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A sauts et à gambades - Page 181

  • Neige - Maxence Fermine

    Soleil levant : paysages de neige 

     

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    J’ai annoncé trois livres et hop je vous en offre un de plus, pour le plaisir, pour peupler vos voyages ou vos nuits de personnages superbes.

    Je sais, je sais, vous êtes nombreux à avoir lu Neige, vous l’avez aimé ça j’en suis certaine, et peut être comme moi l’avez vous offert autour de vous.

     

    Alors pourquoi ne pas l’écouter ? 

    Vous retrouverez Yuko et l’île d’Hokkaido, les haïkus, la poésie et la neige qui inspire les peintres japonais

     

     

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    Un conte magnifique tout en finesse, épuré comme un Haïku, éblouissant comme la neige et tout en équilibre sur un fil mince qui menace de se rompre à chaque instant.

    Roman d’initiation plein d’élégance qui trace des portraits délicats, raffinés mais où la violence n’est jamais absente.

    Une vision du monde pleine d’harmonie et de beauté mais aussi de douleur, la voix du lecteur est parfaite et vous emporte au pays de Neige et de Flocon, auprès des poètes et des peintres.

     

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    « Ecrire, c’est avancer mot à mot sur un fil de beauté, le fil d’un poème, d’une œuvre, d’une histoire couchée sur un papier de soie. »

     

    Et si la Blancheur immaculée vous tente allez la découvrir chez Plume d'Anges 

     

    Le livre audio : Neige - Maxence Fermine - Lu par Marc Hamon - Editions Le livre qui parle

  • Les Chemins de Sata - Alan Booth

    Soleil levant du Cap Soya au Cap Sata


    Il y a plusieurs Japon, celui de Fukushima, celui de Hokusaï, celui de Shei Shonagon, celui des usines Sony, celui des geishas….

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                                                   ou celui d'Hiroshige

     

    Partir cinq mois à la découverte de ce pays c’est ce qu’a fait Alan Booth dans les années 80. Marié à une japonaise il veut en savoir plus sur ce pays, et maîtrisant bien la langue le voilà sac au dos, étirant un voyage du nord au sud du Cap Soya au Cap Sata

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    Accompagnons le sur les chemins d’un Japon méconnu et insolite d dans son parcours à travers les paysages, la littérature, les villes et les villages. 

    Voyageant du Nord au sud il part en juin 

     

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                                     Le point de départ


    « quand a saison des pluies battait son plein. Mais Hokkaido, la plus septentrionale des quatre grandes îles japonaises, étouffait sous une vague de chaleur... C'est sans le moindre enthousiasme que les habitants du cap Soya s'aventuraient sous le soleil brûlant...  »


    Mais très vite la pluie va lui tenir compagnie, pluie chaude de l’été, pluie d’automne parfois glaciale lui faisant bénir les abris bus qu’il rencontre. 

    En bon anglais Alan Booth ajoute des notes humoristiques aux incidents et rencontres quotidiennes ainsi les réveils tonitruants offerts dans les villages 

     

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    « les communautés rurales japonaises ont des moyens efficaces pour vous signaler que vous avez suffisamment dormi. Ce sont des sirènes dont le vacarme vous tire de votre fut on dès la pointe du jour »

     

    La mise en jambe est difficile et  les haltes de midi au noodle shop sont bienvenues et l’occasion de siroter une bière, boisson magique qui incite aux échanges avec les voisins de table.

