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A sauts et à gambades - Page 226

  • Le Sauvage des Pyrénées - Pep Coll

     

    sauvagedespyrénées.gifLe Sauvage des Pyrénées - Pep Coll - Traduit du Catalan par Edmond Raillard et Juan Vila - Actes Sud
    Tout commence avec la chute d’un chien sur un replat de falaise « une langue étroite et longue de terre vierge, constellée de roches grises et d’arbustes vert foncé. »
    Tura, mais on l’appelle aussi Ventura ou mieux Bonaventura Mir, va élire domicile sur ce replat d’où il domine le village et tout ceux qui le prennent pour un idiot, il est vrai que comme d’autre échange leur droit contre un plat de lentilles, lui Bonaventura a délaissé le confort d’une ferme cossue contre une vie d’étudiant et tout le village rit de lui. Son frère a au passage hérité de la propriété familiale et « emprunté » la fiancée de Ventura, la belle Filomena.
    Il va se construire un domaine, une forteresse, c’est à lui, c’est son bien qu’on se le dise « Habitants de Maulpui (...) je vous fais savoir à tous que j’ai pris la ferme et libre décision de rester vivre sur cette hauteur »

    Malgré toutes les tractations, toutes les tentatives pour l’extraire de son replat, notre héros persiste des années durant et transforme peu à peu la parcelle de terrain en un lieu de vie, il laboure, sème, arrose, cueille et vit bientôt en autarcie.
    De loin en loin il a des nouvelles du village, il regarde tous ces petits insectes se démener, il les reconnait de loin mais n’a nulle envie de se joindre à la fourmilière.
    De temps à autre il a de la visite, il faut du courage aux visiteurs parce qu’ils doivent emprunter des échelles de cordes et parce que Ventura a tourné un peu anarchiste et qu’on ne sait jamais quel va être l’accueil, aussi les visiteurs sont rares.

     

    montserrat.jpg

    Du haut de son perchoir il contemple la bêtise humaine  

    Bonaventura ne s’ennuie pas, il a même mis au point une technique très sûre pour jouer aux échecs avec un membre du village, à distance et de belle façon.

    Mais la vie de Bonaventura va prendre un tour inattendu à la mort de son frère, emporté comme la moitié du village par une épidémie de peste
    Après des années de vie solitaire sur son replat va-t-il être contraint de retourner à la civilisation ?  La presse et les scientifiques s’intéressent de très près au cas de ce fou qui s’est fait ermite ce « sauvage des pyrénées »

    N’hésitez pas à passer quelques heures en Catalogne en compagnie de ce doux dingue de Bonaventura, le héros instruit et érudit qui a choisi de se faire ermite.
    C’est un récit qui prend son temps. Un récit joyeux, drôle et savoureux. Il y a du Rousseau dans ce récit, et Bonaventura est frère en loufoquerie de Don Quichotte et Pickwick.
    Une jolie fable sur l’utopie, la folie et l’amour de la liberté.


    L’auteur
    Pepcoll.jpegPep Coll est né à Pessonada en 1949. Il vit actuellement à Lleida, où il est professeur de langue et de littérature catalanes. Ecrivain, il est aussi l’auteur de scripts pour la télévision, d’articles de journaux ( source l'éditeur)

  • A la recherche de Winston Churchill

    Au début de l’année j’ai lu avec délectation la biographie de Winston Churchill et cet été Pierre Assouline sur France Culture vient pendant une semaine de nous régaler d’une série sur "Winnie" comme l’appellent affectueusement les anglais.
    Je vous invite de toute urgence, avant que les podcasts ne soient plus disponibles, à télécharger ces émissions qui sont passionnantes : Les Grandes Traversées (Archives, débats et documentaires)

    winston-churchill-1943-the-famous-victory-salute.jpg

    En trois volets Pierre Assouline propose une partie d’archives sonores, les discours de Churchill traduits (ouf pour moi) et lus par des acteurs ou des historiens, un régal
    Mais ce n’est pas tout car il y a aussi une partie documentaire qui reprend toutes les facettes de Winston Churchill : l’aventurier, l’écrivain, le guerrier, le mythe ou l’homme privé.
    Enfin pour nous éclairer un débat est animé avec des historiens anglais et français et j’ai entendu avec grand plaisir François Kersaudy auteur de la biographie chez Tallandier et traducteur des Mémoires de guerre chez le même éditeur. On y sent toute la fougue qu’il a mis dans sa traduction.
    Une série d’émissions tout à fait exceptionnelles que je vais garder précieusement.
    Du coup bien sûr j’ai bien l’intention de lire « Mes jeunes années » et « Mémoires de guerre »

    mémoiresdeguerre1.gifmesjeunesannées.gif

     

     

