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A sauts et à gambades - Page 218

  • La Reine perd sa couronne

    cortege.gifLe Cortège de la mort - Elizabeth George - traduit par Anouk Neuhoff - Editions des Presses de la cité
    Après une interruption longue dans la lecture de polars, c’est le deuxième que je lis depuis quelques jours. Des regrets ? non pas vraiment, mais pas non plus d’enthousiasme réel.
    Elizabeth George tout le monde connait, la dame du noir à l’anglaise, un héros tout droit sortit de l’aristocratie, travaillant à Scotland Yard et conduisant des voitures de sport.
    L’inspecteur Lynley est toujours flanqué d’une acolyte qui est son exact opposé, le sergent Barbara Havers, mal fagotée, tout juste polie mais un coeur gros comme ça. Si vous avez suivi les épisodes précédents vous savez que Lynley a eu bien des malheurs dans les romans précédents et le revoilà à pied d’oeuvre au Yard.
    Maintenant si vous trouvez que je suis un peu longue dans ma présentation dites vous qu’ Elizabeth George elle, l’allonge jusqu’à plus soif et bien que le Hampshire soit sans doute une belle région, que la New Forest et ses troupeaux de poneys soit magnifique ...on s’impatiente nettement après quelques chapitres ou rien ne s’est vraiment passé.

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    La New Forest

    Meredith a disparu, son frère, son amie, la cherchent et Gordon Jessie son compagnon, semble cacher quelque chose. A Londres on trouve dans un cimitière le corps d’une jeune femme non identifié. Lynley va enquêter, il est de retour sur le terrain !
    Une intrigue longue à mette en place mais avec le savoir faire de l’auteur, on finit par s' accrocher à l’histoire sauf que vraiment quelques coupes n’auraient pas fait de mal. Plusieurs page sur l’achat d’une jupe c’est un peu beaucoup.
    Lynley est de retour donc et à ses côtés Isabelle Ardery belle femme un rien autoritaire et transportant en permanence des mignonettes de vodka dans son sac,  des personnages bien campés, une intrigue bien ficelée mais qui s’étire s’étire , un récit annexe dont on devine qui va se relier à l’histoire mais quand ?

    Vous devinez que je ne suis qu’a moitié séduite, je l’ai lu, oui , je suis allée au bout, oui mais le rapport poids /  prix / qualité n’est pas à l’avantage de l’auteure. Voilà c'est dit !
     

  • Une enfance en Prusse orientale - Marion Dönhoff

    enfanceprusse.jpgUne enfance en Prusse orientale - Marion Dönhoff - Traduit de l’Allemand par Colette Kowalski- Editions Albin Michel - 1990
    Il y a quelques mois le roman de Béatrice Wilmos « L’Album de Menzel » m’a donné envie de relire ce récit datant déjà de 1990 et écrit par une grande dame du journalisme européen, la Comtesse Marion Dönhoff.
    Vous ne trouverez plus hélas ce livre, épuisé et jamais réédité, mais fouillez bien dans la bibliothèque de votre ville, les trésors sont toujours enfouis.
    Marion Dönhoff a près de 80 ans quand elle écrit ses souvenirs, en 1945 elle a fui devant l’Armée rouge,  elle a vu Königsberg bombardée, elle a abandonné le château de son enfance, elle entame un long périple qui la conduira un jour à la tête de « Die Zeit » le grand journal allemand.

    Son livre est composé d’une multitude de scènes, de tableaux, décrivant la vie dans cette Prusse aujourd’hui disparue, racontant l’histoire de ces domaines, de ces hommes et femmes qui vont disparaitre dans la guerre.

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    Le château de Friedrichstein

    Marion Hedda Ilse Dönhoff est née au château Friedrichstein, en Prusse orientale, quand elle naît  son père le Comte Dönhoff est député au Reichstag à la « Chambre des Seigneurs de Prusse » il a 64 ans. C’est un homme passionné d’art et de voyages parfois aventureux.
    Sa mère elle a aussi « le goût des arts, beaucoup d’imagination et un penchant pour le romantisme » et un sens très sûr des convenances de ce qui « se fait » et de ce qui ne se fait pas  « verdict sans appel qui mettait fin à toute discussion ». Ce rigorisme et cette vie aisée ne l’empêchait pas d’assurer soins et médicaments aux villageois proches du domaine.
    C’est une vie heureuse que mène Marion Dönhoff, la nombreuse fratrie permet des jeux et activités qui inculquent l’amour de l’aventure et le sens des responsabilités. La discipline est rigoureuse, on n’est pas en Prusse pour rien, mais trouver une façon de tourner les interdits occupe la joyeuse bande.
    Les parents sont peu présents mais la fréquentation des serviteurs du château va dégourdir la jeune fille « j’ai appris à démonter un carburateur avec le chauffeur ».

