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A sauts et à gambades - Page 175

  • La Grandeur Saint-Simon - Jean-Michel Delacomptée

    L'un et l'autre 

     

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    En Pléiade c’est 8 ou 9 volumes, pas certaine que vous êtes prêts à vous embarquer dans une aventure aussi longue, aussi je vous propose une version raccourcie, très très raccourcie.

    Jean Michel Delacomptée est le spécialiste chez Gallimard des microbiographies, j’ai lu avec grand intérêt son livre sur Ambroise Paré et j’ai dans ma bibliothèque plusieurs essais de lui. 

    C’est une vraie gageure de parler de Saint Simon de façon aussi simple et percutante et en un nombre de pages très réduit. C’est un art et l’auteur y excelle.

    Comment s’y prend t-il pour nous faire entrer dans le coeur de l’oeuvre ? 

    Il nous le situe dans son siècle, sa vie même et il s’interroge sur le projet que Saint Simon mêne à bien à un âge déjà avancé, il nous dit « A partir de quel moment un écrivain, chargé d'un projet longuement fermenté mais qui lui résiste, finit par se lancer et, d'une traite, le réalise ? »

     

    Songez que Saint-Simon commence à écrire vraiment alors qu’ il a plus de soixante ans  « A soixante quatre ans (...) Louis de Saint-Simon rompant les amarres, s'élança dans l'océan »

    Son oeuvre s’achèvera pratiquement avec sa vie.

     

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                           Le château en 1668 Pierre Patel

     

    Il nous présente des Mémoires de Saint-Simon les portraits les plus incisifs, ces portraits tantôt méchants, tantôt méprisants de la cour et des courtisans avec lesquels il partageait le vivre et le couvert. Si vous avez vu le film tiré du roman de Chantal Thomas, Les adieux à la Reine, vous avez eu une idée de ce qu’était la vie quotidienne à Versailles. 

    Saint-Simon  a l’oeil qui traîne partout et la dent dure, la santé à l’époque était précaire mais il a pour le moins conservé une bonne mâchoire, ses coups de dents sont saignants. Son mariage lui permet de résider au château de Versailles, d’être un courtisan, de ceux qui peuvent approcher le Soleil.

     

    Le tout est mis en mots avec une langue extraordinaire « Une langue écrite par le vieil homme, mais qui était si neuve, si vibrante de passion, si chargée de la grandeur même du règne dont il blâmait les tares. »

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    Les courtisans 

     Cet homme d’une fidélité exemplaire, il admire Louis XIII qui pour lui fut « chaste, désintéressé, modeste, sobre, charitable »  Il est aussi capable d’inimitiés terribles et de rancunes tenaces et il dit de Louis XIV que c'était un roi à l'esprit  « au dessous du médiocre »

    A la mort du Grand Dauphin il sait que la place sera libre pour Philippe d’Orléans qui est son ami et il le dit « Il me semblait, avec une évidence encore plus parfaite que la vérité, que l'État gagnait tout en une telle perte. Parmi ces pensées, je sentais malgré moi un reste de crainte que le malade en réchappât, et j'en avais une extrême honte. »

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                              Louis de Rouvroy Duc de Saint-Simon

     

    Jean-Michel Delacomptée avec un titre parfaitement choisi, nous dresse un portrait tout en nuances « Grandeur modeste par son altruisme, ambitieuse par son objectif, audacieuse par l'exposition de soi , avec pour clé de voûte la franchise, la véracité des faits rapportés et l'honnêté morale » 

    Son portrait m’a rappelé celui de La Fontaine par Marc Fumaroli, une même célébration de la langue, une même admiration de l’homme, une même nostalgie d’un passé révolu et magnifiquement ressuscité.

     

    Le livre : La Grandeur Saint-Simon - Jean-Michel Delacomptée - Editions Gallimard collection l’un et l’autre 

  • Un imam en colère - Tareq Oubrou

    Les murs sont aussi entre nous

     

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    Dans un récent débat sur la place de l’islam en France sur la Cinq, j’ai été frappé par les propos mesurés d’un homme, en fin d’émission le journaliste Yves Calvi a rappelé le titre de son dernier livre et je me suis dit : ce livre est pour toi. La religion musulmane fait parfois peur dans ses excès, n’est-il pas temps de regarder « par dessus » le mur de la mosquée ?

