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A sauts et à gambades - Page 226

  • Quelques Historiettes - Jacques Bonnet

    historiettes.gifQuelques Historiettes - Jacques Bonnet - Editions Denoël
    Le titre complet : Quelques Historiettes ou petit éloge de l’anecdote en littérature.
    J’ai retrouvé avec plaisir Jacques Bonnet, il nous avait convié dans sa bibliothèque pleine de fantômes  il met ici le même enthousiasme, la même verve pour faire sortir de l’ombre un écrivain très peu lu et très peu connu.
    Le prétexte c’est une étude sur l’anecdote " forme littéraire des plus négligées "  il est parmi ceux qui aime le genre " L’anecdote anime les conversations les plus banales, participe à la bonne ambiance des réunions en société, ponctue utilement les discours officiels"
    Rassurez vous ce n’est pas un cours que nous fait l’auteur car après un petit tour d’horizon souvent très drôle pour nous faire bien sentir la différence entre le bon mot et l’anecdote ( j’adore son histoire de De Gaulle en Chine, je vous en laisse la découverte).
    On voit poindre déjà des livres à lire si ce n’est déjà fait :  La vie des douze César de Suétone, la Bible (eh oui) pour en arriver au coeur du sujet : Les Historiettes de Gédéon Tallemant des Réaux, le champion du genre toutes catégories confondues.

    GedeonTallemantdesRéaux.jpgUn petit zoom sur l’homme nous est proposé par Jacques Bonnet, un écrivain du XVII ème qui écrivit ses Historiettes en 2 ans, prouesse quand vous saurez qu’elles représentent 2 volumes en pléiade !
    Issu d’une famille de banquiers protestants il s’est prudemment converti au catholicisme en ces temps d’Edit de Nantes
    Scandaleuses Historiettes, non publiables et non publiées de son vivant, J Bonnet dit "Gédéon Tallemant des Réaux appartient à cette catégorie particulièrement restreinte : celle des auteurs d’importance entièrement posthumes"
    Alors que sont ces fameux récit injustement méconnus ?
    Tallemant fait des portraits des hommes et des moeurs de son temps en vrai collectionneur d’histoires et curieux insatiable.
    Scandaleuses, libres, libertines, écrites d’une plume légère en comparaison de Saint Simon que Jacques Bonnet traite " d’emperruqué là où Tallemant va tête nue "
    Quel est le dessein de Gédéon " Il ne veut pas seulement être utile, mais comme tout rapporteur d’anecdotes s’efforce d’intéresser, de surprendre, d’amuser son lecteur, de le retenir par la manche."
    Une littérature spontanée qu’aimait Céline qui disait " Ah relisant Tallemant des Réaux, Montluc, Agrippa, mes Dieux ! mes bougres ! mes potes ! "
    Jacques Bonnet fait un rapprochement entre l’écrivain du XVIIème et Proust, le compare à La Bruyère et Saint Simon à l’avantage de Tallemant.
    Quand vous fermez ce petit livre vous avez une envie furieuse de lire ces Historiettes, un chemin vers les livres comme je les aime

    Un extrait
     " Il adopte un ton familier et vivant et un style qui fait tout passer. Prenons un exemple :
    " A Orléans on disoit à une fille qui n’avait point d’inclinaison pour son accordé : Quand vous aurez  couché ensemble, vous  l’aimerez davantage. Au bout de quelque temps on luy demande des nouvelles « Il est vray » dit-elle « que le couchage y fait "
    Il est évident que la saveur de l’anecdote ne tient qu’au " Il est vray " dit-elle  "que le couchage y fait "
    toute autre manière de l’énoncer l’aurait affadie ou tirer vers la vulgarité "

    Un autre extrait beaucoup plus long sur ce site

  • Du ciel dans l'eau - Maurice Carême

    du ciel dans l'eau.gifDu ciel dans l’eau - Maurice Carême - Editions l’âge d’homme (2010)
    Je ne peux pas m’empêcher de vous dire le nom de la collection dans laquelle parait ce livre : La Petite Belgique. Du coup me voilà tapotant sur google car Maurice Carême belge ? celui dont mes cahiers d’écolière étaient pleins ? et toc j’ai eu confirmation, « Maurice Carême est né le 12 mai 1899 à Wavre, d'un père peintre en bâtiment et d'une mère épicière » mais poète de langue française, ah bon !
    C’est en souvenir de tous les poèmes appris par coeur que j’ai acheté ce petit recueil, de très bons souvenirs, j’en sais encore plusieurs par coeur mais je n’avais pas compris à l’époque que Carême est le poète du temps qui passe, des heures qui s’écoulent, des saisons qui s’égrènent

    Un petit florilège pour vous emporter au pays des souvenirs

     

    normal_georges-de-la-tour-le-tricheur.JPG
    Je joue avec ma vie
    Ma vie joue avec moi.
    Je sais qui gagnera,
    Mais toujours je l’oublie

