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Histoire - Page 22

  • Rosa la vie - Rosa Luxemburg

    rosa la vie.gifRosa, la vie - Lettres de Rosa Luxemburg - Traduites par Laure Bernardi et Anouk Grinberg - Editions de l’Atelier
    Le livre est accompagné d’un CD dans lequel Anouk Grinberg lit 9 lettres de Rosa Luxemburg.
    C’est un vrai coup de coeur que j’ai eu pour ce livre, les éditions de l’Atelier ont  publié un livre ET un CD audio en complément, ainsi à l’intérêt de la lecture s’ajoute le plaisir du texte lu.
    Une belle couverture rouge qui attire le regard le nom de Rosa Luxemburg. Un nom croisé au gré des lectures, plus spécialement dans " Le Troisième Reich" de William Shirer, une femme dont je ne savais quasiment rien, juste une curiosité pour cette Rosa la rouge comme on l’avait surnommé, pour ce destin hors du commun, au début du XXème siècle être à la fois femme, juive, socialiste et pacifiste ne prédisposait pas à une vie simple.

    Une brève (très brève) biographie) mais je me promet d’en lire une très bientôt.
    Rosa Luxemburg est née en en 1871 en Pologne, des études d’économie politique à Varsovie, militante du parti socialiste polonais et membre de l’Internationale Socialiste elle est contrainte de s’exilée en Suisse, en 1898 elle devient citoyenne allemande et milite dans le parti socialiste allemand SPD dont elle est exclue en raison de ses positions pacifistes, elle crée avec Karl Liebknecht et Clara Zetkin le mouvement spartakiste. Entre 1914 et 1918 elle alterne périodes de liberté et emprisonnement en forteresse. C’est de prison que sont écrites les lettres rassemblées dans ce livre, prison d’où elle ne cessera jamais d’écrire.
    Tout juste libérée, elle est assassinée en janvier 1919 lors de la répression de la révolte spartakiste de Berlin. Assassinat qui est le prélude à des années de barbarie.

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    Les lettres rassemblées ont été écrites pendans ses années d’incarcération et  sont adressées à ses amis politiques : Clara Zetkin, Luise Kautsky, Sonia Liebknecht, à ses proches et Leo Jogiches son compagnon et grand amour.
    On découvre une femme authentique et forte qui laisse parfois percer son découragement et sa solitude "Hier j’étais prête à abandonner d’un seul coup toute cette politique maudite" Mais très vite le courage revient et elle s’évade par les mots et songe aux voyages qu’elle fera une fois libérée "Je projette de vous traîner en Corse. C’est encore plus beau que l’Italie (...) Imaginez un paysage ample et héroïque, avec des montagnes et des vallées aux lignes austères, en haut, rien que la roche nue, d’un gris plein de noblesse : en bas, des oliviers luxuriants, des lauriers-cerise et des châtaigniers séculaires."
    Elle trouve de l’aide dans la lecture des livres que lui envoient ses amis et qui parviennent jusqu’à elle quand ses geôliers le permettent. La poésie mémorisée lui apporte aussi parfois réconfort et évasion "J’étais debout devant ma fenêtre à barreaux et je me récitais mon poème préféré de Mörike.
    J’entre dans un village avenant,
    Les rues sont rouges du soleil couchant :
    A travers une multitude de fleurs
    On entend tinter une clochette d’or........... "

    Toujours elle s’inquiète pour ses amis incarcérés ou ceux qui sont au combat et cherche à leur insuffler du courage et de l’espoir,  elle écrit ainsi à Hans Diefenbach en se remémorant ses années en Suisse "Mon Dieu, comme le monde est beau, comme la vie est belle ! "
    Ce qui se dégage de ces lettres c’est avant tout un courage magnifique, une volonté de résister inentamée même si parfois elle est prête de l’effondrement " Il suffit malheureusement de la plus petite ombre qui passe sur moi pour faire voler en éclats mon équilibre et ma béatitude : j’éprouve alors une souffrance indicible "

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    La révolte Spartakiste à Berlin

    Cette femme capable de manier la polémique est ici avant tout une femme qui lutte, qui se rassemble pour supporter l’isolement, la mort de ses amis, l’emprisonnement de ces compagnons et qui nous donne une extraordinaire leçon de vie et d’espoir.
    " N’oubliez pas, même si vous êtes occupés, même si vous traversez la cour à la hâte, absorbés par vos tâches urgentes, n’oubliez pas de lever la tête un instant et de jeter un oeil à ces immenses nuages argentés et au paisible océan bleu dans lequel ils nagent."

    J’ai immédiatement été happée par ses lettres, par l’émotion et la profonde humanité qui s’en dégagent.
    Une belle préface à ce livre par Edwy Plenel journaliste qui dit " Les écrits épistoliers de la prisonnière Rosa Luxemburg ont ceci d’irremplaçables qu’ils donnent à voir et à comprendre la vérité de cette forme d’engagement total pour la cause des opprimés, des exploités et des démunis "
    La voix si particulière, l’émotion si juste que fait entendre Anouk Grinberg qui dans une courte présentation dit  à quel point sa rencontre avec Rosa Luxemburg l’a marqué et est inoubliable pour elle
    Ce qui fut un spectacle créé au théâtre de l’Atelier, est devenu livre et disque pour nous faire partager les mots de Rosa la rouge.

