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Littérature espagnole

  • Sur la lune

    Où étiez-vous le 20 juillet 1969 ?

    Moi je me souviens. J’étais infirmière et de garde en chirurgie à l’hôpital de l’Antiquaille à Lyon.

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    Je me souviens de façon précise avoir fait une pause pour écouter l’annonce à la radio, un homme avait marché sur la lune.

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    « Une nuit, celle du 20 juillet 1969, sur la terrasse de la maison, en observant à la jumelle une pleine lune si proche de la Terre qu’on en voyait tous les reliefs, nous écoutions sur le transistor le récit des premiers pas de l’homme sur la lune.

    On pouvait cette nuit-là, en y glissant un brin d’imagination, presque distinguer le vaisseau spatial et l’homme en blanc.

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    (…) Comme ce souvenir est vif ! Et combien sont présents en moi ceux en compagnie desquels je me trouvais cette nuit-là. »

     

    Et par ricochet je vous propose la version espagnole de l’évènement :

     

    « Je suis couché sur le lit (…) avec entre les mains un livre ouvert Voyage au centre de la terre, lu de si nombreuses fois que j’en sais par cœur des passages entiers. (…)

    Apollo XI a décollé il y a exactement deux heures et dans 45 minutes rompra avec son orbite circulaire autour de la terre. (…)

    A la cent deuxième heure, exactement, le module lunaire se posera dans cette plaine que l’on appelle mer de la tranquillité »

     

    Les livres :

    Chemins de Traverse – Edith de La Héronnière – Éditions Klincksieck
    Le vent de la lune - Antonio Muñoz Molina – Traduit par Philippe Bataillon - Éditions du Seuil

  • Les Noirs de l'été

    Les Noirs de l’été

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    Entre deux pavés de l’été j’ai lu quelques polars que j’ai beaucoup aimé.
    J’ai une amie qui en lit et en écoute beaucoup, nous pouvons ainsi échanger avec efficacité.

    J’ai lu la trilogie d’un italien que vous allez voir un peu partout, sa série est très réussie.
    Je n’ai pas marché j’ai couru, c’est par moment un peu trash mais sous le soleil de Sardaigne on pardonne tout.

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    Et puis les héroïnes sont deux nanas pas vraiment classiques mais très attachantes.
    Aller hop laissez-vous faire.

    Les Livres :
    L’île des âmes – L’illusion du mal – Le chant des innocents - Piergiorgio Pulixi  - Traduits par Anatole Pons Reumaux – Éditions  Gallmeister -

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    Un polar pas neuf du tout, paru il y a déjà au moins deux ou trois ans
    Martin Ibon nous donne rendez-vous dans une région d’Espagne que j’aime bien depuis les livres de Dolorès Redondo, la Cantabrie où il pleut il pleut comme c'est à peine croyable.

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    Il faut croire que le réchauffement climatique n’est pas allé jusque-là !!!
    Un polar mené avec efficacité, où le mal n’est pas forcément où on l’attend.

    Le Livre : La Valse des Tulipes – Martin Ibon – Éditions Actes Sud

     

     

    Le polar à la finlandaise, ah ces nordiques ils sont vraiment bons question polars.
    Deux livres de bonne facture avec des sujets très actuels, et puis partir dans le froid de la Finlande par temps de canicule ça m’a fait un bien fou

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    Les Livres : Le Serment et La Revanche – Arttu Tuominen – Éditions de la Martinière

     

    Enfin mes préférés je crois à cause des personnages, du lieu, et parce que c’est écrit par une femme talentueuse.

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    Le Pays Basque


    Ce sera une trilogie mais pour le moment deux seulement sont publiés en français.
    J’ai lu le premier et écouté le second.

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    J’aime l’équipe de policiers malmenée par les méchants, j’aime Kraken le policier et la région où cela se passe, bref là aussi j’ai couru comme une folle, je me suis laissée embarquer et j’ai tremblé.
    L’auteur a aussi publié un polar historique Aquitania qui me tente bien et qui sortira en poche Pocket le 5 octobre.

    Les Livres :
    Le Silence de la ville blanche - Eva Garcia Saenz de Urturi -Éditions Pocket
    Les Rites de l’eau – Eva Garcia Saenz de Urturi – Éditions Fleuve noir

  • Le Monarque des ombres - Javier Cercas

    Un fervent phalangiste, un franquiste fervent.

    Une famille franquiste c’est lourd à porter, Javier Cercas appartient à une famille de ce genre, depuis toujours il a envie et besoin d’écrire sur sa famille, sur son grand-oncle :

    « Il s’appelait Manuel Mena et il est mort à l’âge de dix-neuf ans au cours de la bataille de l’Èbre. Sa mort advint le 21 septembre 1938, à la fin de la guerre civile, dans un village du nom de Bot. C’était un franquiste fervent, ou du moins un fervent phalangiste, ou du moins l’avait-il été au début de la guerre (...) il fut le héros officiel de ma famille. »

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    Comment écrire sur sa famille ? L’auteur fait le choix de l’enquête, enquête autour du héros de la famille, Manuel, l’oncle adoré de sa mère, enquête dans la petite ville d’Ibahernando berceau des Cercas. 

