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A sauts et à gambades - Page 221

  • En ce sanctuaire - Ken Bruen

    bruen.gifEn ce sanctuaire - Ken Bruen - Traduit de l’Irlandais par Pierre Bondil - Gallimard Série noire
    Retrouver Jack Taylor est toujours un plaisir, ce privé irlandais qui oscille toujours entre sauver le monde ou le quitter, alcoolique à tendance suicidaire mais qui est toujours prêt à sauver la veuve et l’orphelin.
    Je l’avais laissé dévasté par la mort de son fils adoptif et je le retrouve assez fringant avec claudication et prothèse auditive, il veut partir aux USA et à vendu son appartement, du coup son compte en banque est bien approvisionné seulement voilà, le grain de sable inattendu.
    Il reçoit une lettre annonçant la mort prochaine de policier, nonne, juge et enfant. Policier et juge Jack Taylor pourrait s’en accommoder mais un enfant non, il traîne avec lui une vieille culpabilité pour être à l’origine de la mort d’une petite fille. En plus le message est signé Bénédictus ! Bénédiction ! un comble
    Sur le départ il est contraint de refiler l’affaire à la police et à un de ses pires ennemis  le Surintendant Clancy. Fin de non recevoir, la police lui rit au nez, alors retardant son départ Jack va faire appel à Ridge sa vieille partenaire et Stewart son ex-dealer du temps où il ajoutait la came à l’alcool.
    Ajoutez à cela son voisin homo qui se fait tabasser par des excités partisans d’ordre et de morale.
    Nous voilà replongé dans le monde de Taylor, un monde de bassesses, d’excès, un monde composé de marginaux, de fous, d’excités. Bref le monde de Jack !
    Je me suis laissée avoir encore une fois, j’ai beaucoup aimé Stewart reconverti en moine Zen...ou presque et Jack lisant de la philosophie sous Xanax et tout proche de replonger au fond d’une bouteille de Bushmills.

    L'auteur
    708_ken_bruen_hands.jpgIl est né en 1951 à Galway. Après des études au St. Joseph’s College à Galway puis à Trinity College à Dublin où il devient docteur en métaphysique, Ken Bruen se mit à voyager beaucoup, enseignant l’anglais dans de nombreux pays d’Afrique, d’Asie du sud-est et d’Amérique du Sud. Il fit même un séjour très éprouvant en prison au Brésil.De retour en Irlande il se fixe dans sa ville natale et écrit des romans noirs. (Wikipédia)

     

  • Supervielle

     

    Quand nul ne la regarde
    la mer n’est plus la mer,
    Elle est ce que nous sommes
    Lorsque nul ne nous voit ....

    Jules Supervielle

     

    goyavier.jpg" Lui qui avait à sa disposition au moins deux continents, de l’Uruguay à la France, au moins un océan tout entier, l’Atlantique, des oiseaux fabuleux et l’arbre à goyaves, et les étendues superbes de la pampa, on le vit peu à peu jeter par-dessus bord l’exotisme, la couleur locale, la fantaisie volontaire, et se contenter de la moindre chose : être un homme vulnérable qui sent son coeur battre."
    " Dans le ton de Supervielle il y a cet instinct de l’inusité ou de l’imprévu qui donne à ses poèmes une grâce incomparable"

     

    Retrouvez Supervielle et l'Uruguay
    Le Livre
    : La Conversation des poètes - Claude Roy - Editions Gallimard


  • Pas vraiment convaincue

    Un petit billet  pour dire mon avis mitigé sur deux livres

    Les polars nordiques sont plutôt sympa en général mais après l’ENORME succès de Millenium les éditeurs surfent sur la vague et du coup publient le bon et le moins bon en pensant peut être que les lecteurs se laisseront bernés
    L’Hypnotiseur chez Actes Sud est de ceux là : couverture désormais repérable rouge et noire, et cette fois ce n’est pas un auteur nordique mais deux car sous le pseudonyme de Lars Kepler se cachent un couple d’écrivains
    Si j’étais vraiment méchante je dirais que s’être mis à deux n’a pas augmenté la qualité du bouquin, hélas.
    L' histoire plutôt attirante d’un médecin psychiâtre pratiquant l’hypnose qui va être en but à une vengeance démoniaque .... ça part bien mais .... le récit est poussif, d’une lenteur énervante et le style à l’avenant.
    Donc si vraiment vous n’avez rien à lire allez y mais à vos risques et périls. On ne gagne pas à tous les coups à la loterie des auteurs nordiques

