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A sauts et à gambades - Page 227

  • Aux fourneaux et à la plage

    Deux romans qui me faisaient très envie et qui hélas ne m’ont pas vraiment comblé
    Martin Suter m’avait enchanté avec  Small world , Tracy Chevalier et sa désormais très célèbre Jeune fille à la perle, étaient gage de bons romans et bien ....non pas vraiment, à mon goût du moins.


    cuisinier.gifLe Cuisinier - Martin Sutter - Editions Christian Bourgois (2010)
    Maravan est un exilé Tamoul qui vit et travaille en Suisse. Il a des talents de cuisinier qui sont plus que sous exploités car pour le moment il est plongeur dans un très grand restaurant; bien sûr on n’hésite pas à faire appel à son extraordinaire habileté quand c'est indispensable mais aussitôt après c’est...retour à la vaisselle.
    Lorsque une de ses collègues découvre ses talents culinaires fantastiques et sa connaissance de la cuisine ayurvédique à laquelle l’a initié une vieille femme de sa communauté, elle voit là l’occasion de créer Love food " la cuisine aphrodisiaque à votre domicile".

    Une excellent idée de roman et je dois dire que les descriptions des mets préparés font saliver mais ....ça ne fait pas vraiment un roman, l’évolution de l’entreprise sur fond de problèmes financiers et de crise économique ne m’a pas semblé très attrayante. Les recettes en fin de livre ne suffisent pas même si la personnalité de Maravan est attachante.
    La libraire des Livres que j'aime est d'un avis opposé, elle a adoré !

    prodigieuses.gifProdigieuses créatures - Tracy Chevalier - Editions Quai Voltaire (2010)
    Un roman sur fond de féminisme car c'est une femme qui découvre ces « prodigieuses créatures » que sont les fossiles,voilà qui était fait pour m’appâter.
    Mary Anning l’héroïne a réellement existé et c’est à elle que l’on doit la découverte des fossiles marins de la région du Dorset. On peut voir ces fossiles au British Muséum.
    Au début du XIX ème siècle il était plutôt de bon ton pour les dames de faire du point de croix plutôt que de fouiller les falaises de la plage. Mary Anning pourtant voit dans la mise au jour des fossiles le moyen de subvenir aux besoins de sa famille.
    Elle n’a pas conscience de l’importance de sa découverte et même les scientifiques de l’époque dont le français Cuvier, ne sont pas persuadés d’être devant une réelle découverte scientifique.Darwin n'a pas encore parlé d'évolution. L'opposition des milieux religieux est bien sûr très forte cette découverte mettant en cause l'idée d'un dieu créant le monde en 6 jours.
    Le traitement de cette histoire, assez stimulante, est hélas plat et désuet, une intrigue amoureuse bien fade vient l’enrichir mais cela ne suffit pas, un portrait de la société de l’époque très bien fait, Tracy Chevalier sait raconter une histoire, mais je n'ai pas été emporté.
    Mais on peut être d’un avis totalement contraire, pour preuve le billet de Carnet de liaison

  • Promeneur secret

    Est-il interdit d’avoir des étoiles dans la tête ?
    D’être navigateur solitaire sans bateau ?
    Dont le rêve migrateur continue ?
    D’être naufragé sans île déserte ?
    Tant que le souffle de la vie est une parole poétique
    que le mental limité ne peut concevoir...

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    Shi Tao


    Le livre : Le Promeneur secret - Michel Jourdan - Editions La Part Commune

  • Toute la poussière du chemin

    toutelapoussiere.gifToute la poussière du chemin - Jaime Martin et Wander Antunes - Editions Dupuis
    1929 dans le sud des Etats-Unis, la misère pousse sur les routes des familles entières. Un homme va croisé le chemin d’un jeune garçon. Sous un dehors bourru l’homme est immédiatement touché par le destin de cet enfant qui rêve de devenir marin et qui raconte à qui veux l’écouter les histoires d’un certain Jack London.

    L’homme est ce qu’on appelle un hobo, un vagabond, un SDF, proie facile pour la police, il a tout perdu dans la tourmente économique : sa terre, sa femme...
    Il travaille, il va d’un emploi saisonnier à un autre, toujours spolié, parfois frappé. La misère au quotidien. La mort rôde partout. La vie pour Tom est difficile mais ce n’est rien à côté de celle des noirs dans ces états du sud où la violence raciste est omniprésente et les lynchages jamis punis.