     


    pommes.gif

     

    Suis-je fais pour être un homme ?
    Je commence à en douter
    J’ai un naturel de pomme
    Qui se nourrit de clarté

     



    Il y a encore mille vers chauds, porteurs d’espoir,  de " déluges d’étoiles"
    Des vers qui disent la couleur du ciel "Le ciel était bleu à crier - Un ciel à se croire éternel"

    Des poèmes qui parlent des menuisiers qui rêvent d’être mariniers, des guêpes énervées et d'un poète qui regarde par la fenêtre "lorsque les choses deviennent roses" et que " les lis sont éteints "

    Une poésie pour retrouver son émerveillement d’enfant vous avez bien une petite place pour elle sur vos rayons

    Quelques poèmes de Maurice Carême ICI

    Pour rester un peu du côté de la Belgique retrouvez Le journal d'un petit belge et élargir vers la Flandre   le blog de la littérature des Flandres et de Hollande

  • Vent printanier - Hubert Haddad

    vent .jpgVent printanier - Hubert Haddad - Editions Zulma
    Un billet court aujourd’hui, non pas parce que j’ai peu à dire mais ces quatre courtes nouvelles sont tellement denses et tellement magnifiques que je voudrais tout vous dire et prendre ainsi le risque de déflorer un peu le sujet.

    Un marchand de jouet, un vieux photographe, un joueur de violon, un vieux juif, un enfant Rom ..........Leur histoire à chacun, chacun de ces personnages porte en lui le destin de milliers d’autres, on ne sait plus s’il s’agit d’une histoire rêvée ou de la réalité, si cela se déroule aujourd’hui ou hier. Mais par delà le temps et les pays les personnages sont proches les uns des autres malgré la dureté de leur vie, ils ont tous en commun l'amour, amour d'une mère, d'un jouet, d'un souvenir, d'une musique.

     

    Purim Play, high res.jpg

    En lisant Haddad je ne peux m’empêcher de penser à Boris Cyrulnik et à la résilience possible pour tout être humain qui a souffert et pour qui s’ouvre une possibilité de vivre à nouveau à condition que quelqu’un lui tende la main.

    Aifelle a fait un très bon billet sur ce livre avec quelques extraits et vous pouvez lire aussi la chronique de Clara donc je ne vais pas renchérir mais en ces temps d’avalanches littéraires faites une place à ce livre dans votre bibliothèque

    Une interview de l’auteur

  • Parle-leur de batailles - Mathias Enard

    Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants - Mathias Enard - Editions Actes Sud - 2010
    Un roman qui se place sous la protection de Kipling ne peut pas être mauvais, le titre magnifique étant de bon augure j’ai entamé ma lecture avec détermination.
    Un saut de puce pour se retrouver à Florence en 1506, à ma droite Michel-Ange, face à lui Jules II et ça ne se passe pas bien du tout, Michelangelo Buonarroti, pour le nommer correctement, travaille pour le Vatican depuis des mois mais l’argent n’arrive pas, le pape est très mauvais payeur, conscient de sa valeur et très en colère, Michel-Ange décide de quitter Florence et de partir pour Constantinople où le Sultan lui fait miroiter une fortune pour construire un pont sur le Bosphore.
    Qui résisterait ?
    Malgré la peur, Jules II est puissant et un peu teigneux si vous me pardonnez l’expression, c’est bien tentant, d’autant plus que le grand Léonard s’est proprement cassé les dents sur le projet. Alors pour Buonarotti c’est un appel irrésistible, s’enrichir ET damer le pion à Léonard de Vinci.
    Voir son nom retentir comme celui qui a dessiné les plans du pont sur la Corne d’Or et l’appat du gain l’emportent  sur la crainte qu’il éprouve envers les sbires de Jules II et envers sa peur de la mer et des naufrages.

    Bajazet.jpg

    La cour du Sultan Bajazet

    L’orient est une belle découverte même si l’inspiration côté architecture n’arrive pas aussi vite que prévu. Michel Ange flâne avec délices dans le coeur de la ville orientale, il a un guide cultivé et ..épris de lui, le poète Mesihi, une amitié teinté d’un peu d’amour se fait jour, mais Michel Ange est en proie à d’autres tourments car en homme de la Renaissance il a encore peur de satan et de l’enfer.
    Un séjour dangereux malgré tout car Vizir et Sultan ne badinent pas plus avec les engagements que le chef du Vatican.

    Constantinople-bridge.jpg

    Quand  Istambul s'appelait Constantinople

    Après le très violent et assez époustouflant Zone  voilà un roman paré des douceurs et tentations de l’orient, une part méconnue dans la biographie de Michel Ange, le portrait est plutôt réussi, une bio-fiction si vous me passez cette expression dont bien malin celui qui fait la part de l’invention de Mathias Enard et la part de l’histoire.
    C’est intelligent, c’est élégant sans afféterie, les chapitres sont courts et se lisent sans effort.
    Un défaut ?  un manque de souffle peut être mais je le dis sans vraie conviction.