     

    Tareq Oubrou est le recteur de la mosquée de Bordeaux, citoyen français qui aime et respecte la République il a voulu ce livre d’entretien pour revenir sur des thèmes d’actualité : méfiance à l’égard des musulmans, peur d’un terrorisme islamiste, port du voile, condition de la femme, liberté d’expression, prières de rue, nourriture hallal.

    Un tour d’horizon assez large qui a su répondre à la plupart de mes questions.

     

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    Il accepte très mal le climat de suspicion qui s’est développé après l’affaire Merah qui pèse sur les français musulmans. Ceux ci choqués se réfugient dans le silence se sentant montrés du doigt malgré les condamnations faites par les dirigeants religieux.

    C’est l’occasion pour lui de rappeler le hadith suivant

    « celui qui tue un non-musulman vivant en paix avec les musulman sera voué à l’enfer »

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    A partir de là le dialogue avec Samuel Lieven journaliste va passer en revue ce qui de l’avis de T Oubrou est un frein à cette acceptation de l’islam en France.

    Un exemple : l’absence de la pensée et de la culture arabo-musulmane à l’école et dans les livres alors qu’il serait bon que « les petits Mohammed sachent que leur culture d’origine a contribué à la civilisation au sein de laquelle ils vivent » 

     

    Il exhorte les musulmans à mieux connaître les textes et la pensée de l’islam car dit-il le Coran est exigeant. Il les invite à penser leur religion « dans une perspective d’adaptation au droit français  » ce qui pour cet imam consiste à « sacrifier des pratiques mineures » comme le voile, le minaret, l’obligation de nourriture hallal, pour « favoriser le vivre ensemble dans une société où l’islam n’est pas majoritaire et n’a pas vocation à le devenir »

     

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    Il en appelle au dialogue car dit-il je suis musulman ET dans le monde, la parole religieuse doit apaiser et rassurer et non être source de conflits. On ressent fortement un homme extrêmement exigeant envers sa communauté mais ne masquant pas les difficultés. 

     

    J’ai été très intéressée par ce livre et par la qualité de la réflexion de cet homme. Sans langue de bois il tance avec courage ses coreligionnaires

    « je reconnais que beaucoup d’hommes musulmans justifient encore leur domination et leur soi-disant supériorité en interprétant de façon sélective et machiste certains passages du Coran »  

    Mais il n’oublie pas et condamne les mouvements qui stigmatisent les musulmans.

    L’image de l’imam n’est pas très positive auprès des français c’est une excellent façon de la faire évoluer et de rencontrer cet homme qui dit 

    « l’essentiel est de veiller à ce que la référante symbolique à la charria, à l’islam ou au Coran n’entre pas en conflit avec les grands principes universels : liberté, égalité, citoyenneté, démocratie…. »

     

    Le livre : Un Imam en colère - Tareq Oubrou - Editions Bayard

  • Chroniques de Jérusalem - Guy Delisle

    Voir par delà les murs 

     

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    Ce n’est pas souvent que la BD est à l’honneur sur ce blog, mais le thème rendait Chroniques de Jérusalem tout à fait incontournables.

    Guy Delisle endosse le costume de Candide que Régis Debray portait dans mon premier billet.

    C’est une BD qui vaut beaucoup beaucoup de livres très sérieux sur le sujet.

     

    Une famille s’installe à Jérusalem, ce sont des expatriés du boulot, elle travaillant pour une ONG.

    La femme au travail, les enfants à l’école, le père va lui explorer et apprivoiser peu à peu la ville, dépassant les surprises et les aléas. Il va nous la livrer en nous disant : voilà ce que j’ai vu et vécu, à vous de juger…

     

     

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    Vivre à Jérusalem est un expérience pas tout à fait comme les autres. Guy Delisle passe  au crible la vie quotidienne, les logements difficiles à trouver , la voirie fluctuante selon que l’on habite un quartier 100% Casher ou 100% Halal , les transports qui s’arrêtent à la limite du quartier israélien, les chekpoints permanents, multipliés, ouverts ou fermés à l’envi, les jets de pierre avec des relents d’Intifada, les espaces de jeux des enfants où se mélangent les mères et leur progéniture.

    On est tout de suite plongé dans la vie des quartiers qui palpite ou s’éteint au gré du shabbat ou du Ramadan, au gré de frontières qui ne sont pas que virtuelles. 

     

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     Les dessins et les bulles valent tous les reportages télé, la haine et la hargne des colons sont illustrées par quelques dessins qui en disent long mais on a aussi  la peur des israéliens, les dangers d’attentats.

