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A sauts et à gambades - Page 201

  • Qu'elle était verte ma vallée - Richard Llewellyn

    Pour démarrer la série des lectures de l’été j’ai choisi le Pays de Galles, ses terrils, ses mines et ses chants

     

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    Une fois n’est pas coutume c’est un film qui m’a décidé à lire ce livre, le film est superbe et le livre magnifique. J’ai vu le film de nombreuses fois et lu ce livre à plusieurs reprises ma première lecture remonte à 1995 ...hier ...
    Il vous faudra fouiller dans les bibliothèques car ce livre est aujourd’hui indisponible, j’espère que vous tomberez sous son charme si ce n’est pas déjà fait.

    Le Pays de Galles quand la reine Victoria règne encore, quand les paysans se transforment en mineurs, quand le village ne craint pas d’être enseveli par une montagne de scories, le Pays de Galles quand la famille Morgan entre en scène.

    Entrons chez Huw Morgan le héros du livre, entrons dans sa maison pour y être accueillis par sa mère qui comme chaque jour est aux fourneaux.  Ils sont assis autour de la table, le père qui va découper la volaille, les cinq frères dont Ivor est l’aîné,  tous mineurs, les deux soeurs de Huw.  Bientôt s’ajoutera à la famille Bronwen la femme d’Ivor.
    Les femmes de mineurs  le samedi « s’installaient sur une chaise, devant leur porte, et attendaient le retour des hommes, gravissant la colline. »

     

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    Les tabliers des femmes s’emplissaient de pièces d’or durement gagnées au fond de la mine. Le dimanche était réservé au temple, à la lecture de la Bible. Parfois le père et ses garçons allaient assister à un match de rugby et Huw lui courait acheté du toffee avec son argent de la semaine.

    La vie était belle et les conflits avec la direction de la mine finissaient par s’arranger, alors s’élevaient les chants des villageois « voix sonores, s’envolant en multiples harmonies »

    Un chant gallois

    Huw Morgan se souvient des images et des sons de son enfance, de son amour pour la femme d’Ivor son frère aîné, amour d’enfant oui mais ne riez pas de lui car « prétendre qu’un enfant puisse être amoureux peut sembler absurde. Mais que vous le croyez ou non, j’ai été cet enfant et personne sinon moi n’a su ce que j’éprouvais »
    Huw est un enfant sage, qui craint et admire son père et ses frères, regardez le vivre au quotidien dans ce village qui est en train de changer. Le travail se fait plus rare, les salaires baissent, le mot grève est prononcé. Fini le temps où l’on s’inclinait devant la direction, l’idée de syndicat flotte dans l’air même si le mot est tabou à la table des Morgan.

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    Vous allez vivre le temps d’un livre au coeur de cette famille, voir Huw grandir, voir son amour des livres s’épanouir, le voir entrer à l’école. Mais vous allez aussi accompagner les mineurs dans leurs revendications, leur révolte pour une vie plus juste.
    Huw grandit au rythme des difficultés du village que tente de lui expliquer le pasteur Mr Gruffydd. A t-on le droit de se servir de ses poings pour se faire respecter ? Est-il normal que seule la fille soit montrer du doigt quand elle met un enfant au monde sans être mariée ? la bataille contre les injustices n’est-elle pas légitime ?
    C’est douloureux de grandir, de voir mourir les uns, partir les autres. Et arriver à l’âge adulte il est difficile de se retourner sur ce passé empreint de beauté, de chaleur et de regrets.
    "Qu'elle était verte, alors, ma vallée, la vallée de ceux qui ne sont plus !"

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    Huw entouré de ses parents


    Aux sons des chants gallois laissez vous séduire par ce roman initiatique, roman de formation au plus beau sens du terme.
    Vous allez vibrer et je serais très étonnée que quelques larmes ne viennent pas
    On aime tout ici : les descriptions de cette vie simple, le récit réaliste où Zola n’est pas loin, un récit où des mots comme entraide, solidarité, équité, justice, vous rendent témoins et complices des combats de ses hommes pour une vie meilleure.

