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A sauts et à gambades - Page 102

  • Les Enfants Jeromine - Ernst Wiechert

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    Quelle excellent idée de rééditer ce livre, lu il y a bien des années grâce à une bibliothécaire avec qui je travaillais comme bénévole à l’époque, c’est elle qui un jour m’a parlé d’Ernest Wiechert, merci encore Thérèse ce fut un joli cadeau.

    C’est je crois le roman le plus connu de l’auteur. Il se déroule dans le village même où il passa une partie de sa vie. Sowirog village de Mazurie qui appartenait alors à la Prusse Orientale. Région qui connut bien des vicissitudes déjà évoquées dans le livre de Marion Donhoff et le roman d’Arno Surminski

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    La Mazurie d'Ernst Wiechert

    C’est l’histoire de la famille Jeromine et du village de Sowirog mais surtout le destin de Jons Ehrenreich Jeromine qui devenu médecin revient dans son village. 

    Jons a grandi avec ses six frères et soeurs. Leur père leur a inculqué le sens de valeurs familiales, des gens pauvres et simples attachés à leurs traditions et à une foi inébranlable malgré les tragédies, les souffrances et les déconvenues. Il est épris de justice et de savoir. C’est lui qui va partir au loin animé d’une curiosité énorme et d’une envie folle de rendre à son village ce qu’il en a reçu.

     

    C’est un village de paysans, de charbonniers, de forestiers. Cette micro société vit grâce à un dur labeur, le climat est hostile dans ce pays de marais aux hivers terribles. On voit au fil des pages évoluée cette société fermée sur elle-même dans laquelle les femmes paient le tribu le plus lourd, les coups ne sont pas rares, les grossesses dangereuses, le travail interminable. La foi imprègne la vie quotidienne, la Bible dicte les comportements. 

     

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    La maison d'Ernst Wiechert

    L’arrivée du nazisme va provoquer un véritable séisme dans ce petit monde clos. Les forts contre les faibles, la violence qui broie tout sur son passage.

    Un roman qui mérite une lecture lente, qui demande d’oublier la foi inébranlable de E Wiechert quand on ne la partage pas mais qui réjouit le coeur car l’écriture est belle, l’émotion affleure à chaque page, Wiechert était fils d’un forestier et l’on sent que toute son enfance est là dans ce roman. Un livre de pure communion avec la nature.

    Ce livre fut publié à la fin de la guerre, pendant celle-ci Wiechert fut interné à Buchenwald puis relâché il passa la guerre sous la surveillance de la Gestapo.

    Ses livres furent des succès.

    Du même auteur si vous ne l’avez pas lu je vous recommande Missa sine nomine.  

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    Le livre : Les Enfants Jeromine - Ernst Wiechert - Traduit par Félix Bertaux et E Lepointe - Editions Le Livre de poche 2016

     

  • En attendant le père noël

    En attendant que le Père Noël vous comble de livres et que la rentrée littéraire de janvier pointe son nez, je vous propose de faire connaissance avec un auteur allemand, très peu connu en France.

    Son roman convient parfaitement à cette période de l’année lui qui vous emportera dans les hautes forêts où l'hiver est rude.

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    Rendez-vous ici dès demain

  • lanceur d'alerte

    Vous êtes comme moi je suppose, lorsqu’un livre vous attire, lorsqu’un billet de blog est prometteur, toc on note le titre sur un calepin, et puis et puis ....trois petits tours et puis j’oublie.

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    Le temps passe, le billet prometteur s’estompe dans la mémoire. Alors je vais jouer le rôle du lanceur d’alerte, enfin toutes proportions gardées bien sûr. 

     

    Vient de paraître en poche la correspondance africaine de Karen Blixen, si vous aimez l’écrivain, si vous avez été intéressé par le livre récent sur la Baronne Blixen, je vous recommande ses lettres, elles n’avaient jamais été publiées en poche je crois. 

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    Deuxième alerte à l’heure où la Russie est sur le devant de la scène et pas pour le meilleur !  Nicolas Werth grand spécialiste du pays a fait paraitre un livre chroniqué ici et très intéressant, aujourd’hui vous pouvez le trouver en poche, n’hésitez pas

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  • La Marche de Radetzky - Joseph Roth

    A quel moment de la lecture sait-on que l’on a en main un chef-d’oeuvre ?  Quand insensiblement on ralentit sa lecture, quand on se surprend à relire une phrase, un paragraphe, juste pour le plaisir, quand on se met à lire à voix haute un passage pour faire résonner les mots.
    C’est ce que j’ai ressenti à la lecture de Joseph Roth.

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    J’avais ce livre dans ma ligne de mire depuis longtemps mais le volume emprunté en bibliothèque était de tellement mauvaise qualité, frappe serrée, typographie baveuse, encollage qui ne permet pas d’ouvrir normalement le livre, bref j’avais renoncé. 

    C’est donc avec plaisir que j’ai ouvert ce volume clair, bien imprimé et qui va évidement resté dans ma bibliothèque.

    Une fresque magnifique, qui a la beauté des dernières fusées des grands feux d’artifice, on sait que ce sont les plus belles mais aussi que ce sont les dernières.

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    Solférino

    Un déroulé sans faille, depuis le geste du Héros de Solférino, le brave soldat Trotta pousse l’empereur François-Joseph pour lui éviter un tir ennemi, blessé son fait d’armes va changer sa vie et celle de sa famille à tout jamais. Il monte en grade et est anobli en von Trotta, il reçoit une petite fortune. 
    C’est un sage sujet de l’Empire, un paysan slovène de Sipolje qui devient par la grâce de son geste un héros de livre d’histoire.