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    Les Raisins de la colère inoubliable film sur cette période

    Le héros de cette très belle BD reste fier et digne dans l’adversité, il refuse l’injustice et sait fait preuve de compassion.

    Cette Amérique là est celle de Faulkner, de Steinbeck, celle des marathons de danse de la grande dépression.
    J’ai apprécié le graphisme qui sert très bien la dureté du récit en livrant des visages marqués, où se lit la douleur.  Le scénario est simple mais fort dans sa simplicité.

    J’ai lu il y a quelques mois Hard Times un livre passionnant sur cette période, écrit à partir de centaines de témoignages, cette BD est un très heureux complément à ce livre.

  • "Les enfants aussi" La Grande Rafle du Vel d'Hiv

    La Grande rafle du Vel d’Hiv - Claude Levy - Paul Tillard - Editions Tallandier Textogranderafle.gif
    Dans quelques jours à Paris se commémorera  « la plus grande rafle que la ville ait connue depuis l'arrestation des Templiers et la Saint-Barthélemy »
    En 1942 dans l’Europe entière des opérations identiques sont lancées, Ecume de mer en Europe de l’est, à Paris c’est sous le nom de Vent printanier que l’opération est connue.
    Partout en Europe les juifs sont répertoriés, arrêtés et déportés vers les camps de la mort. La solution finale a été décidé par les allemands à la Conférence de Wannsee qui s’est tenue en janvier 42.
    Pourtant par comparaison à ce qui se passe en Europe la rafle de Paris qui débute le 16 juillet 1942 présente la terrible particularité d’être organisée, menée, dirigée, par la police française et le gouvernement français de Vichy.
    Gouvernement et police qui seront responsables de l’arrestation et de la déportation de 12884 juifs dont 4051 enfants car Pierre Laval en a ainsi décidé, jouant un rôle déterminant dans la disparition de ces enfants dont pas un ne reviendra.
    Le livre de Claude Levy s’appuie sur les documents de l’époque mais aussi sur ceux mis à sa disposition plus tardivement lorsque les archives se sont ouvertes. Ce qui rend se livre inoubliable ce sont les paroles des témoins de cette rafle, juifs ou non.

    27 388 fiches de personnes juives et de nationalité étrangère, sont répertoriées sous la responsabilité du Directeur des camps de concentration français de Drancy, Beaune-la-Rolande, Pithiviers.
    Dans les jours précédents on a demandé aux membres de l’UGIF (Union Générale des Israélites de France) de préparer des étiquettes et d’y accrocher un morceau de ficelle, pour étiqueter quoi ?
    9000 policiers
    vont intervenir, tous français et organisés en 880 équipes, il est prévu d’agir vite afin de ne déclencher aucune réaction dans la population. Les personnes arrêtées seront regroupées dans les écoles, les gymnases puis convoyées vers le Vel d’Hiv pour les familles, vers Drancy pour les célibataires ou couples sans enfants.L’organisation est méticuleuse, les camps sont en partis vidés dans les jours qui précèdent, les détenus envoyés en Allemagne pour « faire de la place » aux femmes.


    rafle.jpgLe jeudi noir
    Dans les jours précédents quelques juifs sont prévenus de la rafle, souvent de façon cryptée, imprécise, mais certains d’entre eux auront la vie sauve grâce à ces messages. D’autres ne voudront pas le croire ou tout simplement ne sauront ni où se cacher ni vers quoi fuir.
    La rafle débute à 4 heures du matin pour être sûr de trouver les juifs chez eux. Les familles au complet dans la plupart des cas.
    Le récit de Claude Levy est précis, s’appuyant sur des témoignages il dresse le tableau de ces familles, femmes en couche, enfants, réveillés aux cris de « police ouvrez »
    Les témoins expliquent les tentatives de fuite, les suicides, quelques actes de courage de la population, quelques gestes de compassion des policiers en bien trop petit nombre. Des témoins en seront à jamais marqués tel Roger Boussinot qui écrira « Les guichets du Louvre » dont Michel Mitrani fera un film en 1973.