    Sa description de la vie du château et du village est empreinte de tendresse, le lavoir, le repassage qui lui apprennent les servantes, les premières lampes électriques, le valet Fritz « qui savait tout et s’intéressait à tout » , Krebs le jardiner au rôle essentiel pour ce domaine qui vit en autarcie totale.
    Les enfants participent aux travaux des champs, à la cueillette des champignons et framboises. L’hiver la glace est découpée dans les étangs gelés, la transporter en traineaux pour la stocker « Cela demandait une journée entière et s’achevait généralement par une sorte de fête, car on buvait quantité de grog pour se réchauffer et se donner du coeur à l’ouvrage. » fait partie de ses souvenirs.
    C’est une enfance au rythme des saisons « Il ne faut que quelques jours en Prusse Orientale pour que l’interminable engourdissement hivernal cède la place à la rayonnante splendeur du printemps »
    Ce sont les passages les plus beaux du livre, on y sent tout l’amour de Marion Dönhoff pour sa patrie; elle qui ressent « une profonde gratitude que ce soit là mon pays »
    Elle sait aussi nous raconter l’histoire de la région à travers les familles ou les domaines qui ont marqué son enfance.

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    Mais c’est bientôt « la fin de l’insouciance » et le départ pour Potsdam pour poursuivre des études.
    La guerre va la rattraper, plusieurs de ses amis proches ont été les protagonistes du complot contre Hitler et tous seront exécutés. Elle a puisé là un courage et une rectitude qui l’accompagneront toute sa vie.
    La fin du livre est digne d’un livre d’aventures, fuyant à cheval devant l’Armée Rouge, obligée d’abandonner tous ses souvenirs, elle réussira à rejoindre l’Ouest après une chevauchée de 2000 km.
    Les réfugiés sont sur les routes, le froid intense. Elle partage son sort avec la population allemande de la région. Elle retrouve sa famille après bien des détours « C’est au milieu de l’hiver que j’étais partie à cheval de chez moi et quand finalement j’arrivai en Westphalie, c’était le printemps. Les oiseaux chantaient. »

    marion-doenhoff.jpgMarion Dönhoff en 1988 est retourné à Königsberg et je lui laisse la parole
    « Je ne peux pas non plus m’imaginer que le grand amour de la patrie s’illustre par la haine de ceux qui en ont pris possession (...) Quand je pense aux forêts et aux lacs de Prusse Orientale, aux vastes prairies et aux vieilles routes bordées d’arbres, je suis sûre qu’ils ont gardé l’incomparable beauté qui était la leur autrefois, à l’époque où tout cela était mon pays.
    Peut-être le plus grand amour réside-t-il en cela : pouvoir aimer sans posséder. »

  • L'automne à Concord

    L'automne de Nathaniel Hawthorne

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    9 Octobre 1841
    Je suis rentré à la maison par la grand-route.(..) Il y avait une série de jeune bois revêtus de leurs parures de gloire automnale. Le soleil les frappait de ses rayons : sa lumière est comme un souffle de vie sur la pompe automnale.

     

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                                               Walden Pond - Concord - Massachusetts


    12 Octobre 1841
    Il n’y a guère de trait plus surprenant dans le paysage, ces jours-ci, que les taches rouges des buissons d’airelle que l’on aperçoit sur les longues pentes au flanc des collines comme des îlots au milieu de l’herbe, avec des arbres qui poussent au-dessus ; ou bien elles viennent couronner de leur teinte vive, presque rousse, le sommet brun et dénudé d’une colline, ou bien encore elles entourent la base d’un rocher inscrusté dans la terre.
    De loin cette teinte qui habille des taches et des parcelles de terre ressemble davantage au tableau d’un peintre.



