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A sauts et à gambades - Page 182

  • Le Dernier lapon - Olivier Truc

    Adversité du peuple sam 

     

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                Laponie qui chevauche les frontières © Pascal Belion

     

    Certains l’ont appelé le pays du Père Noël, quelle ironie pour parler d’un pays où le noir dure plusieurs mois, où un partie de la population est encore aujourd’hui à part

    Quel plaisir que l’auteur de ce polar ait réussi à montrer cet aspect de la Laponie tout en nous réjouissant avec un roman extra.

     

    Pfft sautez directement l’automne et vous voilà en plein hiver à Kautokeino dans la toundra, le jour où le soleil va réapparaître et les hommes récupérer leur ombre.

     

    Klemet Nango et sa coéquipière Nina Nansen n’ont pas vraiment le temps d’admirer ce retour du soleil car ils ont à gérer à la fois le vol au centre culturel de la ville d’un tambour de chaman, un objet de valeur mais plus que cela, un symbole de la civilisation sami, et le meurtre d’un vieux lapon éleveur de rennes.

     

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    Klemet et Nina appartiennent à la police des rennes, l’un est expérimenté et d’origine lapone, l’autre une jeune femme tout juste sortie de l’école de police, ils vont devoir faire preuve d’obstination, de doigté, d’autorité pour résoudre ces deux affaires qui se révèlent liées entre elles.

    L’enquête s’oriente vers les éleveurs dont les querelles autour de la propriété des troupeaux sont permanentes. Berit une femme malmenée par le sort et qui est la seule témoin du vol, en sait-elle plus qu’elle ne veut bien le dire ? 

     

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    Sami : le peuple éleveur de rennes 

    Vous voilà plongé en pleine nuit polaire et je vous assure que vous ne lâcherez pas ce polar !

    Tout y est : des héros superbes comme Aslak le lapon qui refuse la modernité, qui vit comme ses ancêtres et protège sa femme atteinte de folie, un chanteur de Joïks, chants traditionnels qui disent la joie ou le malheur du peuple sam et un vieux savant français 

    compagnon de Paul-Emile Victor pas moins !!!

     

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                La transhumance encadrée par ...des motoneiges

     

    Tout est excellent dans ce polar, l’atmosphère, les personnages, les paysages. 

    C’est écrit de façon très efficace, d’une plume bien vigoureuse, il faut ça pour se réchauffer ! On apprend des tas de choses sur la culture sami et les enjeux économiques de cette région qui chevauche les frontières. On est loin du piège à touristes et des rennes du Père Noël. Une réussite.

     

    L'avis sur le blog Le sang noir est tout aussi positif

     

    Le livre : Le dernier lapon - Olivier Truc - Editions Métaillié 

     

     

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    L’auteur :

    Olivier Truc est journaliste depuis 1986, il vit à Stockholm depuis 1994 où il est le correspondant du Monde et du Point, après avoir travaillé à Libération. Spécialiste des pays baltes, il est aussi documentariste pour la radio et la télévision. (l’éditeur)

  • Appalaches - André Pronovost

     Equipée sauvage à l'est 

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    " La nature reprenait la Sixième symphonie de Beethoven. Les papillons fôlatraient d'une primevère à l'autre, animant les vieux prés de leur vol vif et farfelu."

     

    Depuis longtemps j’avais envie de vous parler d’un livre dont j’ai conservé un très vif souvenir. D’un coup d’un seul nous voilà à l’est des US en compagnie d’André Pronovost sur l’Appalachian Trail 

    Cette longue très longue randonnée dans les Appalaches fait partie de ma bibliothèque depuis 1992, le livre était introuvable mais a été réédité en 2011.

     

    Qu’est-ce qui pousse quelqu’un à parcourir sac au dos 3500 kilomètres à travers 13 états américains, de la Géorgie du sud au Maine plutôt nordique ? 

     

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     "De Springer Mountain en Géorgie, à Katahdin dans le Maine"

    Pour André Pronovost c’est  une peine de coeur mais plus que cela un mal de vivre «  J’avais besoin de me retrouver, de passer à autre chose, et que le diable emporte le reste !  » dit-il.

