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A sauts et à gambades - Page 220

  • L'âge de la retraite

    exitmusic.gifExit music - Ian Rankin - Traduit par Daniel Lemoine - Editions du Masque
    Je le dis haut et fort, 60 ans c’est trop tôt pour partir à la retraite, et avant de me faire lyncher j’ajoute : pour l’inspecteur Rébus, c’est trop tôt , on n’a pas idée de nous quitter comme ça ! Qu’est-ce qu’ils nous font tous ces auteurs de polars, Rébus s’en va, Wallender devient grand-père et ils nous laissent en plan ....du moins provisoirement car je me suis laissée dire que Rankin se languit un peu de son héros alors ....
    Bon venons en aux adieux de John Rébus, pour les non initiés : flic écossais amateur de musique rock, de pintes et de whisky (ben oui forcément) et toujours un peu sur le fil du rasoir question respect des procédures.
    C’est n’est pas à soixante ans que Rébus va changer, surtout qu’il barre les jours du calendrier alors l’avis de ses supérieurs vous voyez ce qu’il peut en faire.
    Dernière enquête avec Siobhan Clarke l’amie de toujours qui logiquement va le remplacer à la tête de la brigade, et pour ce baroud d’honneur il va en découdre avec son ennemi de toujours Big Ger Cafferty.
    Une intrigue complexe construite avec habileté, mêlant hommes d’affaires véreux, prostituées, dealer, hommes politiques impliqués jusqu’au cou dans des affaires bien sales.
    Une banale agression dans les rues d’Edimbourg et voilà la machine Rankin lancée, une équipe où apparaît un petit nouveau très futé, une Siobhan qui hésite entre la satisfaction de monter en grade et le regret du travail avec Rébus, des personnages aux facettes multiples et par dessous tout l’atmosphère si particulière que brosse l’auteur.

     

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    Il n’y a aucune longueur et aucune langueur dans cet adieu, j’ai lu lu lu jusque tard dans la nuit, efficacité redoutable et fin diabolique.
    Allez laissez vous faire et si vous ne connaissez pas Rankin commencez par le début, cela vous fait quelques bonnes lectures en perspective pour épuiser les aventures de Rébus.

  • L'ascension du Mont Blanc

    L'ascension du Mont Blanc

    D’abord, il faut marcher deux journées, toujours en montant, comme bien tu penses, et la marche n’est pas facile. Ces hautes montagnes ont sur leurs flancs de vastes champs de glace et de neige durcie qu’on appelle glaciers.

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    Aujourd'hui photographié par Denise

    L’un des glaciers qui sont au pied du Mont Blanc à huit kilomètres de large et vingt-quatre de long : c’est une vaste mer de glace, tantôt unie, tantôt bouleversée comme les flots de la mer dans la tempête.

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    La Mer de Glace en 1856

    Quand on marche sur ces glaciers aux pentes rapides, il faut des souliers ferrés exprès pour ne pas glisser, des bâtons ferrés pour se retenir. On arrive souvent devant des murs de glace qui barre le chemin, alors il faut creuser à coup de hache dans la glace une sorte d’escalier où l’on puisse poser le pied.

    Le livre Le Tour de France par deux enfants - G Bruno - Belin
     

  • Damnés Français - Mark Twain

    damnésfrancais.gifDamnés Français - Mark Twain - Traduit par Frédéric Chaleil - Editions de Paris Max Chaleil
    Si vous êtes chauvin alors passé votre chemin car voilà un livre dans lequel notre orgueil en prend un rude coup.
    Mark Twain ne nous aimait pas beaucoup mais faut-il le prendre au sérieux alors qu’il fit plusieurs séjours en France ? Il fit un grand tour d’Europe et résida quelques mois à Paris où il eu faim et froid " Paris la glaciale, Paris la pluvieuse, Paris la détestable " Et ben voilà c’est dit !
    Sauf que ...l’humour vient tout sauver dans ce recueil d’articles variés rassemblant aussi bien des notes sur Paris, qu’un récit sur un séjour thermal à Aix les Bains.