    Le livre : Carnets Américains - Nathaniel Hawthorne - José Corti

     

  • Un Océan de pavots - Amitav Ghosh

    ocean.gifUn océan de pavots - Amitav Ghosh - Traduit de l’anglais par Christiane Besse - Editions Robert Laffont
    Je me suis embarquée sur l’Ibis, une goélette qui arrivée en Inde après bien des difficultés va repartir vers l’île Maurice, chargée de coolies main-d’oeuvre peu coûteuse, pour remplacer les esclaves que ce bateau négrier transportait jusqu’à l’abolition de l’esclavage par les anglais.
    Nous sommes en 1838, en Inde les anglais ont imposé la culture du pavot aux paysans, l’opium récolté et traité dans des factories assure la richesse de l’Angleterre.
    Cette goélette va devenir l’espoir, le cap pour une multitude de personnages, l’occasion pour eux d’aller au bout de leurs rêves, de faire le choix d’une vie différente, de changer, de devenir autre.

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    "Cette vision d'un grand voilier sur l'océan"

    Pour Deeti qui va tenter de fuir l’Inde et le sort que l’on réserve aux veuves. Le pavot a fait mourir son mari, les a asservi et ruiné, elle va se tourner vers l’unique personne qui lui a un jour témoigné de la compassion : Kalua « De taille inhabituelle et d’une carrure impressionnante »

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    Pour Jodu qui rêve de pouvoir s’embarquer, de retrouver Paulette sa presque soeur qui a grandi avec lui, partagé ses jeux. Il a tout appris « A force d’écouter les voix qui résonnaient sur le pont des grands navires » il rêve de grimper dans les vergues d’un de ces navires.
    Pour Neel, le jeune rajah si fier qu’il ne veut pas voir les dettes qui s’accumulent, qui a la naïveté de penser que les anglais le respecte, qui découvre que l’on peut du jour au lendemain passer d’un palais des mille et une nuit à une geôle sordide
    Pour Paulette l’Ibis c’est la possibilité de fuir un mariage imposé, orpheline passionnée par l’oeuvre de son père botaniste, grande lectrice de Rousseau et Voltaire, elle se plie mal au destin qu’on lui réserve, aux contraintes religieuses. Mais « une goélette n’est pas un endroit pour une femme » elle va devoir faire preuve de détermination.
    Pour Zachary enfin « de taille moyenne, robuste, un teint de vieil ivoire  »  marin d’occasion, capitaine en second d’un navire qui a fait la difficile traversée depuis Baltimore. Sans Serang Ali et sa compagnie de lascars embarquée au Cap, ils ne seraient pas arrivé jusqu’au golfe du Bengale.
    Fils d’esclave l’Ibis est pour lui l’occasion de changer, de changer de tout : d’origine, de métier, de destination.

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    Un océan de pavot


    Passionnant, coloré, épicé, porteur des senteurs de l’Inde, ce roman vous emporte de la première à la dernière page. C’est un tableau vivant, chaleureux, violent. Porté par un souffle romanesque qui ne se dément pas tout au long du récit, ce roman m’a rappelé mon impatience à la lecture des romans de Dumas.
    L’aventure est au rendez-vous, les personnages qui vous invitent à passer d’une barque sur le Gange, à une soirée brillante au palais du Rajah,d’un bûcher funéraire à une prison sordide, des champs de pavots à la cale d’un négrier.
    Tout y est : le valeureux héros, la jeune femme en danger, des lascars dangereux et sympathiques, des hommes sans foi ni loi, bref l’aventure avec un grand A.
    Amitav Ghosh dresse le tableau d’une Inde disparue où le blanc fait la loi et où chacun a un destin tout tracé. En conteur exceptionnel il vous tient à sa merci et vous vous laissez éblouir par sa magie.
    Pourtant attention, romanesque ne veut pas dire mièvre, le récit, les personnages ne sont pas tendres, on est loin des contes pour enfants.
    Cet Océan de pavots et le premier tome d’une trilogie et je vous garantie que je serai au rendez-vous de l’Ibis.


    amitav-ghosh-9496.jpgL’auteur
    Ghosh est né à Calcutta, au Bengale. Il étudia  à l'Université de Delhi et à l'Université d'Oxford.
    Sa dernière œuvre de fiction, The Hungry Tide Le Pays des marées, a été publiée en avril 2004.
    Ces romans sont traduits dans de nombreuses langues.
    The Circle of Reason Les Feux du Bengale a reçu le Prix Médicis étranger en 1990.