    Le chemin va le changer « Ce sentier digne de l'époque des pionniers, qui renonce aux compromis d'une siècle au bout de son rouleau, et qui remonte sans faire de bruit le subconscient de l'Amérique. ».
    Les 4 mois passés sur l’Appachian Trail vont se transformer en une expérience personnelle irremplaçable.

    Des péripéties il y en a à foison, rien que la météo donne de quoi jaser pendant des pages,  en quatre mois c’est un vrai calendrier météorologique qui défile : pluie, neige, grêle, tempête, chaleur, boue, moustiques ... 

    « Le vent donnait des coups de balai. Les teintes du sentier étaient celles de mes rêves. Ce fut en blasphémant et en glissant dans la gadoue, et en comptant ces putains de milles, que je passai le lac Sunfish, ses grisailles et ses outardes. »

     

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    Ne pas oublier que, qui dit sentier, dit balisage, ce qui implique inévitablement de se perdre, de faire de savants demi-tours, de rater le gîte tant convoité. 

    Une faune très présente aussi, de l’ours dont la rencontre est redoutée aux bestioles qui perturbent les nuits du randonneurs.

    Particularité du sentier des Appalaches, il est difficile d’accès d’où des problèmes de ravitaillement récurrents mais qui valent aussi à André Pronovost quelques unes de ses plus belles rencontres. Car s’il est seul la plupart du temps, des amis viennent faire un bout du parcours avec lui, quelques miles, quelques jours, il rencontre des hommes et des femmes qui viennent dresser un tableau de l’Amérique de ces années là.

     

    La vie de l’auteur fut changée par l’Appalachian Trail, un chemin à la saveur unique mais qui n'empêche pas une belle lucidité « La personnalité des États-Unis va des abysses de la folie aux sommets de la bonté, des moussons du lamentable au soleil du merveilleux, du dédoublement narcissique à l'amour oblatif.» Voilà c’est dit, amoureux mais pas naïf. 

    C’est un journal de route riche, coloré, au vocabulaire est plein d’expressions québecoises est très réjouissantes.

     

    Un autre livre raconte cette même randonnée avec aux manettes Bill Bryson, vous pouvez lire tout le bien qu' en pense Cathe ou Keisha il m'a plu mais sans doute un peu par nostalgie je continue de préférer André Pronovost. 

    Le chemin en VO 

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    Le livre : Appalaches - André Pronovost - Editions Boréal 1992 ou XYZ Editions 2011

    L’auteur Né à Saint-Vincent-de-Paul, au nord de Montréal, André Pronovost possède une maîtrise en psychologie animale. II a publié un recueil de poèmes et cinq romans.

    En 1978, il a parcouru d'un bout à l'autre, seul, le sentier des Appalaches

     

  • Célébrations de la nature - John Muir

    L'équipée sauvage de John Muir

     

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    Son biographe dit de lui « il allie la sûreté scientifique du jugement à une expression poétique qui donne à ses écrits un charme singulier. »

     

    John Muir car c’est de lui qu’il s’agit, est un des pères de l’écologie et de la protection de l’environnement, mais avant tout un amoureux de la nature, un observateur hors pair et un homme de plume qui sait communiquer son admiration, son émotion devant la nature avec un grand N.

    John Muir n’a publié que très peu de livres de son vivant, la plupart des éditions datent d’après sa mort.

    Si il a écrit très peu de livres, il a publié beaucoup d’articles qui représentent l’essentiel de son oeuvre.

     

    Ce recueil est une sorte d’inventaire savoureux et magnifique, ses randonnées en montagne, les paysages, la faune et la flore, tout est objet d’admiration. Il faut dire qu’il a échappé à la mort lors d’un accident et son regard change de ce jour là son admiration devient de la dévotion car dit-il « Avec l’âge, les sources de plaisir se ferment l’une après l’autre, mais celles de la Nature ne se tarissent jamais. » 

     

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    C’est l’ouest américain qui est son terrain de jeux et en particulier les Rocheuses. La plupart du temps ses randonnées sont solitaires, parfois dangereuses car la nature n’épargne personne et un orage peut se transformer en catastrophe 

    C’est un homme qui marche léger, peu pou pas de vivres, les nuits à la belle étoile enroulé dans une couverture, pas de tente, pas ou peu de cartes.