     

    poker-deception.jpg

     

    Autre déconvenue mais plus douce : La Fugue d’Anne Delaflotte Medhevi, elle a fait la une des blogs avec un premier roman « La Relieuse du gué » et la revoilà avec un second livre.
    Déçue ? oui ET non. L’auteur a vraiment un don mais pas pour construire ses histoires. Dans son premier roman l’intrigue tournait à l’improbable avec ce jumeau caché, ici le récit d’une femme qui cherche à construire sa vie hors de ses enfants et de son mari est plus que convenue.
    MAIS Anne Delaflotte sait comme personne décrire les objets, les gestes, l’art d’un métier, les outils, le bonheur qu’il y a à créer, soigner, fignoler une objet et dans ce second roman elle sait à merveille parler de la voix humaine, du travail pour la réveiller, pour l’entretenir, pour la faire vibrer, j’ai retrouver toute la sensibilité qu’elle avait mis dans son premier roman
    Si cette auteure trouve une vraie bonne histoire et qu’elle mette son talent particulier au service de cette histoire alors nous aurons un très bon roman.

  • Avec Joseph Kessel

    kessel.gifVient de paraitre dans la collection Quarto un ensemble de textes de Joseph Kessel
    Kessel le journaliste, Kessel l'aventurier, Kessel le romancier.
    C'est une figure que j'aime et même si parfois certains des romans ont pris des couleurs un peu vieillotes le reporter est toujours là, un reporter d'exception, l'homme à la crinière flamboyante, aventurier avide de grands espaces, homme capabe d'amitié indéfectible.

    Pour chaque période Gilles Heuré qui a établit l'édition, mêle romans et textes moins connus parus dans les journaux de l'époque.

    J'ai commencé ma lecture par la guerre de 14, pour cette période un reportage fait le 14 juillet 1919, Kessel devant couvrir pour son journal le défilé fêtant la victoire.

    Sous l'Arc de Triomphe

    Il a passé la nuit dehors, la foule tôt le matin est immense. Le texte apparait aujourd'hui grandiloquent mais il faut se replacer dans la liesse et le soulagement de l'époque et Joseph Kessel n'a jamais voulu le modifier " Il montre comment on écrivait à l'époque où j'avais vingt ans"

    Pour vous donner un aperçu , quelques phrases du texte qui est assez court
    podcast

    L'Equipage

    Le roman salué lors de sa sortie apparaiî un peu ridé aujourd’hui et vaut sans doute plus par les témoignages sur la vie d’une escadrille et sur les conditions du combat aérien alors que l’aviation était encore balbutiante.
    Le jeune aspirant Jean Herbillon fait ses adieux à sa maîtresse dont il ignore jusqu’au nom, il rejoint son affectation dans l’aviation " Il s’était laissé tenté par la séduction de l’uniforme, des insignes glorieux, par le prestige de l’homme ailé sur les femmes."
    Il intègre une escadrille de chasse dirigée  par le Commandant Gabriel Thélis à peine plus âgé que lui.
    La vie de l’escadrille est rythmée par la météo, les vols d’exercices, les essais moteurs, les gestes des mécaniciens et les moments de détente au mess. Le jeune aspirant effectue son premier survol des lignes ennemies "L’ivresse du vol était encore neuve pour Herbillon, la respiration géante du moteur, le tourbillon de l’hélice, le vent furieux, tout cela l’étourdissait d’une vaste et brutale symphonie "
    Il devient l’ami du capitaine Maury lui aussi nouvel arrivé, il vont faire équipage. C’est à sa première permission qu’il découvre que sa maîtresse et la femme de Claude Maury ne font qu’un.

    equipage.jpgLe Film d'Anatole Litvak

    Scénario banal et rebattu mais qui qui prend de la densité grâce à Kessel. De très belles pages sur l’amitié entre ces hommes que les risques rapprochent, chacun ayant dans sa main la vie de l’autre.