     

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                                  La halte de midi 


    Comme dans toutes les randonnées l’itinéraire est le souci de chaque minute, l’auteur nous apporte quelques éclairages sur les contrées traversées

    « l’île d’Hokkaido n’a été rattachée au continent japonais que relativement récemment.(…) Encore aujourd’hui elle est considérée comme atypique, de par son climat, ses bancs de glace, la rareté de ses cerisiers »  mais aussi sur les inévitables détours et contours 

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    « Le sentier le long du lac que je m’apprêtais à suivre devait être une invention des cartographes. Au moins deux personnes que j’interrogeai jurèrent qu’il n’avait jamais existé. »

     

    Là ou Booth se révèle excellent c’est sur l’oeil mi-sérieux mi-amusé qu’il porte sur les japonais rencontrés. Les rencontres donnent lieu à des échanges ahurissants entre un anglais qui maîtrise le japonais et un japonais qui s’acharne à lui répondre en anglais car il est impossible qu’un gaijin  parle sa langue ! 

    Des écolières au paysan, du pêcheur aux vieillards, du lutteur de Sumo au calligraphe lettré, c’est un monde qui se dévoile au long des 3000 km parcourus d’île en île : Hokkaïdo, Honshu, Shikoku, Kyushu.


    Etrange pays où les séismes donnent lieu à des proverbes

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    «  Selon un vieux proverbes japonais il y a quatre chose vraiment terrifiantes au monde : les tremblements de terre, le tonnerre, les incendies et les papas  »


    mais aussi aux sources thermales bienfaisantes

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     « Un jour j’écrirai un ouvrage sur les sources thermales. Avec la bière et les têtes dans l’océan, elles me procurèrent les seules grands plaisirs corporels de cette folle équipée »

    La nourriture et les haltes du soir rythment les journées, la recherche d’un ryokan (auberge) ou d’un minshuku (chambre d’hôte) réserve bien des surprises, ryokan fermés, hôteliers bougons

     

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                          un ryokan au bout de la journée


    mais aussi accueil sans pareil avec le bain du soir

     

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    « Un bain japonais n’est pas fait pour se laver. On se lave avant d’entrer dans le bain, de manière à être dégagé de toute obligation autre que le plaisir de s’immerger, se sentir revivre, bavarder avec les voisins, somnoler, fredonner, ou écouter tomber la pluie du soir »


    Le bain rituel est l’occasion d’entrevoir un Japon surprenant « c'était un vrai plaisir d'observer ces vieilles dames dont la poitrine tombait jusqu'à la ceinture frotter le dos de leurs maris en gloussant comme des écolières »

    Ajoutez une bière, un saké et c’est le repos du guerrier chaussé de geta et enroulé dans un yukata le kimono que l’on vous offre au sortir du bain. Adieu fatigue, froid, découragement !

    Mais le matin venu retour aux choses plus difficiles « tofu, riz gluant et prune séchée  » en guise de petit déjeuner.

     

    Ces cinq mois de voyage passent en un clin d’oeil. Le récit est très vivant, souvent drôle, parfois surprenant et d’une grande émotion lorsque à Hiroshima il est pris à parti par un homme le prenant pour un américain.

     

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     « J’ai observé le soleil automnal embraser les feuilles des arbres d’Hiroshima. C’est dans ce même ciel sans nuage que la bombe a été larguée - plus aveuglante encore que mille soleils, disent les gens qui l’ont vue.(…) L’humanité n’avait jamais connu au cours de son histoire pareille pluie ni pareils soleils. »

     

    Voici le bout du voyage et la pointe du Cap Sata


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    Je ne peux m’empêcher de vous livrer une des dernières anecdotes du livre car elle résume la sensation éprouvé par notre marcheur tout au long du périple.


    «  Je m'étais mis à discuter avec un vieil homme. Lorsqu'il me demanda où je vivais, je lui répondis que j'habitais Tokyo.

    - Tokyo, ce n'est pas le Japon, me dit-il. On ne peut pas comprendre le Japon lorsqu'on habite Tokyo.

    - Non, acquiesçai-je, c'est pourquoi je désire voir comment on vit ailleurs.

    - On ne peut pas comprendre le Japon d'un simple coup d'oeil.

    - Non, il ne s'agit pas seulement d'observer, comme un touriste pourrait le faire depuis la vitre d'un bus, mais de traverser le Japon à pied.

