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A sauts et à gambades - Page 179

  • Journal d'un apprenti moine zen - Satô Giei

    Vivre dans un monastère

     

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    Ce petit livre nous transporte dans un monastère où pour entrer il faut montrer patte blanche et s’acharner. Si vous résister à trois jours d’attente sur le seuil alors la porte s’ouvrira.

    Ici pas question de luxe, une même pièce sert à la fois de salle de méditation, de réfectoire et de dortoir

    « ce qu’on prendrait pour une rangée de figurines en terre cuite, en position du lotus, ce sont les anciens déjà assis à méditer » 

     

     

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                                 © Stéphane Bigeard

     

    Tout est fait pour que le moine se dépouille de tous les biens superflus et même du désir de posséder. Les objets personnels sont réduits à leur plus simple expression « on peut loger sur une étagère le matelas qu’on dépliera pour le repos nocturne. »  une écuelle pour les aumônes et voilà tous les biens du moine. 

     

     

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                           le temple Tôfuku-ji

     

    La vie est rythmée par le son du claquoir à maillet, une « cloche à sonner les heures » car le moine ne fait pas que méditer, non il faut aussi participer aux tâches communes.  On peut être trésorier ou cuisinier.

    Les temps de repos alternent avec la marche méditative, les prières, les repas, la méditation assise. Les sorties sont faites pour aller mendier à l’extérieur. 

    Tout est ritualisé « le maniement des baguettes ou la manière de quitter les socques bois, tout est, absolument tout le comportement est fixé par des règles. »

    La frugalité est totale : brouet de riz agrémenté de navet, un peu de thé et voilà le repas terminé ! 

     

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    La cérémonie du thé fait suite au repas et le programme s’établit à la suite : rasage du crâne, bain,  ou balayage du monastère selon le jour du mois. 

    En courts chapitres Satô Giei brosse la vie du monastère : le travail dans le potager, les cérémonies, la ronde de nuit pour parer aux incendies, les rituels, les entretiens avec le maître.

    Le moine met toute son attention et sa ferveur au moindre geste de la vie quotidienne et ainsi chemine vers l’éveil. 

     

    Agrémenté de petits croquis humoristiques ce récit autobiographique éclaire ce qu’est la vie d’un moine entré au monastère du temple Tôfuku-ji en 1939 c’est surprenant. 

    Si vous voulez tout savoir de la vie dans un monastère zen, si vous voulez apprendre à « Pratiquer le bien pour le bien » , bref si une leçon de sérénité vous tente lisez ce livre

     

     

    Le livre : Journal d’un apprenti moine zen - Satô Giei - Editions Philippe Picquier 

  • En trompe l'oeil

    Plein les yeux : les fresques

     

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    Diversité, créativité, beauté, le monde du trompe l’oeil fait aujourd’hui partie des richesses touristiques de Lyon, de son patrimoine.

    On vient du monde entier pour s’en inspirer, pour faire la même chose ailleurs et la coopérative CitéCréation à l’origine du projet lyonnais a des réalisations dans le monde entier. 

     

    On les trouve aujourd’hui à Vevey

     

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                                        Vevey qui honore Chaplin afp.com/Fabrice Coffrini

     

    à Mexico, Barcelone ou Berlin et ses cités végétales

     

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    Au Québec

     

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                                   A Québec près de la place Royale

     

    CitéCréation crée en 1978 à aujourd’hui plus de 500 fresques à son actif. Ils vont jusqu’en Chine porter leur savoir faire et Shanghai est aujourd’hui dotée d’une fresque qui marque la coopération de la ville avec la région Rhône Alpes.

     

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                                       Des Lyonnais illustres 

     

    Récemment j’ai eu l’occasion de visionner un film montrant un projet en train de se réaliser, outre le travail énorme que cela représente, j’ai été frappé par le lien immédiat qui s’établit entre les peintres et la population du quartier qui peu à peu s’approprie la fresque, en parle, l’admire, suit son évolution …Les créateurs disent qu’une fresque renforce le sentiment d’appartenance.

    Elles font parfois revivre un temps passé créant un pont entre les générations.

     

    Les fresques lyonnaises honorent parfois des personnages illustres

     

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                 L'Abbé Pierre ou Paul Bocuse : charité et gastronomie

     

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                                    B Pivot qui a toute sa place ici

     

     

    parfois des moments de l'histoire de la ville

     

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                                      Le mur des canuts

     

    mais plus souvent des métiers, des lieux, des activités aujourd’hui disparues .

    Elles traduisent l’identité d’un quartier, elles donnent à voir des instants de vie.

