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Art Peinture Musique - Page 9

  • Quelques notes de Bach

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    « Chaque dimanche, Bach se met à l’orgue pour faire entendre la voix de Dieu aux fidèles. La parole de Dieu n’est pas un texte, avait insisté Luther, mais se traduit dans des sons qui vont émouvoir les auditeurs. Les fidèles connaissent le répertoire des cantates depuis leur plus tendre enfance. Ils sont capables de poser les paroles dès qu’ils entendent la mélodie. Bach applique à la lettre la doctrine de Luther. Peu lui chaut si les fidèles ne voient pas la complexité intérieure de sa musique, ce qui lui tient le plus à cœur, c’est qu’elle soit facile à chanter par le plus simple des paroissiens. »

     

    « Assis sur leurs bancs en bois, les fidèles écoutent. Perçoivent-ils la complexité de la pensée qui s’offre à eux ? Ses talents d’organiste sont plus faciles à remarquer. Les Leipzigois affluent à l’église Saint-Thomas dans l’espoir d’entendre encore la virtuosité de Bach faisant courir ses doigts sur le clavier »

     

    Le livre : Ces musiciens qui ont fait l’histoire - Laure Dautriche - Editions Tallandier

  • Le Maitre de la Tour du Pin - Jan Laurens Siesling

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    Retable d'Anvers  nom du peintre ?

    J’ai toujours été intrigué dans les musées par ces peintres anonymes qu’on a affublé plus ou moins du nom d’un de leur tableau ou de la ville où ils peignaient. 
    Musées et églises sont riches de tableaux réalisés en des siècles où la propriété d’une oeuvre d’art n’avait rien à voir avec aujourd’hui.

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    Nom du peintre ?

    C’est un de ces peintres anonymes dont il est question dans ce roman. Mille cinq cent et quelque chose, un peintre est sur la route du retour, il revient d’Italie.
    Il est accompagné de Madeleine, sa bonne âme, son modèle.
    L’hiver est terrible et le peintre est stoppé net dans son voyage par la maladie, il est soigné à L’Hôtel-Dieu de La Tour du Pin. Les religieuses prennent soin de lui. Une fois guéri il est prêt à remercier.

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    « Le désir de peindre me démangeait. Les peintres d’Italie m’avaient fait brûler d’envie de me mesurer avec des dimensions importantes, grandeur nature, grandeur d’homme. »

    L’abbesse lui commande un triptyque pour la salle des malades, l’évêque donne son accord mais le prélat méfiant et morale chrétienne oblige, lui demande d’écrire ce que fut sa vie, son enfance, sa formation.

    Cette vie est le centre du livre et l’on suit le peintre du Brabant où il passe son enfance et entre en apprentissage puis c’est Bruges, Gand. Il apprend son métier, rencontre des peintres, découvre l'oeuvre de Van Eyck.

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    « De la beauté, assurément, il y en avait en abondance à Bruges.(…) J’ai grimpé les marches du Beffroi, j’ai baillé d’admiration devant les statues peintes par Jan Van Eyck sur la façade de l’Hôtel de ville »
    Ce n’est que tard qu’il trouve un mécène pour financer le voyage  d’Italie.

    Après sa guérison il se lance dans la réalisation du triptyque, heureux de retrouver ses pinceaux et de rendre les bienfaits qu’on lui a prodigués.
    « Un soir j’ai observé le retable et j’ai constaté qu’il y avait une manière propre. C’était ma manière, personne d’autre. C’était ma main. »
    Saura-t-on jamais pourquoi le peintre ne signa pas son oeuvre ?

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    Le Retable de la Tour du Pin

    « Un peintre du Nord, revenant sur la route des Alpes, ayant reçu des soins à l’hospice de la Tour-du-Pin il fit, reconnaissant, un retable avec le Christ mort »

    J’ai aimé le récit de cette vie simple, traversée de difficultés, de renoncements, de belles découvertes comme l’oeuvre de Van Eyck. 
    On entre dans l’atelier de l’artiste, on épouse ses craintes, ses rêves, ses joies ou sa peine lorsque sa compagne est malade à son tour. L’atmosphère est parfaitement rendue avec l’importance des guildes qui dictaient leur loi, l’église omniprésente, une période où art et religion étaient solidement imbriqués.