    - On ne peut pas comprendre le Japon en le traversant à pied.

    - Pas seulement ça, mais aussi parler à tous les gens que je rencontrerai.

    - On ne peut pas comprendre le Japon en parlant aux gens.

    - Alors comment voulez-vous que je comprenne le japon ?

    - On ne peut pas comprendre le Japon. »

     

    Un livre que j’avais aimé à sa première lecture et que j’ai relu avec plaisir pour vous en parler. Epuisé on le trouve malgré tout en bibliothèque bien sûr mais aussi d’occasion.  N’hésitez pas à parcourir le Japon à pieds avec Alan Booth c’est revigorant en diable.


     

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    Le livre : Les Chemins de Sata - Alan Booth - Editions Actes Sud 1992


    L'auteur : Alan Booth était poète et écrivain voyageur, il est décédé très jeune à 46 ans, marié à une japonaise il a travaillé au Japon.

     
  • Certaines n'avaient jamais vu la mer - Julie Otsuka

    Soleil levant : En route vers l'exil

     

     

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    Un roman magnifique beau comme un choeur antique, un roman pluriel où s’entend la voix de centaines de femmes oubliées.

     

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    « Certaines venaient de la ville et portaient d'élégants vêtements,mais la plupart d'entre nous venaient de la campagne » 

     

    Début du siècle, sur un bateau des femmes quittent tout, leur pays le Japon, leur famille pour rejoindre San Francisco et épouser un mari japonais dont elles ignorent tout sauf le visage sur une photo qu’elles ne peuvent s’empêcher de regarder encore et encore « C'étaient de beaux jeunes gens aux yeux sombres, à la chevelure touffue, à la peau lisse et sans défaut. »

     

    Toutes espèrent, toutes rêvent et l’arrivée qui devrait être le début d’une aventure, est avant tout une cruelle désillusion. Les maris ne sont ni de riches hommes d’affaires, ni des commerçants prospères mais des paysans pauvres, des journaliers employés sur les plantations de Californie.

     

    C’est une lente descente aux enfers : la violence de l’homme, la rupture avec une culture  « Nous savions coudre et cuisiner. Servir le thé, disposer des fleurs et rester assises sans bouger »

    La langue inconnue, le rejet de la population locale, les humiliations des maîtres,  tout est souffrance.

    Elles sont les invisibles et anonymes « Nous portions toutes une étiquette blanche avec un numéro d’identification attachée à notre col ou  au revers de notre veste »

    Broyées, utilisées, maltraitées, chaque chapitre du livre nous rend un peu de la vie de ces femmes : nuit de noce, accouchement, éducation des enfants…

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    « Nous repliions nos kimonos pour les ranger dans nos malles, et ne plus les ressortir pendant de longues années» 

     

    Récit déroutant dans ses premières lignes, puis envoûtant. Le ton utilisé et surtout l’utilisation rare en littérature du nous transforme ce récit en une sombre incantation. C’est la cohorte de ces femmes qui parle, qui crie, les voix portent toute la douleur de ces destins massacrés en toute légitimité, en toute impunité.

    C’est déchirant et tendre, brutal et révoltant. Il y a de l’admiration pour ces femmes de la part de l’auteur, de la révolte aussi bien entendu. 

    Il n’y a aucun personnage dans ce roman, des prénoms simplement, car chaque femme les représente toutes.

    Le début de la guerre avec le Japon va à jamais briser la vie de ces femmes envoyant les familles dans des camps d'internement.

     

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    « Les japonais nous ont quitté et nous ignorons où ils sont  » 

    Le plus saisissant des romans de cette rentrée. Il est court et d’une densité qui donne envie de le lire à voix haute pour s’en imprégner mieux.

