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A sauts et à gambades - Page 224

  • Sanctuaires ardents - Katherine Mosby

    sanctuaires ardents.gifSanctuaires ardents - Katherine Mosby - Traduit de l’américain par Cécile Arnaud - Editions Quai Voltaire
    Dans une petite ville de Virginie, une ville du vieux Sud, celui de Scarlett, de Scout et Atticus, celui qui jouit de la plus grande considération c’est bien Willard Daniels, propriétaire des « Hauts » le plus beau domaine de Winsville.
    Il revient là avec sa belle épouse, Vienna, belle et cultivée elle suscite beaucoup de curiosités et cancans. Excentrique, libre, farouchement attachée à son indépendance, la belle Vienna va de thé en cocktails se mettre toute la gente féminine à dos. Les hommes eux la croient simplement folle surtout quand il la voit promener son cheval en laisse et on disait même "qu'elle était socialiste, peut-être communiste, qu'elle aimait les Nègres et fumait des cigarettes" et puis n’a-t-elle pas fait fleurir une deuxième fois la glycine ?
    Malgré la naissance de deux enfants, Willard Daniels un beau jour quitte Winsville pour ne plus revenir, Vienna va devoir faire face à l’éducation de Willa et Elliott.
    Elliott petit lutin passionné par les oiseaux, Willa déjà libre et indocile comme sa mère. Plusieurs personnages vont venir prendre place autour d’eux, John Aimes le voisin, le médecin de famille capable aussi bien de vous accoucher que de soigner discrètement une blessure par balle, Gray l’étudiant de passage féru de latin, Vienna enfin qui vit au milieu des livres la tête parfois dans les étoiles.

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    "Puis elle avait peint la grange en bleu. Elle était entrée à la quincaillerie Henshaw en demandant de la peintre couleur lapis-lazuli. Il avait fallu cinq questions et quatre personnes pour découvrir ce qu'était le lapis-lazuli — Tout ça pour une grange ! "

     

    Un très beau portrait de femme qui fait des choix personnels et une belle évocation du sud encore tourmenté par la ségrégation et une morale qui craque aux coutures. Les descriptions d’une nature luxuriante, d’une ivresse permanente tant la vie peut être don et plénitude, sont superbes.
    Les failles pourtant ont commencé, la volonté de Vienna d’afficher sa différence va avoir des conséquences.
    Lisez ce livre, vous ne serez pas déçu, c’est le roman dans toute sa splendeur, du souffle, de la tendresse, de l’émotion, du suspense.
    Si vous avez aimer Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur ou l’héroïne du film Loin du paradis, lisez ce livre, vous ne serez pas déçu, c’est le roman dans toute sa splendeur, du souffle, de la tendresse, de l’émotion, du suspense.

    katherinemosby.jpgL’auteur
    Katherine Mosby enseigne à l'université de Columbia et collabore au New Yorker et à Vogue.
    Poète, elle est l'auteur de quatre romans. Sous le charme de Lillian Dawes a figuré dans la sélection pour le National Book Award et pour le prix Pulitzer.  

  • Je suis complètement battue- Eléonore Mercier

    jesuiscompletement.gifJe suis complètement battue - Eléonore Mercier - Editions P.0.L

    Éléonore Mercier est « écoutante » dans une organisation qui se préoccupe des violences conjugales. C'est à dire qu'elle prend les communications des femmes en état de détresse qui appellent pour pouvoir parler, être écoutées. Elle fait cela depuis plus de quinze ans. Prenant en note sur des cahiers ces entretiens, elle a eu l'idée de réunir en un recueil la première, et seulement la première phrase dite, l'entrée en matière en quelques sorte, la phrase inaugurale par laquelle va commencer l’échange, celle qui dit tout, celle sur quoi va s'appuyer le reste. Cela donne un livre sidérant. Sidérant d'abord pour le témoignage brut, immédiat qu'il constitue, sans pathos, sur un pan honteux de nos sociétés. Sidérant ensuite pour sa teneur littéraire...(l’éditeur)

    1653 façons de se livrer, 1653 aveux de personnes non coupables, 1653 appels à l’aide pour soi ou pour les autres

    « Cette première phrase dit tout » dit Eléonore Mercier et elle déroule pour nous les mots de la douleurs comme une litanie incantatoire on y entend la peur, la honte, la terreur, la violence physique celle qui se voit et celle qui se cache, le silence, la solitude, le déni, l’impuissance, la douleur, l’angoisse, l’existence détruite, le corps cassé.