    On le suit dans ses promenades de géologue, dans la découverte du Yellowstone où « Mille merveilles proclament  : regarde en haut, en bas et tout autour de toi », on le suit lors de ses vagabondages dans ce « cher vieux pays des merveilles ».

    Lisez son article sur l’écureuil de Douglas et sa « force de caractère » le mouton sauvage ou le cincle « petit bonhomme singulièrement allègre » qui donne des leçons de courage car il « vocalise en toute saison, même dans la tempête  »

     

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                   « Sauvez ce qui reste encore des forêts » John Muir 1897 NPS photo

     

    Bref de séisme en orage, d’avalanches en tempêtes de neige, du Yosemite au Grand Canyon du Colorado,  John Muir célèbre les beautés de la nature sans mots inutiles, simplement, sobrement mais avec une belle intensité car pour lui c’est oeuvre divine.

    Lisez les 17 textes, odes à la nature ou textes engagés de ce militant de la préservation des forêts, des rivières qui  fut à l’origine de la création des premiers parcs naturels et en particulier le Yosemite et le Sequoia park

     

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    Yosemite National park   © Mary Lundin photographe

    « Quelqu’un a dit un jour que  le Grand Canyon pourrait glisser douze Yosemite dans sa poche de gilet » 

     

    Ses randonnées étaient quête spirituelle et pour nous elles sont une leçon de nature car il avait fait de ses régions « son domicile, son quartier général. Il passait l’été et l’automne à explorer les montagnes ; l’hiver à reprendre ses notes, à étudier tempêtes et avalanches ainsi que les mœurs des oiseaux et d’autres animaux. Durant ses plus longues randonnées, quand les dernières miettes de pain étaient épuisées, il redescendait jusqu’au point le plus rapproché de la zone de possible ravitaillement et remplissait son sac, avant de se volatiliser à nouveau dans la nature  » (John Swett biographe de J Muir)

     

    John Muir chez " en lisant en voyageant "  ou chez Mango

     

    Le livre : célébrations de la nature - John Muir - Traduit par André Fayot - Editions José Corti

  • Journal des canyons - Arnaud Devillard

    L'équipée sauvage au fond des canyons

     

    Si il y a un lieu qui m’a fait rêver depuis l’enfance c’est bien l’Arizona, Monument valley ou le grand Canyon, j’ai toujours aimé les westerns, les films sur l’ouest américain et leurs paysages. Outre les récits d’Edward Abbey, j’ai lu il y a quelques années le journal de John Wesley Powell qui fut le premier à descendre le Colorado pour le goût de l’aventure mais aussi pour le cartographier.

    Des risques incensés pris par un groupe d’hommes à bord de bateaux en bois, partis avec 3 mois de vivres !! 

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    Les pionniers 

    Ce livre m'avait étonné d’autant que Powell s’y révélait très respectueux de la nature et, plus rare à l’époque, des tribus indiennes rencontrées  qui l’aidèrent à terminer son parcours.

    Ce livre publié en 1995 chez Actes Sud n’est plus disponible mais si vous êtes anglophones vous pouvez le télécharger sur vos ebooks   ou encore en MP3

     

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    « Avec la chevauchée fantastique, John Ford remet à la mode le western et fait de Monument Valley un mythe de cinéma »

     

    Tout ce préambule pour vous expliquer que j’ai sauté sur le livre d’Arnaud Devillard qui est parti avec sa compagne sur les traces d’Edward Abbey « Quarante ans après Désert solitaire » et a pendant tout son périple tenu un journal où très simplement il nous raconte ses journées.

     

    Il y met de belles doses d’humour et de rage qui font très bon ménage.

    Je saute allègrement son étape New-Yorkaise et je le rattrape dans sa voiture de loc sur les routes de l’Arizona vers l’Ouest mythique, brûlant sous le soleil mais à l’abri dans un énorme 4x4 climatisé « le genre d’engin que nous n’avons pas arrêté de critiquer »avoue-t-il, mais fournaise oblige.

