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Sciences - Page 2

  • Les Rois du Yukon - Adam Weymouth

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                                              Le roi du Yukon

    Le fleuve Yukon coule sur environ 3200 km du Canada à l’Alaska jusqu’à la mer de Béring.

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    La particularité extraordinaire de ce fleuve est que chaque été des centaines de milliers de saumons, les rois du Yukon, remontent la rivière jusqu’au lieu de leur naissance, jusqu’à la frayère où ils ont grandi.

    Ils font cette rude remontée pour aller pondre où ils sont nés, ils s’y reproduisent puis après quelques remontées, ils y meurent.

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    C’est la plus grande migration de la planète !

    Le Yukon coupe en deux l’Alaska et est selon les endroits parfois large de 11 km, réparti dans un dédale de chenaux, d’îles plus ou moins inondables.

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    Adam Weymouth a voulu comprendre la destinée de ces saumons mais surtout ce qui aujourd’hui fait qu’ils sont en perdition.
    Il embarque seul puis accompagné dans une nature plus que sauvage, avec un simple canoé et un vaste territoire à investiguer.

    Il mettra 4 mois pour descendre le Yukon, en faisant des haltes dans des villages, des points de pêche, il veut comprendre la pêche et son déclin? 

    La pêche a été autorisée au Canada et en Alaska sans précautions aucunes, sans écouter le savoir des autochtones, l’utilisation de filets dérivants a été une catastrophe écologique. Des communautés qui longtemps ont vécu du saumon et qui aujourd’hui se retrouvent démunies.

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    « En voyageant en canoë  et en parcourant le même chemin que les poissons, bien que pagayant dans la direction opposée, j'espérais mieux comprendre ce qui change, non seulement dans la vie de la rivière, mais dans la vie de les gens qui en dépendent. »

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    cuisiner en chemin mais attention aux ours

    Ces femmes et ses hommes sont parfois à plusieurs centaines de km de la route la plus proche. 
    L’avion est très coûteux, les déplacements pratiquement impossibles une bonne partie de l’année.
    Le lien avec la culture des ancêtres est rompu. Certains deviennent pour survivre des stars de la téléréalités : survivre en Alaska !!!

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    Téléralité : 100 jours pour survivre, les revenus remplacent la pêche 

    Les changements climatiques aggravent encore le problème

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    Il rencontre des pêcheurs, des biologistes, ils échangent sur les problèmes de surpêche, d’industrialisation, de déforestation qui modifie les berges du fleuve, des barrages qui empêchent la remontée des Rois du Yukon

     en 2015, l'interdiction des rois a été étendue à l'ensemble du fleuve Yukon, une décision sans précédent mais qui ne s'avère pas suffisante.

     

    J’ai aimé ce livre, pour les informations bien entendu mais surtout pour le partage avec toutes les personnes rencontrées, pêcheurs, missionnaires, filous, aventuriers.

    Adam Weymouth partage leur vie, relève les filets avec eux, entretien le fumoir à saumon, cuisine avec les femmes parfois,  prend le temps de les écouter et c’est passionnant.

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    Parce que l'Alaska c'est ça aussi l'or noir sur l'or blanc 

    Le constat est alarmant car si la destruction est rapide, elle est surtout durable et les choix qui s’offre pour inverser ce changement se révèlent coûteux et pas forcément couronné de succès

    Ce livre se lit comme un roman d’aventures avec ours et loups en prime, l’écriture est très agréable, les chiffres ne viennent pas tourmenter le lecteur mais sont suffisamment clairs pour que le message soit délivré.

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    Il y a de belles descriptions des paysages, de belles rencontres comme Mary âgée de 80 ans qui a vécu de façon traditionnelle pendant des décennies et qui aujourd’hui communique avec sa très nombreuse famille avec un iphone !