    J’ai choisi de vous livrer quelques unes de ces phrases illustrées par des affiches, photos, images de toute l’Europe; ce livre est français mais les femmes battues sont de tous les pays.

    Ecoutez les, entendez leurs voix derrière les mots.

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    « J'ai honte de partout ».
    « Je voudrais partir loin »
    « Je ne peux plus tenir »
    « Je lutte, je téléphone »

    France

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    « J’ai du mal à parler j’ai reçu un coup de clé sur la mâchoire »
    « j’appelle au nom de ma soeur »
    « Je subis des violences non visibles »
    « Je crains d’avoir trop attendu "

                                                                                     Espagne

     

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    « Je connais une dame traitée comme une esclave »
    « Mon mari m’a coupé les cheveux dans la nuit »
    « Je me sens traquée »
    « Je croyais qu’il allait changé »

     

    Allemagne

     

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    « Je crois que j’ai ouvert les yeux »
    « Je suis complètement battue »
    « Je suis détruite »
    « Je pense que je suis victime de violences psychologiques ».

                                                                                     Suisse

     

    Un livre recueille la paroles des femmes et la porte quand elles ne peuvent plus le faire, lisez ce petit livre de dignité offerte.

    Faites lui une place dans votre bibliothèque

  • La Faute de l'abbé Mouret - Emile Zola

    Avant d'évoquer ce cinquième tome des Rougon Macquart je vous propose une liste récapitulative pour tous ceux et toutes celles qui ne connaissent pas l'ordre exact des romans.
    En regardant cette liste je m'aperçois que j'avais fait des sauts importants entre les romans, j'avais lu l'Assommoir, Germinal et le rêve, mais j'en avais laissé bien d'autres de côté

    Voici la liste et quelques liens vers les titres déjà chroniqués

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    La Fortune des Rougon

    La Curée

    Le Ventre de Paris

    La Conquête de Plassans

    La Faute de l'Abbé Mouret

     

    A venir

    Son Excellence Eugène Rougon       
    L'Assommoir          
    Une Page d'amour            
    Nana
    Pot-Bouille            
    Au Bonheur des Dames            
    La Joie de vivre

    Germinal
    L' Oeuvre                     
    La Terre              
    Le Rêve

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    La Bête humaine

     

     

    L' Argent           
    La Débâcle               
    Le Docteur Pascal

     

    red_sony_reader.jpgLa Faute de l'abbé Mouret - Emile Zola - ebook
    François Mouret on s’en souvient a perdu la bataille contre l’abbé Faujas et tout c’est terminé dans le sang et les larmes.

    Les deux fils de Mouret ont quitté Plassans, l’un pour Paris où nous le retrouverons bientôt et l’autre pour le séminaire où il est rentré influencé par Faujas.
    Devenu prêtre c’est lui qui est le héros de ce cinquième roman. Serge Mouret c’est la piété totale, la chasteté, la charité incarnée, l’ascèse aussi car refusant de vivre dans le moindre confort et vouant un culte à la Vierge Marie.
    L’évêque l’a nommé dans le plus pauvre des villages de l’arrière pays provençal.
    Il vit là avec Désirée sa soeur simple d’esprit qui a développé une passion pour sa basse-cour et Teuse la bonne, rugueuse et acariâtre.
    Il essaie de remettre les brebis égarées dans le droit chemin, ainsi il lui faut convaincre un père de marier sa fille à un « traîne savate » qui l’a mise enceinte ...rude tâche car l’argent passe largement avant la bénédiction de l’Eglise au grand dam de Mouret.