     


    Une vidéo sur le spectacle d’Anouk Grinbert

     

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  • Goulag une histoire - Anne Applebaum

    goulag.gifGoulag une histoire - Anne Applebaum - Traduit par Pierre-Emmanuel Dauzat - Editions Grasset ou Gallimard Folio
    Goulag de Iossip Pasternak et Hélène Châtelain  DVD Arte la sept Doriane film

    Un seul sujet mais deux façons d’entrer dans ce monde du Goulag russe, je suis allée de l’un à l’autre, l’un éclairant l’autre et pour moi aujourd’hui ils forment un tout.
    Mon intérêt pour ce sujet est ancien, il remonte à un jour d’Août 1967, j’étais jeune et je séjournais chez des amis tchèques dans une petite ville proche de Prague, au retour d’une balade en voiture en approchant de leur domicile mon ami s’est figé et a dit « Arrêtez-vous ! » . Sur la place une voiture de police était stationnée, sa peur était palpable, quelques minutes passèrent, puis nous sommes repartis, ce n’était pas pour lui, ni pour sa famille, que la police était là.
    Jamais je n’ai oublié la peur de cet homme, la quasi terreur qu’il avait ressenti, j’avais compris en quelques minutes ce que "régime policier" veut dire. Au mois d’août de l’année suivante les troupes russes entraient en Tchécoslovaquie pour mettre fin au Printemps de Prague.
    Ensuite ce furent la lecture des écrits de Soljenitsyne, Eugenia Ginzburg et Varlam Chalamov.

    Anne Applebaum elle a écrit une histoire du goulag, l'histoire des camps de concentration soviétiques : leur origine avec la révolution bolchevique, leur essor et leur apogée sous Staline, leur mutation avec ses successeurs, leur arrêt en 1986, sur décision de Gorbatchev, petit-fils d'un paysan emprisonné.
    En se rendant sur les lieux historiques de "L’archipel du Goulag" Iossif Pasternak et Hélène Châtelain donnent la parole aux victimes des déportations, à leurs descendants, aux témoins. Je leur laisse la parole :
    "Ce voyage fut une tentative pour échapper aux convictions toutes faites. Pour s’enfoncer dans une Russie différente, plus profonde, plus secrète celle des silencieux qui n’ont écrit ni mémoires ni témoignages, le petit peuple des villages et des ateliers qui a constitué pendant près de 40 ans, la population majoritaire des camps.(...) Nous avons choisi de nous limiter aux grands camps du Nord, les plus extrêmes, les plus mythiques : des îles Solovki, au milieu de la Mer Blanche, au Nord Ouest jusqu’à la Kolyma –le Nord Est polaire qui, à 5000 kilomètres de là, touche à l’Alaska"

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    Le monastère des Solovki

    La Russie des Tsars avaient déjà envoyés en Sibérie ou à Sakhaline bons nombre d’être humains, mais le régime soviétique va l’ériger en système.
    Goulag est un acronyme de Glavnoe Oupravlenie Laguereï, la direction générale des camps. Le premier camp est crée sur les îles Solovki en 1920, aux confins de la Russie au bord de la mer Blanche. On utilise le monastère des moines véritable forteresse.
    Les premiers prisonniers sont des officiers de l’armée blanche, des hauts dignitaires de l’église, réfractaires au pouvoir, grands criminels, des marins ayant pris part à des révoltes comme à Cronstadt.
    A la création du camp le pouvoir soviétique n’a pas l’intention de détruire l’économie du monastère, il compte même lui donner une impulsion nouvelle. Le pouvoir propose d’organiser les solovki en camp de travail , les conditions sont favorables : une vie dure, un régime strict : bonne école pour les détenus.
    La vie quotidienne est terrible, le froid, la faim, les châtiments corporels et les actes sadiques des gardiens.
    L’administration est loin et curieusement des espaces de liberté sont conservés, les détenus montent des spectacles et même comme le racontent deux charmantes vieilles dames à Hélène Chatelain, sortent pour se rendre aux obsèques de Kropotkine.
    Anne Applebaum écrit " Solovetski, le premier camp soviétique conçu et construit pour durer, se développa sur un véritable archipel"
    Soljenitsyne en fera son "Archipel du Goulag"
    En 1921, on dénombrait déjà quatre-vingt-quatre camps.