     

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                             Le mythe de la tour de Babel

     

    Vous l’avez compris si vous venez à Lyon les murs peints sont à ne pas rater 

     

    Le livre : Guide de Lyon et ses murs peints - bilingue anglais français - Editions Elah

     

    Le site de CitéCréation qui dit tout 

     

    Et pour ceux qui veulent faire la visite en autonomie vous pouvez même télécharger une app  sur votre iphone ou ipad

  • Journal 1918-1920 - Nelly Ptachkina

     Fuir la Russie 

     

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    Etre adolescente en 1918 en Russie, être emportée par la tourmente révolutionnaire, c’est ce qui a poussé Nelly Ptachkina à tenir un journal. Il y a une certaine banalité à tenir un journal à cet âge mais le tenir pendant une guerre civile c’est tout autre chose.

     

    Bien entendu on pense à Anne Franck, on pense à Marie Bashkirtseff. Ce journal ne diffuse pas la même émotion que celui d’Anne Franck, il est nettement moins intellectuel que celui de Marie Bashkirtseff mais il y a ici une fraîcheur, une vivacité qui le rendent très agréable.

     

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                     La ville de Kiev en 1918

     

    Le journal suit les pérégrinations de la famille ballotté de ville en ville, Moscou, Kiev, Rostov puis en route vers l’émigration.

    Voilà une jeune fille issue d’un milieu privilégié qui voit se dérouler sous ses fenêtres une guerre civile. Son journal est ainsi un mélange entre la violence de l’époque et la vie quotidienne d’une jeune fille passionnée. 

    Elle est tout feu tout flamme Nelly, elle aime les livres, la littérature, l’histoire, elle s’enthousiasme pour tout : la planète terre ET le théâtre, le féminisme ET les garçons, la politique ET les bals.

    Elle lit énormément et développe une vraie réflexion qui lui permet d’observer ce qui se passe avec une oeil vif.

    Elle souffre aussi et sait le dire avec sincérité « Je souffre pour la Russie » et se projette vers un avenir où elle veut prendre sa place « Je désire être utile au peuple russe, je ne resterai pas indifférente à la vie politique de mon pays. »

    Elle aime les études et le dit bien fort « Etudier, étudier, étudier, quel bonheur ! » et s’affirme comme femme « Donnez-nous la possibilité de faire des études et nous vous prouverons que nous ne sommes en rien inférieures aux hommes. »

     

     

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                                   La cascade du Dard à Chamonix 

     

    On a beaucoup de plaisir à lire ces pages d’une intelligence aïgue, on est touché par la sincérité de cette jeune fille qui aime la lecture et nous confie son bonheur de lectrice « On sent, on vit, on apprend tant de choses en lisant ! Quel plaisir extraordinaire » 

    Elle imagine l’avenir et sait nous communiquer sa passion «.. devenir écrivain. Quel bonheur ce serait ! » 

    Elle est témoin aussi d’événements que l’on connaît moins bien : les terribles combats pour une République Ukrainienne, les pogroms des armées nationalistes, la guerre avec la Pologne. Elle lit énormément y compris la presse et développe une vraie réflexion qui lui permet d’observer ce qui se passe avec une oeil vif, sans a priori et avec une maturité tout à fait étonnante. 

     

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    Le journal s’arrête abruptement car Nelly Ptachkina qui a échappé à une guerre civile connaît un destin dramatique, elle fait une chute mortelle à Chamonix quelques mois après son arrivée en France.

     

    Une préface éclairante de Luba Jurgenson qui assure aussi la traduction.

     

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    Le Livre : Journal (1918-1920) - Nelly Ptachkina - Editions des Syrtes

     
  • Mémoires d'un commissaire du peuple - Joseph Kessel

    Rentrer en Russie ?

     

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    Paru en 1925 cette courte nouvelle a une saveur particulière. Dans une série de textes sur la Russie révolutionnaire Joseph Kessel montre tout son intérêt pour son pays d’origine. En 1919 Kessel est à Vladivostok, son expérience va modifier son regard sur la Révolution.

    Parmi tous ces textes j’ai choisi une longue nouvelle Mémoires d’un commissaire du peuple.

     

    Août 1914  Fedia est un bolchevique exilé en France. 

    Il vit des journées d’angoisse en ce début de guerre, mais la guerre en elle-même lui indiffère sauf si elle permet l’éclosion de la Révolution y compris au prix de la défaite de la Russie.

    Il se livre peu à peu, raconte son enfance sordide, une éducation qu’il doit à un déporté « Il me parla, me donna des livres, m’instruisit et m’ouvrit le monde  » un peu trop au goût du pouvoir tsariste qui l’expédia en Sibérie.

    Il est en contact avec Lénine qui envoie des directives qui le comblent « sa circulaire est admirable de clarté et de ruse » dit-il, attendre attendre et  convaincre les ouvriers, de se joindre à la Révolution qui est en marche et si ce n’est pas volontairement alors il faut le faire par la force « je veux par le fer et par le feu faire le bonheur de ce troupeau, même malgré lui.  »

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    Le personnage est plein de haine, de rage, de dégoût pour sa patrie dont il souhaite ardemment la défaite, défaite qui fera le lit de la révolution si l’on imagine « un plan quelconque pour profiter de cette tuerie bénie. » 

     

    La nouvelle est courte et réserve quelques surprises.