    50 autobus, des cars de police vont convoyer les familles, c’est la seule photo qui reste de la rafle, la file des bus stationnés devant le Vel d’Hiv.
    Les familles vont vivre sept jours d’enfer dans ce vélodrome où rien n’a été prévu pour les accueillir, les nourrir, les soigner.
    Les quelques médecins, infirmières qui parviendront à entrer feront des récits terrifiants du bruit, de la chaleur, de l’odeur de la détresse de cette foule entassée sans moyens d’hygiène, mourant de soif, terrorisée et tentant parfois par tous les moyens de s’échapper de ce piège. 7000 personnes prisonnières dans des conditions inhumaines

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    Le camp de Pithiviers

    Toute cette foule sera bientôt dirigée vers les camps français puis vers Auschwitz.
    Dans un chapitre particulier l’auteur fait le point sur les 4051 enfants arrêtés, autour de Pierre Laval plusieurs font la proposition de regrouper ces enfants dans des Maisons d’enfants mais la décision de Laval est sans appel malgré des pressions des Etats-Unis « Les enfants aussi » doivent être déportés.
    Les convois d’enfants partiront vers Auschwitz que les enfants pour conjurer la peur de l’inconnu ont baptisé « Pitchipoï »

    Claude Levy fait aussi une large place à la volonté des témoins, des survivants de « faire savoir » , du long chemin vers la reconnaissance par l’Etat Français de son rôle, sur la position des différentes Eglises et de leurs représentants.
    Des 12884 personnes raflées en juillet 42 une cinquantaine revinrent et aucun des 4051 enfants.

    Lisez ce livre, faites lui une place dans votre bibliothèque

    En complément

    Un site de la mémoire juive
    Des films : Les guichets du Louvre et La Rafle film récent de Roselyne Bosch.








  • Tour de France

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    C’était déjà le soir quand nos voyageurs arrivèrent près de Lyon. Devant eux se dressaient les hautes collines couronnées par les dix-sept forts de Lyon. Ces collines étaient encore éclairées par les derniers rayons du crépuscule, tandis que la ville se couvrait de la brume du soir. Mais bientôt tous les becs de gaz s’allumèrent comme autant d’étoiles qui, perçant la brume de leur blanche lueur, illuminaient la ville tout entière et renvoyaient des reflets jusque sur les campagnes environnantes.

     

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    Atelier de canut


    Ces hautes maisons d’aspect pauvre d’où l’on entend sortir le bruit actif des métiers. C’est là qu’habite la nombreuse population ouvrière. Chacun à là son petit logement ou son atelier, souvent perché au cinquième ou sixième étage, souvent aussi enfoncé sous le sol, et il y travaille tout la journée à lancer la navette entre les fils de soie.


    Le livre
    :

    Le Tour de France par deux enfants - G Bruno - Editions Belin

  • Voyage en Orient - Alphonse de Lamartine

    9782869598300FS.gifVoyage en Orient - Alphonse de Lamartine - Editions Arléa
    En juillet 1832 un homme politique français, un poète honoré dans l’Europe entière, le père d’une enfant adorée et en mauvaise santé, s’embarque à Marseille pour un voyage en Orient de plusieurs mois.
    Une femme, trois amis, dix neuf hommes d’équipage, une bibliothèque de 500 livres et « un arsenal particulier de fusils, de pistolets et de sabres » sont aussi du voyage.
    Il vient d’être battu aux élections législatives, il espère le climat de l’orient profitable à son enfant, le chrétien en lui aspire à voir les lieux saints, le poète romantique est en quête de nouveaux paysages, il résume ainsi les motifs de son entreprise « Amour, poésie et religion »
    Donnons tout de suite la parole à l’auteur, à Monsieur Alphonse de Lamartine «  Toute ma vie l’Orient avait été le rêve de mes jours de ténèbres dans les brumes d’automne et d’hiver de ma vallée natale. »
    L’itinéraire est somptueux, la Grèce, Malte, Chypre, le Liban et la Palestine, Jérusalem et Damas, Constantinople et les Balkans.