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    Javier Cercas pour comprendre va interroger les anciens, ceux qui ont fait le choix du franquisme, ceux qui à contrario ont combattu dans les rangs républicains. Il reconstitue le parcours de Manuel Mena.

    Il interroge les archives, livre des faits bruts : des dates, des faits. Il questionne les photos familiales, pour dresser un portrait sans fard qui peut à tout moment faire tomber le héros de son piédestal.

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    Bataille de l'Ebre durant laquelle mourut Manuel Mena

    Le livre est aussi l’interrogation de Cercas sur le bien fondé d’un tel livre, comprendre les choix terribles qui se sont offerts à cette génération, les erreurs commises, le nationalisme exacerbé, l’impression de redonner la fierté aux pauvres, l’envie de livrer un juste combat et pour finir avoir servi un régime à l’opposé, un régime de terreur et d’exactions. 

     

    Il y a des pages magnifiques dans ce livre, le symbole de la maison où fut soigné Manuel Mena est fort et beau. Le tableau de ce village en 1938 est passionnant, ces habitants pauvres mais qui croient qu’ils ont quelques privilèges durement gagnés et vont faire le choix du franquisme pour les protéger. 

    Manuel est le représentant de ces hommes incapables de comprendre que le nouveau régime va les renvoyer à leur misère et que seule la République aurait pu les défendre.
    On sent à travers le récit et l’histoire familiale, la faille que représente le franquisme encore aujourd’hui.

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    Javier Cercas

    Ce livre est le récit des erreurs commises par une génération, de l’ambiguïté des choix. Que faire de ce passé si pesant ?

    En lisant Javier Cercas j’ai repensé au film magnifique : Lacombe Lucien, comment on choisit la mauvaise cause, au livre de Marie Chaix Les Lauriers de Constance et la culpabilité d’appartenir à une famille de collaborateur. 

     

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    Sur le sujet de la guerre d’Espagne vous trouverez ici plusieurs chroniques

    Lune de loup de Julio LLamazares

    Le Gué de Ramon Sender

    Instants de guerre de Laurie Lee 

    Sans oublier bien sûr Les Soldats de Salamine de Javier Cercas ou le Crayon du charpentier de Manuel Rivas

     

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    Le livre : Le Monarque des ombres - Javier Cercas - traduit par Aleksandar Grujicie - Editions Actes Sud

  • La Pluie jaune - Julio Llamazares

    La fin d'un monde

     

    Peut-être est-il à l’agonie l’homme qui prend la parole. Il est le dernier à vivre dans ce hameau d’Aragon, près de Huesca. Ainielle est un  village où déjà en 1950 il ne restait plus que trois habitants.

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     "Les maisons commencèrent à montrer leurs mutilations, leurs moignons et leurs os."

     

    Le narrateur vit là seul depuis près de dix ans, son épouse est est morte depuis longtemps et il est « habitués depuis toujours à la tristesse et à la solitude de ces montagnes ».

    Sa famille a disparu graduellement, Camilo mort on ne sait trop comment, Sara emportée par la maladie à l’âge de 4 ans, il reste bien un fils, Andrès, mais où est-il ?

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    "La vieille école gisait au sol, complètement effondrée, les murs écroulés et les meubles ensevelis sous un tas de décombres et de lichen."

    Le village s’est vidé doucement, la végétation a tout envahi, la nature a repris ses droits sur la terre et les maisons, l’humidité à rongé murs et fenêtres, le vent à décoiffé les toits, la mousse s’infiltre partout. Jusqu’aux animaux qui sont venus s’installer sans demander la permission.

    Le vieux il ne lui reste qu’à tenir, à résister au froid, à la neige, à la solitude. Tenir jusqu’au printemps suivant, alors il tente de redonner vie au village : il restaure, il nettoie, répare les clôtures, ajoute des lauzes sur les toits. 

    Mais jusqu’à quand ? La folie guette.

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    "Vue du côteau, Ainielle est suspendue au-dessus du ravin, telle une avalanche de lauzes et d’ardoises torturées."

    C’est un texte magnifique, l’attachement de l’homme à sa terre transpire par tous les mots. La lutte permanente, l’acharnement contre le temps est à la fois grandiose et ridiculement inutile.

    J’ai lu ce roman d’une traite malgré un sujet dur, on pense à Regain bien sûr mais la note est plus âpre, plus féroce ici. C’est très réussi.

    J’avais beaucoup aimé un roman précédent et très différent : Lune de loups.

    Celui-là je vais le ranger avec  La petite lumière et Maison des autres, il est de la même famille.