    J’ai aimé ces textes et particulièrement cette nouvelle, comme le rappelle Gilles Heuré dans la présentation, Kessel était « Russe de toutes ses fibres » et sa vision du totalitarisme est hautement prémonitoire si l’on songe qu’il l’a écrit entre 1919 et 1925 date de sa publication.

     

    Dans son parcours européen Geert Mak montrait le retour de Lénine en Russie, ici ce serait plutôt un bolchevique qui aurait raté son train.

     

    Le Livre : Reportages, Romans - Joseph Kessel - Editions Gallimard Quarto

  • Le manteau de Proust - Lorenza Foschini

    De fil en aiguille : le collectionneur

     

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    C’est l’histoire d’un passionné, d’un collectionneur, d’un obsédé, d’un amoureux.

    C’est à la fois un livre d’admiration envers Proust mais aussi pour l’ admirateur obsessionnel que fut Jacques Guérin

     

    Lorenza Foschini est journaliste et c’est en journaliste qu’elle va partir sur les traces de Jacques Guérin et de sa collection ahurissante d’objets et documents ayant appartenus à Marcel Proust.

     

    Le récit se focalise en partie sur le fameux manteau de l’écrivain, celui qu’il portait en permanence hiver comme été, qu’il jetait sur son lit quand il écrivait, dont tous ses amis se souviennent. Mais ce manteau mité et plus que défraichit n’est que le clou du spectacle offert par Jacques Guérin à la postérité. 

    Imaginez un collectionneur opéré d’une banale appendicite mais opéré par Robert Proust !  Quelle joie pour ce collectionneur, lors d’une visite chez le médecin d’apercevoir les manuscrits de Marcel Proust et d’être effaré par le peu d’intérêt que semble avoir le frère de l’écrivain pour l’oeuvre du grand Marcel.

     

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                                Les deux frères © Ph. Coll. Archives Larbor

     

    La suite ? une traque, une quête. Vous allez chiner avec Jacques Guérin , négocier des prix, chercher et …trouver des reliques qui permettront de reconstituer la chambre de Proust, que vous pouvez aujourd’hui voir au Musée Carnavalet.

    Vous pénétrez à sa suite auprès de Marthe Proust, la belle soeur qui ne souhaite qu’une chose c’est protéger l’honneur de la famille et pour cela n’hésite pas à brûler lettres et papiers  qui pourraientt rappeler les penchants de Marcel, ceux que la famille a toujours refusé de voir. 

     

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    Chambre au musée Carnavalet 

    L’enquête de la journaliste se lit comme un roman. On est ému par la ferveur de Jacques Guérin, et époustouflé par ses efforts et sa passion, il fut non seulement un grand parfumeur mais de plus il parvint à rassembler une fabuleuse collection de manuscrits et objets qui fut disséminée à la fin de sa vie.

     

     

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                                            Proust par Jean Cocteau © Maison de Milly la Forêt

     

    Pour info le manteau est toujours au Musée Carnavalet Lorenza Foschini l’a vu, touché, sous le regard sourcilleux et méfiant du conservateur.

     

     

    Le livre : Le Manteau de Proust - Lorenza Foschini - Edtions Quai Voltaire 

  • Chardin et Rembrandt - Marcel Proust

    De fil en aiguille : l'écrivain 

     

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                     " la fanfaronnade d'un vieillard qui ne se prend pas au sérieux "

    Proust journaliste, Proust chroniqueur d’art, des écrits qui ne furent jamais publiés de son vivant et que l’on retrouva dans ses papiers après sa mort.

    Une visite au Louvre de Marcel Proust avant la Recherche

    Il est « un jeune homme de fortune modeste » dont le regard se laisse prendre aux peintures du quotidien de Jean Baptiste Siméon Chardin.

     

    Dans l’impossibilité de partir pour l’Italie ou la Hollande, c’est dans les musées qu’il va chercher de la beauté et tout particulièrement auprès des oeuvres du peintre français.

     

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    « Le plaisir que vous donne sa peinture d’une chambre où l’on coud, d’un office, d’une cuisine, d’un buffet… »

     

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    « La femme qui prépare la table, la nappe antique et les assiettes encore intactes dont depuis tant d’années elle sent la fermeté douce résister toujours à la même place entre ses mains soigneuses, entre cette nappe et la lumière… »

     

    Proust nous prend par la main, non en critique mais en amateur de beauté, la beauté la plus simple  « Pour l’artiste véritable, comme pour le naturaliste, chaque genre est intéressant, et le plus petit muscle a son importance. »

     

    Avant d’être l’écrivain du petit pan de mur jaune  il nous guide  « comme Dante se laissa jadis guider par Virgile »

     

    Un tout petit livre illustré des tableaux des deux peintres, avec une postface qui vient heureusement compléter la lecture.

     

    Le livre : Chardin et Rembrandt - Marcel Proust - Editions Le Bruit du temps