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Art Peinture Musique - Page 5

  • Bribes de peinture et d'amitié

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    « Ami lecteur, voilà pourquoi l’audace m’est venue de te soumettre quelques aspects de Claude Monet. L’artiste a vécu un moment supérieur de l’art, et, par là même, de la vie. Il ne manquera pas de bons juges pour le dire. Mais c’est l’être humain que je cherche au-delà de l’artiste, l’homme qui, livré tout entier à ses impulsions les plus hautes, a osé regarder en face les problèmes de l’univers » 

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    « Je prends le ciel à témoin qu’un tel accomplissement n’est pas de l’ordinaire. D’où l’idée m’est venue d’ajouter quelques touches au portrait de Monet par lui-même, pour caractériser autant que possible la grande figure d’un homme qui fait honneur à son temps, à son pays, à sa planète. »

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    Monet et Clémenceaux

    « Un jour, je disais à Monet : « C’est humiliant pour moi. Nous ne voyons pas du tout les choses de la même façon.(…) Avec vous, c’est une autre affaire. L’acier de votre rayon visuel brise l’écorce des apparences, et vous pénétrez la substance profonde pour la décomposer en des véhicules de lumières que vous recomposez du pinceau, afin de rétablir subtilement, au plus près de sa vigueur »

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    « Ce qui caractérise Monet, c’est qu’après avoir créé sa manière, il l’a développée, d’un progrès continu, jusqu’au prodige des Nymphéas, c’est-à-dire au-delà même de ce que meules, peupliers, cathédrales, Tamise, permettaient de prévoir. »

    Le livre - Claude Monet - Georges Clémenceau - Editions Parkstone International

  • L'instant précis où Monet entre dans l'atelier - Jean-Philippe Toussaint

    Comment dit-on lorsque l’on trouve un petit trésor ? Une petite pépite. 

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    Amoureux de Monet, de Giverny et des Nymphéas ce minuscule livre est fait pour vous.
    Comment rendre compte de la création, de cet instant éphémère où la main va réaliser un miracle de beauté ?

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    C’est ce moment que Jean-Philippe Toussaint tente de surprendre pour nous l’offrir.
    « Je veux saisir Monet là, à cet instant précis où il pousse la porte de l’atelier dans le jour naissant encore gris »

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    Nous le suivons dans l’atelier. Ouvrant grand les yeux, pour saisir ce moment où la peinture se transforme en « paysages d'eau et de lumière, fragments de branches inclinées de saules pleureurs, reflets bleutés, ciels, transparences. »

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    Nous sommes à Giverny, c’est un temps de fièvre et de chaos, 1916, et Monet peint des fresques gigantesques, imagine leur placement à l’Orangerie avec l’aide de Clémenceau, La guerre est oubliée pour un instant.
    « Que sont les événements du monde pour l’artiste quand il crée ? Un tourment lointain et invisible. Une rumeur angoissante, entêtante, importune. » 

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    Chaque paragraphe commence par la même phrase et cette litanie qui scande le texte nous invite à nous plonger dans l’univers du peintre, à voir ces interminables retouches de l’oeuvre, une oeuvre en perpétuel recommencement, en éternel inachèvement.
    « Il ne sait rien du grand destin aveugle qui attend les Nymphéas. » 

     

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    « Partout des bleus, des bleus mêlés de rose, des bleus mauves et des bleus plus profonds, des bleus de cobalt, des bleus nocturnes, et ici et là, un bref feu d’or qui contraste, un incendie de jaune » 

     

    En quelques mots JP Toussaint nous dit l’âge qui avance, le corps qui s’affaiblit, la vue qui flanche et l’homme, le peintre « laissant la vie derrière lui, prenant congé du monde »

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    C’est peu dire que j’ai aimé ce texte, alors que, il faut que je le confesse je n’aime pas les autres livres de l’auteur, ben oui désolée !!

    Mais là j’ai lu ce petit opuscule trois fois de suite, j’ai ressorti mon gros livre sur Monet, sa biographie, sa correspondance avec Clémenceau, bref je me suis offert un bain d’impressionisme et rien que pour ça merci Monsieur Toussaint.

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    Le livre : L’instant précis où Monet entre dans l’atelier.- Jean-Philippe Toussaint - Editions de Minuit 

  • 555 - Hélène Gestern

    C’est agréable de reprendre contact avec un auteur que l’on a déjà lu avec plaisir.
    J’ai lu deux romans d’Hélène Gestern, le dernier L’odeur de la forêt avait été un vrai plaisir de lecture. 
    J’ai donc repiqué avec son dernier roman et je vous invite à faire de même.

    Un roman qui a la musique comme toile de fond mais aussi l’art si intrigant de la lutherie, l’ébénisterie d’art, la connaissance pointue des partitions , le monde des musicologues et enfin la musique qui envoûte.