     

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                                          Tout est balisé 

     

    Et commence ce qui va devenir un rituel :  l’entrée dans un parc national où un ranger vous remet « la liste des sentiers de randonnée avec description et niveau de difficulté  »  trouver un place pour la voiture, acheter un pique-nique à la supérette et ... suivre le flot des touristes. 

    Car comme l’avait prévu Edward Abbey « les parcs nationaux sont devenus des parc d’attractions, des centres commerciaux » et les visiteurs se sont multipliés

    « En 1956, le parc des canyons accueillait 30.000 visiteurs par an. Déjà la foule pour Edward Abbey. Aujourd’hui, Arch Canyon attire entre… 900.000 et 1 millions de touristes !"     

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    « C’est John Wesley Powell qui donne son nom au lac formé par le barrage du Glen Canyon »

     

    Mais voilà nos deux touristes ne perdent ni le moral ni le sens de l’humour et le programme est énorme : Le lac Powell, le désert Moab, Bryce Canyon, Monument Valley et bien sûr le Grand Canyon 

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    « Le Grand Canyon, balafre géante sur la face du monde »

     

    Ils sont en permanence partagés entre, l’admiration totale devant les paysages grandioses ou « Tout est trop grand » un « Désert de poussière gris-rose » un « Océan de grès rouge » et la colère devant les complexes hôteliers, les autoroutes du tourisme et leurs embouteillages, les hordes de touristes en tongs et canettes de coca là où il faut chaussures, sac à dos et litres d’eau !! 

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    Bryce Canyon « Tout autour, à perte de vue, le désert rouge, des dômes, des bosses et des arêtes sur un plateau tordu comme un tôle sortie d’un brasier »

     

    Pourtant jamais ils n’oublient qu’ils font eux aussi partie de cette horde,

    « foule acceptée, accueillie avec nécessité par les autorités pour remplir les caisses et rentabiliser les investissements. Tout cela au détriment de la nature, réduite à l’état de pur produit marketing, déclinée en produits de merchandising dans les boutiques de souvenirs. »

     

    Partez avec Arnaud Devillard à la poursuite d’Edward Abbey, de John Muir et des westerns de votre enfance, c’est un livre sympathique et réjouissant.

     

    Je dédie ce billet à Eeguab l'amoureux fou des US de sa littérature et de ses films

     

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    Le livre : Journal des canyons - Arnaud Devillard - Editions Le Mot et le Reste  2012

  • Entre fleuve et forêt - Patrick Leigh Fermor

     L'Europe de Paddy

     

     

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    Il est temps de reprendre la route et de remettre nos pas dans ceux de Patrick Leigh Fermor, nous sommes devenus un peu ami avec lui et je vous propose pour le reste du voyage de lui donner du Paddy, son diminutif pour les amis.

     

    Ce deuxième volume va nous conduire de la frontière Hongroise à la Yougoslavie. 

    Vous savez maintenant que les recommandations ne manquent pas à ce jeune homme, il en a une pour le maire d’Esztergom « Veuillez être gentil avec ce jeune homme qui se rend à pied à Constantinople »

    Voilà la recommandation reçue par le maire en ce jour de Pâques 1934, ce qui lui permet de finir la journée dignement

    «  un souper chez le maire avec du Barack pour commencer, des flots de vin tout au long, du Tokay enfin, et une brume finit par entourer ces silhouettes superbement vêtues. »

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    Le coup d’envoi est donné de cette deuxième partie du voyage, il a été un vagabond sans le sous, un peu mendiant même à Vienne, mais à partir d’aujourd’hui c’est la vie de château qui l’attend.

     

    Toutes les familles de la vieille Europe rencontrées au fil des routes se sont données le mot pour lui ouvrir les portes des demeures suivantes.

    Tenez à Budapest, sa halte se fait chez des amis balto-russes de ses hôtes de Munich, Tibor l’accueille et « la manière dont les hongrois entendaient l’hospitalité tenait du miracle à répétition ».

    Il va donc en profiter, découvrir Budapest et la langue hongroise, suivre les traces des Turcs ou de Sissi.