    "Alors ils surent ce que les camarades entendaient par équipage. Ils n’étaient pas simplement deux hommes accomplissant les mêmes missions, soumis aux mêmes dangers et recueillant les mêmes récompenses. Ils étaient une entité morale, une cellule à deux cœurs, deux instincts que gouvernait un rythme pareil. La cohésion ne cessait point hors des carlingues. Elle se prolongeait en subtiles antennes, par la vertu d’une accoutumance indélébile à se mieux observer et se mieux connaître. Ils n’avaient fait que s’aimer ; ils se complétèrent"


    Malgré son côté un peu suranné j’ai eu de plaisir à relire ce roman

    Le livre :   Reportages, Romans - Joseph Kessel - Quarto Gallimard

  • Les arbres et la forêt

    Dire que l’arbre est, de tous les objets que produit la terre, le plus grand et le plus beau n’est pas lui faire un éloge exagéré.


    peuplier.JPG

    L’une des beautés du peuplier d’Italie, et qu’il est presque le seul à prodiguer, tient à la ligne ondoyonte que le vent lui fait décrire. La plupart des arbres, dans la même situation, ne sont que partiellement agités, un côté demeurant au repos, tandis que l’autre est pris de mouvement. Mais le peuplier italien ondule d’un seul tenant de la cime au pied, comme une plume d’autruche sur le chapeau d’une dame.

     

     

     

    arbrehiver.jpg

     

    La ramure de chaque espèce recèle beaucoup de variété, comme aussi celle de chaque individu. Elle présente tant de lignes élégantes, tant d’oppositions et de riches entrecroisements de toutes parts, qu’il existe peu d’objets naturels d’une beauté comparable à la ramure d’un arbre.
    En été son effet est incontestablement supérieur, mais pour ce qui est de la beauté, et de l’agrément, je crois que je le préfère en hiver.


    Le livre

    Le paysage de la forêt - William Gilpin - Editions Premières Pierres

  • Mon vieux et moi - Pierre Gagnon

    monvieux.gifMon vieux et moi - Pierre Gagnon - Editions Autrement
    C’est la photo qui m’a attiré, il était touchant ce vieux avec son pantalon godaillant et sa cravate de traviole.
    Les vieux je connais pour en avoir soigné pendant quelques années et puis parce que j’y vais vers le vieillesse à une vitesse sidérante et qui me fait peur.
    Le narrateur de cette histoire saugrenue est un jeune retraité qui ne rêve ni " de posséder un bateau ou une maison de campagne " , il a une vieille tante pensionnaire d’une maison de retraite, là il a fait connaissance de Léo et il verrait bien Léo lui tenir compagnie, remplir sa vie, il se dit "Je l’aimerai comme un enfant, sans avoir à l’éduquer" donc c’est décidé et une fois que les tracasseries administratives sont derrière lui le voilà avec un colocataire.
    La vie à deux s’organise " Léo est très agréable à côtoyer, fait jamais la gueule. Volontaire il participe à tout" bien sûr parfois il ne fait rien et reste là sans bouger devant la fenêtre " ça s’appelle vieillir. Jamais on ne raconte ses choses là, bien sûr. Ca n’intéresse personne"
    Les deux hommes s’apprivoisent de parties de cartes en virées au marché aux puces, le partage des tâches "Je fais le café, il grille le pain".

     

    vieux-de-la-vieille-60-07-g.jpg

     

    Oui mais voilà avec les vieux il suffit d’un rien pour que tout bascule " Il a suffi d’une chute et il est devenu vieux" et la vie se fait plus difficile, le quotidien est devenu pesant. Léo ne reconnaît plus ses mains, prend le hamster pour un chat, chantonne toute la nuit, sème de l’urine dans toute la maison.  Les nuits sont longues " Un soir, je me suis allongé près de lui et j'ai lu, à haute voix, Le Vieil Homme et la Mer" notre narrateur est épuisé...parce que c’est dur les vieux, ils  " ne dorment plus la nuit, dorment trop le jour (...) gênent le passage, s’emmerdent, souhaitent mourir et n’y parviennent pas"

    Un tout petit livre qui sans avoir l’air d’y toucher aborde tous les thèmes du plus léger au plus grave. L’humour fait tout passer même le plus difficile.
    A faire lire à tous les enfants qui ont de vieux parents, à tous les parents qui seront de vieux enfants, à toutes les familles, à tous les soignants, bref un livre à déclarer d’utilité publique.



    L’auteur
    Pierre Gagnon est né le 13 mai 1957 à Arthabaska. Il vit à Québec depuis 1960. D’abord musicien, il publie en 2005 5-FU (éditions L’Instant même), qui s’élève en haut du palmarès des meilleures ventes au Québec. Mon vieux et moi est son quatrième livre.