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    « des îles de la mer Blanche aux côtes de la mer Noire, du cercle Arctique aux plaines d'Asie centrale, de Mourmansk au Kazakhstan, du centre de Moscou aux faubourgs de Leningrad  »


    1929 Staline entreprend la collectivisation et l’industrialisation du pays , le régime recours au travail forcé, l’exemple le plus frappant et l’ouverture du chantier de Belomorkanal. Désormais au froid, à la faim et aux mauvais traitements va s’ajouter l’épuisement par le travail. Varlam Chalamov écrit  "Il suffisait de vingt à trente jours d’affilée de journées de travail de seize heures sans jours de repos, associés à la faim systématique; des vêtements en haillons et des nuits à moins 18° au-dessous de zéro sous une toile de tente trouée pour transformer en crevard un jeune homme sain"

    1937 la ligne de partage des eaux " C’est en effet cette année-là que les camps soviétiques se transformèrent temporairement de prisons gérées dans l’indifférence, où l’on mourait par accident, en camps réellement meurtriers où l’on tuait délibérément les détenus au travail, quand on ne les massacrait pas"
    Zek, c’est le nom que l’on donne aux détenus à partir de 1937  Les détenus vont travailler dans tous les secteurs : mines de charbon mais aussi mines d’or, construction de lignes ferroviaires, industrie et même aéronautique, exploitation forestière.
    La  Grande Terreur va augmenter considérablement le nombre de détenus, n’importe quel citoyen se retrouver au goulag : koulaks, vieux bolcheviks, trotskistes, poètes, écrivains, artistes... On ouvre les camps de la Kolyma pour extraire l’or ce qui avait toujours été impossible en raison des difficultés climatiques, des milliers de détenus y trouveront la mort.

     

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    La Kolyma

    La Seconde Guerre mondiale n’a pas freiné l’extension du Goulag et Anne Applebaum parle d’apogée pour les années 40 et 50.
    On estime qu’à cette époque les camps  produisaient un tiers de l’or du pays, une bonne partie de son charbon et de son bois d’œuvre.
    La mort de Staline en 1953 puis l'arrivée de Khrouchtchev voit diminuer le nombre de détenus, Mais Brejnev  les remplit à nouveau, C'est l'époque des dissidents et la publication de « L'Archipel du Goulag », en 1973
    Il faudra encore attendre vingt ans et Gorbatchev pour en finir avec le goulag.

     

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    L’histoire chronologique pour indispensable qu’elle soit ne rend pas justice à ces hommes et à ces femmes.
    Anne Appelbaum dans son livre, Hélène Châtelain et Iossip Pasternak dans leur film s’attachent aux témoignages, à la description de la vie quotidienne, les arrestations, les châtiments, les conditions de travail, tous les temps qui rythment la vie au Goulag sont évoqués.
    Dans le film on écoute un vieil apiculteur paysan koulak qui resta prisonnier de 1920 à 1956 et qui en 1998 lors du tournage du film récolte encore son miel. Tel autre parle, assis sur une colline, des milliers d’hommes enterrés là sous lui,  cette femme qui raconte comment enfant elle a vu mourir dix prisonniers pour chaque traverse de chemin de fer posée.
    L’histoire terrible de l’ acheminement du matériel par péniches halées par des prisonniers sur des centaines de km, filmée par l’administration du camp est un des passages du film le plus fort. Un ancien du  Goulag était capable de reconnaître « à leur regard » d’anciens détenus après leur libération.

     

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    Ossip Mandelstam : une victimes parmi des millions

    18 millions d'individus en ont été victimes, plus de 4 millions n'en sont pas revenus  En 1995 on estimait qu’un adulte soviétique sur 7 était passé dans un camp.
    "En Allemagne, on pouvait mourir de cruauté, en Russie de désespoir. A Auschwitz, dans une chambre à gaz ; dans la Kolyma, de froid dans la neige." dit Anne Appelbaum.

    goulagfilm.jpgLe travail extraordinaire d’historienne d’Anne Applebaum lui valut le prix Pulitzer, son livre est passionnant, clair, les sources multiples et riches.
    Le film bien que datant des années 90 n’a rien perdu de son actualité et de sa très grande sensibilité.
    Un dossier sur ce film   Goulag.pdf
    Il y a des pans de notre histoire que nous nous devons d’explorer et de comprendre,

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    Pour aller plus loin

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    Récits de la Kolyma - Varlam Chalamov
    Le ciel de la Kolyma - Eugenia Guinzbourg
    Déportée en Sibérie - Margarete Buber Neumann

     

     

  • Hard Times - Studs Terkel

    hardtimes.gifHard Times Histoires orales de la Grande Dépression - Studs Terkel - Traduit par Christophe Jaquet - Editions Amsterdam
    Avez-vous vu le film  On achève bien les chevaux non ? Alors peut-être avez vous lu Les Raisins de la colère parce qu’alors vous avez eu un bref aperçu de la Grande Dépression, le nom donné à cette période qui aux Etats-Unis (et ailleurs) celle au cours de laquelle des petits fermiers furent ruinés, des ouvriers se retrouvèrent au chômage, des directeurs de banque se jetèrent par la fenêtre pour échapper à la faillite.....
    C’est cela dont il est question dans ce livre mais ici pas de statistiques pas de thèse de sociologue, ce que l’auteur a souhaité c’est  comprendre l’expérience des gens ordinaires, écouter les témoins, les survivants ou leurs enfants.