    L’absurdité de certaines situations, le ridicule de bien d’autres.

     

    Lorsque l’auteur se transforme en touriste lambda il y a des pages drôles, ridicules, ahurissantes d’une justesse magnifique qui recoupent totalement le regard du Candide en Terre Sainte.

     

    Témoignage forcément « arbitraire » dit l’auteur,  une expérience personnelle qui s’habille de dérision, d’humour noir. Un regard aigu, persévérant, un regard empreint d’empathie mais qui sait mettre à nu les failles, les injustices, les défaillances, le côté kafkaïen du problème.

    J’ai tout aimé dans cette BD et au fil des pages j’ai totalement oublié l’effet dessins/bulles qui parfois me gêne dans la lecture des BD, ici c’est tellement juste que l’on est emporté.

    Ces Chroniques font parfaitement ressortir la complexité d’un possible vivre ensemble dans ce pays 

     

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    ©afp.com/Pierre Duffour

    Les avis sont unanimes de Kathel à Keisha tout le monde a aimé et je ne peux que vous recommander de faire une place à ce livre dans votre bibliothèque

     

     

    La BD : Chroniques de Jérusalem - Guy Delisle - Editions Delcourt

     
  • D'une seule voix - Xavier de Lauzanne

    La musique pour briser le mur 

     

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    Une fois n’est pas coutume il s’agit d’un film aujourd’hui. 

    Un projet fou est à l’origine du film, celui de faire chanter et jouer dans une même tournée des musiciens et chanteurs israéliens et palestiniens par delà leurs différences.

    Joli symbole mais pas très simple à organiser et à faire vivre. Deux communautés qui ne se parlent pas, ne s’aiment pas , se craignent, se méconnaissent.

     

    Si la musique est symbole de paix, faire travailler ensembles des groupes, des individus relève plutôt du parcours du combattant, c’est réservé à un organisateur qui a le goût du risque et c’est bien le cas de Jean-Yves Labat de Rossi.

    Il faut dire qu’il n’en est pas à son coup d’essai, il a déjà tenté et réussi de rassembler des croates, des bosniaques et des serbes alors ….

     

    On est très vite partie prenante dans ce pari et l’on croise les doigts tout du long pour que les écueils soient contournés, les problèmes d’organisation balayés, que la fatigue ne vienne pas créer des conflits ou des tensions là où seul le chant et la musique ont leur place.

    Deux bus et pas loin de cent musiciens sillonnent la France pendant 3 semaines,  les conflits sont désamorcés grâce à l’effort de chacun, grâce aussi à un langage de vérité.

     

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    Le cinéaste fait un travail remarquable, présent dans les rencontres fortuites entre les musiciens, rencontres qui sont celles qui ont le plus de prix, témoin de gestes simples qui font petit à petit tomber le mur de la méfiance. 

    Les images des concerts sont belles, belles les mains et les visages, magnifiques les voix. Au fil des jours les liens se créent, les chorales se mélangent, des histoires naissent entre les personnes même si c’est une amitié fragile.

     

                             

                                       La bande annonce

     

    Ce film sorti en salle en 2009 est maintenant disponible en DVD, vraiment n’hésitez pas c’est un beau moment de fraternité et je vous défie de le voir sans avoir la gorge serrée.  

     

     

    Le Film : D’une seule voix de Xavier de Lauzanne  ALOEST distribution

  • Un Candide en Terre sainte - Régis Debray

    Le livre du voyageur philosophe

     

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    Disons le tout net : je n’aime pas le style de Régis Debray, trop de métaphores, trop de traits d’esprit parfois vraiment tirés par les cheveux et pas du meilleur goût. 

    Mais

    Son livre est passionnant, un pèlerin agnostique en Terre Sainte voilà qui ne manque pas de sel et qui participe à une approche sans langue de bois dans un pays où l’amour du prochain est oublié depuis longtemps.

    Régis Debray porte un regard très éloigné du politiquement correct et du langage diplomatique sur cette région.

     

    Entrons un peu plus dans ce pays qui couvre aussi bien Israël que Gaza, la Syrie et la Jordanie et un bout du Liban car nous dit Régis Debray « Jamais (...) une sainte histoire n'eut moins de géographie. »

    Le cheminement tient une grande place dans ce récit où vous côtoyez églises, synagogues, mosquées, lieux saints des trois religions du Livre. Ce voyage nous fait nous interroger pour comprendre pourquoi ce territoire est devenu un champ de bataille, un cauchemar total « Un maximum de haine dans un minimum de territoire. » dit Debray très justement.