    Magnifique roman, meilleur encore que le premier texte de l'auteur qui m'avait beaucoup plu  Quand l’empereur était un dieu qui montre l’enferment des familles d’origine japonaise aux Etats-Unis lors de la seconde guerre mondiale il est aujourd’hui en poche chez 10/18 

     

    L'avis de Kathel qui a aussi beaucoup aimé 

     

    Le Livre : Certaines n’avaient jamais vu la mer - Julie Otsuka - Traduit par Carine Chichereau - Editions Phébus 2012

     

    otsuka ULF Andersen :epicureans.jpgL’auteur : Julie Otsuka est née en 1962 en Californie. Diplômée en art, elle abandonne une carrière de peintre pour l'écriture. Elle publie son premier roman en 2002, Quand l'empereur était un dieu (Phébus, 2004 ; 10/18, 2008) largement inspiré de la vie de ses grands-parents. Son deuxième roman, Certaines n'avaient jamais vu la mer (Phébus, 2012) a été considéré aux États-Unis, dès sa sortie, comme un chef-d'oeuvre.  (source l’éditeur)

     
  • Sarinagara - Philippe Forest

    Soleil levant : le sens des mots 

     

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    Je savais ce monde

    Ephémère comme rosée

    Et pourtant pourtant

     

    Un livre superbe que Philippe Forest baptise roman mais qui apparaît comme un objet littéraire qui tient tout autant de l’essai, de la biographie ou du journal.

    Dans un roman précédent L’enfant éternel l’auteur a raconté comment Pauline leur fut enlevée à l’âge de 4 ans après des mois de souffrance.

    Après ce deuil « Le Japon nous est apparu naturellement comme le lieu vers où aller au lendemain de la mort de notre fille  ».

    Ce voyage et ce séjour au Japon va servir de fil rouge à ce livre, fil rouge qui va réunir un poète, un romancier et un photographe japonais.

     

    Trois hommes, trois vies qui sont elles aussi ébranlées par la perte de proches, d’enfant, ou par la position de témoin

    Le premier le poète Kobayashi Issa le maître du haïku qui vit dans un Japon « qui a fermé ses frontières » dont la « vie est une longue errance, les voyages à travers le pays, la poésie, des poèmes par centaines et à côté d’eux, tout juste le labeur banal du malheur, de la misère. »

    Philippe Forest nous présente le poète qui fait face au malheur, à l’écoulement du temps car « la poésie est le sentiment du temps » et qui cependant va être « le poète de la vie, des enchantements d’enfants et des éveils émerveillés dans la nature » 

     

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    Nous sommes au monde

    Et nous marchons sur l’enfer

    Les fleurs le répètent

     

    Toute sa vie de vagabond, de père attendri et meurtri, entre dans ses poèmes car dit Issa «  si la poésie ne parle pas de ce monde alors elle n’est rien. »

     

    Venons maintenant au romancier, Natsume Sôseki le père du roman japonais jamais remis de la mort de son premier enfant, évènement qui va inspirer son travail.

    Cet écrivain, contemporain de Proust et de Kafka, écrit des livres étranges en particulier pour nous européens, romans qui témoignent d’ « une sorte d’effarement devant le mouvement s’accélérant du temps » . 

    Sôseki qui connaît l’exil en Europe, se marie de retour au Japon et « comme le malheur est patient  » il voit disparaitre la plus  jeune de ses filles, mort qu’il raconte dans un roman dont le sens du titre est « à l’équinoxe et au-delà (…) car il n’y a pas de raison pour un romancier que tout s’achève avec la vie. »

     

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    Le site exposition des photos de Y Yosuke

     

    Le troisième homme est photographe, Yamahata Yosuke  fut envoyé à Nagasaki immédiatement après l’explosion atomique et il rapporta des photos des ruines et des victimes.

    Le 6 août est son anniversaire, il a vingt huit ans, il est affecté à une base comme photographe, parviennent des rumeurs de choses terribles qui se seraient produites, il n’est qu’à 160 km de Nagasaki et ses supérieurs l’y expédient pour faire des photos qui témoignent de l’explosion.

