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A sauts et à gambades - Page 225

  • Turner ses maîtres et ses héritiers

    Turner ses maîtres et ses héritiers - Editions Beaux Arts collection 19/19

     

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    Quand on rate une exposition on se rabat sur un livre, c’est ce que j’ai fait et celui ci dans son format carré est un bon choix.
    Bougon, râleur, acariâtre, un peu mythomane, sûr de son génie, voilà quelques traits du joyeux caractère de John Mallord William Turner. Ce devait être un frère en mauvais caractère de Schopenhauer.
    Il refusa toute sa vie de donner sa date et son lieu de naissance ! Voilà pour le pittoresque le reste relève du génie.
    Dans la première partie du livre on voit les influences, les admirations de Turner pour ses maîtres en peinture et le dialogue qu’il entretint avec eux tout au long de sa vie.
    Contrairement à la littérature où si l’on imite on est aussitôt taxé de plagiaire, en peinture, un artiste peut s’inspirer d’autres artistes et en tirer la « substantifique moëlle ». Très tôt admis à l’Académie Royale, Turner n’a jamais cessé d’admirer et de s’inspirer d’autres peintres.
    Quelques exemples : il aime peindre des paysages, il sait s’inspirer des peintres hollandais dans ses brumes et clair obscur, dans ses marines. Rembrandt est son maître


    La preuve en images Le moulin de Turner Le moulin de Rembrandt (un clic pour agrandir)


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    Il comprend très tôt l’importance des couleurs et de la lumière, un voyage en Italie et surtout à Venise va décider de la suite de son art. Il va lui l’admirateur de Canaletto, de Claude Gellée dit Le Lorrain, révolutionner l’art du paysage, inventer un flou inimitable, doté ses marines de ciels et de couleurs fantastiques. Le public ne suit pas forcément et crie parfois à la folie et une grande partie de ses tableaux restent invendus.

    La preuve en images Vues de Venise  Canaletto et Turner (un clic pour agrandir)

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    Il a peut être un caractère exécrable mais il sait rendre hommage avouons le. Mais passons des maîtres aux héritiers, car c’est à ça que l’on reconnaît le vrai génie. Ses héritiers ont moins de grandeur quant à l’hommage car ni Monet, ni même Pissaro, Ensor qui le découvrirent au gré d’un exil londonien au moment de la commune, n’avouent son influence, et pourtant

    La preuve en image Pluie vapeur et vitesse de Turner Monet La Gare Saint Lazare

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    Un livre très agréablement illustré, très didactique sans être lourd. Un texte simple  mis au service de ce génie de la lumière et de la couleur qui disait « Voir est un art »

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    Une de ses plus belles de ses toiles ( merci Aifelle)

  • Promenades littéraires l'Aquitaine

    Balzac et Angoulême

    Balzac est le grand homme de la ville depuis qu’il la décrivit dans les Illusions perdues, ce roman trop peu connu, qu’on devrait offri à tous les jeunes gens provinciaux qui rêvent de tenter à Paris la fortune littéraire.
    La ville est étouffée par son créateur. Elle est née et morte avec Lucien de Rubempré. Elle ne s’enorgueillit point du passage de Calvin qui prêcha jadis dans la chaire de plein air (...) Négligé aussi La Rochefoucauld, l’auteur des Maximes , ci livre au pessimisme réconfortant. Pour Ravaillac, autre enfant du pays, le silence est plus justifié.
    Angoulême est la ville des illusions perdues.

    Joubert  enfant de Montignac
    Le recueil complet de ses pensées (...) a donné de l’homme une image non pas fausse, mais partielle, celle d’un épicurien idéaliste, nonchalant et frileux.
    Joubert le frileux a été révolutionnaire, Joubert le timide a été l’ami de tous les hommes les plus chargés de vitalité de son époque : Diderot, Rétif de la Bretonne, Grimod de la Reynière, Mercier, Chateaubriand.
    Joubert l’idéaliste fit un mariage d’argent, accéda aux plus grandes fonctions universitaires et traversa tous les régimes de Louis XV à la Restauration sans jamais être inquiété, ce qui n’est pas sans exemple, mais sans jamais renier ses amis, ce qui est plus rare.

