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A sauts et à gambades - Page 61

  • Whitman - Barlen Pyamootoo

    Ô Capitaine mon capitaine

    En pleine guerre de Sécession, le poète Walt Whitman apprend que son frère a été blessé lors de la bataille de Fredericksburg en Virginie. 

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    Il fait le voyage jusqu’à Whashington où l’on évacue les soldats bléssés, empruntant ferry et train.
    A son  arrivée il fait le tour des hôpitaux, il n’y en a pas moins de quarante !!! 
    Imaginez les blessés, les cris de souffrance, les opérations effroyables et mutilantes, les morts se comptent par milliers.
    Sans argent il parcourt la ville à pieds, partout il scrute les visages à la recherche de George. 

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    « Toutes les salles ne se ressemblent pas. Celle des mourants est plus vaste et lumineuse. De plus, elle est ornée de guirlandes, de ballons et de drapeaux de l’Union. Mais des Confédérés, faits prisonniers, y meurent aussi. Rien ne les distingue des Nordistes, ils ne sont ni enchaînés ni mis en quarantaine, sauf qu’eux n’ont pas le droit de porter l’uniforme. À part ça, ils ont le même air hébété et ce regard éteint, perdu dans une contemplation aveugle. »

    George est retrouvé à Falmouth, légèrement blessé. Walt Whitman pendant deux semaines va continuer à visiter ces jeunes hommes dont dit-il « les visages sont comme des prières nues ».

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    Lui l’homme à la « barbe grise et hirsute qu’on prendrait pour de la laine brute » circule entre les lits, il assiste les blessés, console, soutient les mourants, ses yeux ont  « la pâleur de ceux qui ne dorment pas la nuit »

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    A la recherche de George Whitman

    « Walt parcourt les hôpitaux avec un carnet de poche où il écrit au crayon les désirs des soldats. Puis il inscrit le nom, le grade, le régiment et la compagnie, le numéro du lit quand il y en a un, la salle, l’hôpital, la gravité de la blessure ou de la maladie, l’adresse des parents et de l’épouse s’il est marié. Et le soir sous la tente, c’est par la lecture de ces notes qui s’égrènent comme un poème qu’il prépare désormais sa tournée du lendemain. »

    Ces quelques jours vont marqué à jamais le poète « Toute une vie en à peine deux semaines »

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    Quoi de plus opposé que la guerre et la poésie ? Barlen Pyamootoo réussit l’exploit de nous plonger dans l’une sans jamais oublier l’autre. Ne vous attendez pas à un roman historique, c’est l’humanisme de Whitman qui l’a attiré, sa bonté, son intérêt pour les défavorisés, sa célébration de la démocratie. 

    Cet épisode se situe à un moment où le poète doute, ses poèmes parus deux ans avant ont été un échec, il a eu des critiques effrayantes pour la sortie de ses Feuilles d’herbes « un critique de Saturday Press  conclut son article en conseillant au poète de mettre fin à ses jours. »

    Il va être  réveillé par ces quelques jours qui lui mettent « le coeur en branle » et il va reprendre la plume.

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    Rappelez vous : ô Capitaine mon capitaine

     

    Un récit non seulement touchant mais beau. L'écriture est splendide. On sent que l’auteur de ce roman admire le poète, il dit qu’il voudrait l’avoir pour compagnon, pour ami, le lecteur aussi.

    C’est un roman qui m’a fait penser au roman de Lance Weller et de David Malouf, ne passez pas à côté de ce livre.  

     

    Le livre : Whitman - Barlen Pyamootoo - Editions de l’Olivier

  • Feuilles et brindilles américaines

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    Cet homme est né il y a juste 200 ans 

    «  La buée de mon propre souffle,
    Les échos, le clapotis de l’eau, les murmures chuchotés,
    La racine d’amour, le fil de soie 
    La fourche et la vigne » 

     

     

     

    « J’apprends avec les plus simples, je donne des leçons aux plus réfléchis,
    Je suis un novice qui débute et pourtant j’ai connu des myriades de saisons,
    Je suis de toutes les couleurs et de toutes les castes, de toutes les classes et de toutes les religions,
    Je suis fermier, ouvrier, artiste, rentier, marin, quaker
    Prisonnier, souteneur, voyou, homme de loi, médecin, prêtre. »

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    Le livre : Feuilles d’herbe - Walt Whitman - Traduit par Roger Asselineau - Editions Albin Michel 

  • Le Maitre de la Tour du Pin - Jan Laurens Siesling

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    Retable d'Anvers  nom du peintre ?