     

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                              Budapest

     

    Ses hôtes lui font un cadeau inestimable pour quelques jours de voyage : Malek un bel alezan, des étapes prévues pour assurer le gîte et le couvert au cheval et à son jockey !!

    C’est ainsi qu’il appréhende la steppe hongroise, l’Alföld et ses bohémiens avec qui il chante auprès d’un feu de camp, ou partage un dîner de hérisson.

    Il traverse des villages où« les oies surgissaient de leurs mares pour se précipiter sur le chemin en sifflant »

    il est de nouveau le vagabond qui se contente de peu « je m’assis sous un arbre, mangeai du pain et du fromage saupoudré de paprika, puis une pomme, en écoutant le coucou, la chanson du merle et le bis de les grive, pendant que Malek broutait l’herbe à un mètre de moi. »

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    Une fois Malek rendu à son propriétaire, la tournée des schloss reprend sauf que maintenant il s’agit de Kastély. Partout il est accueilli avec joie, invité à des bals, à des pique-niques, fume le chibouque et arrive ainsi doucement en Transylvanie où va se situer une des plus charmantes de ses aventures, elle porte un joli prénom Balasha Cantacuzene que pudiquement Paddy nommera Angela dans son livre. Il faut dire que la jeune femme est tout ce qu’il y a de plus mariée !!

     

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                      Il faut dire qu'ils étaient beaux !

     

    Découvrir l’Europe et l’amour à la fois avouez que cela mérite quelques pages d’un journal. 

    Bien entendu le rythme de son voyage s’en ressent « Tout sentiment de durée s’était évanoui, et c’est seulement aujourd’hui, un demi-siècle trop tard que j’éprouve des remords soudains et rétrospectifs »

     

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                       Un château des Carpates

     

    Mais tout à une fin même les plus jolies idylles et notre Roméo reprend la route direction les Carpates. Il se fera bûcheron pendant quelques jours, descent le Danube et ses Portes de fer « C’était de tout le cours du fleuve, la longueur la plus sauvage. » Les villes ont changées d’allure « Des maisons pourvues de balcons se regroupaient autour de la mosquée » et il passe une nouvelle frontière à Orsova. 

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                      Les portes de fer : la fin du voyage

     

    Hélas trois fois hélas, là s’interrompt le voyage de Paddy. En 1935 il parviendra à Andrinople mais nous ne verrons jamais Constantinople sauf si un esprit joueur souffle sur les lignes écrites et jamais publiées de la suite du voyage. 

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                             La carte du voyage 

     

    J’espère que je vous ai donné l’envie de lire ses livres, son écriture enrichit par son expérience, est superbe, ses souvenirs sont magnifiés par l’âge de l’auteur, toutes les scènes de la vie quotidienne, toutes les anecdotes prennent un sens profond. C’est une civilisation au bord du gouffre qu’il nous décrit. 

     

    Cicerone curieux de tout, l’auteur nous fait le tableau d’une Europe qui va se déliter, par là il touche à l’universel.

    L’érudition, la folle culture de l’auteur, amplifiées par les années, rendent ces livres indispensables à toute bibliothèque.

    Cet homme que ces professeurs avaient qualifié de « mélange dangereux de sophistication et d'insouciance» se révèle un écrivain inoubliable.

    Ce sont des livres que j’ai lu et relu , je ne les prête pas je préfère les offrir, ces deux livres sont selon Nicolas Bouvier : « à ranger au rayon des chefs-d’œuvre de l’humanisme nomade

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    Quelques mots de biographie 

    Après ce voyage Paddy participera à la Seconde Guerre, après avoir été un jeune homme aventureux et intrépide, il sera un soldat courageux.

    Il s’illustrera en Crète en faisant prisonnier un général allemand en avril 1944. 

    PLF.jpgUne anecdote s’attache à lui à ce moment là : après la capture le général lors d’une pause et admirant le paysage, se met à réciter une ode d’Horace, lorsque la mémoire lui fait défaut Patrick Leigh Fermor, très bon latiniste, murmure les vers suivants. Une belle façon de nous rappeler notre culture commune, un désir d’Europe que la férocité et la barbarie du nazisme ont anéantie pour longtemps mais dont nous pouvons aujourd'hui être les héritiers.