    Le livre
    Ma Route d'Aquitaine - Raymond Dumay - La Table ronde (2010)

  • Naguère en Palestine - Raja Shehadeh

    naguèreenpalestine.gifNaguère en Palestine - Raja Shehadeh - Traduit de l’anglais par Emilie Lacape - Editions Galaade
    Je ne pense pas être une exception si je vous dis que le conflit Israélo-palestinien tient pour moi à la fois de l’incompréhensible et de l’inacceptable.
    Je me rends compte que je me fais une opinion à travers la presse écrite ou radio mais que j’ai très peu lu de livres sur le sujet,  en réfléchissant je n’ai pas lu du tout sur le sujet. Voila pourquoi j’ai acheté ce livre.

    L’auteur nous invite à faire avec lui sept promenades, sept balades dans les collines autour de Ramallah, Naplouse, Jéricho. « Quand je commençai à parcourir les collines, il y a un quart de siècle, je n’étais pas conscient de me promener dans un paysage en voie de disparition » C’est une terre millénaire que Raja Shehadeh parcourt au gré des saisons « La Palestine a toujours été l’un des pays les plus visités par les pélerins et les voyageurs » Ces paroles font aussitôt écho chez moi qui viens de lire Lamartine et ses très belles pages sur cette terre biblique.
    Suivons le dans ce qu’il appelle sept « Sarha » le mot qu’il utilise pour dire ses vagabondages « Un homme qui part en sarha se promène sans but, sans restriction de temps ni de lieu ; il va où son esprit le guide pour nourrir son âme et se ressourcer »

     

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    Ramallah - Image du blog de JL Kuffer

    De collines en vallées il nous découvre une terre rocailleuse, sèche, traversée de murets de pierres pour retenir la terre et permettre les cultures. Terre parsemée de vieilles habitations où il aime se reposer qui porte des noms comme « Ain Al-Lawza source de l’amande » et qui prend une toute autre allure après la pluie « Les fleurs sauvages poussaient en abondance le long du chemin. La plupart étaient minuscules : des iris bleus de quelques centimètres de haut, des fleurs de lin rose tout aussi proches du sol, quelques orchidées pyramidales (...) la terre était comme tapissée de fines broderies colorées »
    Il évoque sa famille et en particulier son grand-père qui a cultivé ici ses vignes, son verger et s'est même fabriqué un fauteuil quasiment royal.
    Nous ne pourrons partager la beauté de ses promenades qu’à la condition de partager aussi son extrême tristesse devant la perte progressive de sa terre.

    A coup d’expropriations, de tracés de routes, d’occupation militaire de certaines zones, de création de colonies de plus en plus nombreuses et de plus en plus étendues, le gouvernement israélien au mépris de ses propres lois a réduit l’espace de vie des palestiniens. L’utilisation abusive de la notion d’occupation des terres par les tribunaux entraînent la spoliation massive de propriétaires palestiniens.
    Son témoignage de juriste est sans appel et lui qui a courageusement créé une association de défense des droits de l’homme et a oeuvré pendant des années pour défendre ses concitoyens contre l’arbitraire, est aujourd’hui très pessimiste. Sa dernière promenade où il est « agressé » par de jeunes palestiniens armés et menaçants met un terme à l’espoir de voir enfin la paix régné sur ses collines « Debout sur les ruines de l’un de mes endroits préférés, près de là où je suis né et où j’ai toujours vécu, je sentis que les collines ne m’appartenaient plus. Je ne suis plus libre de venir m’y promener. Elles sont devenues dangereuses et je ne m’y sens plus en sécurité »

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    J’ai pris conscience grâce à ce livre du rétrécissement systématique des terres palestiniennes, de l’interdiction des déplacements choisis remplacés par des déplacements contraints, de l’arrachement à la terre par des expropriations iniques  et parfois violentes.
    Ce livre exprime tout cela avec une telle douleur dans les mots, une telle sensibilité qu’il fait plus pour notre compréhension que tous les reportages et que toutes les chroniques politiques.