  • L'automne de John Keats

     

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    Couleurs d'automne


    Saison des brumes et de savoureuse abondance,
    Amie intime du soleil qui mûrit,
    Conspirant avec lui à charger et bénir
    De fruits les treilles qui courent le long des toits de chaume ;
    A courber sous les pommes les arbres moussus des enclos
    Et combler tous les fruits de maturité juqu’au coeur,
    A faire enfler la courge et s’arrondir la coque des noisettes
    D’une tendre amande ; à faire bourgeonner encore,
    Et encore, des fleurs tardives pour les abeilles,
    jusqu’à ce qu’elles croient que les tièdes journées ne finiront jamais
    Tant l’été a gorgé leurs humides alvéoles.

     

    Le livre :    Lettes à Fanny Brown - John Keats - Editions Belin
    la photo : le blog Ruralité

  • Son Excellence Eugène Rougon - Emile Zola

    red_sony_reader.jpgSon Excellence Eugène Rougon - Emile Zola - Ebook
    Je dois dire que je me suis bien amusée à lire les aventures politico-affairistes d’Eugène Rougon durant l’été, je passais de la radio au roman, du journal télévisé à Zola en ayant l’impression d’être dans le même monde, les séparaient simplement quelques décennies, des écoutes téléphoniques, Eugène Rougon en aurait rêvé, et le matraquage médiatique qu’on savait déjà  faire sous le Second Empire mais avec des moyens plus modestes.

    Eugène Rougon, celui qui a réussit, ayant été aux avant-postes du coup d’état de Napoléon III, il a reçu sa récompense, député puis ministre il incarne la réussite, il est devenu un dignitaire de l’Empire.
    Il incarne aussi ce qui va avec la réussite politique : les compromissions, les magouilles, les bassesses, les pots de vin. Tout cela sous couvert de démocratie, de dévouement à la chose publique.
    Il incarne la loi et l’ordre, l’autorité sans partage, il écrase, il méprise, il achète la fidélité et l’obéissance, veut contrôler la presse et avoir l’opinion publique à sa dévotion.

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    L'assemblée nationale vers 1870

    Comme toujours en cas de réussite ses amis se font nombreux, se font pressants, qui pour obtenir une médaille, qui pour obtenir un avancement. Les amis se transforment en parasites, en courtisans flagorneurs n’hésitant pas à abandonner Eugène Rougon au milieu du gué quand le vent tourne, leur intérêt est en jeu, là c’est la débandade il n’y a plus d’amis.
    Bref un monde de dupes où l’ascension puis la chute du ministre va passer par les mains d’une femme. La belle Clorinde Balbi qui tire les ficelles dans son dos et se vengera du mépris dans lequel il la tient lorsque ses efforts la conduiront dans le lit de l’Empereur.

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    Est-ce si différent ?

    De roman en roman j’élargis ma connaissance de Zola et je dois dire que j’y prends toujours grand plaisir, bien sûr on est loin ici du paradou, des étals des Halles ou de Plassans.
    Ce noir tableau d’une classe politique corrompue et avide m’a plu, le monde politique ne change pas, les mêmes rouages sont au travail, les mêmes leviers mènent le monde : pouvoir, argent, sexe ......De Zola à nous il y a à peine un saut de puce.

    Portrait
    Rougon, qui venait d'être introduit avec le cérémonie d'usage, était déjà assis entre deux conseillers d'État, au banc des commissaires du gouvernement, une sorte de caisse d'acajou énorme, installée au bas du bureau, à la place même de la tribune supprimée. Il crevait de ses larges épaules son uniforme de drap
    vert, chargé d'or au collet et aux manches. La face tournée vers la salle, avec sa grosse chevelure grisonnante plantée sur son front carré, il éteignait ses yeux sous d'épaisses paupières toujours à demi baissées ; et son grand nez, ses lèvres taillées en pleine chair, ses joues longues où ses quarante-six ans ne mettaient pas une ride, avaient une vulgarité rude, que transfigurait par éclairs la beauté de la force.

    Retrouvez la famille Rougon
    La Fortune des Rougon
    La Curée
    La Conquête de Plassans
    Le Ventre de Paris
    La Faute de l'abbé Mouret
    La Bête humaine