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    François-Joseph

    Mais il a un double, c’est l’Empereur lui-même qui sera son jumeau tout au long du récit, récit qui va de l’épanouissement de l’Empire à sa chute, de la montée vers la gloire de la famille Trotta à son délitement.

    Le récit est magistralement conduit. On suit les conséquences du mythe du sauveur sur les relations dans la famille von Trotta, un fracture s’est faite entre père et fils « Son père était séparé de lui par une montagne de grades militaires »
    Joseph Roth déroule trois générations avec en réminiscence permanente le geste mythique parce que « quand on était un Trotta, on sauvait sans interruption la vie de l'Empereur »
    Le fils sera préfet, fidèle à François-Joseph 
    « Tous les concerts en plein air – ils avaient lieu sous les fenêtres de M. le préfet – commençaient par la Marche de Radetzky. »
    Le petit-fils Charles-Joseph von Trotta  reprend le métier des armes sans passion, sans bravoure, empêtré dans des histoires de femmes, de jeu et de duels. On est loin du héros de Solférino.

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    La fin de l'Empire

    Le sous titre de ce roman pourrait être à la manière de Gibbons : grandeur et décadence de l’Empire Austro-hongrois.
    Il se déroule aux confins de l’Empire, en Galicie, en Moravie où l’on assiste au réveil des nationalismes et à la fin du « grand soleil des Habsbourg » qui faisait tenir ensemble des peuples de langue, de culture, de religion différentes.

    Comme dans « Souvenirs d’un européen » de son ami Stephan Zweig, Joseph Roth exprime sa nostalgie de cette Mitteleuropa à jamais disparue.

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    Un roman magnifique avec des morceaux inoubliables, un duel, la mort d’un vieux serviteur, la rencontre avec l’Empereur ou cette Marche de Radetzky qui donne son titre à l’œuvre se fait entendre chaque dimanche sous les fenêtres du préfet, puis revient régulièrement par la suite, comme l’écho lointain d’un passé disparu, comme le souvenir d’une gloire antérieure à jamais révolue. 

     

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    Le livre : La marche de Radetzsky - Joseph Roth - Traduit par Blanche Gidon - Editions du Seuil

  • L'Autriche sur le devant de la scène

    L’Autriche fait les gros titres ce matin alors pourquoi pas un petit tour de ce côté là mais alors loin loin en arrière.

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    Vous allez vite deviner si ce n'est l'auteur du moins la période

  • Dictionnaire amoureux de Stendhal

    Quand on aime on ne résiste pas au Dictionnaire amoureux d’un auteur. En plus écrit sous la houlette de Dominique Fernandez ça ne se refuse pas.

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    D Fernandez a lu Stendhal très jeune et depuis accumule notes et commentaires, autant dire que son dico s’est écrit presque tout seul.

    Parfois dans ce genre de livre on aime certains articles et on en saute allègrement certains moins attrayants, là je dois dire que j’ai lu tout de bout en bout ET dans l’ordre, un exploit pour moi qui aime bien aller à sauts et à gambades.....

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    Stendahl passa par Vilnius lors de la retraite de Russie 

    J’ai aimé le portrait de cet homme, rougeaud, court sur pattes, laid, un rien paralysé devant les femmes qui  nous a donné des portraits de jeunes hommes fringands, beaux, et faisant pâmer les femmes !  Jolie revanche.

    D Fernandez nous promène dans la vie et l’oeuvre avec bonheur, humour, éloquence, passion.

    On suit Henri à la suite de l’armée impériale, on est avec lui en Italie et en Russie, à l’opéra, dans les musées et les concerts, les salons et les bals.

     

    C’est un chant d’amour pour l’Italie qu’il partage avec son auteur fétiche et que D Fernandez sait nous transmettre.

    J’ai aimé qu’il me tente fortement avec la Vie d’Henry Brulard que je n’ai pas lu contrairement à Keisha, une « autobiographie extraordinaire de liberté et d’insolence » un livre sans vanité ni prétention nous dit Fernandez contrairement à Chateaubriand et Flaubert, ces deux là il ne les aime pas beaucoup.

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    J’ai aimé l’accent que Fernandez met sur le style de l’auteur, sur son admiration pour des peintres ou des auteurs peu reconnus à l’époque mais qu’il défend parce qu’il les apprécie.

     

    J’ai aimé l’explication qu’il donne devant la vie amoureuse catastrophique de son héros «  Il avait sans doute la passion des conquêtes, des débuts, beaucoup moins celle des relations inscrites dans la durée. Et il était trop libre pour envisager de se marier. Il ne vécut en ménage que quinze jours dans sa vie. »

    J’ai découvert la passion de Stendhal pour Shakespeare que j’ignorais.

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    Ses manuscrits 

     

    Bref à travers les articles de ce dictionnaire c’est un homme à l’intelligence étincellante, à l’humour parfois un peu lourd, à l’anticléricalisme notoire, à la liberté totale face aux conventions, à une indifférence totale aux modes de son temps que l’on découvre. 

     

    Un dictionnaire pour les amateurs de Stendhal et ceux qui veulent faire mieux connaissance

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    Le livre : Le Dictionnaire amoureux de Stendhal - Dominique Fernandez - Editions Plon