    Raja_Shehadeh.pngL’auteur
    Raja Shehadeh est avocat et écrivain, il vit à Ramallah et à reçu pour ce livre le Prix Orwell 2008
    Le prix Orwell est un prix littéraire anglophone récompensant les œuvres rapprochant la politique du grand public, en littérature et en journalisme. Son nom est un hommage à l'écrivain et journaliste George Orwell (source Wikipédia)

    Petit additif

    Alors que je terminais ce livre et ce billet la chronique de Pierre Assouline est consacrée à la mort de Tony Judt qui s'est engagé en faveur d'un état binational avec des droits identiques pour les Israéliens et les Palestiniens. Je retiens cette phrase de lui que je fais mienne  " Les Juifs sont rendus muets par l’exigence qui leur est faite de soutenir Israël, les non-Juifs le sont tout autant par la crainte de passer pour antisémites, c’est pourquoi il n’y aucun dialogue sur le sujet " et je vous invite à aller lire l'article que Tony Judt a signé dans le Monde diplomatique (Juin 2008)

     

     

  • Promenade dans un jardin des lettres

    francedesecrivains.jpgLa France des écrivains - Guides Gallimard
    J’aime beaucoup le titre de la préface de ce livre «  Promenade dans un jardin de lettres » c’est un fort joli titre pour un livre qui vous invite chez les écrivains de toutes les régions de France.
    J’ai très envie des livres superbes de Renaud Camus : Les Demeures de l’esprit, mais hélas le prix m’arrête, alors je me suis consolée avec celui-ci qui est dans ma bibliothèque depuis plusieurs années et qui est déjà en soi un voyage très attrayant.
    Disons tout de suite les choses qui fâchent, pas de table des matières avec la liste alphabétique des écrivains évoqués, avouez que pour un guide qui s’appelle « La France des écrivains » c’est un comble, soyons magnanimes et passons l’éponge car ensuite tout s’arrange.

    Déjà faisons le tri, il y a les écrivains dont on sait tous où ils sont nés ou ont vécu , encore qu’ on a parfois des surprises.
    Colette à Saint Sauveur en Puisaye ça c’est acquis, si on a lu Claudine à l’école on a bien retenu la leçon, Milly en Macônnais et Alphonse de Lamartine c’est bon aussi, je vous entends réciter « Comment le prononcer ce nom de la patrie » , Nohant et sa bonne Dame, là aussi tout va bien le Berry lui doit beaucoup.
    Allez un dernier facile pour la route : si je vous dis Rouen, vous répondez ? Flaubert ? d’accord mais avouez que ce n’est pas original, je préfère Arsène, ben oui, Lupin , Maurice Leblanc quoi !

     

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    L'hôtel préféré de Marcel Proust


    Vous avez compris que ce petit guide n’est pas tristounet du tout, pour chaque région et chaque auteur un bref topo où souvent on apprend des choses rares, bizarres, drôles ou émouvantes.
    Par exemple Buffon en Bourgogne, saviez-vous qu’il était en avance de plus d’un siècle et qu’il avait fait installé des forges sur ses terres. Vous pouvez visiter la maison de Joë Bousquet à Carcassonne qui en raison des ses blessures à la guerre de 14/18 ne quittait pas son lit mais fut visité par les plus grands de son temps : Colette, Valéry, Miró, Breton ...
    Mes préférés, là j’avoue je suis de parti pris
    Montaigne dans sa tour, Mauriac à Malagar, la chambre de Proust à Bal.. non à Cabourg, Jean-Henri Fabre à Sérignan et Jules Verne en Picardie.

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    Le grenier de la maison de Jules Verne à Amiens

    Voilà un joli tour de France, en fin de chaque chapitre les renseignements pratiques pour musées ou demeures, laissez vous tenter.

