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Rechercher : les grands cerfs

  • Vraie lumière née de vraie nuit - François Cheng

    Vraie lumière née de vraie nuit - François cheng et Kim En Joong - Editions du Cerf
    9782204090742FS.gifDepuis ses premiers poèmes édités chez Encre Marine je suis attentive aux parutions de François Cheng.
    Ce recueil est comme les précédents, magnifique.
    Les poèmes sont accompagnés par 8 lithographies de Kim En Joong
    J’ai retrouvé dans ce volume François Cheng se tenant toujours en tension entre deux mondes et poursuivant sa quête « du vrai et du beau »



    La Chine est toujours présente



    Nous aurons toujours souvenance des rizières sans âge
    Où se mirent, tutélaires, les bleues montagnes :
    Des plants de riz levant leurs mains d’accueil
    Vers les nuées de passage

     

     
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    Une invitation au dialogue, au lien entre les hommes auquel il nous invite à nous soumettre



    A chaque étoile perdue dans la nuit
    A chaque larme séchée dans la nuit
    A chaque nuit d’une vie,
    A chaque minute
    D’une unique nuit,
    Où se réunit
    Tout ce qui se relie
    A la vie privée d’oubli,
    A la mort abolie.

     

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    Lithographie Kim En Joong

     



    Un très beau poème offert à Jacqueline de Romilly qui commence ainsi :



    Parfois la vie daigne te faire un signe,
    Un bruit, une senteur,
    Une voix, un éclair

     

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    Lithographie Kim En Joong

  • bribes de forêt

    Où sont les animaux disparus ?

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    « Lors d’une randonnée moyenne de quinze kilomètres, on devrait donc en apercevoir plusieurs centaines. Naturellement, il n’en est rien. La seule raison à cela, c’est la chasse. Comme les chasseurs (seulement en Allemagne, on compte 350 000 licences) sont toujours aux aguets, nos animaux sauvages vivent constamment dans la terreur et adaptent à merveille leur comportement à l’homme. 

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    Bien qu’ils doivent manger tout au long de la journée pour pouvoir digérer une quantité suffisante de végétaux, les chevreuils et les cerfs, par exemple, ne sortent des bois et des fourrés que de nuit, car ils ont fait l’expérience amère d’être pris pour cibles jusqu’au coucher du soleil. 

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    Les tirs ne s’interrompant que quand il fait nuit noire, ce n’est qu’alors que les animaux peuvent aller paître tranquillement dans les prairies. Durant la journée, ils se réfugient dans les zones boisées où ils ne peuvent être repérés, et où les affres de la faim les poussent à se nourrir des bourgeons et des feuilles, et parfois même de l’ écorce des feuillus »

     

    Le livre : L’horloge de la nature - Peter Wohlleben - Editions Macro

  • En Sibérie - Colin Thubron

    ensiberie.gifEn Sibérie - Colin Thubron - Traduit de l'anglais par Katia Holmes - Editions Hoëbeke
    La Sibérie: « Une austère beauté, une peur indélibile » Voilà les premiers mots de de récit de voyage qui conduit Colin Thubron d’ Iekaterinbourg, où furent exécutés les derniers Romanov dans la maison Ipatiev, aux confins de la Kolyma où périrent des millions d’hommes.
    « Mon voyage va courir après cette étendue qui couvre sept fuseaux horaires et un tiers de l’hémisphère Nord »
    C’est ce gigantisme qui l’attire, les étendues blanches et glacées, les fleuves parmi les plus grands du monde, un pays « ayant toujours servi de poubelle pour les criminels »
    En pérégrin expérimenté il utilise tous les moyens de transport, du Transibérien aux avions brinquebalants, et lorsque l’essence manque il paie de sa personne et erre à pieds sac au dos et profite de la liberté offerte par la chute du communisme (on est en 1999) « C’était la première fois dans l’histoire de la Russie qu’un étranger pouvait se balader en Sibérie à son gré. »
    Quelques noms égrenés au fil du voyage :  Omsk« Un siècle après Dostoïevski, Soljenitsyne était passé » , Novosibirsk sur la route qui relie l’Oural au Pacifique où « Il plut nuit et jour quand Tchekhov fit le long voyage de Sakhaline »
    Akademgorod qui fut un temps la capitale des cerveaux scientifiques de l’Union Soviétique et d’autres lieux où Colin Thubron nous invite grâce à sa connaissance de l’histoire de la Russie : la vallée de Pazyryk dans l’Altaï, haut lieu de la civilisation Scythes, ce mystérieux peuple chanté par Hérodote.