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    Les Guildes

    L’auteur est historien d’art ce qui rend le récit totalement crédible et parfaitement documenté.
    L’écriture est sobrement belle et donne un vrai plaisir de lecture. 

    Mes remerciements à Brigitte qui a su me donner envie d’en savoir plus et de lire ce livre.

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    Le livre : le Maître de la Tour du Pin - Jan Laurens Siesling - Editions Le Temps qu’il fait

     

  • Le Pinceau de Rembrandt

    « Orphelin de son fils, dévasté d’une aussi longue absence, il s’est épuisé à « tenir debout » …

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    Le retour du prodigue 

    Musée de l'Ermitage Saint Pétersbourg

    « Et le voici maintenant, décanté de toute pesanteur, presque immatériel , totalement étranger aux convulsions d’une étreinte crispée sur sa possession; en train de se recevoir de l’absent qui lui a tant manqué, dont l’attente lui a tant coûté

     

    Le livre : Rembrandt - Paul Baudiquey- editions Mame

  • Le pinceau égyptien

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    « Ils nous fixent de leurs prunelles sombres, lourdes et orientales ; ils nous dévisagent dans un face à face paisible, à peine troublé par l’ombre imperceptible qui voile l’une de leurs joues ; ils ont des allures de cortège silencieux qui imposent le respect. »

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    « Un point commun cependant entre tous ces visages : la force hypnotique de leur regard, comme suspendu dans un éternel présent, Veilleuse de vie éternelle, selon le joli mot d’André Malraux. »

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    « Et c’est précisément cet entre-deux entre présence et absence, immédiateté et éloignement, modernité et archaïsme qui nous fascine, nous spectateurs interloqués par ces lambeaux de mémoire arrachés à la tombe »

     

    Le livre : Fayoum - Bérénice Geoffroy - Schneiter - Editions Assouline

  • Venise à double tour - Jean Paul Kauffmann

    Lire Jean Paul Kauffmann c’est être assuré de faire un voyage pas comme les autres. De livre en livre il s’impose comme une voix singulière et oh combien passionnante.

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    Venise avec Monet

    C’est à Venise que je vous propose de partir avec lui, un voyage apparement bien convenu mais détrompez-vous le voyageur a plus d’un tour dans son sac.
    JP Kauffmann a fait le choix de passer plusieurs mois à Venise pour l’explorer à sa façon, il s’est en effet fixer un objectif particulier : visiter les églises fermées de Venise, et question églises fermées il y a de quoi faire.

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    Venise avec Marc Aldine

    Si vous aimez l’Italie et que vous l’avez un peu parcourue vous avez du  vous heurter à des horaires impossibles, des causes de fermeture improbables. 
    N
    otre voyageur refuse de se laisser arrêter par des contingences mal élucidées.
    Pour quelles raisons est-ce impossible d’accéder à ces lieux qui du coup se parent de mystère ?

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    Venise avec Eugène Boudin

    Déjà dans ses livres précédents il s’était révélé curieux, tenace, prêt à braver des interdits qu’on lui brandit devant le nez. Plus c’est difficile, plus il s’obstine. 
    Pas question que je vous révèle comment il va s’y prendre, quelle sera le résultat de sa quête. Parce que comme d’habitude avec lui, l’intérêt du livre est ailleurs.

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    Turner et la Dogana

    C’est une balade dans Venise magnifique, son appartement de la Giudecca jouit d’une vue splendide dont nous profitons. 

    Il nous livre aussi ses lectures et rencontres préparatoires, je vous parie que comme moi vous l’envierez d’avoir passer à Venise plusieurs jours en compagnie de Corto Maltese, le vrai !! 

    Votre curiosité va être toute affolée par des extraits issus d’un livre de Jean Paul Sartre, Sartre et Venise ? Oui mais pas que lui, on croise aussi Lacan qui devient compréhensible avec l’aide de JP Kauffmann.

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    Corot et la Salute

    J’ai aimé le suivre dans une Venise inconnue, glisser l’oeil où il ne faut pas et ainsi un jour voir surgir un jardin grandiose que tout le monde s’accordait à dire qu’il avait disparu. 
    Déceptions et joyeuses surprises alternent. 
    Les couleurs, les tableaux, l’architecture sont au rendez-vous à la façon d’une enquête quasi policière. On découvre des peintres dont on ignorait les noms

    Des rencontres drôles, sinistres, surprenantes, je vous recommande le Grand Vicaire du Patriarcat de Venise, une vraie anguille et pardonnez-moi l’expression : un faux jeton de première.