     

    Le Livre : Entre fleuve et forêt - Patrick Leigh Fermor - Traduit par Guillaume Villeneuve - Editions Payot 1992  

  • Le Temps des offrandes - Patrick Leigh Fermor

    L' Europe de Londres à Esztergom

     

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    Mon troisième billet européen sera double car Patrick Leigh Fermor a écrit deux volumes qui se font suite et je ne pouvais pas vous parler de l’un sans l’autre

    Un jour de décembre 1933, un jeune homme de dix-huit ans décide de partir à pied « Comme Childe Harold ! » pour traverser l’Europe, de la Corne de Hollande jusqu’au Bosphore. 

    Patrick Leigh Fermor, écrivain-voyageur d'origine britannique a retracé ce voyage en deux livres magnifiques Le temps des offrandes  et Entre fleuve et forêts 

     

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    Toujours à la recherche de récits de voyage quand ces livres sont parus en 1991 je les ai achetés sans savoir qu’il serait mes préférés dans une bibliothèque pourtant riche de livres de ce genre. 

    Un peu plus tard je découvrais chez Bernard Pivot le visage de l’auteur, ce n’était plus évidemment le jeune homme fringant du livre mais je dois dire qu’il portait encore beau. 

    Récit de voyage et journal d’un jeune homme qui jusque là s’est contenté de vivre en dilettante, c’est donc en même temps un récit initiatique, celui de l’entrée dans un monde d’adultes, une pérégrination dans une Europe aujourd’hui disparue.

     

    Après une scolarité très chaotique, échappant de peu (trop mauvais en math) à Sandhurst, le jeune homme s’interroge sur son avenir quand l’hiver par trop mélancolique fut venu. 

    Examinant les cartes il décide d’abandonner l’Angleterre et de

    « traverser l’Europe comme un clochard ». 

     

    Le temps de rassembler un sac à dos, un bâton de marche, de glisser dans le sac carnet, crayons, une anthologie de vers et un petit Horace de poche, il débarque un matin de décembre à Rotterdam où « la neige s’empilait sur les épaules de la statue d’Erasme ».

    Dans une taverne il annonce sa destination : Constantinople ! le patron  « me fit signe d’attendre, produisit deux petits verres, les remplit d’un liquide transparent issu d’une longue bouteille en grès. Nous trinquâmes ; il vida le sien d’un coup et je l’imitai. Les oreilles pleine de ses souhaits de bon voyage et l’estomac brûlé par le bols, la main broyée par sa poignée d’adieu, je me mis en chemin. »

     

    Dès les premiers jours il trouve chaque soir un gîte sans problème, parfois dans une grange, un édredon chez l’habitant ou dans une cellule de prison offerte aux voyageurs pauvres. 

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    « Dès que pointait une ferme ou un village, j’entrais dans le monde de Pierre Brueghel.»
    Les chemins glacés, des landes couvertes de neige « la couleur, la lumière, le ciel, l’amplitude de l’espace, l’étendue et les détails des villages et des villes s’entremêlaient pour tisser un charme merveilleusement consolant et réparateur. »

     

    La Hollande vite traversée il entre en Allemagne « La barrière était peinte en noir, blanc et rouge, et je discernai bientôt le drapeau écarlate avec son disque blanc et sa croix gammée. »

     

    La journée il marche en déclamant tout ce qu’il sait de poésie anglaise, de tirades de shakespeare, Pour passer le temps en marchant, il récite à haute voix « la plupart des Odes de Keats » ainsi que  Tennyson, Browning et Coleridge. De la poésie française et quand la journée est longue il a recours au latin, Virgile et son Enéïde, la Pharsale et bien sûr Horace toujours présent.

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    Le soir il respecte un rituel « je m’installais devant une lourde table d’auberge, avec ma neige fondante, des fourmillements dans tout le corps et, à portée de la main, du pain, du vin, du fromage et mes papiers, mes livres et mon journal. »

    Il est heureux !!