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    © AFP

     

    Lieux des croyances et des extrémismes, juifs orthodoxes de Mea Shearim ou Frères musulmans, palestiniens en quête d’un état, chrétiens en terre étrangère qui alimentent à eux seuls la manne touristique du pays.

    Comment peut-on penser faire vivre ensemble ceux qui se barricadent derrière un mur, ceux qui se voient dépossédés de leur terre ?

    J’ai aimé les rencontres faites par Régis Debray, Israéliens ou Palestiniens, quelques personnages hors du commun à qui on confierait bien les clés du royaume.

     

     

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                                         Les religions du Livre 

     

    Comme ce prêtre qui dit que se préoccuper des palestiniens ce n’est pas être en opposition avec les israéliens, que la paix passe par une élévation du niveau d’éducation des enfants arabes, par le refus de se définir avec une seule identité dans ce pays multiple où un arabe ne peut rendre visite à ses amis le soir, ne peut obtenir un visa de sortie pour participer à un congrès !!

    Un pays où les diplômés s’exilent aux Etats-Unis pour ne plus subir d’humiliations.

     

    D’une façon tout à fait surprenante ce sont les Evangiles qui servent de guide de voyage à l’auteur et son éclairage est vraiment passionnant, il oblige à remettre en question des certitudes, à écouter ces personnes enclines au dialogue de part et d’autre. Un éclairage parfois subversif, parfois agaçant mais au combien utile.

    Par delà les champs de mine, le mur, les photos de martyrs accrochées au grillage « Il faut guérir les Israéliens de la peur (…) et soulagé les Palestiniens qui ont peur de cette peur. »

    Compréhensif devant les revendications palestiniennes il est aussi admiratif des juifs car dit-il, ils incarnent la mémoire du XXème siècle, il y a parmi eux un grand nombre de personnalités d’exception, leur presse est libre et leur justice indépendante mais regrette son obsession sécuritaire.

     

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                             Gaza aujourd'hui © AFP

     

    Le livre date de 2008 mais il pourrait avoir été écrit hier. C’est un regard équilibré sur une région pleine de soubresauts et c’est déjà chose suffisamment rare pour mériter la lecture.

     

    Vous pouvez lire aussi le livre de l'Israélien S Yizhar ou du Palestinien S Shehadeh 

     

    Le Livre :  Un candide en Terre Sainte - Régis Debray - Editions Gallimard et folio 

  • Des livres à écouter

    De 7 à 77 ans 

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    Dans les chapitres précédents on a vu un livre qui fait aimer les livres et bien en voilà d’autres, des livres à écouter qui plaisent beaucoup aux chérubins

    Voici un petit choix de livres audio pour les 6/7ans et 8/9 ans environ de l’école des loisirs. 

    Des petits cadeaux qui sont très appréciés en général.

     

    Les textes sont très sympa, suffisamment courts pour que l’attention se maintienne, suffisamment longs pour que l’histoire s’installe, souvent drôles, parfois émouvants. 

    Avant d’acheter vous pouvez en écouter un extraits. Dans l’ensemble les comédiens/lecteurs sont parfaits.

     

     Le Site pour vous procurer les CD Je précise qu’aucune pub n’est attachée à mon billet !

     

     

    Une petite sélection 

     

    J’ai joué la sécurité avec Le Hollandais sans peine de Aude Murail qui est un auteur que j’avais apprécié dans des écrits pour adultes

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    Pour devenir très fort en hollandais, c’est simple, il suffit de répéter « Niclausse gaboum chrouillasse » ! Mais cela veut dire quoi au juste ? 

    Une petite histoire courte, rigolote pour s’amuser avec les mots.

     

     

    Vos enfants ou petits enfants partent en classe verte ? alors voilà un CD fait pour eux

    Une classe verte kézaco ? un moment loin des parents, au milieu des vaches et où le soir on peut bavarder avec les copines ! 

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    Et enfin parce tous mes petits diables ont déjà une flopée de cousins et que la famille va encore s’agrandir j’ai choisi celui là car chez Tata Denise il y a sept cousins et que ça fait du bruit tout ça sauf que l’oncle jo  lui est un peu bizarre ………

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