    La citation complète de Kipling :
     « Puisque ce sont des enfants, parle-leur de batailles et de rois, de chevaux, de diables, d’éléphants et d’anges, mais n’omets pas de leur parler d’amour et de choses semblables. »

  • Promenades littéraires en Provence

    En Avignon et à Fontaine de Vaucluse
    fontaine-histoire-petrarque.jpgQu’il est tentant de suivre le jeune Pétrarque dans ces ruelles qui n’ont pas changé depuis le 6 avril 1327, jour où, sur le parvis de l’église Sainte Claire, il entrevit Laure, Provençale blonde. « Des cheveux d’or flottaient sur ses épaules, son teint était d’une blancheur éclatante, sa bouche n’offrait que de perles et des roses, sa taille était fine et souple. » Elle portait une robe de soie verte semée de violettes et l’atour, sorte de béguin, encadrait son visage.

    Vauvenargues
    Le doux et sensible Vauvenargues, disent les manuels de littérature.
    Doux et sensible, certes, mais aussi amoureux et résolu, machiavélique et ambitieux. Ce moraliste qu’on veut nous faire passer pour tiède est d’abord un conquérant. C’est le capitaine Fracasse de notre littérature.
    Tandis que le mistral chantait dans les pins et que les ruisseaux murmuraient à mes pieds, j’ai ouvert au hasard le petit recueil scolaire où j’ai fini par marquer d’une croix presque toutes les maximes. (...) Il est des écrivains qui me forcent à penser, d’autres qui m’émeuvent. Sa pensée si droite, sa poésie si profonde atteignent l’âme et l’esprit.

    Vauvenargues.jpg

    Vauvenargues - Le Château

    Le livre : Ma route de Provence - Raymond Dumay - Editions La Table Ronde

  • Sanctuaires ardents - Katherine Mosby

    sanctuaires ardents.gifSanctuaires ardents - Katherine Mosby - Traduit de l’américain par Cécile Arnaud - Editions Quai Voltaire
    Dans une petite ville de Virginie, une ville du vieux Sud, celui de Scarlett, de Scout et Atticus, celui qui jouit de la plus grande considération c’est bien Willard Daniels, propriétaire des « Hauts » le plus beau domaine de Winsville.
    Il revient là avec sa belle épouse, Vienna, belle et cultivée elle suscite beaucoup de curiosités et cancans. Excentrique, libre, farouchement attachée à son indépendance, la belle Vienna va de thé en cocktails se mettre toute la gente féminine à dos. Les hommes eux la croient simplement folle surtout quand il la voit promener son cheval en laisse et on disait même "qu'elle était socialiste, peut-être communiste, qu'elle aimait les Nègres et fumait des cigarettes" et puis n’a-t-elle pas fait fleurir une deuxième fois la glycine ?
    Malgré la naissance de deux enfants, Willard Daniels un beau jour quitte Winsville pour ne plus revenir, Vienna va devoir faire face à l’éducation de Willa et Elliott.
    Elliott petit lutin passionné par les oiseaux, Willa déjà libre et indocile comme sa mère. Plusieurs personnages vont venir prendre place autour d’eux, John Aimes le voisin, le médecin de famille capable aussi bien de vous accoucher que de soigner discrètement une blessure par balle, Gray l’étudiant de passage féru de latin, Vienna enfin qui vit au milieu des livres la tête parfois dans les étoiles.

    grange.jpg

    "Puis elle avait peint la grange en bleu. Elle était entrée à la quincaillerie Henshaw en demandant de la peintre couleur lapis-lazuli. Il avait fallu cinq questions et quatre personnes pour découvrir ce qu'était le lapis-lazuli — Tout ça pour une grange ! "

     

    Un très beau portrait de femme qui fait des choix personnels et une belle évocation du sud encore tourmenté par la ségrégation et une morale qui craque aux coutures. Les descriptions d’une nature luxuriante, d’une ivresse permanente tant la vie peut être don et plénitude, sont superbes.
    Les failles pourtant ont commencé, la volonté de Vienna d’afficher sa différence va avoir des conséquences.
    Lisez ce livre, vous ne serez pas déçu, c’est le roman dans toute sa splendeur, du souffle, de la tendresse, de l’émotion, du suspense.
    Si vous avez aimer Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur ou l’héroïne du film Loin du paradis, lisez ce livre, vous ne serez pas déçu, c’est le roman dans toute sa splendeur, du souffle, de la tendresse, de l’émotion, du suspense.

    katherinemosby.jpgL’auteur
    Katherine Mosby enseigne à l'université de Columbia et collabore au New Yorker et à Vogue.
    Poète, elle est l'auteur de quatre romans. Sous le charme de Lillian Dawes a figuré dans la sélection pour le National Book Award et pour le prix Pulitzer.