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    Feutre provenant d'une tombe de Pazyryk


    Kyzyl où s’élève un obélisque marquant le coeur de l’Asie, Krasnoïarsk la cité admirée par Tchekhov que traverse l’Ienisseï et de là tout droit vers Doudinka et l’Arctique à bord d’un vapeur «  Nous entrons dans un vide doré. Je me dis : voilà la Sibérie originelle — insaisissable, infinie — celle qui s’attarda au fond des yeux des premiers voyageurs, tel un inconscient géographique. Son apparente vacuité était une page blanche offerte à l’écriture »
    Au gré de ses rencontres il pénètre dans la taïga avec un chasseur de bernaches et de rennes « De jour j’avais trouvé la taïga silencieuse, baignant dans une lumière verdâtre et une paix de cathédrale. Mais ce vide n’était qu’une absence d’humains. La forêt bruissait de toute la vie inquiète qui la peuplait : des lynx, des cerfs, des renards. »
    Le Baïkal aux allures d’océan, Irkoustk où l’on suit la trace de  Iekaterina Troubetskaïa et Maria Volkonskaïa,  princesses qui choisirent de suivre leurs maris exilés par le Tsar.
    S’enfonçant toujours plus profondément, Colin Thubron atteint le Pacifique, la frontière avec la Chine, le fleuve Amour et Iakoutsk pour terminer à Magadan, confins géographiques et humains de la Kolyma terre de désespoir où le froid est tel que « votre haleine gèle aussitôt, elle forme des cristaux qui tintent en touchant le sol avec un léger bruit surnommé  le murmure des étoiles »
    Là s’achève le voyage de Colin Thubron, une terre de douleur pour des millions d’hommes et dont il dit magnifiquement «  Comment supporter ne serait-ce que la pensée des plaintes qui pourraient s’élever de cette terre »

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    Une assemblée de Vieux croyants

    C’est un voyage extraordinaire, mais tout l’art de Thubron est de savoir, non seulement nous décrire cette démesure, ces paysages splendides dans un style d’une très grande élégance, mais surtout de savoir à merveille parler de ses rencontres, des personnages qui traversent ce livre : Un descendant de Raspoutine, le gardien d’un musée totalement vide, des fonctionnaires attendant un salaire qui ne vient pas, un archéologue oublié de tous, des vieux croyants Ermites dans la Taïga, les derniers juifs d’une communauté installée par le Stalinisme et aujourd’hui disparue.
    Ses interviews très vivants, parfois très émouvants sont le fruit d’une culture immense, d’une chaude empathie qui lui permettent de nous porter à la rencontre de ces hommes et femmes, héros ou victimes tous en attente d’un avenir très incertain.

     

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    L'itinéraire de Colin Thubron

    C’est mon troisième voyage organisé par Colin Thubron, j’avais il y a des années exploré la Chine avec lui et son récit  Derrière la Grande Muraille montrait un don pour l’interview, pour les rencontres et l’observation qui m’avait séduite.
    Ce voyage en Sibérie tient toutes ses promesses.
    Si vous aimez les récits de voyage, si  L’usage du monde ou  Le temps des offrandes font partie de votre bibliothèque, alors ajoutez y ce livre qui a obtenu le Prix Nicolas Bouvier 2010


    colin thubron.jpgL’auteur
    Sa biographie sur le site Etonnants voyageurs
    Derrière la Grande Muraille a reçu le Thomas Cook Travel Book Award que vous pourez trouver en bibliothèque car il n'est plus disponible chez l'éditeur

  • Augustin Frison-Roche

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    Comment dit-on quand on ressent un véritable coup de foudre ?  Que ce soit en littérature, je me souviens encore où j’étais lors de ma première lecture de Steinbeck; que ce soit en musique, je me souviens de ma première écoute de La jeune fille et la mort de Schubert.
    En peinture je me souviens du premier tableau de Bosch que je vis à Bruges, des tableaux de Brueghel à Vienne. 

     

    Aujourd’hui j’ai eu un coup de foudre absolu pour un jeune peintre, Augustin Frison-Roche

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    © Photo Cassania Sarrazin 

    « Je vois l’art comme un miroir de l’âme »

    Les tableaux découverts sur internet m’ont à la fois émerveillé et ému. Un vrai choc pictural.

