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Art Peinture Musique - Page 11

  • Les Chasseurs dans la neige - Jean Yves Laurichesse

    Je connaissais Jean Yves Laurichesse mais pour des écrits différents, un essai sur Giono et sa participation au Dictionnaire Giono, un monument d’érudition
    Ici c’est un auteur bien différent, attentif, curieux, un auteur qui veut partager son admiration pour un peintre et surtout un tableau.

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    Les chasseurs dans la neige - Pieter Bruegel 

    Bruegel le peintre de la Flandre, l’héritier des livres d’heures qui a peint au temps d’Ulenspiegel et de la guerre des gueux. 

    bruegel

    Quelle est la genèse d’un tableau ? La vue d’un paysage, une rencontre, une lecture, des couleurs ? 
    Jean Yves Laurichesse garde un souvenir très fort des Chasseurs dans la neige au point de vouloir à travers un roman nous faire partager son enthousiasme et son admiration.

    Je vous propose d’entrer dans le tableau et de rejoindre Bruegel qui cherche l’inspiration pour une commande que lui a fait un riche bourgeois d’Anvers sur le thème des saisons. 

     

    bruegel

    Le peintre

    Un village flamand en hiver c’est parfait.
    La terre qu’il peint ressemble à sa terre natale lui le peintre des villages et des paysans.Il croque des scènes villageoises et croise le chemin de Maeke, une jeune brodeuse. Le temps d’une danse à la fête du village, mais Maeke croise à nouveau le chemin du peintre et elle découvre ses dessins.

    bruegel

     Les chasseurs descendent vers la vallée 

    Pour la jeune fille c’est une découverte, son village lui parait soudain riche de mille détails
    Son quotidien se transforme, son regard s’élargit, elle voit le paysage d’un oeil neuf. Un lien se crée. 
    « Jamais il n'avait eu cette impression de vivre dans un paysage comme dans une peinture et il savait en être redevable à Maecke. »

    Maecke assiste à la création de l’oeuvre, elle voit petit à petit apparaitre les détails, la vieille femme ployant sous ses fagots, l’enseigne de l’auberge qui ne tient pas bien, le feu allumer pour griller le cochon et les chasseurs qui rentrent à moitié bredouilles 
    Elle entrevoit le mystère de la création d’un tableau.

    bruegel

    Détails

    Avec Maecke nous entrons nous aussi dans le village, est-ce que l’on entend le carillon de l’église étouffé par la neige, les aboiements des chiens, on a envie de glisser sur l’étang gelé puis de rejoindre l’abri d’une maison car l’hiver est rude.

    bruegel

                         " Les arbres au tronc nu et l’étendue gelée des lacs où s’agite une foule menue "

     

    Le peintre se sent proche de ces villageois. 
    « C’est eux qu’il aime peindre, dans leurs travaux et leurs fêtes, pour donner gloire à leurs vies promises à l’oubli, comme recouvertes déjà du drap blanc de la neige » Plus tard il reviendra pour affiner ses croquis pour poursuivre son travail dans son atelier et faire une proposition à Maecke.

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    "Tout ce qui vit – arbres, animaux et hommes –

    est de couleur sombre et les ombres font défaut sous un soleil caché."

    Jean Yves Laurichesse a donné vie à Bruegel dans un texte plein de sobriété, de grâce, de beauté, de poésie sans une once d’esbrouffe, un texte à l’image du tableau.
    L’auteur a payé sa dette et peux enfin découvrir l’oeuvre de Bruegel au Kunsthistorisches Museum de Vienne pour un moment de contemplation.

     

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    Le Livre : Les chasseurs dans la neige - Jean Yves Laurichesse - Editions Ateliers Henry Dougier

     

  • Eugène Boudin Les plages - Laurent Manoeuvre

    Pour votre frère amoureux de peinture et d’Impressionisme

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    Dur de faire un cadeau aux amoureux de peinture, d’une part ils ont souvent déjà une grosse bibliothèque sur le sujet et puis …l’achat de livre d’art c’est redoutable pour les finances.

    Allez reprenez espoir, je vous propose un petit livre qui réjouira l’amateur et laissera votre carte bleue de marbre.

    noel

    Vous imaginez qu’à ses débuts les plages d’Eugène Boudin choquaient les bourgeois, les bien-pensants et pourtant quelle fraîcheur que ces plages ! 