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    L’écriture est simple, émouvante parfois lyrique, toujours on y entend la sincérité.
    Il n’est pas étonnant que John Ford se soit emparé de ce récit pour en faire un superbe film qui reçu l’Oscar du meilleur film.
    Livre avant film, film puis livre, peu importe, les deux sont des oeuvres émouvantes trouvent une place dans le coeur du lecteur et du spectateur.

    AVT_Richard-Llewellyn_5455.pjpeg.jpgL’auteur
    Il est né à Hendon, Londres, en 1906.  La plupart de ses romans ont pour cadre le Pays de Galles ; le plus célèbre, Qu'elle était verte ma vallée (How Green Was My Valley) de 1939, lui donna une renommée internationale et fit l'objet d'un film de John Ford.
    Il vécut une vie pleine de péripéties, voyageant beaucoup. Avant la Seconde Guerre mondiale, il travailla dans des hôtels, écrivit une pièce, travailla comme mineur et écrivit son roman le plus connu. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il devint Capitaine dans la "Welsh Guard" (garde galloise).
    Après la guerre, il travailla comme journaliste pour le procès de Nuremberg, et écrivit des scénarios pour MGM. Plus tard, il s'installa à Eilat (Israel). (source wikipédia)

  • Darwin et le bouleversement du monde - Jean-Claude Ameisen

    Embarquez vous sur le Beagle sur les traces de Darwin

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    Un livre scientifique qui a des allures de polar, une biographie qui se lit comme un roman, oui je vous fait l’article, oui je veux vous convaincre de lire ce livre !

    Darwin : j’ai laissé passé les festivités liées aux anniversaires car j’éprouve vite un certain ras le bol quand tous les journaux, toutes les revues se donnent le mot, mais je dois dire qu’il y a un avantage c’est de voir fleurir les publications et les livres.

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    Sur les traces de Darwin : magnifique voyage proposé par le CNRS

    Cette biographie s’attache à nous livrer un portrait en pied, sans occulter les difficultés, les doutes, les erreurs parfois, du grand savant. On est invité dans son intimité, on le suit de son voyage sur le Beagle à l’élaboration de sa théorie ....

    Embarqué en 1831, il ne revient en Angleterre que cinq ans plus tard, entre temps il a amassé une quantité d’observations, d’expériences, d’échantillons qui  suffirait à remplir la vie d’un homme, mais pour Charles Darwin ce n’est que le début de l’aventure.

    Jean Claude Ameisen nous fait toucher du doigt le combat intérieur mené par Darwin, ses doutes, ses questionnements, tout ce qui le fait hésiter à porter à la connaissance de tous sa théorie. Vingt ans, il lui faudra vingt ans !
    En même temps il nous restitue un aspect de Darwin que pour ma part j’ignorais, son combat contre l’esclavage, le combat d’une vie. On suit avec passion le parcours de Darwin, ses relations avec d’autres savants de l’époque, Cuvier, Buffon, Lamarck qui fut son grand rival. On est touché par les doutes en matière religieuse et la véritable épreuve que représentent les conséquences de sa théorie sur ses convictions.

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      Le dessin original tiré des carnets de Charles Darwin montrant sa réflexion concernant les différentes lignées d'espèces dont certaines s'éteignent et d'autres mutent.

     

    Plusieurs chapitres nous entraînent du côté de la lumière : les sciences de la vie doivent tout à Darwin et Ameisen fait un vaste tour d’horizon des acquis que nous lui devons : la biologie, la génétique. Mais il y a aussi une face sombre, c’est le dévoiement de la théorie de l’évolution, son utilisation pour servir la cause de l’eugénisme ou du racisme.

    Jean Claude Ameisen est un passeur exceptionnel, son écriture est d’une grande élégance sans nuire à la simplicité, ses propos éclairés par la philosophie et la poésie sont pleins de ferveur, d’admiration.

    C’est un livre riche, plein, un livre savant et pourtant à la portée de tous, j’ai été captivé et je vous propose de vous embarquer vous aussi sur le Beagle vous ne le regretterez pas.