    Il nous accuse de tout " Le passe-temps des Français, depuis toujours, consiste à s’exterminer mutuellement par le fer et par le feu" il remonte carrément à la Saint-Barthélémy oubliant un peu vite que sa nation sort tout juste d’une guerre civile !  Matiné d’un humour féroce il nous compare aux Comanches et bien sûr ce n’est pas à notre avantage.
    Dans un bref récit il raconte de façon savoureuse un duel qui eu réellement lieu entre Gambetta et un dénommé Fourtou avec Clémenceau comme témoin. Le duel se termine bien et " Les deux gladiateurs se tombèrent dans les bras, avec des torrents de larmes fières et heureuses "
    Son voyage en France est une occasion pour moquer les Marseillais qui ne se lavent pas eux mêmes avec leur savon, qui se nourrissent de "Bouchées d’escargots " alors que lui " Préfère les sauterelles" .
    Il fait une visite au Château d’If pour rire de nous à travers l'un des personnages de Dumas " C’est là que le courageux abbé a écrit un livre avec son propre sang, d’une plume faite d’un morceau de fer (...) Quel dommage que tant de semaines de travail fastidieux n’ait finalement servi à rien"
    expo1889paris2.jpgDe temps à autre il laisse échapper un compliment " Quel pays envoûtant ! " mais il se reprend bien vite lorsqu’il fait le récit de sa visite à l’Exposition Universelle derrière un guide sans scrupules. Versailles l’impressionne mais ..." j’ai toujours pensé du mal des gens qui chez nous taillent leurs arbustes en pyramides, en cubes, en flèches et en toutes sortes de formes artificielles " Donc nos jardins à la Française vous devinez ce qu'il en pense.

    Le coup de grâce est donné au parisien qui " voyage fort peu. Il ne connait d’autre langue que la sienne et ne lit pareillement aucune autre littérature; par conséquent il est assez étroit d’esprit et très suffisant "

    Il termine son voyage par une cure thermale à Aix les Bains, est-ce le miracle de l’eau ? d’un seul coup Mark Twain exulte, parle d’un lieu enchanteur mais pour aussitôt se plaindre du nombre de clochers et horloges qui sonnent sans arrêt " Ainsi une horloge sonne les heures, puis elle recommence pour confirmation "
    La cure au moins a-telle démontrée son efficacité ? Je vous laisse juge !
    " J’étais venu ici vierge de toute maladie, mais trois semaines de bains avaient, fait sortir de moi tous les maux connus de la science médicale, ainsi que d’autres plus considérables entièrement nouveaux "

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    Ce livre est une compilation de textes, d’articles disséminés et réunis ici. Un livre pour jours moroses et gris. Je me suis amusée à cette lecture, on retrouve tout l’humour de l’auteur qui fait ici preuve d’une mauvaise foi ...toute française.

     

  • La bascule du souffle - Herta Müller

    bascule.gifLa bascule du souffle - Herta Müller - Traduit par Claire de Oliveira - Editions Gallimard
    J’ai laissé passer le coup de feu du Prix Nobel  pour m’intéresser à Herta Müller, j’ai choisi ce roman qui vient de paraître et j’ai été totalement conquise par ce roman.
    C’est la fin de la guerre, partout en Europe les prisonniers rentrent chez eux, les familles sont à nouveau réunies mais en Roumanie il en va différemment, les hasards des derniers combats à livré ont livré le pays aux soviétiques. Les russes exigent que tous les citoyens roumains d’origine allemande, qui vivent en Transylvanie, soient arrêtés. Certains ont collaboré avec les allemands mais tous les ressortissants hommes et femmes de 17 à 45 ans sont déportés, collaboration ou pas.
    Le héros du roman, Léopold, a 17 ans et il doit partir, dans la boite d’un vieux phonographe il entasse ses biens les plus précieux : un exemplaire de Faust, un de Zarathoustra et une anthologie poétique. Bien sûr il emporte aussi des vêtements chauds car il sait qu’il part pour le nord, la Russie, pour un pays de neige.