    Alors bien sûr je suis allée fouiner et j’ai trouvé un livre qui est maintenant à mes côtés et comme il n’est ni gros ni lourd je peu le feuilleter, le poser et le reprendre sans arrêt depuis qu’il est arrivé chez moi.

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    Voilà ce que dit le préfacier Stéphane Barsacq

    « Fauves et fleurs, dragons et papillons, Augustin Frison-Roche les peint tous, comme les guerriers et les saintes, les forêts et les villes, dans une lumière comme venue du plus profond de l’être, une lumière qu’il a le rare talent de projeter sous un ciel d’or. Son éclat si moderne tient à la maîtrise d’une beauté sobre et fastueuse, où tout nous entretient, dans l’équilibre et la cadence, de la poésie et de la rêverie, des rythmes et des rites. » 

     

    Augustin Frison-Roche nourrit manifestement une foi vive, il dit avec des mots de poète « La beauté dans le monde est semblable au cheval ailé qui soutient l’homme avide de voir le ciel d’un peu plus près. »
    Il eu un maître et on sent aussi dans les tableaux un amour certain pour la poésie.

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    Il a reçu commande d’un retable pour la cathédrale de Saint Malo, il dit que son ambition est « d’aider les âmes à voir le ciel d’un peu plus près ».
    On peut maintenant, vous qui habitez Saint Malo, admirer trois panneaux  : le baptême du Christ, la Pentecôte et l’Agneau mystique et un retable : l’Apocalypse.

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    Les Loups 

    Dans le verger qui évoque l’Eden, le lion et l’antilope cohabitent, j’ai pensé aux tableau de Cranach.

    Les oiseaux dorés cohabitent avec les loups, les animaux qu’ils faut parfois chercher attentivement mais qui sont toujours là.

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    Un cerf splendide où la nature se fond totalement, les animaux sont entrés dans l’intimité du cerf, ils ont fusionnés avec lui, la chouette, les fougères, l’oiseau font partie du cerf.

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    La nature est un temple 

    Un tableau qui nous fait réciter Baudelaire 

    J’aime cette sensation de fusion dans ses tableaux. C’est un monde où la nature s’anime, effraye, émerveille.
    On ressent une recherche spirituelle dans son oeuvre

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    Oiseaux 

    J’ai été totalement envoutée, j’ai penser à Bosch bien entendu, aux peintres flamands avec leurs paysage, mais aussi aux peintres italiens nous installant au Paradis, aux icônes et aux peintures Byzantines, aux fresques de Pompéi,  bref c’est un feu d’artifices.

     

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    Le livre :  Augustin Frison-Roche - Peintures 2019 - 2022 - Editions Klincksieck 

  • Bribes et brindilles américaines

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    « … Je sais quelle heure il est en regardant le soleil, et en quelle saison nous sommes en regardant les écureuils. Aujourd’hui, j’en ai vu un faire provision de noix en haut de l’arbre à côté de l’abri de jardin. Il se hâtait vraiment. Alors je pense que ça annonce un hiver précoce. Et les chenilles ont mis leurs grosses fourrures, et le chèvrefeuille s’entortille. Cela veut dire que je suis tout aussi heureux que si j’avais du bon sens… »

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    Ecureuil américain 

    « Dans le courant de la nuit, un cerf passe près de notre bivouac d’un pas nerveux. J’entends le bruit puis, un peu avant l’aube, lorsque je me lève, je vois ses délicates empreintes en forme de cœur. J’attise le feu et confectionne notre première cafetière de café de cow-boy noir et riche, et dans la solitude j’en bois la première tasse, en me réchauffant les mains sur l’émail brûlant. Les dernières étoiles disparaissent lentement, le ciel s’éclaircit, perçant la lueur verte de l’aube pour éclater dans la splendeur ignée du lever de soleil. »

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    « L’été, la forêt s’étirait en dessous de nous en dix-sept différentes teintes de vert. Il y avait les pins jaunes et les pins pignons, les épicéas bleus et les épicéas d’Engelmann, les sapins du Colorado et les sapins de Douglas, les trembles, des robiniers du Nouveau-Mexique, des genévriers alligators et quatre variétés de chênes. Sur le rebord rocheux de l’escarpement, où remontait l’air chaud des canyons, poussaient du raisin d’ours, des agaves, des acanthes et diverses variétés de cactus – figuiers de barbarie, coussins de belle-mère, cactus hameçon. Tout au fond des canyons, où l’eau coulait, certes pas toujours en surface, nous voyions des sycomores, des aulnes, des peupliers, des noyers, des micocouliers, des cerisiers sauvages et de la vigne vierge. Et cent autres espèces d’arbres, de buissons et de plantes grimpantes que je n’arriverai probablement jamais à identifier nommément. »