    Il atteint « l’extrême limite au delà de laquelle plus rien n’existe » 

    Yamata «  dut éprouver à quel point paraissent irréelles les choses les plus vraies » 

    Il fait des clichés des vivants et des morts, il dit n’avoir éprouvé aucune émotion, aucune pitié « c’est seulement plus tard que sont venus la souffrance et la honte ».

    Ces photos furent longtemps tenues cachées, mais Yamata décida de les conserver, de les sauver.

    A travers ses trois vies bouleversées par la perte, l’écriture ou les photos servirent de planche de salut comme l’écriture servit de tuteur à Philippe Forest.

     

    Le titre de ce livre grave sarinagara signifie : pourtant, cependant, chute d’un des haïkus les plus célèbres d’Issa Kobayashi.

    Ce livre exigera de vous un effort de lecture, il délivre un message non d’oubli mais d’apaisement. Une écriture portée à la fois par une douleur indicible et par la volonté de choisir le chemin de la sérénité.

     

    Chez Tania un billet sur Natsume Sôseki

     

    Le livre : Sarinagara - Philippe Forest - Editions Gallimard ou Folio 2004

  • La Déesse des petites victoires - Yannick Grannec

    Adversité du génie

     

    Quand la difficulté d’être au monde devient force, devient atout.                         

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    Bon commençons au début, Anna Roth est documentaliste, mais pas n’importe où, à Princeton grâce à papa maman qui ont oeuvré pour lui procurer cet emploi persuadés qu’ils sont que leur fille est incapable de se débrouiller seule.

    Anna est chargée d’une mission bien ingrate, tenter de récupérer les écrits, les documents personnels ayant appartenus à Kurt Gödel le grand mathématicien. Jusqu’à ce jour sa veuve, Adèle, s’est refusée à laisser quiconque voir ou lire le Nachlass archives personnelles du savant.

     

    La vieille dame va user et abuser de la patience d’Anna Roth, acariâtre, moqueuse, vulgaire même par moment, elle lasserait la patience d’une sainte, mais bientôt des liens particuliers vont se tisser, la vieille dame va prendre doucement plaisir à leurs échanges.

    Anna offre une présence, une oreille attentive et bienveillante, Adèle de son côté va réveiller Anna en lui donnant le goût de faire face à l’existence et de s’ouvrir aux sentiments.

     

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    Elle va nous transporter dans la Vienne des années trente, celle qui chasse le juif, le savant, l’écrivain, la ville où un homme de culture, un scientifique, un savant tombe amoureux d’Adèle une petite danseuse de revue. 

    Cela pourrait avoir des allures de conte de fées mais c’est sans compter le pied de nez de l’adversité.

    Kurt Gödel, cet homme brillant, génial qui publie à 25 ans  le théorème d’incomplétude, cet homme est aussi paranoïaque, anorexique, en proie à des hallucinations, et sous la coupe de sa famille à qui il n’ose présenter Adèle.

     

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                             Pour en savoir plus c'est ici

     

    Adversité encore lorsque Kurt Gödel tombe malade, lorsque la chasse aux savants le pousse à quitter l’ Autriche et à partir en Amérique. Adèle la fidèle l’accompagne, elle va être son pilier, son soutien, sa femme et son infirmière tout au long des années à Princeton. 

    Elle qui va recevoir ses collègues, ah les dîners avec Einstein, Oppenheimer ou Pauli ! , elle qui va l’aider à obtenir la nationalité américaine,  elle qui renonce pour lui à la maternité. 

     

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       « Je ne vais à mon bureau que pour avoir le privilège de rentrer à pied avec Kurt Gödel » Albert Einstein

     

    Elle a payé le prix fort mais son amour était immense à la taille du génie de Kurt Gödel.

    Adèle est bien la déesse des petites victoires, son combat au quotidien pour porter  son fou de mari est extraordinaire et s’appuie sur une capacité à donner tout à fait exceptionnelle.