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                                                                La Transylvanie

    C’est avec de courts chapîtres qu’Herta Müller nous fait entendre la voix de Léopold. La vie quotidienne prend forme à travers des mots simples, des mots de tout les jours. Des mots pour dire le froid « Car dès la fin du mois d’octobre, il grêla des clous de glace », les appels interminables dans la neige, les poux, les vols, les dénonciations, l’horreur de voir Irma Pfeiffer engloutit par le mortier dans lequel elle s’est jeté par désespoir, ce désespoir qui fait dire à Léopold qu’il y a une loi qui « vous interdit de pleurer quand on a trop de raisons de le faire. Je me persuadais que les larmes étaient dues au froid, et je me crus.»
    Par dessus tout c’est la faim qui accompagne les prisonniers au long de ces 5 années, l’ange de la faim « qui vous dévore le cerveau » qui vous poursuit jour et nuit, qui vous fait manger votre salive, du sable. «En guise de cerveau, on n’a plus dans la tête que l’écho de la faim » et longtemps après on y pense encore « Aujoud’hui encore, je dois montrer à cette faim que j’y ai échappé. C’est tout bonnement la vie que je mange, depuis que je n’ai plus le ventre creux.»

    Des phrases puissantes, dures, vibrantes, pour nous transmettre la fatigue, l'épuisement « Quand la chair à disparu, porter ses os devient un fardeau qui enfonce dans le sol ». La folie qui s’empare de chacun : Mitzi la sourde, Karli, le terrible Tur,  Katie le planton, Fenia.
    Tenir, un jour encore, avec dans l’oreille la voix de sa grand-mère qui lui a dit en partant «Je sais que tu reviendras ».
    Les années passent et le retour lui-même est souffrance, on retourne au camp encore et encore, par la pensée, par le rêve et néanmoins vivre est un devoir parce que toutes ces années  Léopold a lutté contre la mort « Je n’ai jamais été aussi résolument contre la mort que durant ces cinq années de camp.Pour être contre la mort on n’a pas besoin d’avoir une vie à soi, il suffit d’en avoir une qui ne soit pas tout à fait terminée »
    Il reste alors à Léopold l’écriture, les mots car dit-il « Il y a des mots qui font de moi ce qu’ils veulent.» et un jour il achète un cahier.

    pastior.jpgUn livre bouleversant, une oeuvre forte, des images porteuses de symboles. Le récit d’Herta Müller allie réalisme et onirisme, les objets du quotidien sont personnifiés, les détails crus se mêlent aux  images poétiques. Les mots sont détournés pour permettre à la souffrance de s’exprimer. Et c’est cette alliance et ce contraste qui donnent force à ce roman. Une grande oeuvre.

    Dans la postface Herta Müller explique la génèse de son roman, sa famille victime de la déportation, le projet qu’elle a partagé avec le poète Oskar Pastior d’écrire l’expérience de celui-ci. La disparition de Pastior la contraint à s’emparer de ce récit et d’en faire ce roman tout à fait exceptionnel.

     

     

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  • L'hiver en forêt

    L'hiver en forêt

     

    C’est le temps où le paysan se fait bûcheron. A peine entré dans la forêt figée par le gel, ployante sous son faix de neige, on ne voit personne encore que déjà vient à vous une odeur de fumée, puis un parfum délicieux de résine et d’écorce fraîche.
    Le bruit grandissant des haches vous guide vers la clairière où quatre, cinq, six garçons bleus dépècent un cadavre de sapin. Scie, haches, et ces couperets à long manche avec quoi l’on écorce les fûts interminables.

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    Qu’il faut peu de temps et d’outils pour faire de cette belle construction de vivantes ramures, dressées d’un jet vers le ciel peuplé d’oiseaux, un tas de branches et un tas de bois.
    Déjà le condamné suivant se prépare. Une entaille béante à sa base, scié, deux ou trois coins de fer fichés dans sa blessure, il frémit, penche, hésite et soudain s’abat dans un long sifflement d’air fouaillé. Un nuage de neige naît de son écrasement.