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    Le livre : La pluie jaune - Julio Llamazares - Traduit par Michèle Planel - Editions Verdier 1988 et version verdier Poche 

     

  • L'Idée ridicule de ne plus jamais te voir - Rosa Montero

    Un petit clin d’oeil à Geneviève qui m’en a parlé avec une telle fougue et une telle sensibilité qu’il était impossible de ne pas lire ce livre.

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    J’ai aimé La folle du logis et Rosa Montero nous emportant dans son antre d’écrivain.

    Ici il s'agit de la mort de son compagnon sa douleur est là tapie et elle ne sait plus très bien comment attraper les choses, elle se bat avec un roman qui n’avance pas. 

    Bienheureuse éditrice qui lui demande une préface à un tout petit livre « déchirant comme un hurlement de douleur et de désespoir » c’est le journal tenu par Marie Curie à la mort de Pierre Curie survenue accidentellement. Journal très intime qui va trouver chez Rosa Montero un écho immédiat, comme l’écrit d’une soeur en désespoir.

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    Pierre et Marie Curie

    Le livre oscille donc entre écrits personnels de l’auteur et accompagnement des mots de Marie Curie  « Mais ce livre n’est pas un livre sur la mort ».

    D’empathie immédiate à admiration, Rosa Montero va petit à petit remonter dans la vie de Marie Curie, la surprendre jeune et étudiante tombant quasiment d’inanition faute d’argent, institutrice en Pologne alors qu’elle ne rêve que de Paris et d’études.

    Elle s’insinue doucement dans cette vie, tentant de découvrir derrière les photos où une Marie Curie rigide et sérieuse apparaît, la femme aimante, la chercheuse volontaire et indomptable, se pliant à un travail harassant dans des conditions qui aujourd’hui seraient refusées par n’importe quel ouvrier et pourtant dont elle dit « Dans ce hangar misérable, nous passâmes les années les plus heureuses de notre vie, complètement consacrées au travail »

     

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    Rosa Montero revient sur ce parcours hors normes sans pathos mais sans angélisme non plus, s’étonnant du peu de précautions prises par le couple avec le Polonium et le Radium ce qui devait à l’un comme à l’autre coûter la vie. Elle nous permet de découvrir la femme derrière le savant, l’amoureuse sensuelle derrière le Nobel.

    J’ai vraiment énormément aimé ce livre, j’ai aimé les relations qui se sont nouées par delà le temps entre ces deux femmes, j’ai aimé ce récit plein d’admiration et de tendresse. J’ai eu envie de réconforter l’une et de lire une biographie complète de l’autre. 

     

    Un grand merci à Nadejda qui m’a envoyé la version espagnole dans laquelle on peut profiter d’un grand nombre de photos. Dommage que Métailié ait fait l’impasse dessus.

     

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    Le livre : L’idée ridicule de ne plus jamais te revoir -Rosa Montero -traduit par Myriam Chirousse – Editions Métailié 

  • Intempérie - Jesús Carrasco

    Il fait partie des romans de cette rentrée de janvier et répond à mon envie de me tourner un peu plus vers la littérature espagnole.

     

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    Oubliez l’hiver et sa froideur, le roman nous installe sur un plateau pelé sec et poussiéreux.

    La sécheresse prolongée a vidé les villages, sous le couvert des buissons un enfant se terre, il a fuit droit devant pour échapper aux adultes qui le poursuivent et que l’on devine immédiatement violents.

    S’il est repris la punition sera terrible « Lui revint à l’esprit l’image du père empressé et servile en compagnie de l’Alguazil »

    Dans sa fuite désespérée l’enfant croise la route du vieux chevrier.  Celui-là connait les  astuces pour survivre, les points d’eau et partage ses provisions. « Comme oreiller, le vieux avait installé sa bardelle rembourrée de paille de seigle. Le garçon y posa la tête avec précaution, et s'installa du mieux possible sur la laine râpeuse

     

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    Les liens se tissent, l’enfant reste en retrait mais pour supporter la faim, la soif et la peur il va devoir faire confiance au vieux berger. Il va apprendre à harnacher le baudet, à rassembler le maigre troupeau de chèvres, à trouver les sources.

     

    Une intrigue minimaliste et pourtant le récit est riche. On sent la chaleur, on a la bouche sèche avec un goût de poussière, on sent l’odeur du lait chaud de chèvre. Le rythme est inexorable, pas de retour en arrière possible, l’obligation d’avancer, de fuir. 

     

    J’ai tout aimé dans ce roman : le ton, le rythme, l’écriture sèche et précise, les dialogues laconiques. La violence sous jacente qui refait soudain surface. 

    Sandrine a aimé aussi ce roman par contre je n’y ai pas senti pour ma part de trace de roman un peu apocalyptique. 

    J’ai surtout pensé à ces personnages plein de dignité qui font face à l’adversité.

    J’ai pensé aux romans de Miguel Delibes 

     

     

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    Le livre : Intempérie - Jesús Carrasco - Traduit par Marie Vila Casas - Editions Robert Laffont