    Pour ceux et celles qui suivent ce blog, le livre le plus proche de celui-ci c’est Rêves arctiques de Barry Lopez 

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    Le livre : Les rois du Yukon - Adam Weymouth  - Traduit par Bruno Boudard - Editions Albin Michel 2021

  • L'art de voir les choses - John Burroughs

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    Voilà bien une lecture par ricochet, après avoir lu  La maison en chantier, j'avais été intriguée par les passages faisant référence à un écrivain américain « à la Thoreau », écrivain dont je n’avais jamais lu le nom.

    Lorsque ces choses là me titillent je suis mon idée jusqu’au bout, après avoir tapoter sur le clavier, fait le tour de ce que je pouvais trouver en bibliothèque, je me suis résolue à commander ce livre.

    Quel plaisir ! la couverture d’abord, superbe et empruntée à Audubon, c’est une petite anthologie de textes, choisis par le traducteur, précédée d’une présentation du traducteur très éclairante et suivie d’une petite biographie en fin de volume.

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    John Burroughs est décrit comme un «  écrivain très populaire, personnage bonhomme et pittoresque » dont les livres se sont vendus à des millions d’exemplaires et qui était célèbre à l’égal de H D Thoreau et de John Muir

    Amoureux de la nature et de l’observation de celle-ci, il possède un oeil à mi chemin entre « l’oeil du savant et l’oeil du poète »
    Il aime la vie simple « car c’est celle que j’ai vécu et je l’ai trouvé bonne » dit-il. 

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    C’est un naturaliste précis et riche dans ses observations des oiseaux, des plantes, mais qui se passionne aussi pour la pêche à la truite ou le chant de la colombe 

    Il nous invite à être un observateur attentif qui « déchiffre les signes subtils du temps, les étoiles lui prédisent le lendemain, les nuages du soir et du matin sont des présages »

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    Sa maison des Catskill

    C’est un redoutable marcheur comme Thoreau, il nous convie à « en rabattre un peu avec notre fierté de citadin des grandes villes » et à prendre notre bâton de marche. Il a parcouru les Adirondacks, les forêts du Maine avant de poser sa maison dans les Catskill.

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    Thomas Cole View on the Catskill  Musée de San Francisco

    « Partir à pied sur la grand-route c’est prendre enfin un bon départ dans la vie » alors n’hésitez pas à le suivre car « le piéton se réjouit toujours, allant revigoré, renouvelé, le coeur dans la main et la main disponible »

    A vous « les pommes sur le bord de la route, et les baies, et la source et l’abri accueillant » N’hésitez plus, mettez vos pas dans les pas de John Burroughs.

    Vous avez compris que j’ai beaucoup aimé ce livre, j’ai parfois pensé à Jean Henri Fabre en le lisant, il a trouvé sa place dans ma bibliothèque à côté de Walden et des Souvenirs entomologiques.

    John Burroughs est né en 1837, instituteur de campagne il abandonne l’enseignement en 1846  il rencontre Walt Whitman à qui il consacre son premier livre, en 1873 il fuit la ville, s’installe dans les Catskill. 

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    Le livre : L’art de voir les choses - John Burroughs - Traduit de l’anglais par Joël Cornuault - Editions Fédérop

  • Le Pansement Schubert - Claire Oppert

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    J’ai longtemps exercé un métier de soignante, au fil des années je me suis forgée quelques certitudes : la douleur du corps peut et doit être prise en compte, nous revenons de loin sur ce point mais aujourd’hui enfin la douleur et l’aide que l’on peut apporter sont devenues des priorités. 
    Le titre de ce livre et plus encore son contenu ont immédiatement trouvé un écho en moi. 

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    Claire Oppert est violoncelliste, comme tous les bons musiciens elle se produit en concert, elle enseigne son art, mais elle n’est pas une musicienne comme les autres. Elle joue pour des publics particuliers. 

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    Elle joue dans un centre qui reçoit de jeunes autistes, elle joue dans un cantou pour patients souffrant de maladie d’Alzheimer, enfin elle joue auprès de patients en fin de vie dans un service de soins palliatifs. 