    Vous pouvez vous dire qu’il était un peu obsessionnel Eugène, sans doute mais c’est pour notre grand plaisir.

    noel

    Il commence à peintre à l’heure ou la mode des bains de mer, des séjours en Normandie dans les stations balnéaires rencontrent un public qui va s’approprier les promenades des bords de mer, arpenter les planches  « Paillotes, cabines, fauteuils de mer se déploient comme les planches destinées à stabiliser la marche sur des plages découpées en trois espaces : homme, femmes, couples et familles. »

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    La plage à Trouville Musée d'art de Princeton

    Les aristocrates et la haute bourgeoisie investissent les lieux, on croise des femmes en crinolines, des messieurs à haute forme.

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    L'heure du bain à Deauville - National gallery of art Washington

    Pour les peintres la lumière est là particulièrement belle et ils vont planter leurs chevalets sur les plages. Terminé les peintures classiques, 

    Ce que cherche Eugène c’est de mettre sur la toile une fugace lumière, les instants magiques.

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    La plage de Tourgeville - Boston

     Parfois le peintre est un rien agacé par cette foule nouvelle 

    noel

                                    Plage aux environs de Trouville »  Musée des Beaux-Arts de de l’Ontario 

    « Cette plage de Trouville qui naguère faisait mes délices n’a plus l’air à mon retour que d’une affreuse mascarade. Il faut presque du génie pour tirer parti de cette bande de fainéants poseurs. »

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    Retour des Terres neuvas National galerie of art Washington DC

    Mais la plage appartient aussi aux pêcheurs, à ceux qui ramassent le goémon, aux laveuses de la plage d’Etretat ou au retour des Terre neuvas.

    noel

    Les laveuses au bord de la Touque  Musée Langmatt Baden

    Ecoutons Baudelaire nous dire que Boudin c’est « le peintre des états de l’atmosphère selon le lieu, l’heure et le vent » 

    Eugène va peintre de véritables bijoux, la lumière, le vent, les ciels et cette mer qui va prendre des couleurs sombres parfois, les personnages à peine esquissés, un bonheur atmosphérique.

    Monet ira peindre aux côtés de Boudin et cela donnera La -Terrasse à Saint Adresse

     

    noel

    Claude Monet La Terrasse à Sainte Adresse

    Monet le considérait comme son maître et Camille Corot le surnommait « Le roi des ciels »

    Il faut pour aimer cette peinture, s’attacher aux détails, flâner devant le tableau comme on flâne sur la plage en rêvant de vacances, de seaux et de pelles, d’instants de bonheur.

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    Marée basse à Etaples Musée des Beaux arts de Bordeaux

    Un petit livre au joli format. Un texte éclairant et de très belles reproductions.

     

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    Le livre : Les Plages Eugène Boudin - Laurent Manoeuvre - Editions des Falaises  19 €

     

  • Les bases du patchwork en pas à pas

    Pour votre tante qui veut s’occuper les mains

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    J’ai fait cet été mes débuts en patchwork, j’avais la chance d’avoir un coach personnel en la personne d’une amie qui exerce son art depuis plus de 15 ans.

    Ma première oeuvre fut …une expérience un peu désastreuse mais à ma grande surprise ce fut surtout du plaisir.

    Donc ensuite naturellement est venu le moment d’acheter un peu de matériel et un livre de base .

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    J’ai trouvé un livre simple, bien fait, très clair dans le pas à pas et avec pour moi la chance de pouvoir poser des questions à mon coach perso.

    Le guide permet de choisir son premier modèle, de savoir par quel bout le démarrer.

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    Un croquis sur papier millimétré est indispensable et permet de choisir ses tissus et de comptabiliser les pièces à couper. 

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    Ensuite c’est le montage : Et là bien sûr je me suis plantée, mais il parait que c’est normal au début !!

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    Il y a quantité de sites pour acheter le matériel, le tissu vient de chez Amazon où j’ai trouvé des tissus pour trois francs six sous, parfaits pour démarrer sans se ruiner 

    Le choix de l’assemblage des tissus est très agréable à faire, on hésite, on déplace et on recommence. 
    Je n’ai pas un grand sens artistique mais avec un peu d’aide je m’en suis finalement pas trop mal sortie et au final ce sera un petit coussin sympa pour petite fille amoureuse du rose. 

