Rouge vive, déjà le titre m’a plu, puis la forme des poèmes, leur brièveté, des poèmes brefs qui deviennent récit.
J’ai une hésitation à parler de dépouillement, Estelle Fenzy est proche des comptines de l’enfance, douces et effrayantes à la fois. Mais la bascule se fait vite vers des découvertes moins familières.
Celle qui prend la parole nous dit sa solitude « La solitude / mon manteau / m’accompagne tout le jour.»
Elle connait « chaque cicatrice de la pierre / mangée par les racines »
Elle est né dans un village « à l’engrais des tempêtes / la forge des orages »
Dès les premiers vers j’étais séduite par l’« homme silence » et la « mendiante à l’amour »
Elle est vêtue de « robe de vent si légère »
« j'ai découvert
les rosiers sauvages »
La poésie se lit à voix haute pour moi et j’ai eu la sensation d’entrer dans un pays de légendes « au ponton du sommeil » avec des personnages familiers comme l’enfant au cartable déchiré et d’autres plus effrayant comme ce « forceur de femmes »
J’ai été sensible à cette balade à deux voix pour faire le récit d’une histoire d’amour qui se déroule sur « une vaste terre / de fougères et de pins ».
Les voix se répondent à travers les poèmes, disent l’amour mais aussi le chagrin de la perte qui est si douloureuse à ce « cœur tissu fragile »
De beaux dessins accompagnent le recueil qui est placé sous les auspices de Nick Cave et de sa chanson « Where the Wild Roses Grow » c’était une raison supplémentaire pour apprécier Estelle Fenzy
Claudialucia m’a mis sur la piste de ce recueil qu’elle en soit remerciée
Le livre : Rouge Vive - Estelle Fenzy - Dessins Karine Rougier - Editions Al Manar