à toutes les âmes. Je crois en Dieu »
    L’homme  capable de faire sortir la population de Paris dans les rues derrière son cercueil !
    « Notre fleuve français, coula ainsi de midi à six heures, entre les berges immenses faites d’un peuple entassé depuis le trottoir, sur les tables, des échelles, des échafaudages, jusqu’au toit » écrivit Maurice Barrès.

    funérailles.jpg



    Je vous invite aussi à relire ou à écouter Les Misérables parce que malgré tout ses défauts ce livre pour moi est la littérature même.

    9791021029378FS.gif
    Le livre : Le Monde selon Victor Hugo - Michel Winock - Editions Tallandier

  • Bribes de correspondance

    rouen-1-854x553-2-854x553.jpg

    Ah ces gouvernements !

    " Je me plaignais à vous, monsieur, de ce que je ne savais que lire ; eh bien, le gouvernement y a pourvu ; on vient de publier dix ou douze édits, qui font bien trois quarts d’heure de lecture ; je ne vous en ferai pas le détail, ils ne taxent pas encore l’air que nous respirons ; hors cela, je ne sache rien sur quoi ils ne portent."

    illiade.jpg

    Rien de nouveau sous le soleil

    " Ne sachant plus que lire, je relis l'Iliade ; ce tintamarre des dieux, des hommes, des chariots, des chevaux, m’étourdit ; mais j’aime encore mieux cela que la fade et languissante éloquence, la boursouflée et emphatique métaphysique de nos sots écrivains."

    salon.jpg

    Voltaire et la Bible ! Qui l’eut cru ?

    " Je conviens que la lecture de l’Ancien Testament peut devenir très intéressante de la façon dont vous la conseillez, mais il y a si longtemps que par mon seul instinct j’ai reconnu que tout était ignorance et folie, que ce n’est pas la peine de faire aucune étude pour se le prouver."

     

    Le livre : Madame du Deffand - Lettres à Voltaire - Editions Rivages poche

  • Comment lisez-vous ?

    Avec cette question j’exclue le questionnement du genre : lisez vous ?
    Non ce que j’aimerai savoir c’est comment parvenez vous à un livre ? 
    Quel chemin suivez-vous ? Les conseils d’amis, les blogs, les critiques littéraires traditionnelles ?
    Est ce que comme pour moi les hasards sont autant de ricochets.

    background-les-ricochets.jpg

    Je passe sur le coup de tête du livre qu’on achète pour sa couverture ou son titre prometteur, tout lecteur a fait ça et même parfois a été récompensé mais ….rarement finalement.
    Je suppose que certains font des listes, je suis de ce genre, le problème c’est que je les abandonne en route en général. 
    Je suis du genre à passer d’une envie à l’autre au gré d’autres lectures.

    liste .jpg

    Je vais vous donner un exemple : 

    D’année en année je continue à suivre Thomas Römer le bibliste sur le site du Collège de France, cette année c’est l’histoire de l’écriture de la Bible alors j’ai lu un livre qui venait de paraitre sur le sujet.

    romer.jpg

    En tapotant pour le repérer je suis tombée sur un livre de Hervé Clerc, Dieu par la face nord lui je connaissais son nom, c’est l’ami de retraite montagnarde d’Emmanuel Carrère qu’il évoque dans Le Royaume, le type qui se promène avec à la main La Bhagavad gita

    bhagavad-gita.jpg

    Son  livre : m’a passionné, j’en ai donc lu un second de lui : l’enfer est une fête, réjouissant au possible. 
    Dans ses deux livres Hervé Clerc  fait référence à la fois à l’Islam et à l’hindouisme je suis allée fureter de ce côté là.

    Et me voila plongée dans Advaita Vedanta de Dennis Waite, un livre passionnant et ardu au possible, le genre dont vous ne parvenez à lire que 3 pages à la fois.

    93819433_o.jpg

    La version courte pour paresseux 

    La philosophie de l'hindouisme a fait tinter une clochette chez moi, et m’a rappeler un livre que j’ai tenté de lire l’été dernier et que j’ai du abandonné, lire de la philo sous morphine c’est pas top

    Aujourdhui je peux y revenir et me voila plongée dans le livre d’Henri Atlan sur la biologie et Spinoza où les interrogations viennent croiser celles de l'hindouisme....surprise ! 

    atlan.jpg

    Le biologiste et philosophe Henri Atlan

    Ouf je suppose que j’ai perdu pas mal de lecteurs là mais tant pis.
    C’est ainsi que je lis, que je me disperse parfois, que je lis avec curiosité et passion.
    Avec toutes ces lectures je n’étais pas pour autant prête à faire des billets pour le blog : livres trop spécialisés, trop difficiles à résumer  
    Donc je suis un peu en panne là. 

    en panne.jpg

    Bon alors vous …comment lisez-vous? 
    Par quoi vous laissez vous attirer, emporter, y compris ces lectures dont vous ne parlerez jamais parce que trop difficiles ou trop intimes, jamais terminées......

    crachez.jpg

    Allez crachez le morceau et dites moi tout.