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    Premier roman étonnant, passionnant, d’une grande maîtrise narrative, bourré de détails qui rendent le récit d’une crédibilité totale.

    Dieu sait que les mathématiques et moi c’est un peu l’huile et l’eau mais là j’ai avancé tout du long avec bonheur.

     

    L’avis de Pierre Assouline

     

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                               © photo Bruno Charroy /Anne Carrière

     

    Le Livre : La déesse des petites victoires - Yannick Grannec - Editions Anne Carrière

     

     

  • La Survivance - Claudie Hunzinger

    Adversité : Survivre quand tout fou le camp 

    Depuis quelques semaines quand je remplis un formulaire je dois cocher une nouvelle case, de salariée je suis passée à retraitée, c’est certainement ce qui m’a fait vibrer à la lecture de La Survivance.

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    " Nous l'avions peuplée de nos dieux à nous "

    Certes ils ont l’âge de la retraite mais ce n’est pas par choix que Jenny et Sils ferment leur librairie, non c’est plutôt un truc du genre coup du sort, adversité, faillite si vous préférez.

    Le moment où il ne vous reste que les dettes, où vous n’avez même plus de toit car la librairie était aussi logis et les libraires sont rarement des riches imposés à 75% !

    « Qu’est-ce que tu fais de ta vie au moment où la société te lâche pour te balancer à la rue ? » et bien il faut vider les lieux, faire les cartons avec les livres qui échappent aux huissiers, rassembler chienne, l’ânesse Avanie au nom prédestiné et se tourner vers d’autres cieux.

     

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    "Imperturbable Avanie avançait"

    La montagne n’est pas loin et là une maison leur appartient, la Survivance, dans le Brézouard « montagne des merveilles »  C’est le gîte assuré, pour le reste on verra.

    Une maison ? plutôt une ruine à 1000 mètre d’altitude car en la regardant bien on remarque tout de suite « Un trou béant dans sa toiture, l’air d’avoir été fendue d’un coup de hache, en deux.» 
    L'eau de la source pas de facteur ni d'électricité.

    Il va falloir se faire charpentier, menuisier, maçon, Sils « était devenu un bloc d’énergie »  Il allait falloir s’inventer une nouvelle vie.  

    Les années communes ont tissé une complicité forte car c’était maintenant une « vie de pionniers », tenter de vivre en autarcie, cueillette, potager et frugalité. le mot confort est à rayer du vocabulaire, un coq et des poules sont venus tenir compagnie à l’ânesse et à la chienne Betty.

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    Printemps, été, c’est possible mais tiendront ils l’hiver venu ?
    L’hiver est long et dur dans les Vosges, Sils a fait du bûcheronnage et il y a les livres fidèles compagnons « On a du bois, des livres, du riz, beaucoup de riz…». Il faut apprendre à vivre « violemment ». 

    Les cerfs magnifiques observés de loin doivent être chassés quand ils s’en prennent au potager. Quand rien ne va plus, Jenny, comme on se défait d’un bijou de prix, vend un livre rare ce qui permet de prolonger un peu la survie.

     

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                             Brézouard " montagne des merveilles"

     
    Quelle belle lecture, Cathulu à raison c’est un livre à ranger sur le rayon des indispensables. Il transforme l’adversité en une rude mais belle expérience. Hymne à la lecture, à la littérature, à la nature. On ne peut s’empêcher de fredonner la chanson de Brel en les regardant vivre.

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    En voyant le nom de Claudie Hunzinger ma mémoire s’est mise à carburer à cent à l’heure.....mais oui c’est l’auteur de Bambois la vie verte, ce livre qui m’a tant fait rêver dans les années soixante dix. En lisant Claudie Hunzinger j’ai eu l’impression d’un seul coup d’enjamber les années. 

     

    merci à Cathulu sans elle je serai passée à côté de ce livre

     

    Le livre : La Survivance - Claudie Hunzinger - Editions Grasset