    L’auteur Studs Terkel a interviewé, fait parlé, écouté, des dizaines d’américains à travers tous les états sur la période la plus noire de son pays après la guerre de Sécession. IL a regroupé ces témoignages en quelques chapitres évocateurs comme : Faire du fric,  le voyage à la dure, le fermier c’est l’homme, Expulsions et humiliations par exemple.
    C’est la parole libre de ces gens ordinaires qui rend toute la complexité du phénomène et dessine une vaste fresque où se lisent les retentissements de cette crise sur les individus, la société de l’époque et des années qui ont suivi.

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    ©Walker Evans Archive, The Metropolitan Museum of Art

    Tous n’ont pas été affecté de la même façon par la crise, certains même en ont tiré profit, mais pour la plupart les cicatrices sont encore visibles au moment où Terkel les rencontre.
    Dans ce kaléidoscope certaines images sont plus fortes, plus marquantes que les autres. Comme lors de toutes les périodes troubles le pire côtoie le meilleur, les gestes de solidarité voisinent avec la répression brutale des marches contre la faim, la fraternité contre les coups des milices privées.
    Studs Terkel donne la parole à tous en un vaste panorama de l’Amérique de l’époque.

    Fermiers jetés sur les routes  "Je me souviens que plusieurs familles avaient dû partir dans des fourgons, pour la Californie, je crois" Travailleurs sociaux comme John Beecher qui au lieu de continuer sa thèse sur la misère au temps de Dickens a décidé de savoir ce qui se passait réellement et qui devient travailleur social puis administrateur du New Deal.

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    Les Raisins de la colère

    Chômeur comme Slim Collier " En 1939, je suis devenu saisonnier itinérant. j’ai trouvé un boulot de coupeur d’asperges, à 15cents d’ l’heure, il fallait faire aussi vite que tu pouvais. Je me souviens que le dos me faisait mal parce qu’on travaillait accroupi, et que le patron gueulait Vous voyez ces types là-bas ? ils attendent que l’un de vous se fasse virer."

    Mineurs qui se voie brutalement privé d’emploi « Les mines ont fermé, les gens n’avaient plus rien pour vivre. Les enfants à l’école, s’évanouissaient de faim. Bien avant l’effondrement de la Bourse. »
    Pour certain la crise a été brutale, pour d’autre elle couvait " Dans cette ville ensoleillée, la Dépression est venue imperceptiblement. J’en ai pris conscience quand tante Lila a dit qu’il n’y avait plu rien à manger dans la maison."

    Ceux qui cherchent à survivre un jour de plus, trouver de quoi nourrir ses enfants même si c’est à coup de tartines de moutarde, un médecin raconte " Dans les rues et dans les tramways, les gens crevaient de faim. (...) Chaque jour quelqu’un s’évanouissait dans un tramway.(...) C’était toujours la même chose, on savait ce qu’il avait. C’était la faim." Ceux qui se lancent dans des marathons de la danse pour gagner quelques sous

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    On achève bien les chevaux - Sidney Pollack - Jane Fonda

    Ceux qui souffrent depuis toujours  " Les Nègres, ils n’ont jamais rien connu d’autre que la crise. Ça ne veut pas dire grand-chose pour nous, la Grande Dépression américaine, comme vous dites. Ça n’a jamais existé. Le mieux qu’un Nègre pouvait espérer, c’est d’être portier, cireur de chaussures, gardien. La crise est devenue officielle seulement quand elle touché les Blancs." mais pour qui la crise va servir de révélateur " Je pensais que c’était normal qu’un nègre se fasse taper dessus et qu’on n’avait qu’à accepter tout ce que faisaient les Blancs. Je ne savais pas qu’un Nègre avait le droit d’être libre comme tout le monde. "

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    Photo Dorotea Lange - Archives de la Farm Security Administration

    Tout le monde est touché des étudiants sont empêchés d’étudier " J’ai fait l’erreur de dire au contremaître que je m’étais inscrit aux cours du soir (...) Il a dit M Ford ne paie pas les gens pour qu’ils aillent à la fac, vous êtes viré. »
    Les gens se retrouve à la rue " J’ai vu non pas des centaines mais des milliers d’hommes emmitouflés dans leurs pardessus, couchés à même le trottoir."
    Pour trouver du travail tout est bon, les hommes voyagent cachés dans des wagons, il faut mettre sa fierté dans la poche et prendre la soupe de l’Armée du Salut, échapper aux milices ferroviaires, tenir la grève un jour de plus " La grève de 1931 a porté sur les lectures à l’usine. Les ouvriers payaient de 25 à 50 cents la semaine pour qu’un gars leur fasse la lecture pendant le travail.(...) Ainsi de nombreux ouvriers, qui étaient illettrés, connaissaient les romans de Zola, de Dickens, de Cervantès et de Tolstoï.(...) La grève a été perdue. Les lecteurs ne sont jamais revenus."