    J’ai toujours été intrigué dans les musées par ces peintres anonymes qu’on a affublé plus ou moins du nom d’un de leur tableau ou de la ville où ils peignaient. 
    Musées et églises sont riches de tableaux réalisés en des siècles où la propriété d’une oeuvre d’art n’avait rien à voir avec aujourd’hui.

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    Nom du peintre ?

    C’est un de ces peintres anonymes dont il est question dans ce roman. Mille cinq cent et quelque chose, un peintre est sur la route du retour, il revient d’Italie.
    Il est accompagné de Madeleine, sa bonne âme, son modèle.
    L’hiver est terrible et le peintre est stoppé net dans son voyage par la maladie, il est soigné à L’Hôtel-Dieu de La Tour du Pin. Les religieuses prennent soin de lui. Une fois guéri il est prêt à remercier.

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    « Le désir de peindre me démangeait. Les peintres d’Italie m’avaient fait brûler d’envie de me mesurer avec des dimensions importantes, grandeur nature, grandeur d’homme. »

    L’abbesse lui commande un triptyque pour la salle des malades, l’évêque donne son accord mais le prélat méfiant et morale chrétienne oblige, lui demande d’écrire ce que fut sa vie, son enfance, sa formation.

    Cette vie est le centre du livre et l’on suit le peintre du Brabant où il passe son enfance et entre en apprentissage puis c’est Bruges, Gand. Il apprend son métier, rencontre des peintres, découvre l'oeuvre de Van Eyck.

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    « De la beauté, assurément, il y en avait en abondance à Bruges.(…) J’ai grimpé les marches du Beffroi, j’ai baillé d’admiration devant les statues peintes par Jan Van Eyck sur la façade de l’Hôtel de ville »
    Ce n’est que tard qu’il trouve un mécène pour financer le voyage  d’Italie.

    Après sa guérison il se lance dans la réalisation du triptyque, heureux de retrouver ses pinceaux et de rendre les bienfaits qu’on lui a prodigués.
    « Un soir j’ai observé le retable et j’ai constaté qu’il y avait une manière propre. C’était ma manière, personne d’autre. C’était ma main. »
    Saura-t-on jamais pourquoi le peintre ne signa pas son oeuvre ?

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    Le Retable de la Tour du Pin

    « Un peintre du Nord, revenant sur la route des Alpes, ayant reçu des soins à l’hospice de la Tour-du-Pin il fit, reconnaissant, un retable avec le Christ mort »

    J’ai aimé le récit de cette vie simple, traversée de difficultés, de renoncements, de belles découvertes comme l’oeuvre de Van Eyck. 
    On entre dans l’atelier de l’artiste, on épouse ses craintes, ses rêves, ses joies ou sa peine lorsque sa compagne est malade à son tour. L’atmosphère est parfaitement rendue avec l’importance des guildes qui dictaient leur loi, l’église omniprésente, une période où art et religion étaient solidement imbriqués.

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    Les Guildes

    L’auteur est historien d’art ce qui rend le récit totalement crédible et parfaitement documenté.
    L’écriture est sobrement belle et donne un vrai plaisir de lecture. 

    Mes remerciements à Brigitte qui a su me donner envie d’en savoir plus et de lire ce livre.

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    Le livre : le Maître de la Tour du Pin - Jan Laurens Siesling - Editions Le Temps qu’il fait

     

  • Le Pinceau de Rembrandt

    « Orphelin de son fils, dévasté d’une aussi longue absence, il s’est épuisé à « tenir debout » …

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    Le retour du prodigue 

    Musée de l'Ermitage Saint Pétersbourg

    « Et le voici maintenant, décanté de toute pesanteur, presque immatériel , totalement étranger aux convulsions d’une étreinte crispée sur sa possession; en train de se recevoir de l’absent qui lui a tant manqué, dont l’attente lui a tant coûté

     

    Le livre : Rembrandt - Paul Baudiquey- editions Mame

  • Sans jamais atteindre le sommet - Paolo Cognetti

    Savez-vous que j’ai déjà énormément voyagé …..par les livres.
    Il y a environ 30 ans ( oui j'ai vérifié parce que ça m'a filé un coup) j’ai fait un voyage extraordinaire à la poursuite du Léopard des neiges avec Peter Matthiessen par les vallées et sommets du Dolpo. 