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    Domenico Scarlatti 

    Petite colle : Savez vous combien Scarlatti a composé de sonates ?  555 mesdames messieurs, du moins 555 qui nous soient parvenues.

    Aussi lorsque Grégoire Coblence ébéniste se voit confier un étui de violoncelle et qu’il y découvre une partition très ancienne sa curiosité est piquée. Il n’est pas musicien mais fou amoureux de musique, serait il possible que ce soit une oeuvre du compositeur italien, la 556 ème sonate ?

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    Un ébéniste d'art 

    La recherche qu’il va entamer va lui permettre d’oublier un peu sa femme qui l’a planté là deux ans auparavant sans aucune explication.

    Il partage son atelier avec un luthier, Giancarlo Albizon homme à femme et en proie au tourment du jeu et des dettes qui vont avec. Celui ci voit immédiatement dans la partition l’occasion de payer ses dettes  oubliant un peu vite que la partition appartient avant tout au propriétaire du violoncelle. 

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    Un luthier 

    Lorsque la partition est volée les deux hommes vont devoir faire appel à des connaisseurs pour tenter de retrouver la partition et l’authentifier. 

    Hélène Gestern nous fait faire connaissance avec un musicologue odieux, un mécène riche comme Crésus, et Manig Terzian célèbre claveciniste qui a enregistré l'intégrale des 555 sonates.

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    « Quand je l'ai déplié, des grains de poussière ont dansé dans le soleil. J'ai reconnu immédiatement les lignes qui réglaient les pages et les notes qui s'y accrochaient en zigzag. C'était une partition »  Ici la partition de la sonate K 466

    Nous voila dans une partition à cinq voix, elles vont s’entremêler pour promener le lecteur dans le monde de la musique celle - ci étant LE personnage majeur du roman.  

    J’ai aimé cette découverte, elle m’a instruite et amusée à la fois.
    Tous ces personnages partagent d’une certaine façon l’amour de la musique, pour certain c’est l’occasion de jouer Scarlatti peut être pour la dernière fois, pour un autre c’est l’occasion d’écraser ses confrères, pour le troisième c’est le moment d’assouvir le besoin compulsif de posséder. 

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    Scott Ross

    Hélène Gestern se nourrit de musique, elle dit dans une interview qu’elle a découvert Scarlatti grâce à l’intégrale de Scott Ross.

    Avec son roman elle a fait une adepte supplémentaire de Scarlatti que je connaissais très peu et dont je vous invite à écouter la K. 466  je suis tombé sous le charme immédiatement.

    L'avis de Jostein 

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    Le livre : 555  - Hélène Gestern  - Editions Arléa

  • Carnet d'esquisses - Hiroshige

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    C’est d’un livre datant de quelques années dont j’ai envie de parler aujourd’hui. Un livre à admirer, à feuilleter, livre que vous ouvrirez les jours moroses, les jours où vous avez besoin d’un petit surplus de bonheur.

    C’est tout le japon traditionnel qui nous est proposé dans ces deux carnets du maître japonais Hiroshige

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    « Il a su inspirer les Impressionnistes européens et leurs successeurs - Whistler, Cézanne, Gauguin, Van Gogh - leur inculquer une vision neuve du paysage »

    Cinquante dessins sont présentées dans ce livre, dessins à l’encre et au crayon, rehaussés de lavis et d’aquarelles.

    L’esquisse est un art pratiqué au Japon mais les oeuvres conservées par la bibliothèque du Congrès ont longtemps été jugées sans grande valeur. Les carnets sont longtemps restés enfermés et ce livre est le premier qui nous permet de les admirer.

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    Le premier carnet est composé de vingt cinq dessins de paysages et de scènes de la vie quotidienne. On croise des barques de pêcheurs, un homme jugé sur sa mule au pied du Mont Fuji, un envol d’oiseau, une barque sous la lune.

    Ces scènes dégagent une grande sérénité, les traits estompés, les couleurs, la composition, tout nous fait entrer dans un monde de délicatesse et de légèreté.

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    Hiroshige utilise l’espace avec bonheur et l’oeil de promène libre et serein.

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                            Sur le grand pont au loin pins et cerisiers

    « Le voyageur occidental qui n’aurait jamais eu la chance de visiter le Japon ou de connaître la langue japonaise ne pourra manquer de ressentir ici la magie proprement nippone des paysages. »

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     La chasse aux lucioles

    « L’élégance toute en rythmes et nuances des costumes traditionnels »  

    Le deuxième carnet lui est tourné vers le monde des contes et du merveilleux au Japon et vers des personnages : samouraï et son flacon de saké ou jeune femme se coupant les ongles des pieds, chats.