    Si vous voulez écouter JC Ameisen dans une conférence sur Darwin c'est sur Canal U


    Le livre : Dans la lumière et les ombres Darwin et le bouleversement du monde - Jean Claude Ameisen - Editions Points Seuil

     

  • Père et fils

    Flaubert et Maupassant, le père et le fils, le maître et l'élève

                      

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    Gustave Flaubert à Guy de Maupassant

    " Quant à moi je travaille avec violence, ne voyant personne, ne lisant aucun journal, et gueulant dans le silence du cabinet, comme un énergumène."

    " Enfin, mon cher ami, vous m’avez l’air bien embêté et votre ennui m’afflige, car vous pourriez employer plus agréablement votre temps. Il faut, entendez-vous, jeune homme, il faut travailler plus que ça. J’arrive à vous soupçonner d’être légèrement caleux.
    Trop de putains, trop de canotage, trop d’exercice ! "

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    Micheline Presle dans Boule de Suif de Christian-Jaque

    " Mais il me tarde de vous dire que je considère Boule de Suif comme un Chef d’oeuvre ! Oui jeune homme ! Ni plus, ni moins, cela est d’un maître. C’est bien original de conception, entièrement bien compris et d’un excellent style. Le paysage, les personnages se voient et la psychologie est forte. Bref je suis ravi."

    Guy de Maupassant à Gustave Flaubert

    " Mon cher Maître, j’ai vu Zola hier soir et il m’a dit que vous ne viendriez pas cet hiver ! Cette nouvelle m’a tellement étonné et désolé que je vous prie de me dire tout de suite si elle est vraie. Passer l’hiver sans vous voir ne me paraît pas possible ; c’est mon plus grand plaisir de l’année d’aller causer avec vous chaque dimanche pendant trois ou quatre mois."


    Le livre : Gustave Flaubert /Guy de Maupassant - Correspondance - Editions La Part Commune

  • Le Fils de Bakounine - Sergio Atzeni

    La Sardaigne au temps du fascisme

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    Lors d’un petit passage à ma librairie favorite j’ai reçu un conseil de lecture, je l’ai suivi et banco c’était du tout bon

    Quand votre père a juré d’inviter Bakounine à incendier l’église du village avec lui, il ne faut pas s’étonner après d’être surnommé « le fils de Bakounine » par tout Guspini, en Sardaigne on ne plaisante pas avec la politique.

    Son vrai nom est Tullio Saba et je vous propose de découvrir « Ce qui reste d’un homme, après sa mort, dans la mémoire et les paroles d’autrui. »
    C’est compliqué de faire le portrait de Tullio Saba car il est devenu une quasi légende.
    Est-il uniquement ce bel homme qui aime paradé devant les dames, est-il un meneur de grèves communiste toujours près à bouffer du curé, est-il celui qui a gravé « Vive Staline » sur un madrier au fond de la mine , est-il ce fils de cordonnier toujours prêt à défendre les humbles.

    Parce qu’il est un peu tout ça Tullio Saba. Il est beau oui c’est certain « Le plus beau du pays, les yeux noirs et rusés, aux mouvements vifs comme ceux du renard  » et plus d’une femme de Guspini lui doit son bonheur !
    Un des meilleurs mineurs et qui « savait beaucoup de choses qui n'étaient pas écrites dans les journaux et que la radio ne disait pas sur la guerre d'Espagne, sur le communisme russe ; il savait et il parlait, il racontait » mais aussi « arrogant et mal élevé »  donc le premier licencié quand il s’agit de remettre de l’ordre.

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    Le portrait du héros apparaît petit à petit à travers les récits de ses amis, de ses voisins. Enjolivé, déformé, par ceux qui ont peu ou prou partagé sa vie.
    Un portrait  tout en contradictions, démon athée pour les uns, saint laïque pour les autres. Où se situe la vérité, que reste-t-il d’un homme dans les souvenirs de ceux qui l’ont connu ?