  • Séquence nostalgie

    Etes-vous fétichiste avec les livres ? Ce que je veux dire c’est : êtes vous de ceux et celles qui conservent le viel  exemplaire d’un livre, tout desséché, tout désossé, dont les pages s’envolent et dont la couverture craque, juste ..juste parce que la première fois où vous avez lu ce livre c’était celui là !
    Depuis vous l’avez lu et relu, l’avez prêté, l’avez fait lire et certainement l'avez racheté mais ...cet exemplaire là vous ne le jetterez jamais.
    Oui ? alors nous sommes de la même race, la race des fétichistes, un peu ridicules mais qu’importe.

    journalannefranck.jpgPetit retour en arrière, 1964 j’ai 14 ans et mon argent de poche passe intégralement à l’achat de livres, je dévore à la bibliothèque du lycée, « le livre de poche » fut une aubaine pour moi, comme pour des milliers de gens. Je surveille toutes les parutions, note les n° qui me manquent, je veux tout lire.Voilà deux des livres que je me suis acheté cette année là, attention ne les brusquez pas ils s’envoleraient
    Le Journal d’Anne Franck, sa lecture m’a entrainé ensuite vers des chemins abrupts de l’histoire de la seconde guerre mondiale, vers les textes évoquant les camps de concentration, c’est ce livre qui fait qu’aujourd’hui « La Rafle du Vel d’hiv » ou « L’excursion des jeunes filles qui ne sont plus », font partie de mes lectures

    equipage.jpgL’équipage de Joseph Kessel, un roman sur la guerre, la mort et l’amour qui m’a enthousiasmé à la première lecture, je l’ai fait lire à mes filles, peut être le ferais je lire à mes petits enfants. Kessel était un nom qu’à l’époque on entendait à la radio, à la télévision et j’avais l’impression en lisant ce livre d’entrer dans le  monde des adultes.
    Aujourd’hui les éditions Gallimard Quarto ont eu la bonne idée de rééditer les romans de Kessel en les mettant en parallèle avec ses reportages, j’ai acheté ce livre et en le feuilletant j’ai retrouvé « Les mains du miracle » qui font aussi partie de mes souvenirs de cette même époque, celui là n'était pas à moi hélas, je l'ai lu un peu en cachette, invitée chez une amie, on m'avait fait coucher dans le bureau du père de famille et j'ai lu ce livre à toute allure le soir en espérant l'avoir terminé à la fin du séjour. Je vais le relire maintenant plus calmement avec une petite larme à l'oeil.

    Si vous dites "Le Grand Meaulnes" ou "Vipère au poing" c'est automatiquement leurs couvertures du "Livre de poche" que je vois,  j'entends craquer le papier et l'odeur du livre est à nouveau ennivrante.

    Oui oui je sais tout ça ne me rajeunit pas, mais c’était mas séquence « Nostalgie de l’été »

    Et vous c’est quoi votre séquence nostalgie ?

  • Ecrits de la maison des rats - Lao She

    ecritsdelamaison.gifEcrits de la maison des rats - Lao She - Traduit du chinois par Claude Payen - Editions Philippe Picquier
    Un recueil de textes, non pas des nouvelles mais de petits articles destinés à des journaux, d’un des grands écrivains chinois.
    Je n’ai lu que deux romans de Lao She : Le pousse-pousse et Gens de Pékin, ici c’est une façon légère de faire connaissance avec lui.
    Un grand nombre de thèmes sont abordés, certains sérieux d’autres nettement moins, de sa mère à la lecture, de sa nostalgie de Pékin à la poésie.
    Le recueil s’ouvre sur un texte très drôle « Dur dur d’écrire son autobiographie » où il fait un inventaire des épisodes de sa vie qui pourraient servir, après avoir renoncé aux deux premiers chapitres il s’obstine « Même si je me forçais  à écrire le troisième chapitre il n’aurait rien de glorieux. Il vaudrait mieux que j’oublie ce chapitre et commence directement au quatrième » pour conclure que rien ne presse.
    Le ton change totalement lorsqu’il évoque sa mère de façon très émouvante car « Vivrait-on jusqu’à l’âge de quatre vingt dix ans, on reste toujours l’enfant de sa mère »
    Il sait à merveille se moquer de lui-même, lui qui adore lire et qui aime parler de livres « Dés que je parle des miens, j’attrape mal à la tête. Mes livres et mon destin semblent constituer éternellement pour moi un double fardeau. »

     

    hutong.jpg

    Hutongs quartiers traditionnels chinois chers à Lao She

    Les chats, les enfants, les moineaux,  sont l’occasion de lignes savoureuses, poétiques, fines et délicates. Il se fait parfois nostalgique en particulier lorsqu’il évoque le Pékin de son enfance « Ce n’est qu’à Pékin qu’un homme aussi pauvre que moi peut se sentir relativement heureux. »

    L’écriture est d’une grande simplicité et j’ai éprouvé beaucoup de plaisir à cette lecture.

