La patrie de Lincoln
Il est loin d’être l’écrivain des grands espaces le plus connu mais il mérite une place aux côtés d’Harrison, de Rick Bass ou de O’Brien
Je vous engage à travers ce récit à faire connaissance avec lui, si vous êtes séduit vous pourrez ensuite lire Clôturer le ciel un roman que j’aime beaucoup également.
Ce n’est pas l’histoire d’une personne mais celle d’un lieu : la Prairie, une terre perdue aux confins du Wyoming, du Nebraska et du Colorado.
A travers « une litanie d’épisodes météorologiques » l’auteur nous fait vivre dans cette nature magnifique et plus que rude.
Une galerie de personnages qui ont vécu, travaillé et qui sont morts sur cette terre mais dont ils ne furent jamais réellement propriétaires, la nature rappelant ses droits à chaque saison.
Deux ou trois personnages émergent, Lyle qui est né « dans une maison faite de terre. On dirait une tombe avec un toit dessus ». Sa famille vit là comme dans des « terriers chauds et sombres ».
Lyle qui a tenu bon, il a racheté sa terre à Appleton Worster, pour ce dernier l’expérience a mal tourné, et il a finit par se construire une maison.
« On dit que la prairie est dans les nuages alors qu’en réalité les nuages sont dans la prairie. On dit qu’une vapeur monte de la rivière comme si la rivière exhalait son âme en se mettant à l’envers et c’est bien ce qui se passe. »
Lyle c’est un sacré bonhomme, il a des mains énormes mais peut faire preuve d’une grande douceur et avec le dessus de son énorme index « caresser doucement l’hirondelle sous la gorge ».
« Bientôt quarante ans que j’ai les yeux fixés sur cette foutue prairie » mais pas question de la quitter.
C’est un drôle de personnage ce Lyle, il écume les bibliothèques et après avoir épuisé celle de Laramie il se fait envoyer des livres depuis Denver car « Il aimait Homère, Tolstoï, Dickens, des histoires qui racontent ce que font les gens. Il n'aimait ni Dostoïevski ni Faulkner. »
Venez vous perdre dans cette prairie, voir ce pays où les castors sont de très bons ingénieurs en hydraulique et où Ray doit s’efforcer d’être meilleur qu’eux, faire connaissance avec Frank qui boit trop, avec App inconsolable, Clara qui tient son journal.
Ces hommes tellement durs à la tâche qu’en cas de maladie ou de blessure le médecin doit multiplier par dix l’importance des symptômes pour être près de la réalité.
Vous allez tomber amoureux de cette prairie qui l’hiver est engoncée dans son manteau de neige où les vies sont parfois éclatées par le froid, interrompues par la nature qui se fait démon et où l’homme livre un combat perdu d’avance.
La North Platte river
Et puis quand on lit : Laramie, North Platte river, on est immédiatement transporté au pays des westerns et on rêve de rencontrer Jéremiah Johnson !
Le livre : Prairie - James Galvin - Traduit par Michel Gresset - Editions Albin Michel 2001
Commentaires
"Le monde réel, le voici : les monts Neversummer comme un amas de verre brisé."
On trouve le livre en édition poche maintenant.
Galvin étant avant tout poète on le ressent à la lecture de ce livre ,c'était ce que j'avais noté
Bonne journée
@ Aloïs : non non hélas la version poche est épuisée mais il a été réédité par contre avec un coût totalement prohibitif
la poésie est très présente dans ce livre mais aussi le regard sur les hommes qui ont travaillé cette terre
Après Annie Dillard et Rick Bass, je te suivrai volontiers dans l'univers de James Galvin, d'autant plus si la météo et les paysages font bon ménage avec les livres.
@ Tania : moins "littéraire" que Bass ou Dillard, mais effectivement Galvin est un peu de la même famille
je m'en doutais.. ce pays qui est avant tout le pays de l'urbain tu commences par la nature! ils vont être contents nos cousins du continent nord-américain quand ils vont te lire car eux aussi se voient comme ça , vivant dans une nature superbe aux espaces infinis.
Moi tous mes amis qui me parlent de la nature avec des trémolos dans la voix habitent New-York , San Francisco, Los Angeles Seattle ... mais bon ..
J oubliais j'ai noté ton livre car j ai beaucoup aimé les paysages américains mais moins que New York
Luocine la citadine (ça rime comme dit Jules mon petit fils )
@ luocine : c'est ma façon de rêver de ces contrées là et même si il y a là un peu d'exagération dans les écrits, dans les romans, tant pis j'aime ça
Parle-t-on de Buffalo Bill que j'ai rencontré récemment dans quelques amusants passages de Jean Rouaud (L'imitation du bonheur) ?
@ christw : pas du tout, Buffalo bill est absent de la prairie :-)
Keisha doit le connaître aussi ! Je note, je note, mais je ne me fais aucune illusion, je n'arriverai pas à tout lire.
@ Aifelle : oui mais ça permet d'avoir tellement d'envies de lectures devant soi !
Et encore une découverte ! J'aime beaucoup me perdre et tomber amoureuse par ici :-)
@ Marilyne : un brin de grand air, d'espace, ça ne peut pas faire de mal
Francis Lemarque :
- "Dans ma prairie, il y a des chansons,
Et je suis seul à les écouter,
Seul, dans la nuit, face à l'horizon..."
@ JEA : en vous lisant je me dis que Galvin ne parle pas de chansons, ses héros sont trop occupés à planter des pieux pour les clôtures !
Voilà un épisode affreux de ma vie (de lectrice): ce bouquin était à la bourse aux livres, j'ai hésité, et le lendemain, plus là!!! Malheur, horreur! ^_^
@ Keisha : il a été réédité mais cher trop cher
Un peu de rêverie contemplative dans une prairie du Wyoming, je suis partant !
@ Jerome : la rêverie est pour nous pour les héros du récit c'est plutôt le labeur acharné, la lutte pour la survie ....
J'ai lu pas mal de "gars de l'Ouest" mais jamais James Galvin.Je vais voir ça.
@ Eeguab : un gars de l'ouest que j'aime, tu peux chercher aussi son roman "Clôturer le ciel " c'est la vie des personnages de la prairie mais romancée
J'aurais pu me laisser tenter. J'ai même essayé de le trouver mais pas moyen ou à des prix exorbitants.Tant pis
@ nadejda : oui c'est ce que je viens de voir, pendant longtemps indisponible il n'a pas été réédité en poche mais en version brochée bcp trop onéreuse
Caresser l'hirondelle sous la gorge.... hi.... hier j'ai caressé le chat sous sa tête, et bien il m'a donné un coup de griffe... J'aime te lire, "t'entendre" raconter un livre...On s'attache aux personnages comme Lyle.... mais je n'arrive pas en ce moment à me fixer sur un bouquin.... je ne sais pourquoi...j'ai eu de nombreux ouvrages pour Noël, et ils sont làs, ils attendent...à bientôt
@ loula : c'est un état que je connais de temps en temps et puis et puis l'envie revient ...
Finalement, je pensais que tu allais présenter un autre nature writing...
@ Keisha : raté !! mais rassures toi il y a encore un superbe roman à venir
Te voilà partie dans les grands espaces, après la Russie, voici l´Amérique. Bon voyage, mais reviens-nous...
@ Alba : je rentre bientôt