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    Il accompagne un jour son oncle le Docteur Pascal auprès de Jeanbernat un mécréant anticlérical, gardien d’un domaine « Le Paradou » où il vit avec sa nièce Albine.
    Brusquement atteint de typhoïde Mouret va être soigné par les habitants du domaine, la maladie est vite éloignée mais Serge va basculer et connaître pour la première fois l’éveil des sens, son corps, son coeur, son esprit vont être envoûtés par Albine et l'orgie sensuelle du Paradou, il va vivre pendant des semaines une félicité sans égale.
    Le retour à la réalité sera rude et brutal. Il va devoir faire le choix d’une vie selon l’Eglise ou d’une vie selon l’amour.

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    L’histoire est il faut bien le dire, un peu tirée par les cheveux, la rencontre d’Albine et Serge frappée d’invraisemblance mais .......mais je me suis laissée emportée au Paradou, j’ai goûté les descriptions de Zola, j’ai senti sur ma peau la douceur du soleil au sortir de la nuit, les parfums qui s’exhalent, la profusion des plantes, l'exubérance des fleurs..........C’est l’aspect que j’ai préféré.
    Il y a une deuxième lecture de ce roman, c’est la lutte contre la toute puissance de l’Eglise, la tentative pour sortir de son emprise, les interdits violemment appliqués. Zola traine avec lui tout l’arsenal anticlérical Eve tentatrice, la faute que représente la jouissance physique, la culpabilité, l'expiation et enfin la soumission du prêtre. Cette partie du roman est beaucoup moins agréable car je m'en suis sentie très éloignée.

    Je vous engage à lire « La Faute de l’abbé Mouret » ne serait ce que pour vous transporter quelques moments au Paradou

    sur Lecture/Ecriture l'avis de Sibylline

  • Hommage à Philippe Jaccottet

    combatinegal.gifLe Combat inégal - Philippe Jaccottet - Editions La Dogana
    Le 13 mai 2010 Philippe Jaccottet a reçu le Grand Prix Schiller, ce prix qui vient couronné l’oeuvre du poète a été l’occasion de l’édition d’un livre hommage.
    Symbole du travail de traducteur de Jaccottet le livre est composé de trois hommages rendus dans les trois langues : Italien, Allemand et Français (Traductions en vis à vis) par ses traducteurs.

    « Lorsque voici quinze ans j’ouvris pour la première fois un livre de Philippe Jaccottet (...) quelqu’un n’y décrivait guère autre chose que des tâches de lumière sur des sommets montagneux, des fleurs sur la terre, des pierres dans l’eau, et je me sentais léger et neuf et libre et comblé comme rarement je l’avais été. »
    Et il ajoute
    « Depuis je ne cesse de revenir aux passages que je préfère, pareil à un collectionneur de pierres précieuses qui revient à ses joyaux favoris. »

    En réponse à ces éloges Philippe Jaccottet dit de la poésie

    « Rilke, Rimbaud, Mallarmé, Ramuz, Claudel, bientôt Hölderlin, cette révélation que la poésie pouvait être non pas même la quête, mais plus simplement l’accueil de certains signes, venus du dehors, par surprise, mais reçus au plus profond de soi, comme les flèches de l’amour ; signes précieux entre tous, dès lors qu’ils semblaient donner à notre monde, et à notre vie dans ce monde, contre tout espoir, une espèce de sens... »

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    Philippe Jaccottet, Grignan (Photo: Yvonne Böhler)

    Mon premier livre de Philippe Jaccottet remonte à 1987 et je me suis retrouvée dans les propos admiratifs tenus dans ce livre. C’est une invitation à aller lire la Promenade sous les arbres ou Ce peu de bruit, je vous souhaite d’y éprouver autant de plaisir et d’émotion que j’ai pu en ressentir

    Ce petit livre est accompagné d’un CD où Philippe Jaccottet lit plusieurs de ses textes