    Le livre : Halte en Juin - Gustave Roud - Editions Fata Morgana
    La photo : retrouvez là ici

     

  • Vous reprendrez bien un peu de latin ?

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    dictionnaire.jpgDictionnaire des sentences latines et grecques - Renzo Tosi - Editions Jérôme Millon
    A l’heure de la fronde des professeurs de lettres classiques cette parution fait un joli pied de nez à ceux qui pensent que le latin/Grec c’est dépassé ! Rogné, malmené, moqué, l’enseignement du latin et du grec est réduit à la portion congrue mais vous pouvez  retrouver le plaisir du voyage dans le passé dans ce dictionnaire qui n’est pas du tout destiné aux spécialistes ou enseignants, non il est fait pour vous et moi si l’on est curieux de nature.
    Plus de 2000 sentences, maximes, expressions, locutions, celles qui font les beaux jours des pages roses du Larousse mais pas seulement. Ajoutez y des proverbes, des dictions, des aphorismes et enfin pour faire savant : des apophtegme (ça c'est grec !)

    Classez tout cela par thème par nom d’auteur pour donner un semblant d’ordre et vous voilà avec de quoi butiner, pilloter, picorer, et lire à sauts et à gambades pour plusieurs semaines voire plusieurs mois.
    Ce que j’aime le plus ce sont les croisements avec les auteurs qui ont utilisé telle ou telle expression, question record La Fontaine est très bien placé suivi de près par Racine et Corneille mais on trouve ici toute l’Europe et au delà : Dante, Cervantès, Shakespeare, Tolstoï.
    Vous retrouverez vos auteurs antiques favoris :  Horace a beaucoup fait pour ce dictionnaire mais aussi Pétrone, Juvénal, sans oublier Cicéron et Sénèque.
    CerclePoetesr-300x253.jpgRenzo Tosi va plus loin en liant chaque sentence avec des oeuvres, des films, ah le Cercle des Poètes disparus Monsieur Keating et son Carpe Diem,  des chansons récentes. Ces mariages sont toujours passionnants à découvrir.
    Réalisé par un italien, il est traduit en français pour la première fois alors qu’en Italie il en est à sa 16 ème édition et à 100 000 exemplaires vendus ! Je vous laisse découvrir la préface sous forme de conte humoristique, elle est signée Umberto Eco
    L’éditeur vous invite à le suivre en quelques exemples.
    je lui donne la parole : 
    "Nos mentalités se sont forgées depuis des millénaires, sur un même patrimoine d'images, qui trouvent leurs origines dans les civilisations grecques et latines. Elles continuent à les faire vivre, à les remodeler et prouvent l'enracinement des images du passé et leur obstination à perdurer
    « Les murs ont des oreilles », « Tel père tel fils », « Les rats quittent le navire », « La nuit porte conseil », « Tous les animaux sont tristes après l'amour », « La peur donne des ailes » 


    Quelques exemples

    Consummatum est - Tout est accompli : tiré des évangiles l'expression a été utilisé par Puccini le jour de la première de Madame Butterfly qui fut un désastre........Pauvre Puccini

    Omnia vincit amor - l'amour vainc tout : un des articles les plus longs et on retrouve ici l'Ecclésiaste, Pétrarque, Emily Dickinson en passant par Carmina Burana

    Unus pro multis - Un seul pour un grand nombre : tiré de l'Enéide on ne peut s'empêcher de penser que Churchill s'en soit inspiré dans son célèbre discours " Jamais dans l’histoire des conflits humains une dette aussi grande n’a été contractée par tant d’hommes envers si peu "

    Nulla dies sine linea - Pas un jour sans une ligne : Sans doute utiliser par Pline l'ancien mais reprise par Erasme, Giordano Bruno, Kierkegaard, et bien sûr Emile Zola

    Faites une place à ce livre dans votre bibliothèque et passez de longues heures à butiner