    L’auteur
    lao_she.jpgNé en 1899, il a enseigné pendant une vingtaine d’années, il a connu le succès avec Le Pousse-pousse, il a écrit de nombreuses nouvelles rassemblées dans « Gens de Pékin »
    Son plus grand roman « Quatre générations sous un même toit » est une fresque racontant l’histoire d’une famille.
    La révolution culturelle lui est fatale, tué ou « suicidé » par les gardes rouges, il ne sera réhabilité qu’en 1978

     

     

  • Le patriotisme des fleurs


    Un temps, la mode et la spéculation vous voulurent noires, et vous payèrent d’un haut prix. Plus votre deuil violacé était opaque, plus vos amants se ruinaient pour vous. Mais vint une époque de famine, et l’on fit cuire vos précieux bulbes pour les manger. Récemment, mauvais printemps de l’Occupation, Paris gonflé d’espoir, aigri de rancune profonde, vendait chez ses fleuristes des bulbes - trois par pots - qui trouvaient le moyen d’être séditieux (...) Mars venait, la nacre de l’oignon éveillé fendait sa sèche enveloppe, qui en place de tulipes donnait issue à trois jacinthes gaillardement chauvines - une bleue, une blanche, une rouge.

    jacinthes.jpg

    Jacinthes patriotres de Colette



    Le livre
    Pour un herbier - Colette - Editions Fayard

  • Le Blanc Fouquet - Franck Herbet-Pain

    blancfouquet.gifLe Blanc Fouquet - Franck Herbet-Pain - Editions Gallimard
    Une mini biographie de Jean Fouquet peintre dont on  sait très peu de choses et qui fut pourtant en son temps le peintre officielle de la cour et du roi Louis XI.
    Un peintre né, au temps de la guerre de Cent ans, des amours illicites d’un prêtre et d’une femme du peuple. Il grandit sur les bords de Loire où il fait l’expérience pour la première fois des couleurs « le rouge des radis qu’il suçote, le jaune des champignons, l’orange des citrouilles  » puis des enluminures qui égayent le livre dans lequel son père lui apprend à lire.
    Bientôt c’est lui qui tient la plume pour dessiner le visage de son père, de sa mère et ajouter de la couleur, il « cherche le rouge des mûres aux buissons épineux, le marron de la vase, le vert des algues translucides, mais le jaune, comment faire le jaune ? »
    Il fait un long et dur apprentissage dans l’atelier de Maître Royer.  Miniaturiste, enlumineur, il devient bientôt l’égal du maître mais fils de prêtre il n’a droit à aucun salaire.
    Ses premières oeuvres attirent l’attention de l’évêque de Tours et de celui de Paris. Il va parfaire son art dans l’atelier de Van Eyck à Gand, il apprend l’art de la perspective, voyage en Italie où il rencontre Fra Angelico et découvre émerveillé les oeuvres de Masaccio « Adam et Eve en marche dans le mouvement de leur désespoir, chassés du Paradis, une lumière qui donne à leur corps et à leur visage le relief des peines et de la sueur à endurer. »

     

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    Portrait de Charles VII

    Son style est en train de naître, sa main « rallie la précision des Flandres à la légèreté italienne »
    Il travaille beaucoup et lorsqu’il se voit confier la réalisation d’un diptyque où la vierge a le visage d’Agnès Sorel, la maîtresse du roi, c’est le succès. Toute la cours commente l’oeuvre et il devient le peintre officiel.

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    Agnès Sorel

    Tout au long de sa vie il travaille les couleurs, le blanc surtout qui fera sa gloire et dont il détient le secret blanc « Il reste le soir seul dans l'atelier, dispose les coupelles des différents dosages de blancs obtenus, les applique sur des feuilles différentes, puis dans d'autres coupelles mélange les blancs premiers entre eux, les numérote comme les feuilles qu'il dispose dans tout l'atelier, enfin sort faire quelques pas dans la rue noire laver ses rétines, les lancer vers la nuit d'hiver opaque comme la suie, les plumes des corbeaux. Quand il revient, il note enfin celui qui a percé l'obscurité, le blanc royal, le blanc Fouquet, qui le fait soudain vomir dans la rue. »

    Blanc qui se révélera mortel.

    C’est un plaisir très doux de lire cette biographie dans la collection où j'avais déjà découvert Ambroise Paré
    C'est un plaisir lumineux aussi car l’auteur trace ce portrait par petites touches courtes comme un artisan attentionné, il sait décrire avec des mots très justes le travail du peintre, les couleurs, la lumière, la vie personnelle de Jean Fouquet est évoquée avec tendresse et pudeur et vient rendre ce portrait très vivant.

    Pour continuer le site magnifique de la BNF l'atelier de Fouquet