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    Elle propose aux patients une sorte de stimulation sensorielle par la musique parce qu’un jour elle a pu avec une équipe de soignants, mesurer l’effet de la musique sur les personnes, sur leur douleur.

    Ce furent des rencontres uniques, la voix du violoncelle apportant du réconfort, diminuant l’angoisse devant un soin ou une situation, apaisant même parfois la douleur.

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    Cette expérience est devenue une étude clinique médicale nommée « Pansement Schubert » à la suite d’une diminution radicale de la douleur chez une patiente démente lors d’un pansement difficile, à l’écoute du thème du mouvement lent du 2ème trio de Schubert, joué au violoncelle devant la patiente par Claire Oppert.

    Une sorte de médicament musical. 

    Cette expérience très limitée a été élargie : observer l’effet de la musique lors de soins tels que la toilette, les pansements d’escarres particulièrement pénibles, la pose de voie veineuse parfois transformée en parcours du combattant.

    Grâce à des fiches d’observation mis à disposition des soignants les effets furent mesurés, collationnés, parfois de façon objective : rythme respiratoire, tension artérielle, pouls, mimiques. Parfois de façon plus subjective, de l’ordre du ressenti : anxiété, ressenti émotionnel du patient ou du soignant.

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    Lorsqu’elle écrit ce livre, Claire Oppert a participé à 106 « Pansements Schubert » et le bénéfice est là, manifeste, pour les patients, les soignants et même l’entourage.
    L’effet est apaisant, stimulant parfois mais il y a toujours un impact qui augmente le bien être.

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    Au fil du temps d’autres musiques ont été invitées : Bach, Mozart, Beethoven, Tchaïkovsky, Rachmaninov, des airs d’opéra, des chansons bretonnes et andalouses, de la musique juive, arabe, africaine, du jazz, ou du rap. 

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    Je vous préviens les témoignages sont rudes, profonds, vrais.

    Il y a pour certains patients une émergence des souvenirs d’enfance chez des personnes dont la mémoire est aux abonnés absents depuis des années. 

    Je vous défie de ne pas être bouleversé par les histoires des personnes, par la plume de Claire Oppert qui mêle son expérience à ses souvenirs de musicienne.

    A titre personnel j’aime énormément le violoncelle, on dit souvent que c’est l’instrument le plus proche de la voix humaine, un instrument au timbre chaud, déchirant parfois.

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    Le livre : Le pansement Schubert - Claire Oppert - Editions Denoël 2020

  • Le dit du vivant - Dennis Drummond

    Il y a parfois des hasards heureux. Les problèmes de climat m’avaient rappelé un roman lu en 1982 et qui prédisait ….le retour de la terre à l’âge de glace ! 

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    C’était un bon roman, qui montrait parfaitement les disputes scientifiques, l'incrédulité des politiques, les conflits entre états chacun tirant la couverture à soi et des aventures individuelles mâtinées de romance.

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    Ce n’est pas un grand roman mais on passe à sa lecture un bon moment depuis les US jusqu’à l’Alaska et aux confins de la Sibérie.
    On est loin du réchauffement climatique mais qu’importe parce que quelque part la problématique reste un peu la même : Que fait-on ?

     

    Quand je suis tombé sur le livre de Dennis Drummond forte de mon expérience glaciaire j’ai immédiatement deviné qu’il était pour moi.
    Un saut dans le temps et rendez-vous au Japon. Un séisme  est suivi d’une coulée de boue qui détruit un village en son entier. 

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    Séisme au Japon

    Mais les mouvements de terrain ont aussi mis au jour une sorte de sépulture très ancienne. 

    Les scientifiques sont alertés et Sandra Blake, paléogénéticienne australienne se rend au Japon accompagnée par son petit garçon Tom, enfant autiste qui vient de faire une série de crises difficiles dans le centre où il était soigné.