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    Quilteuses Amishes au travail

     

    Ah je vous livre un petit secret : c’est parfait comme activité pour écouter en même temps un livre audio. 

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    Pour un petit coussin il vous en faudra un ou deux, pour un dessus de lit prévoyez carrément Guerre et paix ou La Recherche 

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    Le livre : Les bases du patchwork en pas à pas - Editions de Saxe

     

  • Le pinceau de Boticelli et les vers de Verlaine

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    Vénus, debout sur le plus beau des coquillages
    Aborde nue, au moins sauvage des rivages,
    Ne cachant de son corps avec ses longs cheveux
    Que juste ce qu’il faut pour qu’y dardent nos vœux
    Une nymphe, éployant un clair manteau, s’empresse
    A vêtir en impératrice la déesse ;
    Et deux vents accourus, beaux éphèbes ailés,
    Des cuisses et des bras l’un à l’autre mêlés,
    De qui l’un est Zéphire et dont l’autre est Borée,
    Soufflent l'amour divin et la haine sacrée
    Le visage est suavement indifférent
    Comme attendant le culte à venir que lui rend
    Toute herbe et toute chair depuis cette naissance,
    Et se pare d’une inquiétante innocence.

     


    Le livre : Epigrammes - Paul Verlaine

  • Madame Pylinska et le secret de Chopin - E.E Schmitt

    Depuis pas mal de semaines je lis de la littérature exigeante, de l’histoire, de la philo. J’avais besoin de faire un petit break et j’ai choisi Chopin pour cela.

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    Eric Emmanuel Schmitt aime la musique et ça je le savais déjà pour avoir lu de lui : Ma vie avec Mozart; mais c’est aussi un musicien qui désespéra de jouer Chopin avec un brin de savoir faire.

    Enfant il apprit le piano après être tombé sous le charme de sa tante Aimée qui jouait Chopin comme personne sur un vieux piano familial.Devenu adulte il décide de prendre des cours pour enfin être capable de jouer Chopin convenablement.Il trouve un professeur et fait la connaissance de Madame Pylinska dont il attend des merveilles.

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    Sauf que rien ne se passe comme prévu, la dame va lui prodiguer des conseils aux antipodes de ce que le jeune homme attend.

    Les conseils vont de l’interdiction absolue de toucher l’instrument à celui plus surprenant de faire des ronds dans l’eau ou d’écouter le bruit du vent. Chacun sa méthode et Madame Pylinska n’est pas un professeur comme les autres, elle est fantasque, passionnée, intransigeante, très peu patiente et pour tout dire un rien déjantée.
    Notre apprenti pourra-t-il jouer un jour la Barcarolle ou un Prélude ou une Valse avec brio ?

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    Nocturne opus 15 n° 1

    Qu’est-ce qui dans ce texte est de l’ordre du souvenir, qu’est-ce qui est de l’ordre de l’invention du romancier ? 
    Peu importe, le lecteur passe un moment de détente, de joie, se prend à sourire aux anges et bien sûr à écouter du Chopin. Convenez qu’il y a de plus mauvaises façons de passer une soirée.

    Roman d’apprentissage, plein de drôlerie et de charme, jamais l’auteur ne se prend au sérieux et la tendresse pour son professeur éclate ici comme son admiration pour Chopin.

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    Le livre : Madame Pylinska et le secret de Chopin - Eric Emmanuel Schmitt - Editions Albin Michel

  • La Splendeur escamotée de frère cheval - Jean Rouaud

    Les mains d’or

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    «  Les mains d’or, elles travaillent sans modèle, sans filet, à main levée, et pratiquement les yeux fermés tant est faible la lueur des torches dont on mouche la pointe contre la paroi lorsqu’elles se mettent à fumer noir »

    Les spécialistes qui les premiers pénétrèrent dans ces grottes, ont cru que ces dessins, ces gravures étaient l'oeuvre des maitres de l’époque, en somme une supercherie

    Et pourtant ceux que l’on imaginait incultes, grossiers, rustres, nous ont laissé en héritage des images peintes qui n’ont rien à envier à un Rembrandt, un Michel-Ange. 

    Un héritage de 20 000, 25 000, 30 000 ans qui a pu faire comparer Lascaux ou la grotte Chauvet à la Chapelle Sixtine, aux cathédrales gothiques. 