    La solidarité joue parfois  "C’était l’époque où la saisie des fermes arrivait chez nous. (...) Il prenaient la propriété d’un fermier, la mettait aux enchères, tout le voisinage venait. Ils se disaient qu’ils achèteraient bien un cheval 25 cents. Ils payaient 10 cents pour une charrue. Et quand tout était fini, ils rendaient tout au fermier." mais pas toujours car la faim, la misère font accepter l’inacceptable " On travaillait seize heures par jour, dix sept. Le patron disait de nettoyer. Si on ne nettoyait pas, le lendemain il y avait un autre gars dans la mine pour nettoyer." l’homme est ravalé au rang de bête " Ils lui ont dit qu’une mule valait plus qu’un homme. Ils devaient payer 50 dollars pour une mule, alors qu’ils pouvaient avoir un homme pour rien."

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    Photo Dorothea Lange - Archives de la Farm Security Administration

    Quelques uns tireront partie de cette crise, des malins, des chanceux " J’ai inventé ce truc qui est devenu casse-pieds pour beaucoup de gens. Je prenais des photos des gens à la mode et je les envoyais aux journaux." Dans certains secteurs la crise était même une bénédiction, la dépression dans les milieux du cinéma "On appelle ça l’Age d’or".
    Des personnalités se font jour , certaines contestées et parfois contestables : Huey Long par exemple dont le fils chante les mérites mais qui fut un politicien très peu scrupuleux. Roosevelt est porté aux nues par certains et promis à l’enfer pour d’autres.

    On voudrait tout citer. Ces entretiens faits par Studs Terkel sont bouleversants, à la fois crus et pudiques et d’une grande sincérité. Un travail passionnant et extraordinaire par son ampleur. Un cahier de photographies de Dorothea Lange vient compléter les textes.


    Faites une place à ce livre dans votre bibliothèque, dans la mienne il sera à côté de « Histoire populaire des Etats Unis » d’Howard Zinn.

    Interview d’André Schiffrin éditeur et ami de Studs Terkel

    L’auteur
    terkel-studs-01.jpgLouis « Studs » Terkel (1912-2008) s’est rendu célèbre aux États-Unis comme journaliste de radio et comme auteur de nombreux recueils d’entretiens, tous publiés par l’éditeur André Schiffrin, qui constituent autant d’histoires orales des États-Unis. C’est l’une des grandes figures de la gauche radicale américaine au XXe siècle. Trois de ses ouvrages ont été traduits en français : Working. Histoires orales du travail aux États-Unis ; « La Bonne Guerre ». Histoires orales de la seconde guerre mondiale: Prix Pulitzer 1984 (Source l’éditeur )


  • Du sang, de la sueur et des larmes

    Winston Churchill - François Kersaudy - Editions Tallandier
    churchill.gifJ’aime l’histoire, la petite et la grande, j’aime les biographies, et j’admire certains personnages, Winston Churchill en fait partie, j’ai entamé ce pavé avec l’idée de le lire à mon rythme, en fait je l’ai lu au rythme de Churchill c’est à dire au pas de charge.
    Voilà un livre à la mesure du personnage, long comme le fut sa vie, plein d’humour, et Churchill n’en manquait pas, passionnant toujours car Winnie (surnom affectueux donné par les anglais) aimait la vie et elle le lui rendait bien.

    Une mère qui collectionne les amants, un père qui méprise son fils et qui passe à deux doigts du "10 Downing street" mais meurt très tôt de syphilis,  des études difficiles " sa scolarité sera un long combat " un père qui voit son fils comme un " crétin " et des professeurs comme un " cancre brillant " : Voilà le portrait de Winston Churchill jeune.
    Lecteur vorace il lit jusqu’à plus soif, doté d’une mémoire prodigieuse (il peut réciter sans erreur 1300 vers de Macaulay) et d’une imagination fertile, cette mémoire et les lectures engrangées lui seront précieuses lorsqu’il sera l’heure d’écrire des discours pour convaincre ses pairs ou ses électeurs.
    Il fait le choix d’une carrière militaire et entre à Sandhurst, il y sera un cavalier émérite et un escrimeur redouté. Il sera sur toutes les scènes de guerre de l’époque : Cuba, l’Inde, le Soudan, l’Afrique du Sud.
    La solde est maigre pour un jeune officier lorsqu’un journal lui propose d’écrire des articles il le fera avec talent et parfois au grand dam de sa hiérarchie. Il acquiert une certaine notoriété et carrément la gloire lors de son évasion rocambolesque en pleine guerre des Boers. Sa plume lui permettra de vivre au dessus de ses moyens pendant toute sa vie, de perdre son argent sur tapis verts d’Europe, et de s’approvisionner en alcool et en cigares.

    winston-1896.jpgJeune homme pressé, car il craint de mourir jeune, il est atteint comme son père du démon de la politique, élu député à 26 ans il entre au gouvernement à 32. Il sera redouté par ses adversaires, il n’hésite pas à changer de parti quand cela lui apparait nécessaire " Certains changent d’idées pour l’amour de leur parti, moi je change de parti pour l’amour de mes idées "
    Il sera 11 fois ministre, du commerce aux colonies, en passant par les finances et la marine où il est éblouissant.
    Lors de la 1ère guerre mondiale il est Premier Lord de l’Amirauté, lorsqu’il est remercié il s’engage et fait preuve dans les tranchées d’un courage physique extraordinaire. C’est un meneur d’homme qui dit à ses officiers " Riez un peu, et apprenez à rire à vos hommes-la guerre est un jeu qu’il faut jouer avec le sourire. Si vous êtes incapables de sourire, grimacez ; si vous êtes incapables de grimacer, tenez-vous à l’écart jusqu’à ce que vous en soyez capables." Les soldats apprécient ce chef courageux et infatigable qui sait les galvaniser.