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    Premier travail pour l’équipe scientifique : dater le site. Et là c’est un second séisme qui secoue le monde scientifique car la datation fait apparaitre des hominidés vieux de 13 millions d’années dont le savoir est un peu trop en avance par rapport à l’arbre de l’évolution.

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    Stupeur totale car cette datation remet en cause tout le connu jusqu’au théories darwiniennesLes certitudes volent en éclat.

     

    La presse, les scientifiques s’en emparent et donnent naissance à l’Homme d’Atsuna, nom du village où la découverte a été faite. Bientôt Sandra est sous les feux des projecteurs sans l’avoir demandé. Les critiques pleuvent, les religieux vitupèrent et annoncent l’Apocalypse.
    Les chercheurs sont très vite rattrapés par les enjeux politiques, culturels, religieux. 

    Heureusement la vie sur place est faite de rencontres, en particulier celle d’un maître de l’estampe japonaise qui va lui apporter chaleur et sérénité et d’une actrice du théâtre nô

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    Les personnages sont crédibles et possèdent de l’épaisseur, on est immédiatement en sympathie avec le maître de l’ estampe japonaise, Tom l’enfant autiste est attachant et son parcours intéressant même si son évolution peut avoir un peu trop une allure de miracle.

    Denis Drummond a choisi une construction singulière qui s’inspire du séquençage du génome et il nous embarque dans une belle Odyssée, un histoire des origines.

    Le livre est décomposé en 6 parties qui suivent un ordre chronologique mais s’appuient sur des genres différents : journaux intimes, articles de journaux, correspondances, articles scientifiques. 

    Chaque chapitre donne un point de vue différent. Un petit effort est nécessaire pour assembler une à une les pièces du puzzle mais cela vaut la peine

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    L'auteur

    L'écriture est souvent prenante et poétique, parfois même assez lyrique. 
    Ce n’est pas un roman de science-fiction, c’est un genre inclassable ce qui en fait l’originalité et l’intérêt.

    Un roman sur le monde d’aujourd’hui avec ses faiblesses, celui d’hier avec ses erreurs, mais peut être plus encore sur le monde que nous construisons pour demain.

    Au delà du récit, le roman pose de véritables questions : la place de la recherche aujourd’hui, le regard que l’on pose sur l’autre, que voulons-nous privilégier dans l’avenir ?

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    Les Livres : 

    Le dit du vivant - Denis Drummond - Editions Le Cherche Midi
    Le Sixième hiver - Douglas Orgille et John Gribbin - Point seuil à chercher d’occasion

  • Où vont les vents sauvages - Nick Hunt

    « Le vent qui vient à travers la montagne m’a rendu fou ! » Victor Hugo 

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    C’est une belle invitation à l’aventure que ce livre. Quand Nick Hunt était très jeune le vent l'a presque emporté, il en a gardé le souvenir qui est sans doute à l’origine de cette quête derrière les vents d’Europe.

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    L’auteur est allé à la poursuite des vents la plupart du temps à pied. Armé d’un bagage léger, anémomètre et cartes météo il a suivi les couloirs des vents.

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    Sa chasse s’est exercée envers 4 vents

    Chez lui d’abord dans les Pennines «  zone de hautes terres la plus étendue d’Angleterre » 

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    Les Pennines 

    Nick Hunt poursuit l’Helm. Pour le rencontrer il faut parcourir le Cross Fell, c’est le sommet des Pennines. Rassurez vous si vous ne voyez pas où c’est, j’ai du faire une petite recherche pour m’y retrouver.

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    Cross Fell

    « L’Helm pouvait propulser quelqu’un en l’air, catapulter des moutons comme de simples morceaux de laine, renverser de lourdes charrettes et détruire des étables en pierre »

    L’Helm est le seul vent auquel on a donné un nom chez nos ennemis du Brexit.

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    La Bora 

    Sa quête va le mener ensuite vers la Bora, un vent amer, nerveux, sec et glacial qui souffle de Trieste à travers la Slovénie et le long de la côte croate. Le vent qui souffla pour Rilke, Svevo ou Joyce. 