  • Promenades littéraires

    Grosse colère
    Souvent j’ai entendu cette phrase : « Moi, non, je ne lis rien de ce qui paraît actuellement. Tout cela est si médiocre, et on a tant de mal à s’y reconnaitre. Je retourne à Pascal, à Molière, Villon... » (..) Se flatter de sa vieillesse et de son incuriosité !
    Ils se prétendent cultivés, bouffonnerie ! Cultivés parce qu’ils ont acheté un jour, en bloc, les Cents chefs-d’oeuvre français et qu’ils s’en gargarisent ! Cultivés ces hommes pour lesquels Villon n’eût été qu’un bandit qu’il fallait pendre, Rimbaud un collaborateur, Mallarmé un mauvai professeur et Verlaine un ivrogne !

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    Ne savez-vous pas qu’être cultivé, c’est d’abord être vivant, c’est chercher, choisir, se tromper, se ridiculiser même (...) La Culture n’est pas un petit bac de père peinard, mais un train dans lequel il faut sauter en pleine marche.

    Et admiration
    Romain Rolland avait l’art involontaire de provoquer des dévouements familiaux. Sa mère morte, sa soeur refusa de se marier pour veiller sur lui, car sa santé exigeait de constants ménagements.
    Il arriva qu’un jour au fond de la Russie, une jeune fille lu Jean-Christophe. Après le dernier volume, elle se leva, boucla une valise, franchit la frontière, traversa l’Europe arriva jusqu’au lac suisse où vivait son homme de génie et l’épousa.

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    Le livre
    Ma Route de Bourgogne - Raymond Dumay

     

  • Voyages pendulaires Des Roms au coeur de l'Europe

     

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    Une exposition en ce moment à Lyon a retenu mon attention, il faut dire que l’actualité s’est chargée de lui donnée une portée nationale.    
    Composée à partir de reportages photographiques, l’exposition montre les déplacements de plusieurs familles entre la France et la Roumanie.
    Dans la banlieue lyonnaise comme dans la banlieue d’autres grandes villes, des bidonvilles se sont créés et abritent ou abritaient des Roms. Au gré des expulsions, des accompagnements à la frontière on suit la vie de ces familles. Les photos parlent toutes seules pour dire la précarité, la pauvreté et les conditions de vie indécentes qu'elles soient en France ou en Roumanie.

    Le travail a été réalisé par une journaliste : Sophie Landrin et par un photographe : Bruno Amsellem, ils se sont déplacés au même rythme que les familles, et ont découvert un ghetto rassemblant 2000 Roms en Roumanie. Cette situation est ancienne car comme dans le reste de l'Europe, les Roms sont des parias dans leur pays d'origine.

    Chômeurs par force en Roumanie depuis la fin de l’ère Ceaucescu et par décision administrative en France, ces personnes toujours montrées du doigt, marginalisées, victimes de discrimination survivent grâce à la mendicité. En quelques 8 ans ces familles ont effectué plus d’une dizaine de voyage entre les deux pays au gré des mesures prises à leur encontre.
    Des solutions sont possibles, ainsi certaines familles ont accepté l’aide fournie par l’Office de l’Immigration et de l’Intégration et ont pu obtenir un logement et scolariser leurs enfants.

     

    J’ai été très touchée par cette exposition car comme chacun il m’arrive d’avoir des jugements lapidaires et stéréotypés lorsque dans le métro je vois une jeune femme mendier son bébé dans les bras ou des enfants portés un accordéon plus gros qu’eux et tendre la main.

    Est ce normal si aujourd’hui dans pratiquement tous les pays d’ Europe  une population est ostracisée au seul prétexte de son mode de vie ? Une expo comme celle là peut aider à changer notre regard et redonner de la dignité à nos relations avec la communauté Rom.

    Pour en savoir plus : Le livre de Jean Pierre Liégeois universitaire dont le travail est consacré à cette communauté : Roms au coeur de l'Europe, édité par le Conseil de l'Europe

    Emmanuel lecteur de ce blog me transmet une adresse intéressante que je vous livre celle de café Babel
    on y trouve des articles sur la communauté Rom, l'occasion d'élargir nos points de vue sur le sujet