    Dans l’entre-deux guerre sa carrière connaîtra des hauts et des bas, très tôt méfiant envers le nazisme et Hitler il sera des années durant le seul à tirer la sonnette d’alarme sans être jamais écouté.
    La montée de la puissance militaire de l’Allemagne lui semble très dangereuse mais ses efforts pour réarmer l’Angleterre seront vains et sa lucidité ne sera reconnue que trop tardivement.
    La déclaration de guerre impose de le rappeler au gouvernement car comme le dit avec humour François Kersaudy " Lorsqu’on saute à pieds joints dans l’inconnu, mieux vaut le faire avec un homme qui connaît le maniement du parachute."

    Apparaît alors le grand Churchill, l’homme de guerre pugnace, à l’énergie sans faille, à la puissance de travail proprement incroyable.  Il a 65 ans et il va commander des hommes qui sont les fils de ses compagnons d’armes de la guerre de 14.
    « Winston is back » tel est le signal envoyé par l’Amirauté à tous les navires et à toutes les bases navales britanniques au soir du 3 septembre 1939
    C’est un pacifiste qui aime la guerre et la fait pour la gagner et jamais ne s’avoue battu. Cet homme qui n’est pas un grand orateur mais qui sait écrire des discours inoubliables, n’est jamais aussi bon et talentueux que le dos au mur.
    Dans les heures les plus sombres de la guerre, ses discours seront des phares et un soutien très fort à la population britannique qui vit sous les bombes.
    " Je n’ai rien à offrir que du sang, de la peine, de la sueur et des larmes ! " Ces paroles sont restées dans la mémoire de tous ainsi que la fin de son discours du 13 mai 1940 " Vous me demandez ce qu’est notre but ? Je vous répondrai d’un mot : la victoire ! La victoire à tout prix, la victoire en dépit de toutes les terreurs. La victoire, si long et difficile que puisse être le chemin "

    Il a une confiance inébranlable " Hitler ne peut pas gagner. Attendons son effondrement. "

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    Rien ne l’abat, il échappe à 5 accidents d’avion, au torpillage de son bateau, au bombardement de Londres.
    Il avait inventé les tanks, la « folie de Winston » pour ses collègues du gouvernement, il y aura le radar, les ports artificiels, les péniches de débarquement. Il a une idée à la minute ou comme le dira Roosevelt " il a deux cent idées par jour dont quatre seulement sont bonnes mais il ne sait jamais lesquelles "
    Il fait preuve d’intuitions fulgurantes, dès le début de la guerre il est certain qu’elle ne sera gagnée que si les américains y participent et il n’aura de cesse de convaincre Roosevelt d’aider l’Europe et de s’engager à ses côtés.
    Parfois sa confiance sera dupée et il lui faudra un certain temps pour prendre la mesure de la duplicité de Staline. C’est un francophile et il pressent très vite la stature de De Gaulle " L’Homme du destin "
    Après la victoire, après quatre années de guerre " Staline et Roosevelt rendent un vibrant hommage à l’âge et au courage, le reconnaissent volontiers comme l’inspirateur suprême de la croisade contre le nazisme " pourtant Winston Churchill regrette les frontières nouvelles, le morcellement de l’Allemagne, l’extension de l’influence soviétique " L’ensemble des Balkans à l’exception de la Grèce, va être bolchevisé, et je ne peux rien faire pour l’empêcher " dans un discours à la BBC il exprime son  inquiétude " A quoi bon punir les hitlériens pour leurs crimes si le règne de la loi et de la justice ne s’établissait pas , si des gouvernements totalitaires ou policiers devaient prendre la place des envahisseurs allemands ? "

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    Il a gagné la guerre mais perdu les élections, le vieux lion est à terre mais c’est mal le connaître si l’on imagine qu’il est anéanti, en mars 1946 il prononce un discours prémonitoire "Une ombre s’est répandue sur la scène si récemment illuminée par les victoires alliées (...) de Stettin sur la Baltique à Trieste sur l’Adriatique un rideau de fer est descendu sur le continent. "
    Mais alors qu’on le croit fini il sera encore une fois premier ministre !!
    "Je veux mourir en Angleterre" son voeu sera exaucé le 24 janvier 1965 soixante dix ans après (jour pour jour) son père.
    A ses obsèques célébrées dans la cathédrale Saint Paul sont présents " Six souverains, quinze chefs d’Etat, trente Premiers Ministres venus des quatre coins du monde "

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    Que dire devant un tel destin, la biographie de F Kersaudy est magistrale, en dehors de quelques pages un peu trop longues à mon goût de stratégie militaire, c’est un régal. Le style de F Kersaudy sert parfaitement son sujet et l’on a une seule envie en fermant ce livre, lire les Mémoires de Winston Churchill car ce diable d’homme, non content d’être la personnalité la plus marquante de son siècle était un excellent écrivain et a  obtenu un Prix Nobel de Littérature !