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    Turner et San Giorgio Maggiore

    Si vous aimez la ville mais que le commissaire Brunetti vous sort un peu par les yeux, choisissez ce livre 

    L’auteur est un véritable amoureux de la ville, loin des annonces tristounettes de sa disparition, Jean Paul Kauffmann veut croire encore à la beauté et au mystère de Venise.

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    Le livre : Venise à double tour - Jean Paul Kauffmann - Editions des Equateurs

  • Gaspard de la nuit - Aloysius Bertrand

    Il vous est certainement arrivé de découvrir un livre qui vous fait dire : mais pourquoi est-ce que je n’ai jamais lu ce livre ? Cela vient de m’arriver avec celui d’un poète qui fut l’homme d’un seul livre, un poète qui préfère la prose à la versification, admiré par Hugo et Baudelaire et qui a inspiré les surréalistes. 

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    Si vous ouvrez son livre vous partez pour quelques heures de folie, de délire, de scènes pleines de mystères et de merveilleux. 
    6 livres composent Gaspard de la nuit, avec chacun plusieurs petits textes, qui parfois répondent à une logique, mais pas tous loin de là.

    On saute d’une scène à l’autre, d’un lieu à un autre sans explication, comme pour déstabiliser le lecteur et le faire participer sur un rythme de sarabande soigneusement orchestrée.

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    Les passionnés de peinture s’y sentiront à l’aise car Aloysius Bertrand vous offre des « Fantaisies à la manière de Rembrandt et Callot » et de Jérôme Bosch
    Rembrandt pour le vieux sage en méditation, Callot qui aime le grotesque, le baroque, la folie.

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    Jacques Callot les Misères de la guerre

     Aloysius Bertrand ne décrit pas un tableau, il tente d’en saisir l’esprit. 
    « Trente dindelles carillonnent dans un ciel bleu d’outre-mer comme en peignait le vieil Albert Dürer »

    Des scènes de guerre, des personnages grotesques, des paysages d’hiver, des scènes que l’on a admiré dans des tableaux flamands de tout temps, féérie des contes et légendes. 

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    Des textes qui font retentir une volée de cloches, qui vous envoient faire un tour à la synagogue.pour la Sabbat, vous font sauter des Flandres à l’Italie, ou regarder au fond de la cornue d’un alchimiste. 

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    Ou les couplets surprenants et l’astuce magnifique qui fait clore un poème avec le « regard inquisiteur du duc d’Albe dont le portrait, chef-d’œuvre d’Holbein, était appendu à la muraille. »

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    Le duc d'Albe

    Le poète propose des énigmes et aussi de courtes balades dans le Paris des gueux, aux alentour de la Tour de Nesle, vous vous mêlé aux fous du carnaval, aux nains, au peuple de la cour des miracles, étonnez vous ensuite qu’un chapitre soit dédicacé à V Hugo 

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    On habite le récit, on croise un marchand de tulipes qui a un trésor « la merveille des merveilles, un oignon comme il n’en fleurit jamais qu’un par siècle dans le sérail de l’empereur de Constantinople ! »

    On tend la main vers un marchand, on lui ferme sa bible « jonchée de gothiques enluminures » 
    C’est un livre peuplé de vieux grimoires, de chouettes, de « nuits d’été, balsamiques et diaphanes »

    Vous vous constituerez une collection de mots rares, précieux, vous savourerez des mots comme : 
    Dindelles, basterne, violier, falot, ringrave …..

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    C’est Freud qui a parlé de l’inquiétante étrangeté, c’est un peu ce que l’on ressent en lisant A Bertrand.   

    Après lecture, revenez à la préface qui donne quelques clés, mais ne vous privez pas d’une découverte sans GPS, c’est la meilleure. 

    Et vous pouvez décider de finir en musique avec Ravel qui se laissa prendre à la magie de Gaspard de la nuit.

     

             

     

    Le livre : Gaspard de la nuit - Aloysius Bertrand  - Le livre de poche