    La Bora est un vent froid terrible qui comme tous les vents curieusement souffle toujours trois, six ou neuf jours !

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    Sens Croatie 2012

    En 2012 «  La température avait plongé à moins quatorze degrés et la Bora créé de fantastiques sculpture de glace dans le port de Senj » 

    Pour Nick Hunt c’est l’occasion de rencontrer Tomas un personnage un peu extraordinaire qui va le sortir d’un mauvais pas « quand je me suis perdu dans les montagnes de Croatie et que je risquais de faire face à une situation terrible, il m'a pratiquement sauvé. C'est une personne extraordinairement excentrique et généreuse »

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    «  Il peut être violent comme un ouragan, faire couler les navires, écraser les maisons, renverser des camions, bloquer des autoroutes, déraciner des arbres, projeter des poissons hors de l’eau »

    Fini le froid, voilà un vent chaud, peut être que comme moi, vous ignorez où souffle le foehn, si vous imaginez ça dans un désert vous êtes à côté de la plaque !! 

    Le foehn c’est le vent qui balaie la plus longue chaine de montagnes d’Europe, vallées alpines, vallées du Rhin, les Quatre cantons, le Tessin jusqu’au Valais. Surprenant non ?

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    Un vent chaud et sec souvent associé à la mauvaise santé, aux migraines, aux crises de folie. Vous savez ces récits qui commencent ainsi « le Foehn soufflait ce jour là » 
    Il souffle aussi chez les puissants et riches du Liechtenstein, mais aussi chez les humbles du pays de Heidisi vous avez un doute ressortez votre exemplaire du livre et vous pourrez vérifier.

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    « Elle restait immobile, à écouter la voix profonde et mystérieuse du vent, qui se manifestait à elle depuis les cimes des monts »

    Le Foehn porte des noms variés selon les circonstances et les lieux «  le plus vieil homme du Rhin » ou « Mangeur de neige » 

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    Je dois dire que c’est le vent qui a eu ma préférence peut être parce que j’ai pendant des années parcouru les vallées Suisses avec bonheur.

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    La Crau

    Enfin le dernier c’est le Mistral, avec Nick Hunt on le suit de Valence aux étendues de lavande et à la Crau.
    Le Mistral c’est « le vent de folie » qui a tourmenté Van Gogh. Le vent dont on dit que c’est celui des idiots.

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    Van Gogh Oliviers et Alpilles 

    « La cime des arbres tanguait, se débattait, bouillonnait, les branches supérieures hurlant tandis qu’elles écorchaient leurs écorces respectives. L’air était chaud chargé d’humidité, et il ne descendait pas du nord, mais d’au-dessus, de derrière, d’au-dessous, de toutes les directions en même temps »

     

    Mais qui sais que le Mistral joue un rôle important dans le séchage « de l'herbe ou dans l'élimination des microbes, ce qui signifie qu'aucun conservateur ou pesticide n'est requis »:
    Ce vent qui souffla à Orange pendant 16 jours consécutifs en 2004.Ce vent qui fait que l’on parle d’Avignon la venteuse.

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    Tempête Amélie

    Un bon récit de voyage, de ceux que j’aime car il m’a rendu presque visible ces vents que jamais personne ne voit, m’a fait croiser montagnards, bergers ou marins. Parcourir des paysages sauvages.

    Ce que j’ai aimé c’est que Nick Hunt nous parle bien entendu de ses randonnées derrière les éléments mais aussi de l’histoire des lieux : on croise Schiller, Rossini et Guillaume Tell mais aussi le sinistre Milošević

    J’ai aimé : passer de hauts plateaux à des villages inconnus, des petites villes pittoresques et pleines d’histoire, rencontrer les gens de ces contrées avec leurs légendes et leurs traditions. 

    J’ai aimé sa capacité à nous faire entendre et sentir le vent, ses coups, ses gémissements, ses cris parfois.