    Ce livre va rejoindre dans ma bibliothèque celui avec lequel j’ai découvert, adolescente, l’histoire de la seconde guerre mondiale, Le IIIème Reich de William Shirer.

    L’auteur

    François Kersaudy, qui a enseigné l’histoire à l’université d’Oxford, il est professeur à l’université de Paris I Panthéon-Sorbonne. Il est spécialiste d’histoire diplomatique et militaire contemporaine. Il a reçu le Grand prix de la Société des Gens de Lettres et le Grand Prix du Livre politique. Il est l’auteur de multiples ouvrages sur l’Angleterre contemporaine, il a assuré la publication chez Tallandier des Mémoires de Guerre de Churchill.

  • L'Ile de Sakhaline - Anton Tchekhov

    L’Ile de Sakhaline - Anton Tchekhov - Traduction du russe par Lily Denis - Editions Gallimard Folio
    sakhaline.gifDans un précédent billet nous avons suivi le voyage de Tchekhov vers Sakhaline et les lettres qu’il a adressé à sa famille et à ses amis.
    En se rendant à Sakhaline Tchekhov voulait, nous dit Roger Grenier dans la préface, "payer sa dette à la médecine"
    De son séjour il tirera un livre qu’il écrira avec difficulté et qui sera édité pour la première fois en 1895, il écrit alors " Je suis heureux que dans ma garde-robe littéraire se trouve une rude blouse de forçat "

     

     

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    Sakhaline

    Contre toute attente alors qu’il n’a aucun document d’introduction ou autorisation, Tchekhov réussi à se faire admettre par le gouverneur le Général Korff, celui-ci l’autorise à circuler librement et à interroger qui bon lui semble sauf les détenus politiques.
    Tchekhov va user et même abuser de cette autorisation, il rédige un questionnaire et en trois mois ce n’est pas moins de 10.000 fiches qu’il va renseigner, véritable recensement de la population de Sakhaline, il entre dans tous les villages, toutes les prisons, les maisons de fer.
    Il note tout ce qu’il voit, tout ce qu’on lui dit " Je vais seul d’isba en isba ; parfois un forçat m’accompagne, parfois aussi un garde-chiourme armé d’un révolver me suit comme mon ombre "

     

    L’île est divisée en territoires et secteurs, les hommes qui séjournent ici appartiennent à des catégories distinctes, mais tous sont reclus à vie sur cette île, même leur peine purgée les condamnés ne retrouveront pas leur ville ou village d’origine.
    Tout un personnel administratif vit sur l’île, le gouverneur nommé par le Tsar, un médecin, des commis aux écritures car il faut bien faire des rapports pour le pouvoir central, des artisans : boulanger, menuiser, cuisinier, mais aussi tout le corps de surveillants et autres gardes-chiourmes.
    Les condamnés qui sont ici ont fait le même voyage que Tchekhov, fers aux pieds, la Sibérie est une longue route vers le bagne, la route de Vladimirka " Nous les avons fait marcher dans le froid avec des fers aux pieds durant des dizaines de milliers de verstes "
    Son ami Isaac Levitan a peint un tableau pour illustrer la douleur de cette route connue de tous les russes.

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    Isaac Ilitch Lévitan La route de Vladimirka Moscou, Galerie Trétiakov.

    Dans les villages travaillent des prisonniers mais aussi des paysans dit  libres qui sont en fait des colons contraints de rester sur l’île, leur travail leur permet tout juste de survivre : l’abattage de bois, travail très dangereux, l’agriculture sur une terre peu fertile au climat peu favorable, le travail de la mine le plus dur et le plus dangereux.
    Les mineurs descendent dans la mine par une galerie très longue, ici pas d’ascenseur, l’homme tire un traîneau déjà lourd à vide ; quand il remonte la pente il le fait à quatre pattes tirant son traîneau chargé et les 300 mètres de galerie deviennent un parcours inhumain, le mineur le refait 13 fois par jour !
    Les femmes qui ont suivi leur mari, celles condamnées et libérées, n’ont souvent d’autre choix pour survivre que de se livrer à la prostitution, seule façon de nourrir leurs enfants car ceux-ci sont nombreux à Sakhaline malgré  une mortalité infantile importante. Tchekhov y voit une consolation pour ces hommes et femmes mais les enfants, hélas, aggravent les conditions de vie, plus de bouches à nourrir alors que les possibilités de travail et de ressources sont extrêmement limitées.
    La nourriture est simple, voire frustre, la viande ne fait que très rarement partie des menus, quelques années avant la visite de Tchekhov le scorbut a dévasté la population carcérale.
    Ses observations sur l’état de santé de cette population font mention de la tuberculose bien évidemment, de diphtérie, de la variole, et du typhus dont la mortalité est énorme, enfin bien sûr en raison de la prostitution la syphilis fait des ravages.