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    L'itinéraire de Lamartine ( Source l'éditeur)


    Dès le début du voyage il sait faire preuve de sincérité, inutile de voir en lui le romantique béat prêt à s’extasier sur tout. Athènes et le Parthénon seront la première déception « L’effet de cet édifice, le plus beau que la main humaine ait élevé sur la terre, au jugement de tous les âges, ne répond en rien à ce qu’on en attend (...) vous voyez s’élever irrégulièrement de vieilles murailles noirâtres, marquées de tâches blanches. »
    Le regard critique ne l’empêche pas d’admirer la Grèce et « la grandeur colossale d’un peuple ».
    La goélette « Alceste » dépasse Rhodes et Chypre, sur le bateau Monsieur de Lamartine lit, l’histoire du Liban, celle d’Hérode.
    L’arrivée au Liban est un enchantement, il part à la recherche d’une maison, on devrait plutôt dire d’un palais, pour que amis et famille puissent se reposer, c’est de ce palais que Lamartine partira pour un périple à l’intérieur de la Syrie et de la Palestine.

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    Palais de Lamartine Hammana

    Il va longuement sillonné la Palestine, la Syrie, la Galilée ...Tyr, le Mont Carmel, Acre qu’ Ibrahim Pacha  a « récemment réduit à un monceau de ruines » Jéricho, Jérusalem enfin où il ne peut pénétrer à son aise en raison d’une épidémie de peste.
    Le voyage est ici interrompu car sa fille chérie meurt au liban dans la maison où la famille s’était établie.
    Le voyage se prolongera plusieurs mois vers Damas et Baalbek mais le coeur n’y est plus.

    Le journal de voyage d’Alphonse de Lamartine est un document passionnant. Curieux de tout, il sait apprécier l’hospitalité des chefs arabes, faire revivre l'Empire Ottoman d'alors, son esprit ouvert fait en permanence le parallèle entre Orient et Occident.
    Il fait des rencontres importantes : l’Emir Béchir l’homme fort du Liban de l’époque qui le reçoit, la connaissance qu’il tirera de ces observations le rendront de retour en France, l’homme politique ayant la meilleur connaissance de cette partie du monde qui déjà en 1830 était une vrai poudrière.
    1-Lady-Hester-Stanhope.jpgAu moment du voyage de Lamartine, un personnage défraie la chronique européenne, Lady Esther Stanhope, nièce de M Pitt le Premier ministre britannique. Fixée dans les montagnes du Liban, sa fortune perdue, après avoir été proclamée « Reine de Palmyre » elle vit en ermite et ne reçoit personne. Obstiné Lamartine obtient d’être reçu et le courant passe. En de longues pages il décrit sa rencontre avec cette femme vieillissante qu’il admire et dont il comprend le besoin de solitude.

    Tolérant aux coutumes, désireux de comprendre les habitudes des peuples de l’endroit : Maronites, Druzes, Turcs, il fait preuve d’une étonnante ouverture d’esprit et d’une absence totale de jugement condescendant. Il s’inquiète du jeu des grandes puissances qui ont toutes un oeil vers l’Orient. « Un tel pays, serait encore la terre de promission aujourd’hui si la providence lui rendait un peuple, et la politique du repos et de la liberté ».
    Plus étonnant encore de la part de ce chrétien convaincu,  son admiration et son amour pour l’Islam et pour le Coran « J’aime ce peuple, car c’est le peuple de la prière ».

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    David Roberts - Nazareth

    C’est un livre riche que ce « Voyage en Orient » pour le lecteur c’est un récit de 700 pages, la plume très alerte de Lamartine fait oublier les propos parfois un peu trop lyriques ou trop emphatiques.
    L’acuité du regard, la curiosité, la témérité parfois, le rendent très sympathique, on oublie le noble riche et oisif pour s’attacher à l’homme couchant à même le sol et ignorant la peste pour pénétrer dans Jérusalem, au père dévasté par la mort de son enfant.
    J’ai savouré mon plaisir à suivre le poète tout au long de son voyage. Je vous engage à le suivre à votre tour car il est « de la famille des grands voyageurs et, sans doute, l’un des plus intelligents, des plus sympathiques et des plus intéressants aussi, parce que l’un des plus délicieusement bavard ». *


    * Robert Mattlé - Lamartine voyageur  (1936)