    J’ai aimé qu’il tienne mêlé la météorologie et la mythologie, l’auteur sait écouter les mythes et les légendes et passer de la superstition aux informations scientifiques, nous parler des cartes et des histoires, de poésie et de philosophie.

    Avec les changements climatiques les vents vont changer « puisque les températures déterminent ce qu'ils font et dans quelle direction ils soufflent. » Ne ratez pas ce témoignage. 

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    Le livre : Où vont les vents sauvages. Marcher à la rencontre des vents d’Europe, des Pennines jusqu’en Provence - Nick Hunt - Traduit par Alexandra Maillard - Editions Hoëbeke

  • Ecrits de nature tome 1 et 2 - Alexis Gloaguen

    Observateur de la nature et poète voilà un auteur fait pour moi. Son oeuvre sera rassemblée en trois tomes chez Maurice Nadeau, à ce jour seuls les deux premiers sont sortis. 

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    Baie d'Audierne

    Les deux livres sont constitués d’écrits invitant au voyage : Cornouailles, Ecosse ou Pays de Galles, Vannes ou la Baie d’Audierne. Le troisième tome qui devrait nous emporter à Saint Pierre et Miquelon.

    J’ai erré tout l’été en sa compagnie, ce sont des textes qui défient le temps, la géographie, la poésie car c’est un mélange des trois. 
    Alexis Gloaguen nous promène dans des friches, des mines abandonnées, des écluses ou estuaires, des marais, des sentiers cachés à l’oeil du passant ordinaire. 

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    Ecluse bretonne

    Sa relation aux lieux, aux plantes, aux insectes est toute personnelle, elle est irriguée de poésie, on s’immerge dans des marais salants, on se fait pêcheur d’oiseaux, observateurs de libellules, la nature sauvage nous est donnée, offerte

    Un monde sauvage de vent et de pluie avec en arrière fond les connaissances de l’entomologiste :

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    « Voir la danse de l’æschne bleue au-dessus d’un étang forestier peut donner l’approximation rapide de l’éternité. Oblique, elle gobe les moucherons et semble téter le ciel. Imprévisible, elle va du sommet des chênes au col des joncs en passant par les ramures basses des saules. Elle vire et roule en quête d’une image mentale sur laquelle soudain ressortent les proies. Sa rapidité presque sans limites n’autorise que les plus prompts des oiseaux, et les moins réticents aux pirouettes aériennes, à la capturer en vol. »

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    Du botaniste :

    « À mes pieds vibre une hampe de ciguë de l’année passée. Elle est sèche, marquée par les trous que les insectes de l’hiver y ont faits pour s’abriter. De ce cylindre cloisonné, qu’ils ont bouché puis rouvert au printemps, il reste aujourd’hui la longue archéologie d’un train vertical. » 

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    De l’ornithologue

    « Lors du vol migratoire, l’oie de tête, source d’ondes aériennes qui aident les suivantes et les orientent, est fréquemment relayée. Et lorsque la troupe s’alimente au bord des rives, chaque oiseau veille à son tour, laissant les autres tamiser la vase au filtre sensible de leurs becs, chicaner pour des raisons mystérieuses, émettre leurs cris tragi-comiques, se lisser les plumes, osciller sur le clapot. »

     

    J’ai aimé le côté contemplatif mais aussi crapahuteur de l’auteur. J’ai aimé le rythme de l’écriture, la passion du vent, des paysages, d’une nature en train hélas de disparaitre « C’est pour moi une source perpétuelle d’inspiration… C’est la montagne, l’estuaire, les oiseaux qui écrivent. »

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    Si vous êtes lecteur des Souvenirs entomologiques ou de Walden vous êtes prêts pour explorer la nature d’Alexis Gloaguen 

    Les photos de Rémy Basque et les dessins de Jean-Pierre Delapré illustrent parfaitement les textes.

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    Les Livres : Ecrits de Nature Tome 1 et 2 - Alexis Gloaguen - Editions Maurice Nadeau