    Ce court roman est très réussi, même si le procédé narratif n’est pas original, il est mené très habilement. Apparaît une Sardaigne, pauvre et fière, au temps du fascisme, ce temps qui autorise les hommes vêtus de chemises noires à terroriser mineurs et paysans et à leurs faire avaler « l’huile de ricin » pour les mettre au pas.
    Cette alliance entre le destin individuel de Tullio Saba et celui de la Sardaigne, est un des plaisirs de ce livre.
     
    atzeni.jpgLe livre : Le Fils de Bakounine - Sergio Atzeni - Traduit de l’italien par Marc Forcu - Editions Phébus libretto 2011
    première publication en 2000 Editions la Fosse aux ours

    L’auteur : Sergio Atzeni est mort prématurément en 1995, à l’âge de quarante-trois ans, emporté par une vague, alors qu’il contemplait une tempête. La critique avait salué dès la publication du Fils de Bakounine un écrivain de talent, au seuil d’une oeuvre majeure.



  • Les roses de Samode - Serge Airoldi

    A mi-chemin de la poésie, du récit de voyage, des réminiscences de l’enfance, ce livre doucement mélancolique invite à rêver, à se replonger dans le bonheur et la gravité des souvenirs.

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    Un lien existe entre le voyage en Inde de l’auteur et son enfance, les roses, les roses qui « embaumaient l’air » dont sa grand-mère faisait des bouquets semés dans toute la maison « dans sa chambre, près du missel ».
    Les pétales de roses que sa grand-mère éparpillait et glissait dans des endroits secrets « auge des vaches, dessus de l’armoire, tas de bûches » ces pétales de roses qu’il va retrouver à Samode comme si les lieux de l’enfance et ceux du voyage pouvaient dialoguer par dessus les mers et le temps.

     

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    C’est un livre nostalgique que celui-là, il tisse les brins de la mémoire ensemble, les rassemble et en fait un réseau secret où l’enfance répond au monde d’aujourd’hui, où la tendresse d’une grand-mère reste une musique indispensable devant les dureté des visions de l’Inde, où les paysages de l’enfance sont remplacés par « un minaret, des coupoles et des temples » souvenirs d’autres voyages « de Pienza à Jaïpur »
    La disparition d’un ami trouve son écho dans un bûcher funèbre indien près du Taj Mahal.

    J’ai tout aimé, la poésie, le voyage, les mots, la  « beauté altière » du récit. Un livre que l’on range dans un coin secret de sa bibliothèque pour le rouvrir un soir où le parfum des roses réveillera le souvenir.

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    Le livre : Les roses de Samode - Serge Airoldi -Cheyne Editeur

  • Eloge de l'ombre

     

                       陰翳礼讃

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    Jardins de Kyoto


    D’aucuns diront que la fallacieuse beauté créée par la pénombre n’est pas la beauté authentique. Toutefois, ainsi que je le disais plus haut, nous autres Orientaux nous créons de la beauté en faisant naître des ombres dans des endroits par eux-mêmes insignifiants.

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    Paravent à six feuilles en laque noir décoré au laque d'or. Canton, 18ème siècle

    Je crois que le beau n’est pas une substance en soi, mais rien qu’un dessin d’ombres, qu’un jeu de clair-obscur produit par la juxtaposition de substances diverses. De même qu’une pierre phosphorescente qui, placée dans l’obscurité émet un rayonnement, perd, exposée au plein jour, toute sa fascination de joyau précieux, de même le beau perd son existence si l’on supprime les effets d’ombre.

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    En fait, la beauté d’une pièce d’habitation japonaise, produite uniquement par un jeu sur le degré d’opacité de l’ombre, se passe de tout accessoire.

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     ''La cuisine japonaise, a-t-on pu dire, n'est pas chose qui se mange, mais chose qui se regarde ; dans un cas comme celui-là, je serais tenté de dire: qui se regarde, et mieux encore, qui se médite !''


    Le livre : Eloge de l'ombre - Junichirô Tanizaki - Editions  Verdier