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                                                  Le chat de la troisième princesse 

    « S’ouvir enfin à la leçon fabuleuse d’une sagesse en étrange symbiose avec le monde animal. »

    Chaque esquisse est commentée dans un cahier à part, rien ne vient rompre l’enchantement. Chaque dessin est un petit miracle de perfection, de drôlerie, de subtilité ou de rêve

    Les citations de ce billet sont extraites de la préface de Daniel Boorstin et de la présentation de Sherman Lee

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    Le livre : Carnets d’esquisses - Hiroshige - Textes de Sherman Lee - Editions Phébus

     

     

  • Le Pansement Schubert - Claire Oppert

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    J’ai longtemps exercé un métier de soignante, au fil des années je me suis forgée quelques certitudes : la douleur du corps peut et doit être prise en compte, nous revenons de loin sur ce point mais aujourd’hui enfin la douleur et l’aide que l’on peut apporter sont devenues des priorités. 
    Le titre de ce livre et plus encore son contenu ont immédiatement trouvé un écho en moi. 

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    Claire Oppert est violoncelliste, comme tous les bons musiciens elle se produit en concert, elle enseigne son art, mais elle n’est pas une musicienne comme les autres. Elle joue pour des publics particuliers. 

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    Elle joue dans un centre qui reçoit de jeunes autistes, elle joue dans un cantou pour patients souffrant de maladie d’Alzheimer, enfin elle joue auprès de patients en fin de vie dans un service de soins palliatifs. 

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    Elle propose aux patients une sorte de stimulation sensorielle par la musique parce qu’un jour elle a pu avec une équipe de soignants, mesurer l’effet de la musique sur les personnes, sur leur douleur.

    Ce furent des rencontres uniques, la voix du violoncelle apportant du réconfort, diminuant l’angoisse devant un soin ou une situation, apaisant même parfois la douleur.

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    Cette expérience est devenue une étude clinique médicale nommée « Pansement Schubert » à la suite d’une diminution radicale de la douleur chez une patiente démente lors d’un pansement difficile, à l’écoute du thème du mouvement lent du 2ème trio de Schubert, joué au violoncelle devant la patiente par Claire Oppert.

    Une sorte de médicament musical. 

    Cette expérience très limitée a été élargie : observer l’effet de la musique lors de soins tels que la toilette, les pansements d’escarres particulièrement pénibles, la pose de voie veineuse parfois transformée en parcours du combattant.

    Grâce à des fiches d’observation mis à disposition des soignants les effets furent mesurés, collationnés, parfois de façon objective : rythme respiratoire, tension artérielle, pouls, mimiques. Parfois de façon plus subjective, de l’ordre du ressenti : anxiété, ressenti émotionnel du patient ou du soignant.

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    Lorsqu’elle écrit ce livre, Claire Oppert a participé à 106 « Pansements Schubert » et le bénéfice est là, manifeste, pour les patients, les soignants et même l’entourage.
    L’effet est apaisant, stimulant parfois mais il y a toujours un impact qui augmente le bien être.

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    Au fil du temps d’autres musiques ont été invitées : Bach, Mozart, Beethoven, Tchaïkovsky, Rachmaninov, des airs d’opéra, des chansons bretonnes et andalouses, de la musique juive, arabe, africaine, du jazz, ou du rap. 

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    Je vous préviens les témoignages sont rudes, profonds, vrais.

    Il y a pour certains patients une émergence des souvenirs d’enfance chez des personnes dont la mémoire est aux abonnés absents depuis des années. 

    Je vous défie de ne pas être bouleversé par les histoires des personnes, par la plume de Claire Oppert qui mêle son expérience à ses souvenirs de musicienne.

    A titre personnel j’aime énormément le violoncelle, on dit souvent que c’est l’instrument le plus proche de la voix humaine, un instrument au timbre chaud, déchirant parfois.

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    Le livre : Le pansement Schubert - Claire Oppert - Editions Denoël 2020

  • Le Pinceau de Brueghel

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    « Dans un horizon immense éclairé par un soleil jaune se profile tout au fond une ville blanche estompée par la brume. 
    Au milieu,  sur une mer agitée par le vent, des bateaux voguent, voiles gonflées. Au premier plan un paysan laboure avec application, la tête penchée vers le sol. Au second plan, un berger regarde le ciel. 
    Au troisième plan un homme est tout absorbé par sa pêche. »

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    Le paysan

    « Bruegel a lu Ovide, les trois témoins en sont la preuve. Mais s’il les emprunte à Ovide, c’est pour détourner aussitôt le sens de leur témoignage : de béats, stupéfaits, émerveillés qu’ils sont dans le récit antique, ils se muent ici en témoins indifférents, peut—être même hostiles, à cette fin tragique. »

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    Le berger

    «  Sa chute alors n’est pas un accident, mais un châtiment. »

     

    Le livre : L'envol d’Icare - Jacques Lacarrière - Edition Seghers