     

    Les haltes sont parfois un rien coquines, quelques jours passés chez deux jeunes filles où il écluse la cave du propriétaire des lieux sans vergogne tel un « bois-sans-soif  »

     

    Il est à Ulm un jour de marché, une ville magnifique où il se serait attardé s’il avait pu deviner que « les trois quarts de la vieille ville périraient dans les flammes et les bombes quelques années plus tard »

     

    A Munich une halte un peu trop prolongée à la Höfbrauhaus lui valut une superbe Katzenjammer, son vocabulaire allemand s’est brutalement élargi jusqu’à la gueule de bois.

    Ayant déposer tous ses bien dans une auberge de jeunesse avant cela, le lendemain est dur, tout à disparu, le sac, son argent, son journal.

    Le gouvernement bienveillant de sa Majesté lui permit de poursuive sa route en lui allouant un prêt. 

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                Munich et la Höfbrauhaus 

     

    Ici intervient la première halte d'un genre nouveau et qui va devenir un rituel.

    Des amis de sa famille ont écrit un peu partout en Europe pour que l’on accueille ce vagabond dissipé. Ces étapes de schloss en palais sont les bienvenues après le confort précaire des granges, une hospitalité pleine de noblesse, un bain chaud, parfois un bon whisky et toujours l’accès à de somptueuses bibliothèques.

    Un petit Horace in-12 est venu remplacé celui disparu et « il ennoblit aussitôt le clochard que j’étais en fait »

     

    En janvier 1934 il est à Salzbourg, il lorgne sans espoir vers les sommets enneigés rêvant de ski, un nouveau Schloss, une nouvelle recommandation et le soir il paie son écot en racontant son voyage.

    Faisons des sauts, Linz, l’abbaye de Melk

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    Vienne enfin,  Vienne, « La splendeur d’une capitale et l’intimité familière d’un village.» 

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    Là, grâce à un compagnon de rencontre, il va gagner quelques sous en crayonnant des portraits mais n’oubliera de voir ni le ring, ni la crypte des capucins, ni les musées. Trois jours se transforment en trois semaines, il est temps de reprendre la route.

     

    Il va devoir ajouter deux langues à son répertoire dans les villes et villages traversés

    « le petit brouhaha de magyar et de slovaque étaient noyé par les voix parlant allemand prononcé à l’autrichienne ou avec l’accent invariable du hongrois. Le plus souvent on conversait en Yiddish, dont l’inflexion allemande me faisait toujours croire que j’allais saisir un semblant de sens. »

    A Vienne il a fait connaissance de Hans qui est tchèque et qui va lui proposer un détour jusqu’à Prague.

    Trois jours bénis où il tombe amoureux de la ville, Prague dont Patrick Leigh Fermor dit « Aujourd’hui quand je regarde les photos de cette belle ville perdue, le charme opère encore »
    A l’heure ou PL Fermor écrit Prague est encore une ville derrière le rideau de fer !

     

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    La fin de cette première grande étape arrive, l’hiver s’en est allé, notre vagabond va faire une dernière halte dans un château, chez le Baron Pips qui l’accueille un livre de Proust en main « J’ai commencé le premier volume en octobre et j’ai poursuivi ma lecture tout l’hiver.(...) Je me sens si proche de tous ces personnages, je suis au désespoir à l’idée de les quitter » 

     

    Les boiseries de la bibliothèque sont invisibles sous les livres, le baron à un air de Charles Haas et fait un peu l’éducation du jeune homme «  Ces jours passés à Kövecses furent une période de complet bonheur et une étape importante dans mon évolution personnelle. »

     

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                           Esztergom sur le Danube

     

    Quelques villages hongrois, des douaniers qui le prennent pour un contrebandier et notre Child Harold va passer sa première nuit à la belle étoile, le printemps est là, les cigognes sont revenues, et le dimanche de Pâques au milieu de la foule endimanchée il va atteindre Esztergom

    « sur le quai, les quelques personnes encore sur l’embarcadère se hâtaient toutes dans la même direction, je leur emboîtai le pas à mon tour. Je ne voulais pas être en retard. »

     

    Dans le prochain billet la fin du périple et une petit biographie de l’auteur

     
    Le livre : Le Temps des offrandes - Patrick Leigh Fermor - Editions Payot 1991