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    Aujourd'hui hélas la forêt brûle 

     

    Le livre : En descendant la rivière - Edward Abbey - Editions Gallmeister 

  • Ma vie dans les Appalaches - Thomas Rain Crowe

    Pour amateurs de nature writing

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                                      ©Chatree Maknual

     

    Si vous avez lu et aimé Walden, si vous avez lu et aimé Solitudes australes, si vous êtes fan du journal de Rick Bass alors le livre de Thomas Rain Crowe est fait pour vous.

     

    1980 Thomas Rain Crowe prend la décision de vivre loin des villes, au coeur des Appalaches de son enfance en Caroline du Nord

     

    Seconde décision : vivre en autarcie, être capable de cultiver, pêcher, chasser ce dont il a besoin pour vivre.

    Première étape : construire une cabane rudimentaire « en bordure du champ de Zoro » son ami,  pas d’eau courante, pas d’électricité mais un pays où « le cerf et la colombe vivent leur vie au même rythme »

    Sa décision le classe immédiatement dans la case « émule de Thoreau » , il apprend à couper et à stocker son bois, planter ses légumes, faire son pain, élever des abeilles et aussi, car il faut bien vivre joyeusement, fabriquer sa bière. 

     

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                     Les appalaches en Caroline du nord

     

    Les objets quotidiens prennent une énorme place, la faux, la scie deviennent des compagnes dont il faut prendre soin, créer et soigner un « potager de montagne » est un art difficile qui demande réflexion, la pêche vous incite à « penser comme le poisson que l’on pêche » bref on est pas loin du paradis.

    Echapper à la société de consommation oui mais sans couper les ponts avec la civilisation et les amis. Lorsque la solitude se fait pesante 

     

     

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    Ce retour aux sources se lit avec bonheur, les mots coulent, la poésie est présente mais aussi le réalisme lié à une vie parfois dure. 

    Dans un chapitre qui m’a beaucoup intéressé il parle des « nouveaux naturalistes » des écrivains, des scientifiques qui ont oeuvré pour la protection environnementale. L’un deux a attiré mon attention et je vous en parlerai prochainement. 

    Mes deux chapitres préférés Sous la neige et Une marche en forêt.

    Pour vous convaincre :

    « Presque trente centimètres de neige sont tombés pendant la nuit. Une fois que le feu a repris et réchauffé la maison, j’entrouvre les fenêtres et je peux ainsi entendre, en stéréo, les bruits des oiseaux en train de manger dans la neige - un choeur animé de pépiements, de trilles et de cris perçants. Une symphonie, en fait, au vu de leur état d’anxiété, plus proche d’un combat que d’un cocktail mondain. Quand les montagnes sont couvertes de neige et de glace, les oiseaux doivent toujours manger, par jour, l’équivalent de leur poids en nourriture, mais comme leurs aliments habituels ont disparu, se nourrir prend un tour bien plus sérieux. »

     

     

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    Chaque chapitre nous fournit une citation de ses auteurs préférés : Snyder, Emerson, Thoreau bien sûr et Whitman et chaque chapitre se termine par un poème, certains m’ont infiniment plu.

     

    En un temps secret une fleur

    de velours lisse peut devenir côtelée

    Pleurer ou s’accrocher

    à la lumière pour s’assécher

    Etre du nectar brillant sur la peau

    Un ciel où pêcher le miel

    Dans un breuvage d’étoiles

     

    L’auteur est un ami d’Allen Ginsberg et de Gary Snyder et des poètes de la Beat Génération. Publié aux Etats-Unis en 2005 c’est une excellent idée des éditions Phébus de nous offrir cette traduction.

    Aujourd’hui Thomas Rain Crowe a quitté sa cabane des Appalaches, il continue à travailler pour des revues écologiques, le poète c’est fait traducteur.

     

    L'avis de Pierre Assouline

     

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    Le livre :  Ma vie dans les Appalaches - Thomas Rain Crowe - Traduit par Mathias de Breyne - Editions Phébus