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    Lascaux

     

    C’est le propos de Jean Rouaud dans ce livre, tenter de comprendre le pourquoi de ces oeuvres qui peut-être n’étaient pas faites pour être vues, pas faites pour décorer ou émerveiller d’autres hommes mais peut être pour apporter témoignage, pour créer un lien entre l’homme et l’univers.

    Jean Rouaud s’interroge, les paléontologues sont figés dans leur interprétation, pas question pour un historien d’avancer des hypothèses sans les étayer. Le scientifique peut nous éclairer sur la composition des pigments, sur la façon de projeter la peinture sur la roche,  sur la datation mais aucune d’indication sur le sens même des oeuvres. 

    Le poète, l’écrivain lui peut imaginer à sa convenance.

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    Altamira

    Il nous emmène de Altamira à Pech Merle, de Niaux à Rouffiniac, et bien sûr les grottes de Lascaux et Chauvet

     

    Pour Jean Rouaud ces oeuvres sont une manifestation du sacré que ces hommes ont eu besoin de d'inventer pour comprendre et accepter les phénomènes météorologiques, les faits déroutants, la mort. 

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    Grotte de Niaux

    « Face à ce gigantesque imbroglio de manifestations étranges, jour, nuit, éclairs, soleil, lune, volcan, grêle, orage, nuages, neige, fleurs, arc-en-ciel, naissance, mort, ils sont comme des penseurs aux mains nues. »

    « Les mains d’or » qui ont oeuvré dans des conditions parfois difficiles s’adressaient sans doute aux puissances invisibles, la sûreté du geste est fantastique alors que l’artiste n’a pratiquement parfois aucun recul et trace d’un trait d’un seul un cheval de 5 mètres de long sans aucun repentir. 

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    Le cheval de Cussac 

    L’auteur nous invite à réfléchir : si nous voyons une colombe au dessus de l’enfant Jésus dans la paille, personne ne pensera qu’un oiseau s’est introduit dans la crèche

    Accordons à ces Mains d’or la même volonté que le peintre du XVème devant sa toile, Rouaud en veut pour preuve les rapprochements que l’on peut faire entre les vaches de Lascaux et les toros de Mésopotamie.

    Quant au cheval c’est le symbole peut être du soleil, métaphore et image que l’on retrouvera chez les grecs. Le cheval comme le soleil peut parcourir de grande distance rapidement, il est en majesté à Lascaux, beaucoup plus que les prédateurs qui devaient pourtant effrayer les hommes. De Chauvet à Lascaux le cheval est devenu,  en quelques 15 000 ans, prééminent.

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    «  Les mains d’or, elles travaillent sans modèle, sans filet, à main levée, et pratiquement les yeux fermés tant est faible la lueur des torches dont on mouche la pointe contre la paroi lorsqu’elles se mettent à fumer noir »

    L’imagination et les propositions de Jean Rouaud m’ont plu. Dans une interview il dit que sur les fresques lorsque qu’un cheval baisse la tête il serait un plus logique d’y voir un signe de soumission plutôt que de voir un cheval broutant de l’herbe, les oies qui décorent l’entrée de la grotte de Cussac ne sont elles pas la métaphore des saisons qui toujours reviennent « Ce qui implique, ces aller-retours des migrateurs, que le monde est fini ? » 

    L’homme cherche des réponses « Dans quel monde parallèle se repose le soleil en attente de la bonne heure matinale » 
    Pourquoi ont ils dessiné ? « Pour décider de la vie d'un simple trait » nous dit superbement Jean Rouaud.

     

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    Les chevaux de Chauvet

    « qu'au commencement l'animal était Dieu et que Dieu est un animal »

    C’est un livre passionnant, qui oblige le lecteur à s’interroger, à imaginer ce que fut la pensée de ces hommes qui ont vu les derniers volcans en activité, leur conception du monde, qui ébranle nos certitudes. Jean Rouaud a une pierre de Rosette qui lui sert un peu de fil rouge : le galet d’Etiolles. 

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    Un essai  très réussi, même si à une ou deux reprise les phrases sont un peu complexes et nous perdent un peu en route, on se rattrape bien vite et on est fasciné par la finesse de l’observation et de l’analyse, par les clins d’oeil malicieux qui parsèment le récit

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    Le livre : La Splendeur escamotée de frère cheval - Jean Rouaud - Editions Grasset

    Le paléo Circus - Jean Rouaud - Editions Flohic ( A chercher d'occasion)