    Les conditions de détentions sont inhumaines, barbares, le mot justice n’a plus aucun sens en ces lieux.
    Les punitions et sanctions  sont fréquentes et appliquées sans discernement avec parfois beaucoup de cruauté et de sadisme.
    Les verges et le fouet sont courants, les sentences prononcées le sont selon les « droits » de celui qui sanctionne, le Gouverneur à « droit » à faire appliquer 100 coups de fouet, le surveillant lui n’a « droit qu’à 50 coups ....
    A sa demande Tchekhov assiste à une punition   " J’ai vu applique la peine du fouet, ce qui m’a fait rêver pendant trois ou quatre nuits du bourreau et de l’atroce chevalet "
    Les récidivistes, ceux qui ont tenté de s’évader sont enfermés dans la maisons de fer : enchaînés des pieds et des mains à une  brouette suffisamment lourde pour empêcher les mouvements et suffisamment petite pour être la nuit glissée sous la paillasse. Un modèle de torture ! Les mouvements sont de  trop faible amplitude et la dégénérescence musculaire est définitive, ainsi la punition se poursuit bien après sa fin officielle.
    La répression féroce et  l’absence d’espoir de quitter l’île poussent les hommes à tenter de s’évader et malgré le peu de réussite et les coups de fouet qui suivront, les tentatives sont nombreuses.
    Il faut laisser la parole à Tchekhov " Sakhaline est le lieu des souffrances les plus insupportables que puisse endurer un homme, aussi bien libre que condamné, nous avons laissé croupir dans des prisons des millions d'hommes, et cela pour rien, de manière irraisonnée, barbare "

    Tchekov.gifA son retour Tchekhov fait envoyer des milliers de livres à Sakhaline, ce voyage et ce séjour l’ont marqué " Je ne saurais dire si ce voyage m’a aguerri ou s’il m’a rendu fou. Du diable si je le sais " Ce livre-enquête s’apparente au reportage d’Albert Londres sur le bagne de Cayenne, deux hommes qui ont par leurs écrits rendue vaine la question de l’implication de l’intellectuel dans la vie politique.

    Je laisse à Tchekhov les derniers mots, Sakhaline "Tout autour la mer, au milieu l'enfer." et je vous propose d'ajouter ce livre à votre bibliothèque

  • Reines et favorites - Benedetta Craveri

    Reines et favorites - Benedetta Craveri - Traduit de l’italien par Eliane Deschamps-Pria - Editions Gallimard Folio
    reinesetfavorites.gifUn peu d’histoire cela vous tente ? Pietro Citati nous a offert de magnifiques portraits de femmes écrivains, Benedetta Craveri, elle, nous propose des portraits de reines et de favorites, celles qui parfois ont fait l’histoire.

    Une galerie de portraits, elles sont toutes là ( ou presque ) des reines de mauvaise réputation, des reines  qui ne régneront jamais dans le coeur du roi, des reines sacrifiées et d’autres qui exerceront le pouvoir.
    Portraits des favorites qui rêvent d’une couronne et parfois l’obtiendront, qui devront affronter le mari « royalement cocufié » qui se verront renvoyées sans autre forme de procès, qui cacheront leurs enfants et parfois y perdrons la tête au sens propre du terme !
    Je vous fais une petite liste mais vous les connaissez toutes : Anne d’Autriche, la Montespan et la Pompadour, Marie et Catherine de Médicis, Louise de La Vallière, Mme de Maintenon, sans oublier la Reine Margot et bien sûr Marie Antoinette.
    Pas facile pour ces femmes d’être mère, amante, de remplir leur devoir en donnant un héritier à la couronne, de mettre au monde des enfants bâtards, de vivre dans l’ombre d’une favorite ou chassée par la Reine à la première occasion.
    L’histoire est parfois sévère avec certaines, la Saint Barthélémy, l’affaire des poisons, les guerres avec l’Espagne, les reproches pleuvent mais comment ne pas être touché par celles qui perdent leurs enfants, sont humiliées publiquement, qui finissent au couvent ou sous la guillotine

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    Mme Du Barry              Mme de Montespan       Mme de Pompadour

    j’avais beaucoup aimé le livre de Benedetta Craveri  Madame du Deffand et son monde celui-ci n’a pas la même envergure mais j’ai eu du plaisir à remonter le fil du temps et à suivre les parcours de ces femmes prises dans le carcan de la raison d’ Etat et toujours maintenues dans une position inférieure. Sans doute ma fibre féministe qui parle !

    L’auteur
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    Benedetta Craveri est professeur d’université en Italie, spécialiste de la civilisation française du XVIIè et XVIIIè siècles.
    Elle a publié Madame du Deffand et son monde en 1986, livre pour lequel elle a reçu de nombreux prix.