  • Provence

    Quand je viens dans ce pays, quelque chose se délie en moi, mon inquiétude intérieure prend fin : c’est comme si l’on posait une main ferme et douce sur une blessure qui commencerait à se fermer. C’est une sensation de fraîcheur.(1)
    La Provence donne des leçons d’attachement qui ne sont pas perdues pour celui qui la visite non pas en touriste, mais en ami et qui l’habite au lieu d’y passer. (1)

     

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    La provence de Cézanne


    Le bleu chante, d’une pureté absolue, dans le ciel et sur la mer. Un figuier déplie ses premières feuilles sur la nudité grise des branches. Et une prairie s’étale, pour le jeu des fées, un tapis dont la brise penche les laines les unes sur les autres et les mélange, des pierres fauves et des disques de soleil que couvre et découvre, comme la vague, un champ de marguerites et de boutons d’or. (2)

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    Les Oliviers

    Les oliviers composent d’immenses temples silencieux et sombres ; la vigne avec ses bras noirs tout tordus envahit les champs les uns après les autres ; les terres les plus solitaires portent les forêtes d’amandiers brûlants dans des feutres d’herbes dures, de chardons et de thym qui mélangent sous l’ombre claire les somptueuses couleurs de leurs fleurs bleu-jaune et rouges franchement. (3)

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    Les amandiers



    Les livres
    1 Inspirations méditerranéennes - Jean Grenier - Gallimard
    Idées et visions - André Suarès - Robert Laffont Bouquins
    Provence - Jean Giono - Gallimard

     

  • La lumière prodigieuse - Fernando Marias

    lumière.gifLa lumière prodigieuse - Fernando Marias - Traduit de l’espagnol par Raoul Gomez - Editions Cénomane
    J’ai acheté ce livre car en lisant le 4ème de couverture apparaissait le nom de Garcia Lorca.
    Nous sommes en Espagne, un journaliste en mal de sujet boit verre sur verre dans le bar «  le plus ringard » qu’il ai jamais vu,  il est là pour « l’hommage populaire de l’Andalousie à son poète » le cinquantenaire de la mort de Lorca, il a bâclé le travail car c’est dur de faire du neuf sur le sujet.
    La rencontre d’un vieux mendiant va le tirer de là car abreuvé de Cognac par le journaliste, il livre son secret « En plus Federico García Lorca n’est pas mort en août 1936 »
    Et le vieux raconte l’histoire incroyable : jeune homme et vivant de petits métiers il a découvert sur le bord d’une route un corps sans vie, l’époque est dangereuse et découvrir un corps peut vous envoyer directement au peloton d’exécution
    mais la curiosité est plus forte et il s’approche du corps « Il était évident qu’il avait été fusillé » mais l’homme n’est pas mort.

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    «Rien n'est plus vivant qu'un souvenir.»

    Alors commence une relation entre les deux hommes qui va durer des années, le blessé est amnésique, muet et incapable de se débrouiller seul et le jeune homme le confie à l’asile proche aux bons soins d’une religieuse.
    Les hasards de l’existence vont séparer puis faire se retrouver les deux hommes après trente ans. On peut même croire un moment que l’homme a retrouvé la mémoire « L’homme me regardait. Ses yeux témoignaient qu’une avalanche de souvenirs, ses souvenirs, enfermés pendant presque trente ans, lui revenaient pêle-mêle, avec la violence d’un fleuve sauvage et effréné. » mais est-ce bien la réalité ?

    C’est un roman qui m’a beaucoup plu . Sur fond de mystère et de misère, on accompagne le héros et l’on souhaite voir son protégé retrouvé la mémoire. C’est une belle histoire d’amitié que ce roman et le fantôme de Lorca plane en permanence car après tout « Il n’y avait personne qui puisse prouver qu’il avait vu le cadavre de l’écrivain. »
    Fernando Marias mène de main de maître cette histoire, un bel hommage à un poète universel qui affirmait «Rien n'est plus vivant qu'un souvenir.»

    Un film a été réalisé à partir de ce roman : La luz prodigiosa de Miguel Hermoso dont les critiques parlent comme d’un film « subtil et poétique »

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