     

     

  • Guerre et térébenthine - Stefan Hermans

    J’ai lu il y a peu un roman de Stefan Hertmans qui m’a beaucoup plu et bien sûr cela m’a donné envie de lire son livre précédent, ni essai, ni autobiographie, ni roman, c’est un peu des trois à la fois.

    hetmans

    « Mon enfance a été envahie par ses récits sur la Première Guerre mondiale, toujours et encore la guerre; les vagues actes d’héroïsme dans les plaines boueuses sous une pluie de bombes, le claquement des fusils, les ombres criant dans l’obscurité » 

    Urbain Martien a survécu à la Grande guerre et à l’horreur des tranchées. Il lègue trois cahiers à son petit fils, Stefan Hertmans va écrire grâce à eux le livre de mémoire de sa famille, un roman sur la guerre, sur les liens familiaux. Tout cela et un peu plus encore.
    Ces récits sont nous dit l’auteur « mélange d’élégance désuète, de maladresse et d’authenticité »

    hetmans

    Adaptation au théâtre

    Ce grand-père fut un  homme courageux qui retourne au front après ses blessures, un courage jamais reconnu par les autorités et qui trouvera un épanouissement dans l’art : musique et peinture
    Au-delà de la personnalité du grand-père c’est toute la famille qui est mise en scène, avec précision parfois, grâce à des anecdotes souvent très touchantes comme le cadeau de cette montre à douze ans. 

    hetmans

    On remonte le temps pour découvrir la vie des quartiers pauvres de Gand, une région dans laquelle l’Eglise tient une place majeure imprimant son empreinte sur les familles et les consciences.
    Le travail de l’arrière grand-père magnifier superbement par le récit, le lien filial entre Urbain et Franciscus qui restaurant peintures et statues donnait  au Christ le visage de son fils.

    Le travail très jeune dans une fonderie qui a tout d’un petit enfer. C’est la misère de Germinal ou chez Dickens

    hetmans

    François Bonhommé, Fonderie - le Creusot Montceau.

    J’ai ainsi découvert, grâce à ce livre, cette région des Flandres, rencontrée au hasard des lectures, qui ici a pris un relief particulier. 

    Pendant la Première guerre les ordres aux troupes étaient donnés en français uniquement, ce qui conduisait à des quiproquos parfois dramatiques pour les combattants de langue flamande et surtout à une humiliation perpétuelle qui finira par engendrer la révolte.

    Les combats désespérés de cette armée belge en déroute devant la force de frappe allemande sont évoqués avec sensibilité, pudeur, et un brin de colère.

     

    hetmans

    L’auteur recherche des traces avec un souci constant d’objectivité, il revisite les lieux.
    Ainsi il nous décrit l’inondation de la plaine de l’ Yser, inondation volontaire pour arrêter les troupes allemandes, une scène effrayante qui prend vie grâce aux écrits d’Urbain.

    « Cependant, le spectacle qui s’offrit à nos yeux le lendemain matin dans la pénombre nous fit froid dans le dos : des chiens, des lapins, des chats, des belettes, des putois et des rats traversaient le fleuve en masse comme une armée irréelle en traçant, de leurs museaux sensibles à fleur d’eau, d’innombrables triangles sur la surface lisse et noire ; les écluses à Nieuport avaient été ouvertes, et jusqu’à Stuivekenskefke, Pervijze, Tervate et Schoorbakke, le pays se couvrait d’eau peu à peu. Nous prîmes lentement conscience que la marche de l’ennemi serait peut-être ainsi interrompue. Le cœur battant, nous regardions. Il fut strictement interdit de tirer sur les animaux, pour ne pas trahir notre position. Nous les vîmes par conséquent, ces messagers au nez fin d’un monde maudit, prendre la fuite face à cet incompréhensible Armageddon, arriver à terre, secouer l’eau de leur fourrure, courir sans se soucier de rien le long de nos tranchées, fuyant à l’aveuglette comme des Lemmings. Personne ne chercha à s’emparer des animaux, personne ne voulait en tuer pour les manger, même si nous avions faim. Tels des anges du Jour du Jugement dernier déguisés, ces créatures fantomatiques trempées disparurent de notre champ de vision, traversant en bondissant la plaine boueuse noire et brillante dans la lumière grise du matin. »

    Ce passage à lui seul dit à la fois le désespoir des combattants, leur attente, leur crainte devant ce spectacle halluciné et tout cela sans le moindre effet de manche, sans aucun pathos.

    J’ai tout aimé de ce livre, les rappels historiques, l’évocation de la guerre, l’évocation des métiers, des amours, des liens filiaux.

    Je vais faire une place à ce livre dans ma bibliothèque.

     Voir l’avis d’Anne 

    hetmans

    Le livre : Guerre et térébenthine - Stefan Hertmans - traduit par Isabelle Rosselin - Editions Gallimard Folio

  • Bribes de jaune

    jeannettes.jpg

    « C’est une grande buveuse que cette jeannette comme on l’appelle dans mon pays. 
    Elle aspire l’eau du pré spongieux, elle vide le fossé, les ronds d’eau de la forêt, elle draine les bords du ruisseau qu’ont empli les pluies d’hiver.
    Et l’avant printemps ne parle plus que d’elle, jeannette, jeannette, jeannette… »

    jeannettes 2.png

    « Mais il lui arrive de changer de sexe, alors on l’appelle Narcisse»

     

    Le livre : Pour un herbier - Colette - Editions Fayard