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    Aujourd’hui voilà qu’un écrivain me propose de faire un second voyage. Je n’ai pas pu refusé.L’Himalaya c’est tout à fait mythique et suivre Paolo Cognetti loin de ses Alpes de prédilection et qui veut marquer ainsi son quarantième anniversaire. C’est un bonheur pour tout aventurier en chambre.

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    D’abord présentons les protagonistes, Cognetti bien sûr et deux amis proches Nicola et Remigio parce que «  Je savais qu'en montagne on marche seul même quand on marche avec quelqu'un, mais j'étais heureux de partager ma solitude avec ces compagnons de route. »

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    Lac de Phoksumdo

    Maintenant le côté matériel du trek : 
    Une caravane composée d’hommes et de bêtes ( 25 mulets quand même) ce n’est pas rien de porter le matériel et la nourriture pour 20 personnes pendant un mois.
    Sete le chef d’expédition veille à tout, montage du camp, préparation du riz et des lentilles chaque soir, sans oublier la petite bière dans le café des villages traversés.

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    Les Hauts plateaux

    Ce trek c’est néanmoins un véritable challenge, car rappelez vous que son héros était atteint du mal des montagnes et se balader dans l’Himalaya avec ce démon à ses trousses ça tient ou de l’exploit ou du masochisme intégral.

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    Les montées sont rudes, martelées par les nausées et les vertiges. Huit cols à 5000 mètres, ce n’est pas rien, je me sens essoufflée rien que d’y penser. Et jamais on ne va au sommet ! Je vous laisse découvrir pourquoi.

    Dans son sac un carnet pour les croquis et l’écriture bien sûr, et un livre, un seul, celui qui a ouvert la piste : Le Léopard des neiges un livre important pour lui au point que parfois les mots de l’auteur se fondent avec ceux de son devancier.

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    « Marcher était notre mission quotidienne, notre mesure du temps et de l'espace. C'était notre façon de penser, d'être ensemble, de traverser le jour »

    Il retrouve un pays presque inchangé par rapport à l’américain, les campements ressemblent à ceux de Peter, il croise les mêmes personnages, les mêmes moines bienveillants et le bleu turquoise des lacs est bien là. 
    Pour un peu il pourrait lui emprunter ses cartes.

    J’ai aimé ce récit sobre, on n’y sent un homme qui laisse la nature le remplir, qui ne s’inquiète pas des frontières, ni du temps qui s’étire indéfiniment. 

    J’ai aimé les descriptions de paysage que j’avais déjà apprécié dans son roman, j’ai aimé cette recherche d’harmonie et d’équilibre entre le monde et soi.
    J’ai aimé l’écriture très simple, claire comme l’eau du torrent, j’ai aimé la présence constante de son ainé comme une protection et un modèle qui vient confirmer les sensations, les impressions, les peurs et l’émerveillement.

    Un petit défaut ? Je ne me suis pas sentie totalement rassasiée à la fin du périple, pas vraiment un défaut, juste une sensation de trop peu alors j'ai relu le Léopard des neiges pour poursuivre le voyage.

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    Le livre : Sans jamais atteindre le sommet - Paolo Cognetti - Traduit par Anita Rochedy - Editions Stock 

    A lire en complément : Le Léopard des neiges  Peter Matthieusen - Editions Gallimard l’imaginaire

     

     

  • Bribes d'Himalaya

    « La lumière des cimes descend lentement le long de la montagne, bien que les pentes que nous venons de gravir soient encore plongées dans les ombres de la nuit. Le soleil retrouvé, je me repose sur le lichen sec qui couronne un îlot de granit dans cette mer de blancheur.

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    Trois pigeons des neiges passent au dessus de ma tête, leurs ailes blanches claquent dans l’air glacé. Vers l’est un des pics du Dhaulagiri vibre dans une gloire de rayons »

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    « Le soleil est rond. Je résonne de vie, les montagnes résonnent, et quand je puis l’entendre, nous partageons cette résonance. Je comprends tout cela, non par le truchement de mon esprit , mais par celui de mon coeur. »

     

    Le livre : Le Léopard des neiges - Peter Matthiessen - Traduit par Suzanne Nétillard - Editions Gallimard L’imaginaire